Habitué à vivre sous la domination de ses géants, le Costa Rica a terminé l’année 2017 sur un exploit sans égal en voyant le petit Pérez Zeledón décrocher le premier titre de son histoire. Retour sur une fin d’Apertura historique.
Quatrième et dernier qualifié à l’issue de la phase régulière, Pérez Zeledón abordait le quadrangular en position de chasseur, bien décidé à profiter de la moindre opportunité. Après s’être offert Herediano en ouverture, Pérez Zeledón affronte d’abord un Santos de Guápiles qui reste sur 11 matchs sans défaites, dont un nul bien triste face à Saprissa lors de la première journée. Le match est plutôt équilibré pendant une demi-heure, avec une première très grosse occasion pour Zeledón, une frappe lourde de 20 mètres du latéral gauche Sancho, relâchée par Gomez, Mitchell suit mais envoie le ballon au-dessus. Les Guerreros vont attendre la demi-heure pour ouvrir le score sur une erreur défensive des Santistas, Madrigal voulant donner à Garro mais ne voyant pas Cazal qui lui chipe le ballon, dribble Gomez et parvient à rabattre le ballon dans le but. Ce but sera le seul de la partie, Pérez Zeledón réussit parfaitement son départ, la pression est alors sur les deux géants qui s’affrontent au Rosabal Cordero.
Le match est tendu mais commence fort, les hommes de Medford ont bien analysé les faiblesses de Saprissa, toute les attaques passe par les côtés et sur deux centres, Henrique le défenseur brésilien arrivé au mercato d’été, est tout près de concéder un penalty. Il faudra cependant attendre la fin du second acte pour voir le score évoluer. D’abord sur une énorme erreur technique de Brown qui glisse sur le ballon dans la surface de réparation, Anderson Leite fait un bon pressing contre le dégagement en deux temps de Brown, le ballon revient au deuxième poteau pour David Ramirez qui ouvre le score d’une tête à bout portant, 1-0 pour Saprissa stupeur à Rosabal Cordero. Dans la foulé du but, sur une attaque placée des Rojimarilos, Diaz crochète Anderson Leite qui commet l’irréparable et offre un penalty à Herediano. C’est le milieu de terrain Randall Azofeifa, international costaricien aux 27 sélections qui s’avance et envoie le ballon en tribune. Cet énorme raté est lourd de conséquences, puisque Saprissa s’impose ainsi 1-0 et se replace alors dans la course au titre.
Alors qu’Herediano s’est relancé face à Santos, Zeledón et Saprissa s’affrontent alors au Ricardo Saprissa pour la dernière journée de la phase aller. Le match commence bien pour les Morados, Colindres le long de la ligne de touche excentré côté gauche centre pour Ramirez qui ne touche pas le ballon mais déstabilise Aseff, le ballon finit dans le petit filet du portier de Zeledón, 1-0 pour les locaux. La réaction arrive en fin de première mi-temps sur un ballon mal renvoyé par la défense de Saprissa, remis sur le côté gauche ou Sanchez traine et égalise d’une frappe. Les Morados vont finalement réussir le bon coup de la journée en fin de partie lorsqu’à la 81e minute, sur un contre très bien mené, Bengtson, la recrue d’été de Saprissa se présente devant Aseff qu’il élimine d’un crochet. Il ne reste plus à l’attaquant hondurien de pousser le ballon dans les cages, les hommes de Carlos Watson prennent alors la première place.
La quatrième journée s’annonce donc déjà décisive, la première journée de la phase retour offrant les affiches inversées de la journée précédente. Comme à l’aller, Herediano assure face à Santos en s’imposant 2-0, les deux dernières journées compteront alors pour du beurre côté Santistas. Mais l’affiche reste encore le duel entre Zeledón et Saprissa qui peut mettre les Morados en position idéale pour le titre. Là aussi le match ne tarde pas à commencer puisque dès la 4e minute de jeu seulement, Miguel Torres frappe un coup franc de la gauche vers la droite, met le ballon dans la surface, Colindres reprend de volée et voit Segura sortir le ballon avant qu’Henrique ne surgisse pour pousser le ballon dans le but. Saprissa est alors idéalement lancé, d’autant qu’à la 21e minute, Cruz repousse un penalty mal tiré par Mitchell, penalty qui aurait relancé Zeledón. Cependant, les Guerreros sont mieux, montent en puissance et sont justement récompensés à la 27e sur un coup franc vite joué qui permet à Mitchell de se retrouver dans la surface et d’ajuster le portier Morado. Les deux équipes rentrent dos à dos aux vestiaires. En deuxième mi-temps, c’est de nouveau Saprissa qui va prendre les devants sur un beau contre. On avait déjà évoqué la force de caractère des hommes de Giacone, ils vont une nouvelle fois en faire la démonstration puisque Cazal égalise quasi-immédiatement avant, qu’au bout du chronomètre, López ne vienne tromper Cruz pour offrir une victoire essentielle à Zeledón. A deux journées de la fin, les Guerreros sont leaders et donc maîtres de leur destin, surtout que la journée suivante voit les deux géants s’affronter.
Jusqu’ici, Zeledón avait su profiter de la moindre opportunité, la cinquième journée déroge à la règle. Car face à un Guápiles libéré de toute pression, le leader va céder des points, devant se contenter d’un nul qui offre à Saprissa l’occasion de recoller au meilleur des moments. C’est un Estadio Ricardo Saprissa bouillant qui accueille de nouveau duel de géant entre Morados et Rojiamarillos, le Deportivo Saprissa doit s’imposer. Les 45 premières minutes sont tactiques, fermées, hachées et marquées par une distribution de cartons (5 au total). Il faut donc attendre le retour des vestiaires pour voir le match véritablement se lancer. 51e minute, Angulo sent le départ de Moya dans le dos de la défense, Moreira n’anticipe pas, l’attaquant Morados peut prendre tout le temps de l’ajuster, 1-0 Saprissa, le plus dur est fait. Car le score n’évoluera pas, à 90 minutes de la fin du quadrangular, Saprissa et Zeledón comptent le même nombre de points.
Au coup d’envoi de la dernière journée, la règle est simple : si le champion de la phase régulière ne remporte pas ce quadrangular, alors une finale devra avoir lieu entre le champion de la phase régulière et du quadrangular. Herediano hors course, il peut décider de son adversaire en finale, soit Saprissa, soit Zeledón qu’il accueille.
Alors que Mitchell, l’homme fort des Guerreros ouvre rapidement le score (dès la 3e minute de jeu), Quiros égalise pour Herediano à la 26e minute de jeu. Tout reste encore à faire tandis que dans l’autre match tout s’anime en fin de premier acte lorsque dans la même minute, la 45e, Salas ouvre le score pour Santos avant qu’Anderson Leite n’égalise. Il reste alors 45 minutes de quadrangular, rien n’est fait. Au retour des vestiaires, Azofeifa va régaler et dégoûter le Ricardo Saprissa. Il prend la balle devant le rond central, passe en revue tout le bloc des Morados, s’échappe sur la gauche t croise sa frappe pour donner l’avantage aux visiteurs alors que le stade digère tout juste la nouvelle de l’avantage pris à Herediano par Zeledón. Le quadrangular a basculé, Pérez Zeledón remporte le tournoi et se qualifie donc pour la finale de l’Apertura 2017.
Reste donc à transformer la sensation en exploit lors de la grande finale opposant le petit poucer au géant Herediano. Herediano a dominé de la tête et des épaules la phase régulière mais a totalement sombré dans le quadrangular face à Pérez Zeledón. Le match aller à lieu au stade municipal de Pérez Zeledón et restera comme un match fermé, pas très beau à vrai dire, mais l’histoire va de nouveau s’écrire. Dès la 16e minute de jeu, sur un corner de la droite vers la gauche mal renvoyé par la défense, Venegas récupère aux 16 mètres, s’emmène le ballon pied droit pour se mettre sur son pied gauche est déclenche une frappe qui va rester comme le golazo qui marquera la saison de Zeledón et offrira la victoire aux Guerreros.
¡Simplemente un golazo! ? ?
— Teletica Deportes (@TeleticaTD7) 21 décembre 2017
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Le match retour a lieu 3 jours plus tard dans un stade Rosabal qui a fait le plein pour assister à une victoire de son équipe qui pourrait lui offrir le titre. Encore faudrait-il inverser une dynamique négative de trois matchs sans victoire face à une équipe qui ne perd plus. Les deux équipes semblent tétanisées par l’enjeu, les esprits s’échauffent vite et pas moins de 10 cartons jaunes et 1 carton rouge (pour Venegas) seront distribués. C’est tout ce qu’il faudra retenir de ce match retour si ce n’est qu’il entre directement dans l’histoire du football costaricain. Pérez Zeledón remporte l’Apetura, le premier titre de son histoire et surtout met fin à la domination des géants depuis 2009. Les Guerreros ne sont que la troisième équipe en trente ans à priver l’un des trois géants d’un titre.