
Quelques mois après le premier sacre des Timbers, la MLS reprend enfin le chemin des terrains pour une 21ème édition indécise.
Après la victoire des Timbers en finale en décembre dernier (lire MLS 2015 : Portland décroche son premier titre), la MLS reprend enfin le chemin des pelouses et, en attendant une nouvelle expansion dès la saison prochaine avec l’arrivée d’Atlanta, se prépare à vivre sa 21e saison, celle de la majorité. Reste à savoir si ce sera celle de la maturité.

Mais avant de nous lancer sur le terrain, impossible de ne pas parler des kits confectionnés par Adidas qui, cette année, nous promettent bien des accidents de rétine. Citons les horribles ondulations new-yorkaises, les rayures rouges et noires du tenant du titre et surtout, probablement la pire idée de l’histoire (même si elle s’inspire des couleurs de la ville), l’association jaune – rouge – bleu ciel du Crew qui vont faire passer les carreaux du SKC ou le dégradé – rayure des Whitecaps pour des maillots réussis. Il fallait bien encore des choses à parfaire en MLS. Car finalement, sur le terrain, la saison s’annonce dans la pure tradition des sports d’élite américains, extrêmement ouverte. Présentation des deux conférences.

La saison dernière, nous avions vanté la politique de construction mise en place par New York City. Malheureusement, il aura fallu une saison moyenne, caractéristique d’une première saison, pour que tout soit remis en cause. Exit Jason Kreis le bâtisseur, la maison anglaise City place ses hommes et nomme Patrick Vieira qui va ainsi découvrir le coaching dans une élite nationale. Sur le terrain, on tente de renforcer une défense souvent débordée l’an passé avec les arrivées notamment du français Frédéric Brillant que la nouvelle franchise espère être son Aurélien Collin, le jeune costaricain Rónald Matarrita, qui devrait apporter un peu de vitesse côté gauche et la promesse Ethan White venue de Philadelphie. Autre interrogation, l’implication du duo Lampard – Pirlo au milieu et son adaptation à la MLS qui n’est plus une maison de retraite. Autant dire que le chantier est important et le défi proposé à Vieira pour une première sur le banc est de taille, la course aux play-offs s’avérant difficile dans une conférence pourtant bien moins relevée que l’Ouest.
Du côté d’Orlando City, on continue de privilégier le travail sur le long terme en conservant les cadres de l’USL et le coach, malgré des play-offs également vus à la télé pour la première saison. Les motifs d’espoirs sont grands. Car à un groupe qui a acquis une année d’expérience ensemble la saison dernière, les Lions pourront compter sur les retours de Break Shea et de Kevin Molino, tous deux mis sur le flanc par de longues blessures l’an passé. Deux recrues de l’intérieur qui ne manqueront pas d’apporter ce qui a manqué en 2015 et qui seront suppléées par le joli coup qu’est l’arrivée d’Antonio Nocerino pour animer l’entrejeu des violets.
Reste que la course aux play-offs s’annonce délicate car les Montréal, New England et autre DC United seront de redoutables concurrents. Après avoir cru au départ de sa star Drogba, l’Impact a depuis retrouvé le sourire en assistant à son retour dans les dernières semaines de préparation. Si la légende ivoirienne ne participera pas aux matchs sur synthétique, il restera la valeur ajouté de l’attaque montréalaise, le facteur X qui a permis à l’Impact d’accéder à la demi-finale de conférence l’an passé. On attendra énormément d’Harry Schipp, venu combler les départs au milieu de Justin Mapp et Dilly Duka alors que derrière Mauro Biello pourra compter sur l’arrivée définitive de Víctor Cabrera qui devrait solidifier la défense montréalaise. Côté New England, c’est une fois encore l’imprévu qui sera au programme. Le départ de Jermaine Jones devrait avoir quelques conséquences dans l’entrejeu même si un Gershon Koffie devrait en profiter pour prendre une place encore plus importante. On suivra tout de même avec attention l’arrivée de la nouvelle pépite issue de l’Academy, Zachary Herivaux qui devrait prendre plus de temps de jeu cette saison. Dépassé par Querétaro en CONCAChampions, DC United reste aussi un sérieux prétendant aux play-offs. Car au groupe demi-finaliste de la dernière édition, les Blacks-and-Red adjoignent Lamar Neagle, Patrick Nyarko, Julian Büscher, Marcelo Sarvas et Luciano Acosta pour former un milieu d’une densité et d’une qualité rare dans la ligue et qui peut tout aussi, si la mayonnaise venait à prendre rapidement, laisser espérer à Ben Olsen de jouer l’une des deux premières places.

Photo : Adam Hunger/Getty Images
Il faudra cependant lutter contre de sacrés prétendants. Premier d’entre eux, le Toronto FC qui jouera gros après une saison 2015 frustrante et, tradition de la maison rouge, loin des attentes d’avant saison. Une fois n’est pas coutume côté TFC, l’intersaison a été des plus calmes et les arrivées de Beitashour et de Will Johnson viennent donner un supplément de densité à un groupe déjà solide qui sera une fois encore emmené par le diamant Giovinco, le monsieur plus des rouges. La seule incertitude côté Toronto reste les coulisses et la solidité du siège sur lequel Greg Vanney est assis. On imagine en effet mal le voir résister à un mauvais début de saison. Deuxième prétendant, les New York Red Bulls. Meilleure équipe de la saison régulière l’an passé, les Red Bulls avaient su faire taire les critiques d’avant-saison de la meilleure des manières et abordent 2016 avec une sérénité qu’ils n’avaient alors pas. Et comme Jesse March dispose d’un groupe quasi inchangé pour 2016, il n’y a pas de raison pour que la saison soit différente, même si la Conférence Est s’annonce plus relevée cette saison. Elle semble cependant promise au Crew et son buteur vedette Kei Kamara. Car là encore, la continuité est de mise côté Gregg Berhalter qui dispose d’un onze type inchangé et pourra s’appuyer sur les arrivées d’un nouveau Kamara, Ola (aucun lien avec Kei), l’ancien u20 égyptien Amro Tarek et du danois Emil Larsen. De quoi solidifier davantage un groupe déjà très costaud et qui a tout du prétendant au titre à l’Est.

Photo : Kirk Irwin/Getty Images
Dans ce contexte, quelle place pour les deux cancres 2015 qu’étaient Philadelphie Union et Chicago Fire. Chez les Fire, la saison 2015 restera la pire de l’histoire et a ainsi été l’occasion d’un grand ménage. Veljko Paunović se retrouve avec un groupe fortement chamboulé qui apparait encore inférieur à bien des formations de la ligue mais dans lequel on suivra avec attention deux défenseurs américains, Brandon Vincent et Jonathan Campbell, jolis coups réalisés par le club lors de la Superdraft. Reste que ça risque d’être encore insuffisant pour une équipe qui s’attend à vivre une nouvelle saison de transition. L’équation est assez similaire côté Zolos avec une vaste ménage effectué dans l’effectif, quelques jolis coups lors de la Superdraft (Joshua Yaro, Keegan Rosenberry ou encore Fabian Herbers) mais un groupe dans lequel Vincent Nogueira est aussi attendu au tournant qui semble encore insuffisant pour espérer se mêler à la lutte pour les play-offs.
Pronostic porte poisse LO : 1- Columbus Crew, 2- New York Red Bulls, 3- DC United, 4- Toronto FC, 5- Orlando City, 6- Montréal Impact, 7- New England Revolution, 8- New York City, 9- Philadelphia Union, 10 – Chicago Fire.

Une chose ne devrait pas changer en 2016, la Conférence Ouest est la meilleure du pays. Dans la roue du champion sortant Portland ils seront nombreux à pouvoir prétendre non seulement aux play-offs mais encore au titre. Premier d’entre tous, le tenant du titre. Du côté de Porterland, l’effectif ne subit pas de réelle modification, le onze champion devrait rester identique en 2016 et le groupe des Timbers apparait comme l’un des plus solides de la Ligue, les arrivées de Ned Grabavoy, Chris Klute, Zarek Valentin (qui auront l’un et l’autre la douloureuse mission de succéder au meilleur latéral gauche de la MLS José Villafaña parti au Mexique) ou encore Jack McInerney ne venant que le densifier davantage. Autant dire qu’avec le premier titre décroché dans l’histoire du club en MLS et la sérénité que ce dernier apportera, il va être difficile de venir perturber la marche en avant des hommes de Caleb Porter.
Principal concurrent des Timbers, la meilleure équipe de la Conférence l’an passé, celle qui avait manqué le Supporter’s Shield à la différence de but, le FC Dallas. Pour éviter que cette mauvaise surprise se reproduise, les texans, qui s’appuyaient sur l’une des meilleures défenses de la Ligue décident de muscler leur attaque. Dallas attire Maximiliano Urruti, en manque de temps de jeu chez le champion sortant Portland et dont l’association avec l’excellent Mauro Díaz (8 buts, 10 passes décisives en 2015 après avoir notamment manqué une dizaine de matchs) et les machines à affoler les couloirs Fabián Castillo – Michael Barrios s’annonce excitante. Comme si cela ne suffisait pas, Dallas s’offre aussi le superbe Mauro Rosales pour apporter une profondeur de banc à un effectif déjà de grande qualité.

Photo : Drew Hallowell/Getty Images
Derrière, deux grands outsiders. Premier d’entre eux, le grand rival des Timbers, Seattle. Certes les Sounders ne pourront plus compter sur le duo Dempsey – Martins pour affoler les lignes arrières adverses, le nigérian s’étant envolé pour la Chine, mais ce départ va permettre de donner plus de poids à Nelson Valdez et l’arrivée d’un Jordan Morris devrait aussi contribuer à maintenir la puissance offensive de la bande à Sigi Schmid alors que le retour de blessure de la légende Ronald Torres viendra à terme renforcer la ligne défensive. Une chose est cependant certaine, le demi-finaliste de Conférence 2015 reste un véritable candidat aux deux premières places. Absent des play-offs pour la première fois depuis 2007, le Real Salt Lake de Jeff Cassar a décidé de muscler son attaque en rappelant un ancien de la maison, Yura Movsisyan et s’offrant les services de Juan Manuel Martínez qui formeront ainsi, avec l’excellent Joao Plata, le trio offensif des Cobalt-and-Claret cette saison. Vu le niveau affiché en CONCAChampions, les motifs d’espoirs sont grands côté Salt Lake pour un groupe qui peut s’appuyer sur l’expérience des cadres Beckerman, Morales ou Rimando. Connaissant le sérieux de la maison depuis des années, il n’est donc pas impossible de voir les Royals se mêler à la course aux play-offs voire, s’ils capitalisent leurs excellents matchs face aux Tigres, dans la course aux deux premières places.
Vient ensuite un groupe de prétendants mêlant habitués aux play-offs, ambitieux et géants locaux. Propulsé en Conférence Ouest quand il dominait l’Est, on avait prédit l’enfer au Sporting Kansas l’an passé mais ce dernier a parfaitement répondu aux attentes, décrochant sa place en play-offs et manque de deux points la seconde place de la Conférence. Souvent touché par les blessures, le Sporting alignera une équipe riche question expérience cette saison avec notamment un milieu renforcé des ajouts de Brad Davis et Justin Mapp. Un groupe donc taillé pour le top 6. Troisièmes l’an passé, les Whitecaps se retrouvent cette saison devant le plus grand des défis : celui de devoir confirmer. Meilleure défense de la saison 2015, grâce notamment à un David Ousted exceptionnel tout au long de la saison, bien protégé par Kendall Waston dans l’axe, Matias Laba au milieu, Vancouver a surtout cherché à renforcer son point faible, l’attaque. Christian Bolaños arrive du Costa Rica, la légende Blas Pérez de Dallas et le magnifique Masato Kudo du Japon. Reste à Carl Robinson à trouver un moyen d’aligner tout ce petit monde pour que les Whitecaps s’assurent au minimum une place dans le top 6.

Photo : Harry How/Getty Images
Jamais l’appellation Galaxy n’a été aussi en accord avec le Los Angeles 2016. Après l’arrivée de Steven Gerrard et Gio Dos Santos en 2015, le quintuple vainqueur de la MLS s’offre Jelle Van Damme pour muscler (au sens premier du terme) sa défense, Ashley Cole pour apporter expérience et talent sur le côté gauche, et Nigel de Jong pour apporter de l’impact au milieu. Avec un capitaine Keane dans le rôle du guide, le groupe de Bruce Arena a tout de l’équipe à paillette que toute la ligue voudra s’offrir au fil des semaines et la dernière saison comme les premiers matchs en 2016 n’incitent pas forcément à l’euphorie. A l’image de Gyasi Zardes, Los Angeles va devoir surtout sortir le bleu de chauffe pour ne pas voir sa saison tourner à l’échec retentissant.
Derrière ces sept, trois autres équipes semblent quelque peu en retrait. Du côté de Houston, 2016 a des allures d’année de transition avec un Owen Coyle qui vivra sa deuxième année sur le banc du Dynamo. Défaillants dans leur capacité à créer du danger, les texans vont s’en remettre à Cristian Maidana pour aider les Boniek Garcia, Erick Torres et autres Will Bruin à faire trembler les filets adverses. Le pari est risqué pour une équipe qui comptera encore et toujours sur l’excellent Tyler Deric pour garder les cages. Derniers en 2014, les Quakes ont repris quelque peu vie en 2015, manquant les play-offs pour quatre points. Pour 2016, la bande à Dominic Kinnear espère donc franchir un cap supplémentaire. Pour cela, les Quakes comptent sur les arrivées de Chad Barrett et de Simon Dawkins pour épauler la légende Wondo, Quincy Amarikwa et Innocent Emeghara dont le retour de blessure fera le plus grand bien. Reste à savoir si cela sera suffisant pour venir lutter face aux ogres de la Conférence. Reste enfin le Colorado Rapids. Bon dernier de la Conférence l’an passé, le Rapids n’a pourtant pas eu que des motifs d’inquiétudes, sa défense faisant par exemple partie des meilleures de la ligue (autant de buts encaissés que les Red Bulls par exemple), l’arrivée possible de Tim Howard dans les cages sonnant comme un gros coup supplémentaire en défense. Le principal chantier reste donc devant. Kevin Doyle a déçu l’an passé et pour l’aider à retrouver le chemin des filets, Colorado s’offre deux recrues offensives de choix Shkelzen Gashi et Marco Pappa. Là encore, reste à savoir si tout cela sera suffisant pour lutter dans une Conférence des plus relevées.
Pronostic porte poisse LO :1- Portland Timbers, 2- FC Dallas, 3- Seattle Sounders, 4- Real Salt Lake, 5- Vancouver Whitecaps, 6- Sporting Kansas, 7- Los Angeles Galaxy, 8- Houston Dynamo, 9- San José Earthquakes, 10- Colorado Rapids.
Le programme
Photo une : Jamie Sabau/Getty Images


