Virtuellement défaits à la 118' minute, les Tigres remportent l'Apertura 2016, leur cinquième titre de champion du Mexique. Après une finale haletante, peu esthétique mais électrique, qui s'est terminée à 9 contre 9 et une séance de tirs au but où Nahuel Guzmán aura été le héros.

Cent dix-huitième minute de jeu. L'América va être couronné pour la treizième fois de son histoire l'année de son centenaire. Mais dans les derniers instants de cette prolongation électrique, Jesús Dueñas vient arracher la séance de tirs au but. Une séance sur laquelle Nahuel Guzmán, le portier argentin des Tigres, aura été le héros, en sortant tous les tirs Americanistas (1-1, 3-0 tab). Etouffante, ébouriffante, trépidante … les superlatifs manquent pour qualifier cette incroyable finale retour en les Tigres et l’América, jouée cette nuit. Et ce n’est pas le football que l’on retiendra, mais la volonté des deux équipes qui, par tous les moyens, bons mais surtout mauvais, ont tenté d’atteindre leur but. Et le héros n'est pas celui que l'on pensait être, du côté de Monterrey.

Gignac titulaire

Car le nom de Gignac était sur toutes les lèvres en cette période de fête. Et l’information tombe à une petite heure du coup d’envoi de cette finale entre superpuissances footballistiques du pays. La question que tout le monde se posait à enfin trouvé sa réponse. Oui, André-Pierre Gignac jouera bien la finale. La bonne nouvelle se répand autour d'El Volcán, en ce 25 décembre, comme si on venait annoncer la bonne nouvelle de la naissance du petit Jésus. Dans l’Estadio Universiario, les chants des supporters auriazules se font de plus en plus forts et résonnent durant toute la première période de cette finale retour. 

En début de rencontre, les fautes se succèdent, au bon souvenir des tensions du match aller. Car après la blessure de l’attaquant français à l’Estadio Azteca, les mots avaient fusé entre Americanistas et Tigres. Une situation dont s’était emparé la presse pour faire monter la sauce entre les supporters. Les formations de Ricardo La Volpe (América) et Ricardo Ferretti (Tigres) s’observent durant les premiers instants. Ils sont plus que des entraîneurs. Des professeurs. On le sait, cette double confrontation se passe aussi bien dans la tête que dans les pieds. Et la première situation viendra de ceux de la capitale. Le centre de Michael Arroyo flotte dans la surface et Oribe Peralta manque d’un rien son retourné acrobatique (15’). Les Tigres sont prévenus, le Volcán pousse pour réveiller son équipe. 

Le manqué de Peralta

Dans la foulée, après un corner mal dégagé par la défense de l’América, Javier Aquino envoie une lourde frappe qui prend la direction du but. Mais Moises Muñoz se détend parfaitement pour protéger sa lucarne droite. Une belle revanche pour « Moy », poussé vers la sortie par la direction de l’América car jugé trop vieux. Le vétéran joue son dernier match avec le maillot azulcrema, et verrait d'un bon œil être le héros de cette finale. Cette frappe d’Aquino est clairement la plus belle occasion de cette première période. Le reste ne sera qu’approximations et tentatives d’intimidation. Une vraie finale tactique. Dans les tribunes, les 42 000 supporters des Tigres font un boucan pas possible. Ils croient en leur équipe.

 

Au retour des vestiaires, Ricardo La Volpe semble avoir remobilisé ses joueurs. Les Águilas jouent plus haut et augmentent leur pression sur les buts de Nahuel Guzmán. Sur un appui, Javier Aquino, l’une des satisfactions des Tigres en première période, se blesse au genou droit. Contraint de sortir, il laisse sa place à Damian Álvarez. Dans la foulée, sur un coup de pied arrêté, Oribe Peralta se retrouve seul face au but vide. Le vieux briscard frappe avec le talon et le ballon sort en sortie de buts. El Hermoso vient de rater l’immanquable (55’). Le héros des JO 2012 reste longtemps au sol, les mains sur le visage. Mais ce raté incroyable ne refroidit pas les Americanistas. Renato Ibarra, intenable sur son côté droit, manque de peu le cadre sur une frappe croisée (63’).

 

 

Deux barres et cinq rouges

La tension monte, et Michael Arroyo manque de laisser ses partenaires azulcremas jouer à dix. L’arbitre distribue de nombreux cartons jaunes. Dans leur pire période, les Tigres obtiennent un bon coup franc. Le capitaine et défenseur central Juninho s’exécute, mais le tir est bien dévié par Muñoz. Sur le centre suivant, la tête de Jesús Dueñas heurte la barre (67’). Après une nouvelle période de domination Americanista, c’est André-Pierre Gignac, transparent jusque-là, qui trouve la transversale (81’).

 

Et alors qu’on se dirige vers la prolongation, Jorge Torres Nilo tacle puis accroche Renato Ibarra, parti en contre. L’international mexicain est contraint de sortir et laisse dix Tigres sur la pelouse (89’).

Les jambes sont lourdes, José Daniel Guerrero, milieu de l’América, est même contraint de sortir. Sur un corner tiré par Michael Arroyo, Edson Álvarez, 19 ans et tout juste entré en jeu vient smasher le ballon de la tête. Au mental et après avoir subi, l’América mène au score.

 

Le joueur qui demandait des selfies avec Cristiano Ronaldo il y a une semaine s’apprête à devenir le héros d’El más grande (95’). Les Tigres sont contraints d’égaliser pour, au moins, décrocher une séance de tirs au but. Et la tension ne baisse pas d’un cran : Rubens Sambueza reçoit un second jaune et laisse les deux équipes à 10 contre 10.

Bagarre générale et tirs au but

Sur le banc aussi ça chauffe. Ricardo La Volpe semble beaucoup discuter avec les remplaçants des Tigres. Les mots fusent, et sur une nouvelle faute mal gérée par l’arbitre, s’en suit une bagarre générale. José Arturo Rivas des Tigres, et l’Americanista Paolo Goltz en viennent aux mains. Même Andy Delort, qui aura suivit la rencontre sur le banc, se mêle de la dispute. Les deux premiers ainsi qu’un remplaçant de l’América sont expulsés. La rencontre se poursuit à 9 contre 9. 

Dans la foulée, Gignac, quasiment transparent, à l’occasion d’égaliser par deux fois. Mais le Français manque de précision et ne trouve pas le cadre. La tension redescend, mais le Volcán entonne ses chants de plus belle. Et alors que l’on se dirige vers un treizième titre pour l’América, après une rencontre pleine de polémiques, sur un centre de Jorge Estrada, Jesús Dueñas place une tête imparable pour égaliser (118’). La séance de tirs au but aura bien lieu.

 

Et la suite, on la connait. Gignac, Juninho et Guido Pizarro transforment leur tir alors que Nahuel Guzmán sort les frappes de William Da Silva, de Silvio Romero et de Javier Güemez, quand. Après avoir perdu une double confrontation où les décisions arbitrales auront été favorables, l'América sort sans les honneurs.

 

Mais les supporters de l'América s'en fichent bien, et se contenteront d'être le club le plus titré et le plaisir d'être le plus haït. Les Tigres, eux, obtiennent leur cinquième étoile. La troisième en cinq ans et surtout la deuxième en trois tournoi. Une progression indéniable, preuve que les clubs de Monterrey viennent bousculer de plus en plus la hiérarchie des Chivas, América, Pumas et Cruz Azul, les más grande.

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).