Après avoir perdu le match aller 4-1, les Rayados recevaient dans leur Géant d’acier des Tigres avec la confiance au maximum.
La passerelle se prend à deux pas de l’entrée d’un petit parc d’attraction désuet. A une dizaine de mètres de la rue, elle passe au-dessus d’un quartier fait de maisonnettes en briques peu rassurantes construites de manière anarchique, avant d’atteindre le stade BBVA, quelques centaines de mètres plus loin.
Cette passerelle est peut-être le symbole de cette ville ; Monterrey a connu un développement récent et seulement peu de Regios ont eu la chance d’emprunter la passerelle du succès ; celle qui mène au Gigante de acero (le Géant d’acier), finalisé en 2015, à l’ambiance très nord-américaine, le stade le plus moderne et le plus luxueux du pays.
Des Rayados enrayés
Sur la pelouse, l’ambiance est la même qu’à la fin du match aller au Volcán. Peu de jeu, beaucoup de duels ; nous sommes dans un vrai Clásico. Les cartons jaunes sont de sortie, dont un pour Funes Mori, auteur d’un tacle dangereux sur le gardien Nahuel Guzmán. Monterrey essaie d’imposer son jeu mais les joueurs sont trop énervés ; les hommes d’El Turco commettent 15 fautes lors du premier acte, trois fois plus que ceux de Tuca Ferretti, l’un des meilleurs tacticiens du continent malgré sa dégaine de vieillard lambda. Sur une belle incursion, Dorlan Pabón tente un tir de l’extérieur de la surface ; le poteau vient contrarier le Colombien.
Ferretti sent son équipe peu stable. Le Brésilien sort Zelarayán, un créateur, pour faire entrer un défenseur central. Le jeu se rééquilibre. Les Rayados sont bloqués et croient de moins en moins à l’exploit. A l’approche du terme de la première période, les Tigres obtiennent un coup-franc aux 30 mètres. Légèrement excentré, Gignac, peu en vue jusque-là, se charge de placer une merveille dans le petit filet de Gonzalez (45+4). Un but que le Français fête en s’allongeant sur le pré, l’air à l’aise ; une dédicace à Aldo de Nigris, attaquant adverse expulsé lors du match aller et qui avait célébrer de la même manière un but lors d’un Clásico Regio, il y a quelques années. A 1-0, les Rayados sont condamnés à l’impossible.
Gignac, la force tranquille
Sonnés et surtout désabusés, les Rayados semblent ne plus être capables de retourner la situation. Chará et Sánchez entrent, mais empiler les attaquants n’aide pas le jeu. Sur une passe anodine, César Montes glisse et finit par terre, aux 40 mètres. Gignac file au but et trompe González (2-0, 68’). C’est le 7ème but de l’ancien Lorientais en 3 matches, 4 lors du double Clásico. Le Français, imprécis et hors de forme depuis janvier redevient létal au meilleur moment du Clausura. Avec ce but, les espoirs de Monterrey s’évaporent en même temps que les spectateurs en tribunes présidentielle et latérale. Les vrais, ceux de la Adicción, entonnent, eux, encore plus fort les champs à la gloire de Monterrey, qui coule. Cardona, meilleur technicien sur le terrain mais aussi meilleur avaleur de tacos, n’y arrive pas. Son coup-franc est détourné par un Guzmán impeccable.
Avec ce score global de 6-1, les Tigres passent logiquement l’épreuve du quart de finale. Mais le plus important, c’est que leur jeu ressemble de plus en plus à une équipe de Tuca Ferretti : sans êtres flamboyants, son escadron est solide défensivement, calme et expérimenté au milieu, tranchant devant. Et c’est là que les Tigres sont les plus redoutables, finalement. Du Tuca pur sang. Si Tijuana ne tergiverse pas face à Morelia, Pizarro et ses coéquipiers iront se frotter au Superlíder. Ceux de la frontière, dirigés par l’ancien sélectionneur Miguel Herrera, seront une nouvelle étape à franchir. Avant de pouvoir, en finale, traverser la passerelle, symbole que les Tigres sont désormais, un Historico.
Les buts
Par Diego-Tonatiuh Calmard, à Monterrey pour Lucarne Opposée


