La Coupe du Monde n'est désormais plus qu'un lointain souvenir. Alors que 2018 se termine, l'Amérique du Sud prépare déjà son prochain grand rendez-vous : la Copa América 2019. De retour à Lima, le Pérou voulait en profiter pour définitivement lancer sa préparation devant son public. Inside.

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Le 15 novembre est devenu une date à part pour tout supporters de la Blanquirroja. C'est une date qui rappelle forcement des bons souvenirs pour le peuple péruvien. En effet, le 15 novembre 2017, le Pérou s'est qualifié pour la Coupe du Monde 2018 après trente-six ans d’absence. Cette date a donc été décrété « Dia del Hincha Peruano », le jour du supporter péruvien, en hommage à cette folle soirée de joie et d'ivresse.

C'est donc dans ce contexte que le Pérou accueillait l'Équateur pour un match amical ce 15 novembre 2018, pour fêter ce Dia del Hincha. C'est aussi le premier match post Coupe du Monde qui allait se jouer à Lima. Cette équipe équatorienne se posait donc en victime idéale servie sur un plateau pour satisfaire la soif de victoire de ce peuple rouge et blanc. Ce pays non mondialiste restait en effet sur deux faibles prestations au Moyen Orient avec une défaite face au Qatar et un nul contre l'Oman. Tandis que le voisin andin s'amusait aux États-Unis en battant le rival Chilien et en tenant tête à son hôte américain. Lors de la conférence d'avant-match, Bolillo Gómez, le sélectionneur de l'Équateur, annonçait la couleur : « Nous sommes venu (au Pérou) pour apprendre ».  C'est avec beaucoup de respect et une once d'admiration que la Tri se déplaçait à Lima. Le technicien colombien pose un 4-1-4-1 avec Enner Valencia seul en pointe. Côté péruvien, Ricardo Gareca fait confiance en ses principes et son 4-2-3-1 classique avec comme nouveauté l’absence de Christian Cueva, non convoqué, et remplacé par Jefferson Farfán au poste de meneur de jeu. La pointe de l'attaque était offerte à Raúl Ruidíaz, en forme olympique avec son club des Seattle Sounders.

On annonçait donc un beau spectacle et qui de mieux que la meilleur hinchada du monde pour animer cette soirée ? Les hinchas ont répondu présent en remplissant ce Stade Nacional de Lima. Des files interminables commençait à se former à un peu plus d'une heure du coup d'envoi et la fête prenait place dans les rues environnantes. Drapeaux, chants, tambours, et trompettes étaient de sortie pour être les principaux ingrédients d'une ambiance festive réussie. Car à Lima, le football est une fête quand il s'agit de la sélection national, match amical ou pas. « Nous avons un groupe Whatsapp avec d'autre supporters liméniens rencontrés en Russie et on s'organise pour aller ensemble au stade », nous raconte Tania qui avait suivi la Blanquirroja en Russie pour la Coupe du Monde. « Nous organisons aussi des activités afin de collecter de l'argent pour aller au Brésil dans le cadre de la Copa América ». Comme Tania, le retour du Pérou sur le devant de la scène a réconcilié ces hinchas trop souvent déçu par leur sélection. À l’intérieur du stade, les tribunes populaires nord et sud donnaient déjà de la voix au bon souvenir de ces quelques semaines en Russie l'été dernier. Avant le coup d'envoi, les représentants des trois principaux groupes de supporter (La Blanquirroja, Sentimiento Blanquirrojo et La Franja) recevaient des mains de Alberto Rodríguez (forfait pour blessure) le trophée « FIFA Best Fans Award » sous l'ovation du public et au son de « Contigo Peru » de Zambo Cavero, la chanson officielle qui accompagnait la sélection en Russie. Place alors aux hymnes et à ce moment particulièrement prisé des péruviens chantant à l'unisson debout et la main sur le cœur. Frissons garantis.

L'arbitre peut alors lancer le début de ce Clásico del Norte dans ce stade plein à craquer. Le Pérou met vite le pied sur le ballon et fait ce qu'il aime le plus, proposer du beau jeu. Malheureusement, Bolillo avait prévu le coup en mettant en place une tactique pour étouffer ce Pérou joueur. Les Péruviens se présentaient devant un double rideau défensif très discipliné et ne trouvaient aucune solution. Pourtant, au bout de 24 minutes, Ruidíaz trouve quand même la faille et d'un coup de tête expédie le ballon au fond des filets. La défense équatorienne avait joué le hors-jeu. But refusé par l'arbitre. Les opportunités se font rares et, quand elles se présentent, ce sont les Péruviens qui n'arrivent pas à conclure. À l'image de cette frappe de Yotún complètement dévissée suite à une passe lumineuse de Ruidíaz. Les Équatoriens continuent d'être bien en place pour tuer le jeu du Pérou et font parler de leur physique. Le score reste nul au moment de terminer cette première mi-temps.

Au retour des vestiaires Gareca lance Benavente à la place de Ruidíaz. Farfán prend alors l'axe, laissant au Chaval les clés du jeu. Les spectateurs, qui avaient trainé à la buvette, n'auront pas vu l'ouverture du score équatorienne après seulement deux minutes de jeu dans cette deuxième mi-temps. Luis Advincula s'impose devant Preciado mais glisse. Montero remet pour Antonio Valencia libre de tout marquage qui frappe mais le ballon rebondi sur Trauco puis revient sur le joueur de Manchester qui réajuste mieux sa frappe qui cette fois rentre. Plusieurs boulettes sont à mettre au crédit de Advincula, Trauco et Gallese qui se replace mal dans ses buts. Malgré l'ouverture du score brutale, les tribunes populaires poussent leur équipe en triplant l'intensité de leurs chants. En vain, les Incas ne trouvent pas de solution malgré une possession clairement péruvienne. À l'heure de jeu, Ricardo Gareca opère à un double changement avec les entrées de Pedro Aquino pour remplacer Renato Tapia et de Christofer Gonzáles à la place d’André Carillo. Le joueur de Melgar revenait en sélection trois ans après ce match contre le Brésil en novembre 2015. Il se montre d’ailleurs très intéressant avec beaucoup plus d'envie que Carillo. Cette deuxième période se montre toutefois plus brouillonne avec moins de construction de jeu et trop de précipitation. L'Équateur récupère plus facilement et donnera le coup de grâce. À la 74e minute, l'Équateur attaque encore une fois sur le côté d'Advincula, qui bloque pourtant bien Antonio Valencia, mais le Mancunien à le temps de remettre à son homonyme Enner. L'attaquant des Tigres se débarrasse facilement d’Aquino puis prend aisément de vitesse Ramos avant d'ajuster Gallese d'un joli plat du pied. But du break pour la Tri devant la bronca du Nacional. Il ne reste plus beaucoup de temps pour au moins égaliser alors le public pousse comme jamais et applaudit la sortie de Farfán, auteur d'un match moyen, remplacé par Yordy Reyna. Encore une fois le remplaçant montre plus d'envie que le titulaire. Benavente, Gonzáles et Reyna montrent de belles choses. À quelques minutes de la fin du match, Aquino trouve en profondeur Advincula qui centre sur Reyna qui pousse la balle dans le but vide. But une nouvelle fois refusé pour une position de hors-jeu au départ de l'action avec Luis Advincula beaucoup trop rapide. La défense équatorienne avait bien anticipé le coup en restant sur sa ligne pour jouer le hors-jeu. Malheureusement pour le peuple rouge et blanc, le score en reste là et l'Équateur remporte ce Clásico del Norte.

Malgré la déception, les tribunes applaudissent leurs joueurs et continueront de chanter longtemps après la fin du match, car le football est une fête. Les hinchas présent au stade étaient heureux de se retrouver et de chanter ensemble. Ce soir, le douzième homme était le meilleur et on ne leur retira pas cette joie de vivre un match de football et ce titre mérité de la meilleurs hinchada du monde. Cette défaite doit servir au sélectionneur et au groupe pour ajuster bien sûr ce qu'il n'allait pas mais surtout de se remettre en question. Nous avons vu des titulaires très bien organisés pratiquer du beau jeu mais avec un manque d'envie et de spontanéité. L’absence de Christian Cueva a peut-être été le facteur X de cette rencontre. Ce profil de joueur déséquilibrant manquait sans doute dans ce genre de match fermé. D'un autre côté, les remplaçants ont montré beaucoup plus de hargne avec en plus un score en leur défaveur. Le problème, c'était ce manque d'organisation et d'automatisme. Leur donner plus de temps de jeu serait donc nécessaire afin de parfaire ce groupe de remplaçant. On aimerait notamment voir plus de combinaisons entre Benavente et Reyna qui respirent le football.

L'Équateur était venu pour apprendre mais a finalement donné une leçon tactique au Pérou. Si la Blanquirroja veut être un grand d'Amérique du Sud, elle se doit de savoir gérer ce genre de match en respectant plus son adversaire. Même si cette défaite est sans conséquence, elle met l'accent sur les lacunes actuelles de la sélection. Au sélectionneur d'en profiter pour préparer au mieux la Copa Amercia 2019.

Résumé du match

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.