Quelques semaines après le sacre du Los Angeles FC, la MLS reprend le chemin des terrains. L’heure est donc venue de faire le tour du propriétaire.

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2022 s’était conclu sur une finale totalement folle, sans doute la plus belle de toute l’histoire. Ainsi, à l’heure de retrouver la MLS pour sa vingt-huitième édition, l’impatience règne. Oubliez le championnat en développement, la ligue nord-américaine est désormais totalement installée dans le paysage footballistique du continent, a rattrapé une Liga MX qui désormais semble vouloir s’en inspirer et continue d’attirer les grands talents latinos.

Plusieurs nouveautés sont au menu cette saison avec l’arrivée d’une nouvelle franchise, la vingt-neuvième, St. Louis City SC, avant l’annonce d’une possible trentième qui devrait faire son entrée pour le trentième anniversaire de la ligue dans deux ans et dont le nom sera révélé en fin d’année (dans l’ordre San Diego, Las Vegas et Tampa semblent former le tiercé des favoris). L’autre nouveauté se situe sur le format et le calendrier. La saison fera une pause d’un mois entre juillet et août afin de laisser place à la Leagues Cup, sorte de Superligue opposant MLS et Liga MX et pour la première fois, les équipes canadiennes sont également concernées par l’obtention d’un sport continental pour la CONCAChampions 2024 quand autrefois, ils ne pouvaient en obtenir qu’en remportant le Canadian Championship. Mais surtout, les play-offs changent. Cette saison, neuf équipes par conférence pourront accéder au sprint final vers le titre. Fin octobre et dans un premier temps, les équipes classées huitième et neuvième disputeront une wild-card au meilleur des trois matchs. Elle se qualifieront ainsi pour le premier tour dans lequel entrent les sept premiers de chaque conférence (1er vs 8e/9e, 2e vs 7e, etc.) qui lui aussi se disputera au meilleur des trois matchs avec, en cas de match nul à l’issue des quatre-vingt-dix minutes, une séance de tirs au but. Les quatre vainqueurs rejoignent ensuite les demi-finales de conférence qui retrouvent la formule utilisée jusqu’ici, un match sec, comme pour les finales de conférence et la finale de MLS Cup qui se déroulera chez les mieux classé des deux finalistes. Ils seront donc dix-huit sur vingt-neuf à accéder aux play-offs cette saison, soit le deuxième plus haut pourcentage du sport US (le premier étant la NBA qui envoie les deux tiers de ses équipes en play-offs).

Enfin, nouveauté pratique pour les suiveurs français de la compétition, celle-ci sera disponible en intégralité sur la plateforme AppleTV moyennant un abonnement de 89€ pour la saison (et qui inclut la Leagues Cup, des matchs de MSL Pro Next et MLS Next) ou un abonnement mensuel de 13€99. Les présentations faites, place désormais au tour des clubs.

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Le sens de l’histoire

stlouisUne saison de MLS sans Expansion Team, c’est un peu comme un repas sans dessert. 2023 ne déroge donc pas à la règle avec cette fois, un vrai pan de l’histoire du soccer américain prêt à s’écrire. Car l’arrivée de St. Louis City SC est tout sauf une surprise, elle est surtout une juste récompense pour une place qui fut longtemps la capitale de ce soir aux pays. Le football a débarqué à St. Louis à la fin du XIXe, porté par des migrants allemands, anglais, italiens. La St. Louis Football Association est créée en 1886 avant que n’apparaisse un championnat, la St. Louis Soccer Football League, fondée en 1907, la seule compétition au pays totalement professionnelle à l’époque. St. Leo’s, le club phase de l’époque est indirectement à l’origine de l’expansion du football à l’échelle nationale lorsqu’il accroche les Paterson True Blues, vainqueur de l’American Cup, compétition restreinte à la côte est et considéré comme la première compétition majeure de clubs aux États-Unis en 1913. C’est ainsi que dans ses pas, le football de St. Louis rend la National Challenge Cup, ancêtre de l’actuelle US Open Cup, véritablement nationale en envoyant ses clubs à partir de 1918. Toutes les grandes étapes du développement du football aux States durant la première moitié du XXe siècle passent inévitablement par St. Louis avec, l’apogée, la fameuse équipe de 1950 qui voit cinq des onze joueurs présents sur le terrain lors de l’exploit face à l’Angleterre issus de St. Louis. La ville a ensuite été de toutes les aventures : la NASL avec des Stars devenus ensuite California Surf en 1978, la MISL (la ligue de football indoor) avec les Steamers – trois finales perdues – puis les Storm, la NPSL (autre ligue de football indoor) avec les Ambush, champions en 1995 ; le renouveau du championnat féminin époque WPS avec les St. Louis Athletica et deux équipes masculines des divisions inférieures. L’arrivée en MLS est donc une évidence.

Pour sa première saison, le club donne les clés à un ancien assistant de Chris Armas à New York, Bradley Carnell, qui avait d’ailleurs assuré l’intérim le temps de quatorze matchs dont même pas la moitié remportés). On devrait donc se retrouver avec une équipe qui cherche à presser haut et qui devrait souvent viser le déséquilibre. Pari risqué pour une première saison, même si finalement, les risques sont légers, et pourrait tout de même occasionner du spectacle. Sur le terrain, St. Louis pourra compter sur la présence de Roman Burki dans ses cages et dont l’expérience pourrait s’avérer importante et sur ses autres recrues « phare », Eduard Löwen appelé à être le meneur de jeu de la formation et João Klauss, passé chez les jeunes par Grêmio avant de ne connaître qu’une carrière européenne dont le grand moment fut le titre de champion et meilleur buteur de Veikkausliiga finlandaise alors qu’il n’avait que vingt-et-un ans. Pour le reste, pas de recrutement clinquant à la Atlanta ou LAFC en leur temps et une saison qui s’annonce être celle de l’apprentissage.

Le tour des clubs

Place désormais à la visite guidée des vingt-huit autres franchises de la ligue. Comme pour le guide de la K League, nous allons les égrainer en nous appuyant sur le classement des conférences 2022.

Conférence Ouest

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Arrivé en MLS en 2018, le Los Angeles FC avait affiché ses ambitions : devenir l’une des meilleures équipes de la MLS en cinq ans. Meilleure saison d’un rookie dans la ligue en 2018 (avec un record de cinquante-sept pointslafc qui a fait tomber celui de Chicago en 1998), vainqueur du Supporter’s Shield l’année suivante avec un nouveau record de points établis (soixante-douze), finaliste de la CONCAChampions en 2020, le club a rapidement rempli ces objectifs. Après une année 2021 plutôt ratée avec une absence de play-offs, 2022 a été celle du premier titre de champion au terme d’une saison totalement maitrisée par les joueurs de Steve Cherundolo. Vainqueur de la Conférence Ouest avec onze points d’avance sur Austin et du deuxième Supporter’s Shield de son histoire (devançant Philadelphie au nombre de victoires sur la saison), les Black and Gold ont surclassé leur conférence emmenés par des joueurs comme Carlos Vela ou Jose Cifuentes qui ont brillé au sein de cette équipe, avant de décrocher leur premier titre au terme d’une finale au scénario totalement fou et l’égalisation dans les dernières secondes de la prolongation de Gareth Bale sur un superbe centre de Diego Palacios, le latéral équatorien, et une victoire aux tirs au but avec le gardien remplaçant John McCarthy endossant le costume de héros. La franchise a démontré qu’elle a de l’ambition et qu’il reste difficile de la battre. Une vérité qui reste d’actualité en 2023. L’effectif est étoffé avec des joueurs intéressants sur le banc, malgré un mercato assez pauvre, avec des départs de joueurs importants, Chicho Arango (Pachuca), Gareth Bale (retraite) ou encore Latif Blessing (New England Revolution) peu utilisé l’an passé. Et en termes d’arrivées, un ailier de l’Hadjuk Split, Stipe Biuk pour 6,5 M€, Aaron Long, défenseur venant de New York Red Bull et Timothy Tillmann, milieu allemand formé au Bayern qui arrive de Greuther Fürth.

Malgré quelques départs importants, le LAFC devrait jouer le haut du classement grâce à une base conservée au niveau de l’effectif et un coach toujours en place. Il n’y a donc pas de raison pour que cela ne fonctionne plus.

Après une belle performance l’année dernière pour sa deuxième saison en MLS, austinAustin espère rester dans le haut du classement cette saison. Los Verdes ont réalisé un très beau parcours l’année dernière en terminant deuxième de la Conférence Ouest et en allant jusqu’à la finale de conférence perdue 3-0 contre le LAFC. Cette équipe a donc créé la surprise deux ans après sa création grâce à des joueurs comme le facteur X Sebastián Driussi (vingt-deux buts et sept passes décisives) ou le capitaine Alex Ring. Le point fort de cette équipe, c’est son attaque : soixante-cinq, soit la troisième meilleure de la ligue, la deuxième de la Conférence Ouest. Pour ce qui est du mercato, Austin a recruté sur chaque ligne : Gyasi Zardes, l’attaquant des Rapids vient renforcer les lignes offensives aux côtés d’Emiliano Rigoni, ancien d’Independiente, du Zenit et de São Paulo son dernier club, et de l’expérimenté Will Bruin (Seattle), pendant que Leo Väisänen (Elfsborg) et Adam Lundqvist (Houston) renforcent les lignes arrière. À noter les arrivées de deux jeunes français, Valentin Noël, drafté par le club et sortant de l’Université de Pittsburgh, et Sofiane Djeffal, ancien de l’Université d’Oregon, drafté par DC United l’an passé. Malgré quelques départs, comme ceux de Tomás Pochettino (Fortaleza) ou encore Felipe Martins (Orlando), on peut s’attendre à une nouvelle excellente saison de la part d’Austin même si le plus dur est à venir, la bande à Josh Wolf devant désormais confirmer.

Après une année dallas2021 totalement ratée – comme ce fut le cas pour les autres clubs texans – Dallas a été l’une des révélations de la MLS 2022 en terminant troisième de la Conférence Ouest et en allant jusqu’à la demi-finale de conférence perdue contre Austin 3-0. Arrivé fin 2021, l’Espagnol Nico Estévez a effectué un très bon travail en faisant passer Dallas de la onzième place à la troisième place après avoir trouvé un équilibre parfait en s’appuyant sur un 4-3-3 fluide, une défense hermétique – la deuxième de la ligue – ne laissant aucune place aux contres adverses et un collectif parfaitement huilé au sein duquel des joueurs comme Alan Velasco, Paul Arriola ou Jesús Ferreira se sont transformés en véritables poisons pour les adversaires par leur vitesse dans le jeu de transition. Pour 2023, les Reds Stripes ont une question à laquelle ils s’étaient préparés de devoir répondre : le départ de Matt Hedges, pilier de cette hermétique défense. Pour y répondre, le club a travaillé calmement, connaissant un mercato est assez tranquille avec l’arrivée de quelques joueurs : Geovane Jesus auteur d’une belle saison dans son couloir droit avec Cruzeiro, le champion de Serie B, Sebastien Ibeagha peu utilisé au LAFC une grande partie de la saison même si présent sur le terrain le soir du titre et qui semble promis à remplacer Hedges. Mais toujours cette volonté de miser sur la jeunesse, les arrivées d’Amet Korça et de José Mulato allant dans ce sens. Reste donc à savoir si la formule fonctionnera encore en 2023 et si elle résistera à une concurrence qui s’est réarmée. En tout cas le Dallas FC va être une équipe avec de la qualité et peut gêner beaucoup de monde. Suffisamment en tout cas pour retrouver les play-offs.

Il y a eu comme un parfum de renouveau l’an passé chez l’historique de LA. galaxyLe Galaxy s’est hissé à une belle quatrième place pour finir par tomber sur le nouvel ogre de la ville en play-offs. Au terme de sa deuxième année sur le banc, Greg Vanney voyait donc une vraie progression quant aux résultats et on pourrait penser que 2023 permettre à l’équipe la plus titrée de l’histoire de la MLS de retrouver définitivement son rang. Mais c’est ici que ce tableau en trompe-l’œil est apparu. D’abord sur le terrain où finalement, le Galaxy a été le roi de la possession mais a surtout montré d’énormes carences défensives à la perte de balle. Et surtout s’en est remis à trois joueurs : Riqui Puig, dont l’arrivée en août a transformé l’équipe, Chicharito qui a retrouvé son sens du but (et son envie) et Dejan Joveljić qui n’a cessé de marquer entre mai et août. Trois profils essentiels, rarement ensemble sur le terrain dont deux – les deux derniers cités – souvent sur courant alternatif et surtout sujets à disparaître à tout moment. Le LA Galaxy est donc une ode à l’équilibre précaire, équilibre qui a été davantage fragilisé après que la ligue s’est rendu compte que le club avait triché sur les salaires accordés au fantôme de Cristian Pavón et s’est donc vu privé de recrutement de joueurs venus de l’étranger lors de la deuxième fenêtre de transfert de l’année. Une sanction qui tombe mal, le club ayant déjà perdu plusieurs joueurs – pas tous essentiels mais importants dans la rotation pour certains – sans véritablement se montrer actif cet hiver, prenant le risque donc de totalement plomber sa saison en cas de difficultés sur la première partie de l’année. Rayon départs donc, les deux Français, Kévin Cabral, parti découvrir la chaleur de Denver (sic) et Samuel Grandsir, rentré en France ; Víctor Vázquez qui retourne à Toronto ; Julián Araujo qui part renforcer les rangs au plus haut niveau en Espagne avec la réserve du Barça (re-sic). Pour compenser tout cela est anticiper un été sans arrivées ? Pas grand-chose. Chris Mavinga vient tout de même renforcer la défense à trois de Vanney, Memo Rodríguez vient « renforcer » le milieu, Tyler Boyd, dont le séjour turc n’a pas été synonyme de grande réussite, vient se placer dans un couloir offensif. Tout cela semble bien léger pour réitérer la même saison sur le plan des résultats, dans un contexte lourd et pesant. À Vanney et sa bande de faire mentir les plus sceptiques.

minnesotaAprès deux saisons d’apprentissage, Minnesota s’est ensuite transformé en machine à qualification pour les play-offs, alignant les performances régulières (quatrième en 2019, quatrième en 2020, cinquième en 2021, sixième en 2022). La recette appliquée par Adrian Heath est simple : un collectif bien huilé autour d’un 4-2-3-1 compact et rapide en transition, qui repose sur un facteur X nommé Emanuel Reynoso. Reste que 2022 ressemble à une illusion : les Loons ont encaissé cinquante-et-un buts (pour quarante-huit inscrits) et n’ont pas véritablement séduit sur le terrain, semblant au final se hisser en play-offs plus par la chute des autres prétendants que par leur talent collectif. Tout semble donc bien insuffisant pour concurrencer les cadors de MLS, d’autant plus que le mercato n’est pas tellement à la hauteur d’un club qui vise les play-offs. En effet, Minnesota a recruté Mikael Marqués, jeune défenseur suédois de vingt-et-un ans et Doneil Henry, un autre défenseur, venant de Toronto, sont arrivés surtout pour combler un banc de touche que le club a vidé durant l’intersaison. Ajoutez à cela la gestion du cas Bebelo Reynoso. L’élément clé des Loons n’est toujours pas rentré d’Argentine, n’ayant pas participé à la fin de la présaison (et ayant vu son salaire suspendu par la ligue), bloqué à Córdoba par une affaire de justice remontant à fin 2021 – Reynoso est accusé de menace avec arme à feu et passage à tabac d’un mineur et attend d’être jugé de nouveau. C’est donc sans son facteur X, ni sans une alternative, que les Loons abordent 2023. Un début compliqué pourrait donc être à prévoir et menacer les rêves de play-offs.

Sous la direction de Pablo Mastroeni, rslle Real Salt Lake s’est mué en roi des miracles. D’abord l’incroyable qualification/épopée en MLS Cup 2021 avec une formation qui termine le championnat en alternant victoires et défaites, chipe la dernière place en play-offs au prix d’une victoire dans les arrêts de jeu de la dernière journée, élimine Seattle au premier tour des play-offs sans jamais frapper au but, sort ensuite le SKC à la 91e minute avant de revenir à la réalité en finale de conférence. Ce miracle n’est cependant pas permanent. L’an passé, les Claret and Cobalt ont arraché encore une place en play-offs, mais l’aventure s’est arrêté face à Austin. Sur le terrain, le RSL va décrocher ses miracles avec une recette simple : jeu direct avec des ballons envoyés devant, une accumulation de centres et Jefferson Savarino. Il semble que 2023 ne déroge pas à la règle, Salt Lake cherchant sans doute une nouvelle qualification sur un malentendu. Car certains joueurs clés sont partis : Sergio Córdova dont le prêt a pris fin, Aaron Herrera envoyé à Montréal et Bobby Wood expédié à New England. Des départs visant à renouveler l’effectif ? Pas vraiment. Le club met une grosse pression sur sa recrue la plus chère, Andrés Gómez, Colombien de vingt ans et une cinquantaine de matchs avec Millonarios un temps annoncé du côté de Bragantino et attire un autre jeune caferero, Brayan Vera, complétant ensuite son marché dans les divisions inférieures du pays. Cela parait bien léger eu égard à certains concurrents, mais n’allez surtout pas dire au Claret and Cobalt que c’est impossible.

Peutimberst-ont vivre saison plus cauchemardesque que celle de Portland l’an passé ? Habitués à jouer les premiers rôles, les Timbers ont été plombés par les blessures de leurs joueurs clés quand les coulisses ont été des plus agitées avec les affaires sur les féminines et le cas Andy Polo. Il fallait donc retrouver de la sérénité à retrouver le football. Pour cela, les dirigeants ont décidé de frapper fort d’entrée de mercato avec l’arrivée d’Evander, cinquante buts et trente-huit passes décisives avec Midtjylland, une belle expérience en Europa League, et qui pourrait (ou devrait) être l’une des grandes attractions de la saison. Ce coup, le plus cher de l’histoire du club, est le seul d’envergure pour les Timbers. Il faut dire que dans l’absolu, la meilleure recrue de Portland pourrait être l’absence de blessures. Car l’effectif est suffisamment large et homogène pour faire ou plutôt refaire des Timbers une formation taillée pour les play-offs. Ce sera d’ailleurs l’objectif numéro 1 placé sur les épaules d’un Savarese qui joue gros cette année.

Si vous cherchez une franchise sans saveur en MLS, peut-être vous tourneriez-vous du côté de Vancouver. Présents depuis 2011, capsles Whitecaps n’ont jamais joué les premiers rôles, pire, ils n’ont même semble-t-il jamais cherché à les jouer. Vancouver, c’est un peu comme un figurant : si vous regardez avec attention, peut-être les apercevrez-vous au détour d’une journée de championnat. 2022 a parfaitement synthétisé ce fait. Dix-septième au général, neuvième de leur conférence, les Whitecaps ont vécu une nouvelle saison tranquillement installé dans le ventre mou. Pour sa défense, Vanni Santini n’a pas eu une année facile, plombée par les blessures et quelques décisions parfois incompréhensibles. Les Whitecaps avaient totalement raté leur début de saison (le pire de leur histoire) et n’ont ensuite cessé de courir après le temps perdu. La qualité est pourtant là à l’image de son n°10, Ryan Gauld. Mais la saison 2022 a laissé des traces et le ménage a été fait, certains cadres prenant leur retraite, d’autres déceptions étant invitées à aller chercher pelouse plus verte ailleurs. Et côté arrivées, les Whitecaps ont réussi un joli coup en défense, avec l’arrivée de Mathías Laborda, international dans toutes les catégories d’âge en Uruguay, vainqueur de la Libertadores U20 et triple champion d’Uruguay avec Nacional – avec une bonne centaine de matchs disputés du haut de ses vingt-trois ans. À suivre aussi celle de Sergio Córdova, auteur d’un joli prêt au RSL l’an passé qui pourrait être un autre joli coup alors que celle de Yohei Takaoka, portier champion de J.League avec les Marinos est encore à ce jour une interrogation, Hasal n’ayant pas déçu outre mesure même si son année 2022 a été plombé par une longue blessure. Reste donc à savoir ce que Vancouver veut faire de sa saison. Une certitude, une neuvième place de conférence, comme l’an passé, lui offrirait un premier tour de play-offs. Soit le signe d’une belle saison au BC Place.

rapidsLes play-offs, Colorado les a aussi vus à la télévision l’an passé. Et accessoirement a vécu une sale saison, marquée notamment par une élimination en CONCAChampions face aux Guatémaltèques de Comunicaciones. Une saison bien loin de la précédente même si prévisible et prévue (voir notre guide de la saison passée) que Fraser n’a finalement fait que subir. La grande question est donc de savoir si les Rapids ont su apprendre de leurs erreurs. La réponse est : pas tant que cela. Les deux grosses arrivées sont des paris : Kévin Cabral a laissé entrevoir de belles choses mais doit trouver la régularité dans un match et sur une saison ; Andreas Maxsø offre à Fraser la possibilité de solidifier une défense totalement à la rue l’an passé (la quatrième pire de la ligue), le club poussant le vice jusqu’à mettre Yarbrough, l’un des éléments clés de la réussite en 2021 mais en fin de contrat, en concurrence avec l’arrivée en prêt avec option d’achat du gardien serbe Marko Ilić. Rien de flamboyant donc, l’hiver risque d’être rugueux à Denver, la saison plutôt longue.

S’il est une saison bien étrange du côté de Seattle, c’est bien 2022. seattlePour le dire plus simplement, la saison des Sounders s’est arrêtée pratiquement avant même d’avoir commencé au moment où Seattle est entré dans l’histoire en décrochant la première CONCAChampions nouvelle formule d’un club de MLS. Une saison que l’on avait déjà imaginé avec la possibilité de l’approche d’une fin de cycle mais qui a été cachée par cet énorme arbre continental alors que les affaires locales ont vu les Sounders offrir une saison sans relief ni émotion à leurs fans. Le souci, c’est que 2023 s’annonce sous les mêmes auspices. Brian Schmetzer est toujours là, l’effectif est toujours le même avec un renouvellement des plus limités à apporter un peu de profondeur au banc. Le onze de départ devrait encore être le même, vieillissant certes, mais avec sans aucun doute la volonté de faire oublier 2022. Cela passera tout de même par éviter de nouvelles blessures sur des cadres qui ont souvent manqué l’an passé. Cela passera aussi sur une nouvelle dynamique collective et la volonté de sortir d’un confort dans lequel ce groupe s’est installé au lendemain des festivités continentales. Car si Seattle veut retrouver les play-offs, il lui faudra d’abord montrer qu’il a encore faim.

skcSaison en deux temps également pour le Sporting Kansas avec un début catastrophique (cinq victoires lors des vingt-quatre premières journées entre février et juillet puis une élimination en demi-finale de coupe face à une équipe d’USL) et de nouveaux espoirs nés vers la fin de l’été, les six victoires lors des dix derniers matchs ayant bien aidé à les faire naître. Peter Vermes aime que ses équipes pressent haut, lorsqu’il a les joueurs à disposition, cela peut être efficace. C’est justement ce qu’il a manqué l’an passé et qu’il semble avoir retrouvé sur les derniers mois. C’est cette dynamique qu’il faudra conserver et Vermes semble avoir voulu d’abord conserver son effectif pour y parvenir. Le SKC est allé chercher l’expérience de Tim Leibold, un temps capitaine d’Hambourg, a rapatrié Robert Castellanos parti faire une pige de trois matchs avec KuPS en Finlande après n’en avoir joué qu’une dizaine sur les deux dernières saisons et a signé Nemanja Radoja, laissé libre par Levante après trois saisons au club. Trois recrutements plutôt défensifs, sans doute pour renforcer un secteur quelque peu défaillant l’an passé. Reste tout de même qu’offensivement, la quatrième pire attaque 2022 n’a rien changé. Ce pourrait ainsi venir à poser quelques soucis à l’heure de rêver aux play-offs, même si la concurrence s’annonce finalement assez réduite dans cette conférence.

Une concurrence à laquelle houstonHouston aimerait se mêler. Depuis le changement d’ère (nouveau logo, nouveaux investisseurs, le Dynamo dérive alors que les moyens sont pourtant mis. Dernier de la conférence en 2021, avant-dernier en 2022, Houston a donc de nouveau erré, Paulo Nagamura sautant en septembre avant que Kenny Bundy assure l’intérim histoire de mettre fin à la saison. Comment inverser cette dynamique ? En mettant de nouveau les moyens et en faisant le ménage pense-t-on du côté des dirigeants. Plusieurs éléments clés des dernières saisons sont partis : Darwin Quintero brille désormais en Colombie, Fafà Picault, Adam Lundqvist est envoyé chez le voisin texan, Memo Rodríguez au Galaxy, Tim Parker à St. Louis. Dans l’autre sens, quelques arrivées intéressantes comme Artur qui vient du Crew, Brad Smith de DC ou Franco Escobar de LAFC, des joueurs aguerris à la MLS, et quelques paris comme le jeune Iván Franco, parti de Libertad pour tenter sa chance, ou Amine Bassi, venu de Metz. Le souci est que le choix de l’homme pour diriger tout cela. Après dix années passées à la tête de DC United, ancien géant devenu anonyme de la MLS, et un bilan de 40% de défaites, Ben Olsen a été l’homme choisi pour le renouveau. C’est donc avec un entraîneur qui doit encore faire ses preuves après près de quatre cents matchs de MLS et un effectif privé de ses joueurs clés et misant sur quelques paris que Houston espère retrouver des play-offs qui le fuient depuis 2017, seule présence dans le sprint final au cours des neuf derniers exercices. Difficile de croire à la fin d’une malédiction.

quakesÀ San José, la malédiction se nommait Matías Almeyda. L’immense erreur de casting, qui ne rêvait que de partir au plus vite, ne rêve que de prendre les commandes de la sélection mexicaine, mais qui a passé tout de même quatre saisons au club, a fini par être logiquement débarqué (apparemment, les choses se passent mieux désormais en Grèce). Et ainsi a pris fin un immense gâchis. Car San José fait partie de ces clubs qui ne sont pas à leur place tout en bas d’une conférence. Il fallait quelques signes annonciateurs d’une nouvelle ère, l’arrivée de Luchi Gonzalez, l’homme du Luchi Ball à Dallas fait de possession et de contre-pressing. Quelques arrivées sont intéressantes sur le papier, comme celle de Carlos Gruezo qui va fortifier le milieu, ou Jonathan Mensah qui devrait solidifier l’arrière garde. Difficile tout de même de faire des Quakes un candidat sérieux aux play-offs, mais s’il fallait choisir un homme pour reconstruire tout en s’appuyant sur de nombreux talents de moins de vingt ans, le principal visé étant évidemment Cade Cowell, Luchi est l’homme idéal. Et quand on se souvient d’où viennent ces Quakes, on ne peut qu’être optimiste pour les prochaines années. Attention tout de même : la conférence n’étant pas suffisamment riche en candidats aux play-offs, toute belle dynamique pourrait initier de la meilleure des manières cette nouvelle ère.

Conférence Est

est

unionDifficile de faire plus frustrant pour Philadelphie que la saison dernière. Une scoumoune qui a touché toute la ville : alors que les Flyers ont terminé avant-dernier de la Conférence Est en NHL, les Phillies ont perdu les World Series en finale avant que les Eagles n’en fassent de même il y a quelques semaines au Superbowl après avoir mené de dix points à la pause. De son côté, l’Union a longtemps lutté pour s’accrocher à la première place de sa conférence, voyant le Supporter’s Shield s’envoler pour deux victoires malgré une égalité de points, la meilleure attaque et la meilleure défense de la ligue et un titre qui s’échappe au terme d’une course folle de la 120+8e minute en finale après avoir pris l’avantage quatre minutes auparavant et d’une séance de tirs au but sans le moindre but inscrit. Autant dire que 2023 est synonyme de revanche pour Jim Curtin et les siens. Et après une telle saison, il n’était pas utile de tout renverser pour y parvenir. Curtin, son 4-4-2 losange, sa non-nécessité de contrôler la possession en misant sur un pressing haut à haute intensité et des transitions directes seront encore bien présent au Subaru Park et sur les autres terrains de la ligue. Sur le rectangle, pas de révolution pour la meilleure équipe de l’an passé mais des ajouts, histoire d’apporter encore plus de profondeur à un effectif déjà très solide. L’avantage est que dans cette situation, Curtin et les siens peuvent miser sur des paris : Andrés Perea peinait quelque peu à Orlando ou Joaquín Torres finalement assez décevant à Montréal en étant deux exemples. Qu’importe au final, Philadelphie a encore tout de grandissime favori, que ce soit à l’Est comme sur l’ensemble de la MLS. À la condition seulement de faire fuir le mauvais sort.

Si Philadelphie a dû batailler dans sa conférence, c’est car Montréal lui a mené la vie dure. Sous la houlette de Wilfried Nancy, les pensionnaires du Saputo ont offert deux bonnes nouvelles à leurs supporters : d’abord la disparition de l’immonde logo qu’ils avaient créé à l’heure du passage de l’Impact au Club de Foot (dites désormais CF Montréal), ensuite par le jeu produit, sans doute le meilleur de l’histoire du club en MLS. Le gros souci pour cette saison, au-delà du fait que la conférence est sans doute la plus relevée des deux, est que Montréal doit apprendre à vivre sans son mentor, l’homme qui a véritablement transformé le club, Wilfried Nancy. Et dans ses pas, trois joueurs clés en ont fait de même : Ismaël Koné, Djordje Mihailovic et Alistair Johnston, d’autres départs, comme Sebastian Breza relevant plus de la réduction d’une profondeur de banc. Ajoutez à cela une nouvelle philosophie à intégrer et un contexte délicat. Ayant passé une année sur le banc de DC United, Hernán Losada a été nommé à la tête de l’équipe première et il semble donc que l’on cherche une certaine continuité sur le papier en termes d’organisation tactique, même si l’idée directrice sera sans doute quelque peu différente. Car l’Argentin ne connait qu’un mot : intensité. Alors son Montréal devrait chercher le vertige, se tuant à presser haut à très haute intensité, sans trop calculer. Cela peut coûter cher sur une saison complète avec justement un banc moins profond et donc une capacité à brûler trop d’énergie. Mais une chose est sûre, on ne devrait pas s’ennuyer au Saputo. Et Montréal est suffisamment armé pour se hisser en play-offs.

nycfcS’il est un club dont on ne sait pas véritablement s’il a un objectif, c’est bien New York City. Certes, les bleus ciel ont décroché le titre en 2021, mais ils n’en ont pas fait grand-chose, ce trophée ne semblant pas vouloir servir à construire une dynastie, à assoir une emprise sur un championnat. L’an passé, à pareille époque, on soulevait les interrogations que faisait naître la saison post-triomphe et notamment la gestion du cas Valentín Castellanos. Le principal artisan du titre avait ainsi été prêté à un club anonyme du groupe plutôt que vendu plus cher à River Plate ou même – soyons fous – conservé pour poursuivre un règne. Discret l’an passé sur le marché des transferts, City l’a été encore plus cette année et pose encore plus de questions. Comme prévu, le costume de Taty était trop grand à enfiler, personne n’y est parvenu et personne n’a été recruté pour ne serait-ce qu’essayer. Ajoutez à cela la fuite des cadres et l’interrogation devient préoccupation. Sean Johnson envoyé à Toronto (sic), Alexander Callens envoyé dans la filiale espagnole jouer le ventre mou en Liga avec Castellanos, Maxi Moralez rentré à la maison tout comme Anton Tinnerholm, Santiago Rodríguez renvoyé à l’inutile filiale uruguayenne. Des joueurs clés, qui n’ont bien évidemment pas été remplacé, City étant voué, comme la plupart des filiales du groupe, à n’être qu’une passerelle. Si le recrutement de Matt Freese n’est en soi pas une hérésie, du côté des arrivées, le reste n’est guère emballant, certaines venues n’étant que des paris, comme le jeune latéral slovène Mitja Ilenič ou Gabriel Segal, jeune attaquant américain qui revient au pays après six petites titularisations en Regionalliga allemande. En conséquence, il y a encore un an, on aurait pu affirmer plus sereinement que la course aux play-offs serait difficile pour les hommes d’un Nick Cushing qui va devoir réinventer un système après avoir mis du temps à trouver l’équilibre l’an passé. Mais avec neuf spots sur quatorze, rien n’est impossible. Une chose parait cependant sûre, il serait fou de les imaginer viser le titre. Une qualification pour le premier tour serait déjà une bonne performance étant donné la rude concurrence de la conférence Est.

rbnySur la face rouge de New York, le projet est clairement identifié depuis des années même si les investissements réalisés par Red Bull ne semblent pas à la hauteur (relisez pour cela l’entretien avec Florian Valot dans le LOmag n°20). Le but visé par la filiale US du groupe est clair : s’appuyer sur la jeunesse qui vise à s’envoler ensuite pour l’Europe tout en proposant du spectacle. Depuis des années, les expérimentés n’ont cessé de quitter le club – dernier en date, Aaron Long – pour faire place à cette insouciance, capable de vertiges mais aussi d’erreurs. Mais une fois accepté ce périlleux équilibre, New York Red Bulls est une équipe synonyme de fun qui n’en oublie cependant pas quelques qualités, qu’elles soient tactique avec un jeu intense, énergivore et rapide prôné par Gerhard Struber et les autres clubs du groupe. Et surtout, à la différence de City qui n’a aucun projet sportif clairement défini, New York Red Bulls sait appuyer le sien sur des investissements intelligents. Pourtant quatrième l’an passé, les Red Bulls manquaient d’un véritable poids en attaque. Alors ils ont sorti le chéquier pour ramener Dante Vanzeir qui affolait bien des défenses en Jupiler League avec l’Union Saint-Gilloise. Un recrutement qui symbolise parfaitement NYRB : jeune (vingt-quatre ans), international, en pleine progression sportive et surtout bourré de talent. Il a été suivi par l’expérimenté Cory Burke alors qu’Elias, deuxième meilleur buteur du gaúcho 2022 qu’il a remporté avec Grêmio est définitivement acquis après un prêt l’an passé jugé satisfaisant. Sur le papier, Struber dispose d’un groupe bourré de talent à chaque ligne, de Carlos Coronel dans les buts en passant par John Tolkin dans son couloir gauche, avec de nombreux joueurs appelés à en être les cadres, notamment le duo du milieu Lewis Morgan - Cristian Cásseres Jr.. C’est simple, les Red Bulls ont tout pour être l’un des candidats au podium à l’Est. À la condition que sa folle jeunesse apprenne à gérer les temps d’une rencontre et d’une saison.

cincyLa notion de projet était au cœur de la saison 2022 pour Cincinnati. L’arrivée du duo Chris Albright et Pat Noonan était synonyme de nouveau projet, de reconstruction totale. Elle a été une grande réussite. Car Cincy n’a pas seulement trouvé une identité, qu’elle soit dans le jeu ou dans le rôle qu’elle veut jouer dans cette MLS. Cincy a surtout trouvé une structure, des exigences, une idée du haut niveau. Et les résultats ont suivi puisque Cincinnati a remporté quasiment autant de matchs sur une saison (douze) que lors des trois précédentes cumulées (quatorze). Et surtout, s’est qualifié pour les play-offs ! Le travail de renouvellement de l’effectif s’est poursuivi, les joueurs clés de la saison dernière, notamment l’intenable trio Luciano Acosta – Brandon Vazquez – Brenner, ont été conservés et les retouches sont intelligentes : Santiago Arias, le latéral colombien passé par l’Atlético de Madrid, le prometteur Marco Angulo, vainqueur de la dernière Sudamericana avec l’usine à talent Independiente del Valle, se pose au milieu. Cincy a donc désormais un projet clairement identifié, une idée directrice clairement énoncée, un système tactique qui fonctionne et ne sera pas bouleversé en 2023, le cinquième de la conférence l’an passé a tout pour répéter cette performance. Et on en salive d’avance.

miamiLe projet, Miami le cherchait également. Là encore, 2022 a été la saison du ménage avec alors notamment quinze départs. Et bizarrement, d’un coup, la mayonnaise a pris, Phil Neville trouvant son système vers la mi-saison et ne cessant alors de remonter dans la conférence pour finir à une belle sixième place, bien aidé par le dernier baroud d’honneur d’un Gonzalo Higuaín retrouvé une fois que l’association avec Alejandro Pozuelo s’est mise en route. Les deux ne seront plus là cette année, ce qui va libérer la voie à Leonardo Campana, déjà très performant. Mais surtout, cela a permis aux Hérons de frapper fort en attirant la machine à buts Josef Martínez. Sur le papier, c’est évidemment séduisant. Dans les faits, le Vénézuélien doit retrouver son niveau d’avant blessure (même si ses dix buts en dix-huit matchs l’an passé ne constituent pas un échec). S’il y parvient, alors Miami a tout pour être l’une des forces de la conférence, surtout si Rodolfo Pizarro venait également à retrouver son niveau. L’effectif reste intéressant, il est encore plus « nettoyé » que l’an passé, mais il manquera quelques additions pour lui permettre de viser plus haut (et forcément les regards se tournent vers les rumeurs Messi et Busquets). Quoi qu’il advienne, l’Inter Miami peut prétendre au top 9 et donc aux play-offs.

orlandoToujours en Floride, Orlando a souvent été une sorte de mystère, oscillant entre une hype généré par ses effectifs et les résultats qui en résultaient et n’étaient pas à la hauteur des espoirs. 2023 ne déroge pas à la règle. Car les Lions disposent encore d’un effectif excitant à lire sur le papier et un entraîneur aux idées de jeu clairement affichées – un 4-2-3-1 qui absorbe la pression pour mieux contrer en s’appuyant sur des talents offensifs tels que l’excellent Facundo Torres. Les renforts ont d’ailleurs été dans le sens de cette idée avec des arrivées telles que Martín Ojeda, capable d’être l’alter-égo de Facu, la promesse qu’est le jeune Ramiro Enrique, venu de Banfield et les jolis coups que sont les Brésiliens Felipe Martins et Rafael Santos. Pareja conserve plusieurs cadres importants, notamment son meneur Mauricio Pereyra, replacé au cœur du jeu et essentiel dans la construction des contres des Violets. Orlando City doit désormais s’appuyer sur sa réussite de l’an passé, avec son premier trophée décroché en US Open Cup, mais va devoir désormais gérer un calendrier plus dense avec la CONCAChampions à disputer. Et surtout monter en régime. Car si sur le papier, cette équipe peut lutter pour les play-offs, elle doit se montrer bien plus efficace offensivement – troisième pire attaque de la conférence l’an passé – et surtout plus solide défensivement, Orlando encaissant encore trop de buts. C’est uniquement à cette condition qu’elle pourra arrêter de n’être qu’une hype du moment et commencer à véritablement s’offrir une continuité. Dans une telle conférence, ça n’en sera que plus dur.

crewD’autant que l’équipe que les Lions ont précédée l’an passé est un monstre en puissance. Champion 2020, le Crew a vécu une année 2022 étrange qui a débuté péniblement avant de basculer, notamment après l’arrivée d’un buteur providentiel et tant attendu, Cucho Hernández, et qui s’est terminée par une place en play-offs perdue lors de l’ultime journée et une défaite concédée à Orlando dans les derniers instants du match, l’une des trois seules défaites lors des vingt-et-un derniers matchs. Car le Crew s’est assemblé patiemment et est monté en régime, son Chino Zelarayán trouvant enfin un buteur avec lequel s’associer devant alors que défensivement, Columbus était l’une des meilleures formations de la ligue – la frustration d’une non-qualification aux play-offs a sans doute été renforcé par le fait que Columbus a perdu moins de matchs que Montréal, deuxième de sa Conférence, ou que le LAFC, futur champion. Aussi, il n’était pas forcément nécessaire de tout chambouler dans un effectif où l’homme le plus contesté était sur le banc. C’est justement à cette position que le Crew a fait la plus belle affaire en attirant Wilfried Nancy. L’homme qui a métamorphosé Montréal vient donc s’installer, emmenant avec lui d’autres techniciens français, comme Yoann Damet. Le staff procède ainsi à quelques retouches à commencer par l’arrivée d’un buteur, Christian Ramirez, dont le passage notamment du côté de Minnesota avait été un vrai succès et qui sort d’une belle saison en Écosse (dix buts, septième total du championnat), et d’un joueur de couloir rapide, Jimmy Medranda, parfait pour le système prôné par Nancy – même si on a encore du mal à imaginer le Crew avec une défense à trois. Le talent, Columbus en regorge, la dynamique, elle a été réinitiée sur la deuxième partie de saison 2022, l’entraîneur, le Crew l’a. Reste désormais à se mettre en marche et alors, cette équipe pourrait bien renverser quelques autres prétendants sur sa route.

charlotteOn l’avait annoncé en début de saison dernière, la saison de la découverte est toujours une saison très particulière où la principale condition pour s’en sortir est de savoir gérer les moments difficiles. Charlotte y est parvenu avec brio. Alors que l’on pensait que Miguel Ángel Ramírez serait l’homme des succès, des divergences avec ses dirigeants ont mis fin très prématurément à l’aventure alors que les résultats étaient finalement bons. De quoi briser la dynamique ? Pas vraiment. Christian Lattanzio a parfaitement pris le relai et su construire une équipe certes encore friable et qui a connu quelques déceptions dans ses rangs – Christian Fuchs, Yordi Reyna ou encore Jordy Alcívar, tous partis depuis, étant quelques exemples. Le système mis en place, qui vise à contrôler le ballon le plus possible, utiliser les couloirs pour faire reculer l’adversaire et faire avancer les milieux a porté ses fruits et devrait être reconduit. Car quelques retouches ont été effectuées et semblent intéressantes. Bill Tuiloma apporte son expérience derrière, Enzo Copetti l’espoir en attaque. Son transfert a beaucoup fait parler, lui qui était titulaire à Racing. L’Argentin joue tout de même gros, sa belle saison 2022 étant surtout liée au fait qu’il évoluait dans une équipe qui dominait ses adversaires et se créait énormément d’occasions. La question de savoir s’il peut être un facteur X se pose donc encore. S’il y parvient, son association avec Karol Świderski s’annonce intéressante. Suffira-t-elle à faire de Charlotte un candidat aux play-offs ? Rien n’est moins sûr.

newenglandD’autant que derrière, deux géants cherchent à se réveiller. Premier des deux, New England Revolution. Après une saison 2021 qui leur semblait promise, les Revs ont eu toutes les peines du monde à digérer, peu aidés il est vrai par quelques départs de poids (Matt Turner, Adam Buksa et Tajon Buchanan pour ne citer qu’eux). Pour rebondir en 2023, New England n’a pas décidé de renverser la table, ce n’est pas dans les habitudes de Bruce Arena. Le club a donc procédé à quelques retouches : plusieurs joueurs au rôle discret ont été libérés, d’autres profils sont arrivés comme Dave Rommey pour renforcer les lignes arrière, Latif Blessing pour le milieu et libérer davantage le métronome Carles Gil et alimenter un duo qui pourrait être constitué de Gustavo Bou et Giacomo Vrioni. C’est donc en conservant un groupe qui a baissé de régime l’an passé et qu’il espère voir retrouver son niveau d’antan que Bruce Arena veut ramener ses Revs en play-offs. Et maintenant qu’ils ne sont plus véritablement attendus, ils n’en sont que plus dangereux.

atlantaAttendues, les Five Stripes d’Atlanta le seront toujours. Après une saison ratée, sanctionnée d’une onzième place, deuxième pire performance de l’histoire du club et surtout deuxième saison sans play-offs en trois ans, l’heure a été au changement de direction. Garth Lagerway, l’homme qui a bâti les Sounders est arrivé au club pour impulser une nouvelle dynamique. Sur le terrain, Gonzalo Pineda a conservé sa place d’entraîneur, le ménage a été fait dans l’effectif, quitte à laisser partir des cadres. L’idée est donc de renouveler l’effectif tout en conservant la même idée de jeu, une construction patiente (Atlanta avait le plus haut pourcentage de possession de la ligue l’an passé), et une explosion offensive. C’est justement cette dernière qui a fait défaut l’an passé. Alors le club rajoute une arme défensive avec l’arrivée de Luis Abram, auteur d’une bonne année à Cruz Azul, d’autres joueurs d’expérience et aguerris à la MLS comme les deux gardiens Clément Diop et Quentin Westberg, une promesse paraguayenne, Erik López, et surtout a attiré Giorgos Giakoumakis, meilleur buteur de Scottish Premiership en 2022 pour l’associer au formidable duo Luiz Araujo – Thiago Almada. Sur le papier, tout cela est séduisant, mais le travail de renouvellement ne semble qu’engagé et la grande question sera de savoir si les blessés qui font leur retour, à commencer par Brad Guzan (le recrutement de deux gardiens posant aussi cette question), retrouveront leur niveau d’avant-blessure. Suffisant donc pour signifier le retour du roi déchu ? Pour le titre, sans doute pas, pour les play-offs, oui.

fireLes rois déchus, c’est un peu la thématique des trois derniers clubs de la conférence Est 2022. Trois clubs finalement assez habitués à jouer ce rôle. Meilleur des trois, ou moins mauvais, c’est selon, Chicago Fire restait fidèle à une triste tradition initiée depuis plusieurs années : celle de faire systématiquement n’importe quoi, quitte à dépenser énormément. Et surtout celle d’être absent des play-offs (deux participations seulement depuis 2009 !). Après l’affaire de rebranding et son logo raté en 2019, le club avait ensuite fait machine arrière pour proposer un nouveau logo mieux accepté, les moyens avaient été mis l’an passé : Kacper Przybyłko, Xherdan Shaqiri ou encore le prometteur mexicain Jairo Torres et l’excellent Jhon Jader Durán. Le tout dirigé par Ezra Hendrickson, ancien assistant de Sigi Schmid à Seattle. De quoi rêver ? Pas bien longtemps. Comme prévu, l’affaire n’a pas fonctionné, Chicago n’a jamais été en position d’espérer une place en play-offs, ses recrues, à commencer par les plus chères ont quasiment toutes été décevantes. Pour 2023, pas de révolution, mais un trou qui se creuse. Car si quelques-unes de ces déceptions sont parties, elles ont emmené avec elles les deux meilleurs éléments : Gabriel Slonina file à Chelsea, Jhon Jader Durán à Aston Villa. Et le recrutement ? Limité. Arnaud Souquet vient s’installer en défense, il est finalement la seule recrue d’expérience. Douzième de sa conférence, vingt-quatrième au total, Chicago n’offre pas de grandes garanties pour 2023. Et devrait donc poursuivre sa décennie de sommeil et rester dans un désespérant anonymat.

torontoChampion en 2017, finaliste de la CONCAChampions l’année suivante puis finaliste de la MLS en 2019. Le temps où Toronto s’installait comme l’un des grands de la saison semble déjà un lointain souvenir. Les deux années COVID-19 ont été un calvaire avec un groupe vivant en exil et basculant dans la dépression. Pour rebondir, le club avait décidé de frapper fort : Bob Bradley sur le banc, Carlos Salcedo en défense et le duo Federico Bernardeschi – Lorenzo Insigne devant comme recrues stars. Mais rien n’y a fait, Toronto a été plombé par une défense dramatique, la troisième plus mauvaise de la ligue (proche des Quakes et de DC, c’est dire). Conséquence, Bradley a fait ce dont Toronto était le grand spécialiste auparavant : renverser la table. Toute la partie défensive a été repensée : Sean Johnson, l’un des meilleurs gardiens de la ligue s’installe dans les buts, la charnière centrale est reconstruite autour de Matt Hedges et l’international norvégien Sigurd Rosted et quelques additions sont incorporées sur d’autres lignes soit pour muscler l’effectif, comme c’est le cas du retour de Víctor Vázquez, ou pour apporter une nouvelle solution offensive, comme l’offre Adama Diomande, que Bradley a connu lors de son passage (réussi) au LAFC. Avec le retour prévu de Ritchie Laryea en juin prochain, ce « nouveau » Toronto a toutes les armes pour faire de nouveau peur. Il faudra cependant que sa défense prenne et lui offre des garanties perdues l’an passé. Alors les play-offs seront un objectif minimum. Mais Toronto reste Toronto et un nouvel échec est tout aussi du domaine du possible.

dcuReste le cas DC United, l’autre historique devenu anonyme. Finalement, l’espoir que fut la première saison d’Hernán Losada s’est rapidement envolé en cours de saison 2022. Et DC n’a cessé de glisser. Losada est parti en avril, Chad Ashton a assuré l’intérim jusqu’en août avant que Wayne Rooney n’arrive. L’ancienne gloire de United a alors procédé à quelques réajustements mais dans les faits, son bilan est cataclysmique : deux victoires et trois nuls en quatorze matchs… Le système mis en place, un 4-3-3 qui pousse les latéraux vers l’avant et arrose en centre, n’a pas fonctionné malgré l’arrivée de Christian Benteke (un malheureux but en sept apparitions). Le bilan est évidemment famélique : à peine un but de moyenne par match (1.05 pour les pointilleux), plus de deux de moyenne encaissés (2.09 pour être précis). Quels leviers les Black and Red pourraient bien utiliser pour rebondir en 2023 ? Ils semblent peu nombreux. Le club s’offre deux gardiens, Tyler Miller et Alex Bono, sans que l’on sache encore lequel sera le numéro 1 (il semblerait cependant que ce soit Miller), se sépare de quatorze joueurs et apporte peu de renouvellement dans l’équipe, les recrues étant maigres au final, même si l’arrivée de Pedro Santos est intéressante pour le milieu. Difficile dans ces conditions d’imaginer le renouveau de ce club historique pour cette saison. Souhaitons lui tout de même d’éviter la dernière place.

Enfin, nashvilleaprès une saison à venir mettre le bazar à l’Ouest, Nashville s’en est retourné à l’Est. S’il semble difficile pour la ligue de placer Nashville dans sa MLS, sur le terrain, la franchise de Music City a rapidement compris qu’un bloc compact lui permettrait d’être régulièrement candidate aux play-offs. Et ce même l’an passé, en exil donc à l’Ouest mais aussi et surtout avec un début de saison passée loin de la maison dont la construction n’était pas terminée. Cette intelligence et discipline tactique, qui a ses limites, notamment sur le plan offensif ou tout a dépendu l’an passé des performances XXL d’Hany Mukhtar, s’applique également à la manière dont le club est géré, à sa politique sportive. Ainsi, le club s’est d’abord séparé des non-indispensables, s’attachant donc à non pas reconstruire mais à affiner son groupe qui est conservé dans les grandes largeurs. Et pour combler ces départs, les retouches appliquées passent par de l’expérience comme celle de Fafà Picault et de Nick DePuy. Pour le reste donc, rien ne change à Nashville, équipe parfaitement taillée pour les play-offs mais pas forcément pour aller chercher un titre. Car finalement, la grande question qui se pose à l’heure de regarder du côté de Nashville est bien celle de la fin de cycle et d’un système. Gary Smith pourra-t-il encore embêter les autres formations de la MLS avec son système ? Ses cadres, vieillissants, parviendront-ils à garder le niveau ? Mukhtar pourra-t-il endosser quasiment à lui seul le costume d’attaquant d’une équipe qui en manque terriblement ? Cela parait bien trop d’interrogations à l’heure où la course aux play-offs s’annonce terrible à l’Est, conférence bien plus relevée qu’auparavant.

Programme de la première journée à suivre sur notre chaine Twitch

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Avec Raphaël Cougot

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.