De la sélection qui joue aux montagnes russes émotionnelles à la déception des compétitions continentales en passant par l’historique parcours de Guerreros que personne n’attendait, retour sur l’année 2017 au Costa Rica.

banlomag

On est déjà revenu sur la sensation que fut le titre décroché par Pérez Zeledón lors de l’Apertura (lire Costa Rica – Apertura 2017 : Pérez Zeledón, la sensation de l’année). Aussi, à l’heure de faire le bilan de l’année 2017 au Costa Rica, nous allons nous focaliser sur les débuts de la nouvelle CONCAChampions et le parcours de la sélection nationale.

CONCAChampions : Alajuelense déçoit, Santos fait (un peu) rêver

Deux clubs costariciens étaient engagés dans la première phase de la CONCAChampions nouvelle formule. Alajuelense et Santos de Guápiles participaient ainsi à un premier tournoi avec trois clubs des caraïbes, deux clubs honduriens, deux clubs panaméens, deux clubs guatémaltèques, deux clubs salvadoriens, deux clubs nicaraguayens et un représentant du Belize. Cette première phase, nommée CONCACAF League allait permettre à son vainqueur de gagner une place dans la phase finale de la CONCAChampions 2018 qui se déroulera en tours à élimination directe dès le mois de février. L’objectif des deux représentants costariciens était donc clair, aller chercher cette place. À ce jeu, on attendait énormément d’Alajuelense, habitué aux joutes continentales. La déception n’en a été que plus grande.  Plombés par des problèmes en interne avec le coach Benito Floro, les Manudos n’ont pas été aidés par le tirage qui leur a offert Olimpia, autre favori venu du Honduras. En crise, les Rouge et Noir n’ont pas existé, battus 2-0 au Honduras et 1-0 chez eux. Le grand espoir du Costa Rica était donc sorti dès le premier tour. Ne restait alors que Santos de Guápiles.

Les Santistas n’avaient pas beaucoup d’espoir au début de ce tournoi, c’était déjà un peu une joie d’être présent ici mais le tirage plutôt clément lors du premier tour leur a permis de prendre confiance. Face à San Juan Jabloteh, les Santistas ont écrasé le match aller (6-2) avant de gérer tranquillement le retour (2-1). En quart de finale, Santos va s’offrir Chorrillo, club panaméen tombeur du Honduras Progreso au tour précédent. Après un match aller au Panamá serré mais remporté, les Santistas ont alors confirmé au retour, créant la première surprise du tournoi. Ils vont alors récidiver en demi-finale face à un autre panaméen : Árabe Unido. Après avoir résisté à l’aller au Panamá, Santos refait le coup du tour précédent au retour, Cunningham inscrivant le seul but du match à la 86e minute. On attendait Alajuelense, on aura donc Santos De Guápiles en finale. Et tout un pays va alors rêver à un exploit. Car en finale aller, Santos s’impose à San Pedro Sula face au favori Olimpia, celui qui n’avait laissé aucune chance à la LDA. Ne reste qu’à assurer au retour.  Malheureusement, la douce euphorie d’un rêve de succès retombe sur un but de Chirinos en première période. Jamais Santos ne parviendra à égaliser et pire, s’inclinera aux tirs au but. Il n’y aura donc que deux représentants Ticos en février prochain en CONCAChampions, Herediano et Saprissa, tous deux pas vernis par le tirage, les Rojiamarillos tombant sur Tigres quand les Morados tirant l’América avec, pour chacun, match retour au Mexique. Autant dire que les espoirs continentaux du peuple tico risque d’être rapidement rangés au rayon des souvenirs.

La sélection : décevante Gold Cup, qualification sereine

Pour ouvrir le dossier de l’année 2017 des Ticos, il faut absolument commencer par leur nouvelle qualification pour la coupe du monde en Russie, ensuite nous parlerons de cette Gold Cup au goût amer.

Avec six équipes pour trois places directement qualificatives pour la Coupe du Monde et une de barragiste, l’hexagonal final nord-américain, qui mettait aux prises Mexique, Costa Rica, Panamá, Honduras, USA et Trinidad y Tobago ne semblait pas hors de portée pour les Ticos. Et ceux-ci ont fait plus que le travail. Après quatre victoires dont une rouste infligée aux USA (4-0) en terres costariciennes, quatre nuls et seulement deux défaites, une au Mexique et une anecdotique (la qualification était assurée) au Panamá, les hommes d’Óscar Ramírez n’ont finalement jamais tremblé. Mieux, ils ont signé leur match référence lors du déplacement aux Etats-Unis, le match qui a tout fait basculer dans le bon sens. Alors qu’au pays la presse attaquait avec force Óscar Ramírez et son système très défensif, le 5-3-2 a impressionné à la Red Bulls Arena, donnant une leçon tactique aux Stars and Stripes par ses transitions rapides entre défensive et offensive. Urena ouvre le score à la 30ème minute de jeu face à des Américains perdus et dépassés par le pressing des Ticos et double la mise à la 82ème, faisant ainsi basculer le Costa Rica du bon côté pour les qualifications. Après un bon nul face au Mexique, le Costa Rica validera son ticket pour la Russie face au Honduras au terme d’un match tendu et serré que les Ticos ont failli perdre après l’ouverture du score d’Hernández peu après l’heure de jeu, mais ont arraché sur une dernière offensive de Bryan Ruiz conclue par Kendal Waston. Cette qualification relativement aisée est donc venue ramener le calme après la tempête provoquée par une décevant Gold Cup.

Avec un Mexique qui avait envoyé sa troisième équipe et des USA semblant en période de transition, le Costa Rica faisait office de grand favori et disposait d’un groupe annoncé facile pour aborder l’épreuve. Malheureusement, les Ticos n’ont pas convaincu face à la Guyane, au Canada et au Honduras, décrochant une qualification pour les quarts qui laissait surtout place aux débats en raison du jeu trop défensif de Ramírez. C’est pourtant ce style qui permettra de se défaire des offensifs panaméens, battus sur l’autel du réalisme par les Ticos. Ce réalisme fuira face aux USA. Dominé, le Costa Rica sortira donc sans briller d’une Gold Cup qu’il aurait pu/dû remporter, les médias se déchaîneront alors, forçant le président Jorge Hidalgo à défendre son coach. La tension est depuis retombée, reste que la pression sera toujours grande en Russie, c’est aussi l’un des héritages de 2014.

L’équipe du tournoi

onze2017cr

Jonathan McDonald (Alajuelense)

Alajulense a connu un championnat d’ouverture très compliqué avec un mauvais début, un changement d’entraineur et une deuxième partie de saison galère. Mais dans ce marasme, une étoile a brillé chez les Manudos en la personne de Jonathan McDonald. Formé à Carmelita, passé par Herediano, Vancouver ou Kalmar (D1 suédoise), l’ancien international costaricien (4 sélections), a su sortir du lot dans une équipe pourtant très faible et la porter sur ses épaules en inscrivant notamment 15 buts et signant 5 passes décisives en 21 apparition. Un rôle essentiel pour celui considéré par Benito Floro (ancien coach de la LDA) comme le joueur le plus technique du championnat.

Ian Smith, Edder Monguio, Wilmer Azofeifa (Santos de Guápiles)

Les Santos De Guápiles ont vécu une première partie d’année qu’ils ne sont pas prêts d’oublier : finale de la première phase de la ligue des champions de CONCACAF (perdue au penalty face à Olimpia) au terme d’un parcours qui a marqué non seulement tous les supporters du club mais aussi le Costa Rica entier (pour preuve une vidéo d’encouragement tournée par les joueurs de Saprissa) ; une place dans en quandrangular qu’ils ont finalement manqué, semblant fatigués par une saison longue et un banc trop juste. Et donc des satisfactions individuelles : Edder Monguio souvent utilisé dans l’axe mais qui a aussi dépanné dans une défense à 5 en latéral droit est le Santistas à avoir disputé le plus de matchs en championnat, Ian Smith qui lui est le titulaire du poste de latéral droit (blessé en fin de quadrangular) a réalisé un bon tournoi d’ouverture sachant évoluer autant dans une défense à 5 qu’à 4 et enfin Wilmer Azofeifa milieu de terrain relayeur qui peut tenir le rôle de 6 ou 8 et aura ainsi souvent été utilisé dans un milieu à deux.

Mariano Torres (Deportivo Saprissa)

Un seul joueur du grand Saprissa dans ce 11. Pourquoi ? La réponse est simple, comme le disait Audiard : « Les conneries c’est comme les impôts on finit toujours par les payer ». Même si le mot « conneries » est dur, un mauvais mercato d’été (Bengtson et Henrique qui n’ont pas forcement pris,  Wanchope a raté son mercato et Juan Carlos Rojas a pris la décision en début de saison de maintenir Carlos Watson malgré ses graves problèmes de santé), ont fait de la saison des Morados une saison pas loin d’être ratée avec une anecdotique place dans le quandrangular au cours duquel Saprissa a dû s’incliner devant le phénomène Pérez Zeledón. Reste donc une satisfaction, Mariano Torres qui vient sauver l’honneur en se plaçant dans le onze du tournoi.

José Sánchez, Junior Diaz (Herediano)

L’expérimenté Junior Diaz (34 ans et 50 sélection) n’a disputé que 9 match cette saison mais sa grande expérience lui apporte cette place dans le 11 de l’année alors que José Sánchez, ailier droit de 30 ans, a été l’un des hommes clés de la bonne saison de Herediano. Les Rojimarilos ont dominé, tout le monde lors de la phase régulière (16 victoire 6 nul 0 défaite) avant, de manière totalement inexplicable, de s’écrouler totalement lors du quadrangular, avec un Medford qui s’énerve envers les supporters Rojimarilos, perd la main sur son effectif et donc s’écroule totalement perdant la finale face à Zeledón.

Josue Mitchell, Luis Barrantes, Keylor Soto, Bryan Segura (Pérez Zeledón)

Quatre joueurs dans le onze type, une saison marquée dans l’histoire du foot costaricien, c’est vraiment une très belle surprise que nous ont réservé les hommes de José Giacone dans le dernier tournoi de l’année. Quatrième de la phase régulière, un jeu simple mais efficace (10 victoires, 6 nuls, 6 défaites), les Guerreros sont entrés dans le quadrangular par la petite porte mais s’y est révélé, battant Saprissa, Herediano et les Santos de Guápiles. Et forcément, en s’appuyant sur quelques hommes clés : Segura le portier, Soto défenseur central pilier de la charnière, Barrantes milieu axial et Mitchell numéro 9. C’est une vraie colonne vertébrale qui a déjoué les pronostics. 

Grégory Chaboche
Grégory Chaboche
Fan de foot jusqu'au bout des orteils. Animateur radio dans FootStation sur DoHitRadio. " La modestie dieu m'en préserve " (J.Mourinho)