Vingt-deux ans après le sacre de l’Argentine de Riquelme, le Chili accueille de nouveau un Sudamericano des moins de vingt ans. Et si les clubs Européens viennent désormais priver le continent de quelques-uns de ses meilleurs éléments, l’édition 2019 s’annonce des plus serrée. Guide complet.

banlomag

Il est un fait qu’il convient de rappeler, l’idée d’organiser un Campeonato Sudamericano des moins de vingt ans est une idée vénézuélienne. Le 7 novembre 1953, la Fédération Vénézuélienne de Football (FVF) propose l’organisation d’un tournoi opposant les jeunes des nations du continent, idée validée lors de la Conferencia Interamericana de Cancilleres qui se déroule à Caracas. Le Sudamericano vient de voir le jour, tous seront présents, à l’exception de l’Argentine, alors invitée en Allemagne pour y disputer une compétition mondiale. Les matchs, qui se disputent à l’Estadio Olimpico de la UCV, sont alors tous radiodiffusés. L’histoire retiendra alors que l’Uruguay marque le premier but de la compétition dès la première minute de jeu face à la Colombie, que la Celeste, dernière championne du monde chez les A, remporte le premier Sudamericano chez les jeunes. La graine est plantée.

À la différence de la Copa América des grands va alors se perpétrer au fil des années sans interruption, sa cadence pouvant parfois s’accélérer avant de se stabiliser au rythme d’une fois tous les deux ans. L’édition 2017 avait été remportée par l’Uruguay, 2019 se pose au Chili. Elle se déroule dans un contexte de plus en plus particulier, notamment en raison de la recrudescence de joueurs évoluant désormais dans des clubs européens, qui pillent le continent de plus en plus tôt, et n’en finissent plus non seulement de plomber le développement de ces jeunes avec leur club mais surtout viennent mettre à mal le travail des sélections pour le présent mais aussi – et c’est bien plus grave – pour l’avenir puisque ces absences empêchent tout travail sur la durée. Les clubs des pays concernés par la fuite des talents sont évidemment responsables de ces situations, ne reste plus qu’aux fédérations internationales d’agir pour protéger le football des sélections. Alors si pour les suiveurs ces absences sont autant de talents qu’ils ne pourront pas suivre, l’édition 2019 s’annonce des plus passionnantes, ne serait-ce par le fait qu’elle permettra de mesurer les effets du travail à long terme mené par bien des pays du continent. Présentation équipe par équipe.

groupesudamericano

sudagroupeA

Chili : renaître de ses cendres

chiliAprès un Sudamericano 2017 totalement raté et qui, avec le recul, a annoncé une fin d’année catastrophique pour le football chilien qui voyait ensuite sa Roja manquer un rendez-vous mondial, le Chili se retrouve pays hôte d’une compétition qu’il n’a jamais remporté et dont la meilleure performance reste celle de troisième lors de l’édition bolivienne de 1995. Autant dire que la Rojita ne vise clairement pas le titre, elle cherchera surtout à redorer son image. Héctor Robles est en poste depuis 2016, sous sa direction, les u20 ont décroché les Jeux Sud-américains en s’imposant à Cochabamba face à l’Uruguay en finale. Depuis la même époque, le football chilien a suivi le vaste mouvement entrepris pour promouvoir les jeunes talents en imposant du temps de jeu à ses u20 en Primera División. Deux u20 doivent figurer sur les feuilles de match et à l’issue de la saison, on comptabilise le nombre de minutes disputées par ceux-ci, elles doivent correspondre à la moitié des minutes disputées en championnat (soit 1350 minutes pour trente journée). Au cas où les clubs ne suivent pas la règle, les sanctions peuvent bousculer le classement en championnat : trois points de moins si le total de minutes jouées par les u20 est compris entre 45,1 % et 49,9 % du quota, six points de moins pour un total entre 40,1 et 45 %, neuf pour un total qui représente moins de 40% des minutes jouées par le club. Reste donc désormais à en récolter les fruits.

Réunis d’abord du côté de Juan Pinto Durán, observés par Rueda, soutenus par Gary Medel en personne, les u20 chiliens vont donc porter l’espoir du peuple et montrer qu’ils ont appris des échecs de leurs prédécesseurs. Pour cela, Robles a passé deux ans à façonner sa sélection et la Rojita a multiplié les amicaux en 2018 (dix-huit au total pour cinq victoires (Japon, Venezuela à deux reprises, Uruguay à deux reprises), dix matchs nuls et une seule défaite, face à l’Uruguay à Montevideo) et possède un élément majeur : un collectif parfaitement huilé qui cherche systématiquement à partir des bases arrières par un jeu au sol. S’il est privé de l’excellent joueur de la Católica, Ignacio Saavedra et de son coéquipier César Munder, dont la naturalisation a trainé, et si la blessure au dernier instant de Nicolás Guerra, superbe attaquant de la U et référent numéro 1 de l’attaque, est un coup dur, ce collectif s’appuie sur quelques hommes clés : Lucas Alarcón, central de la U, qui formera le duo axial avec Nicolás Díaz de Palestino, Víctor Méndez et Matías Sepúlveda au milieu, deux joueurs capables de contrôler le tempo de la partie et de stabiliser le bloc chilien ou encore la référence offensive, Iván Morales. Tout cela avec un facteur X au cœur du jeu : Marcelo Allende. Il était déjà dans nos pépites du Mondial u17 que nous avions suivi depuis les tribunes chiliennes, il sera encore l’homme au centre de toutes les attentions, le porteur d’espoir du peuple chilien. Formé à Cobreloa tout comme Alexis Sánchez, Charles Aránguiz ou bien Eduardo Vargas, il est le créateur de la Rojita capable d’évoluer plein axe, tel un vrai 10, ou sur un côté. Passé un temps « en stage » à Arsenal, il évolue désormais à Necaxa avec qui il commence à gagner du temps de jeu. S’il parvient à s’exprimer à plein régime, alors le Chili pourra espérer briller chez lui.

Colombie : nouveau cycle, nouveau style

colombieSix ans après la génération Juan Fernando Quintero qui avait décroché le Sudamericano de la catégorie, quatre ans après celle des Davinson Sánchez et autre Rafael Santos Borré, vice-championne, et deux ans après l’échec de la génération Damir Ceter, la Colombie arrive avec un nouveau sélectionneur. Arturo Reyes a été nommé en décembre 2017 pour succéder au glorieux cycle de Carlos Restrepo (trois participations aux Coupes du Monde de la catégorie en quatre tentatives), et doit former une nouvelle génération, initier un nouveau cycle et surtout reprendre le flambeau. Pour cela, celui qui fut un temps l’assistant de Julio Comesaña à Junior a mis en place neuf cycles d’entraînement auxquels la totalité des joueurs de la sélection a été conviée. L’idée était de générer des automatismes, d’instiller l’idée de jeu, les diverses organisations tactiques que les jeunes cafeteros allaient adopter. La sélection a également accumulé les rencontres amicales, en disputant dix-sept pour un total de dix victoires, quatre nuls et trois défaites et a décroché le bronze lors des Jeux Sud-américains en disposant de l’Argentine lors de la petite finale, restant invaincue tout au long de la compétition (la Colombie fut éliminée aux tirs au but par le Chili). Douze joueurs présents à ces Jeux seront au Chili en ce début d’année. Ensuite, toujours sous Reyes, et avec dix joueurs présents au Chili, les u21 se sont imposés lors des Jeux Centroaméricaines et des Caraïbes, terminant encore invaincus (seul le Honduras a accroché un nul) et surtout, montant en puissance pour montrer par moment un jeu de très haut niveau. C’est ainsi fort de cette dynamique générale et avec un système désormais totalement compris que la Colombie se présente à ce Sudamericano.

La Colombie de Reyes, c’est donc un 4-4-2 assez classique où les latéraux n’ont pas à faire le piston et qui s’organise autour d’un « doble pivote » comme l’on dit en Amérique du Sud, deux milieux dont l’un des deux est plus axial que l’autre, des milieux de couloir pouvant repiquer et deux attaquants plus impliqués dans le jeu que pointe et électron libre tournant au tour comme c’est souvent le cas dans un tel système. L’idée de jeu est verticale, rapide, cette Colombie cherche souvent à combiner rapidement dans l’axe et dispose des joueurs pour cela même si l’absence de Juan Camillo Hernández, Cucho pour les intimes, présent en 2017 (deux buts et trois passes décisives en neuf apparitions) et que son club espagnol, Huesca, n’a pas voulu libérer, et celle de Luis Sinisterra, propriété de Feyenoord et absent pour la même raison, sont deux coups durs pour Reyes. On suivra donc Carlos Cuesta, défenseur central aux près de soixante matchs avec l’Atlético Nacional et déjà présent dans les catégories u15 et u17, qui possède une bonne lecture du jeu et un sens de la passe capable de casser des lignes qui se montre essentiel dans le jeu vertical de Reyes, Gustavo Carvajal, milieu axial de l’América qui sera l’un des joueurs clé par son sens tactique et sa capacité à fluidifier le jeu, Yeison Tolosa du rival Deportivo Cali, offensif typique du continent, rapide, attiré par le but, ultra dangereux dans ce système qui mise tout sur la surprise et cherche à partir entre les lignes, et enfin Johan Carbonero, l’une des révélation de l’Once Caldas lors du deuxième tournoi de l’année 2018. Reste désormais à démontrer que ce style peut permettre à la Colombie de retrouver la lumière d’une Coupe du Monde.

Brésil : dans les pas de Rodrygo

bresilN’en finissant pas d’abreuver les différents clubs européens qui ne cessent désormais de venir récupérer des moins de 20 ans à des tarifs totalement démesurés, le Brésil a longtemps été habitué à briller lors des Sudamericanos. Avec onze titre et vingt-et-un podium, il domine totalement le palmarès historique. Pourtant, ces dernières années – et le pillage excessif européen n’y est sans doute pas étranger – les jeunes auriverdes sont à la peine. Absent du top quatre en 2013 et 2017, ils avaient de fait manqué la Coupe du Monde de la catégorie alors que la sélection restait sur trois titres consécutifs entre 2007 et 2011. Quelle peut-être l’ambition de cette Canarinha au Chili ? Renouer avec son glorieux passé. Pour cela, les clés du coffre ont été confiées à Carlos Amadeu. S’il est un spécialiste du travail avec les jeunes au pays, c’est bien lui. À la tête des u17 brésiliens, il a décroché deux Sudamericanos de la catégorie (2015 et 2017), terminant quart de finaliste mondial en 2015 avant de décrocher la médaille de bronze en Inde en 2017. C’est donc finalement assez naturellement qu’Amadeu va poursuivre son travail, certains u17 d’alors (Gabriel Brazão, Alan et Lincoln notamment) l’accompagnant au Chili cette année. En guise de préparation, le Brésil a disputé six matchs en deux ans. La Canarinha n’en a remporté qu’un seul, face à l’Indonésie lors du Tournoi de Toulon 2017 duquel il a été éliminé dès la phase de groupes (défaite contre l’Écosse, match nul face à la République Tchèque), avant d’enchaîner trois résultats nul face à la Colombie (à deux reprises) et au Chili. Un total donc bien maigre, surtout au regard du travail réalisé par d’autres sélections présentes pour ce Sudamericano, mais qui permet cependant d’entrevoir comment ce Brésil va s’organiser. Carlos Amadeu aime le 4-3-3 avec des ailiers collés aux lignes et un système défensif dédié à réduire au maximum les espaces entre les lignes, se repliant en bloc à proximité de sa surface. Bref, ce Brésil est une équipe de contre. Il s’appuie pour cela sur un riche potentiel offensif, comme bien souvent.

Pourtant, le premier point à souligner pour ce Brésil est celui des absents, tous de taille. Vinicius Jr. du Real Madrid, Paulinho, du Bayer Leverkusen, Mauro Junior, du PSV, Matheus Cunha, du RB Leipzig : quatre des plus belles promesses de la catégorie ne seront pas présentes au Chili. La faute à des clubs européens qui ont refusé de les libérer quand bien même les joueurs étaient disposés à venir défendre l’honneur national. Difficile dans ces conditions de pouvoir travailler, de pouvoir construire la sélection du futur en mettant en place ce que l’Uruguay appelle le Proceso et que bien d’autres nations du continent ont mis en place. Reste que le Brésil dispose tout de même de joueurs de talent, à commencer par celui dont tout le monde parle : Rodrygo. Il y a près de trois ans, LO vous présentait ce gamin qui enflammait les équipes de jeunes de Santos. Trois ans plus tard, il a été recruté par le Real Madrid pour 45M€, est devenu l’un des hommes forts du Peixe auprès duquel il pourrait rester quelques mois supplémentaires. Rapide, ultra-technique, il devrait embraser le côté gauche et est l’arme principale mener les contres meurtriers de la Canarinha. À ses côtés, le leader de la génération des 2000, Lincoln. L’avant-centre du Flamengo, il est déjà l’objet de bien des convoitises européennes et était membre du Brésil troisième mondial u17 en Inde. Alan Souza l’était aussi, il sera le troisième élément clé de ce Brésil d’Amadeu par sa capacité à générer du déséquilibre dans les lignes adverses et sera au cœur du jeu. Ces trois joueurs seront ainsi les fers de lance d’un Brésil qui ne fait désormais plus que courir après un glorieux passé et doit plus que jamais s’adapter au nouveau monde.

Venezuela : assumer l’héritage

venezuelaQui peut avoir oublié le choc que fut le Venezuela u20 en 2017. Après avoir brillé lors du Sudamericano, la génération des Fariñez, Soteldo, Herrera et autre Córdova avait retourné le monde lors de sa première Coupe du Monde de la catégorie disputée huit ans après sa première. Finaliste mondial, la jeune Vinotinto avait terrassé des géants tels que l’Allemagne, le Mexique et l’Uruguay avant de buter sur l’Angleterre. Cette génération exceptionnelle n’était pas une génération spontanée, elle est aussi la preuve que le talent éclot suite à un véritable travail chez les jeunes mené au pays avec Rafael Dudamel en chef d’orchestre qui gère l’ensemble des sélections à commencer donc par les u20 et les A entre les deux des passerelles sont clairement établies. Au-delà des simples résultats de la sélection, la politique de jeunes menée au Venezuela porte déjà ses fruits. En témoigne les expatriés, de plus en plus nombreux, notamment au Chili – citons Soteldo ou Bello, deux des meilleurs joueurs du championnat en 2018 – ou en MLS avec Josef Martínez comme porte drapeau. C’est donc cet héritage (encore récent) que la version 2019 va devoir porter et assumer. Une génération 2019 qui a déjà fait pour nombre de ses membres, ses classes en u17 et manqué d’un rien une deuxième qualification mondiale de l’histoire lors du Sudamericano de la catégorie, disputé en 2017 au Chili (cinquième de l’Hexagonal final après avoir devancé et battu Argentine et Pérou en phase de groupes). Autant dire que le réservoir existe, la qualité est réelle.

Car le 4-2-3-1 de Dudamel – lorsque Palmezano évolue en 10 – ou 4-4-2 lorsqu’il évolue avec deux pointes, a tout pour bousculer encore la hiérarchie. Le Venezuela n’est pas un adepte de la possession, et même s’il a montré quelques signes de fragilité lors de ses matchs de préparation, il aime sortir rapidement, bondir à la gorge de l’adversaire avec un pressing haut en s’appuyant sur des joueurs polyvalents parfaits pour organiser la transition et des joueurs offensifs rapides et déséquilibrants. Il faudra parvenir à sortir du pressing des offensifs vénézuéliens pour espérer mettre en danger cette Vinotinto, il faudra aussi prendre au sérieux certains de ses cadres. Le premier, la grande star de cette équipes est évidemment Christian Makoun. L’ancien de Zamora, présent à la Coupe du Monde u20 2017, a rejoint la Juventus le même jour qu’un certain Cristiano Ronaldo et évolue essentiellement avec la Primavera. Sa polyvalence en fait l’homme de base de ce Venezuela 2019. Capable de jouer en défense centrale ou au milieu, technique et intelligent, l’ancien capitaine des u15 et des u17 va endosser le costume de leader ne serait-ce par son expérience, d’une richesse rare à cet âge (Libertadores, Sudamericanos, Coupe du Monde de la catégorie, Youth League). À ses côtés, on suivra avec attention Brayan Palmezano, superbe numéro 10 qui restera au Chili après le Sudamericano (il vient de rejoindre Huachipato, ancien club de Soteldo), Cristian Cásseres Jr., qui a passé la saison 2018 en USL avec l’équipe 2 des Red Bulls de New York mais surtout deux talents offensifs : Jan Hurtado, attaquant du Gimnasia, l’homme dont le but a éliminé Boca en Copa Argentina et qui fait office de buteur de la sélection u20 (six buts lors des cinq dernières sorties, un but lors de la Coupe du Monde de la catégorie en 2017, et Samuel Sosa, qui évolue à Talleres, dont le pied gauche avait nettoyé la lucarne uruguayenne dans les arrêts de jeu en demi-finale mondiale. À suivre enfin, Enrique Peña Zauner. Le milieu de terrain né à Francfort était en sélection allemande en u16, a été formé à l’Eintracht avant de rejoindre le Borussia Dortmund, il est l’un des jolis coups réalisés par le Venezuela qui a réussi à l’attirer dans ses filets. Il devrait prendre place au cœur du jeu et a tout pour être l’une des révélations du tournoi.

Bolivie : valider une nouvelle dynamique

Par Thomas Allain

bolivieL’an passé César Salinas, nouveau président de la fédération bolivienne, a eu la bonne idée d’aller chercher l’Équatorien Sixto Vizuete pour s’occuper des catégories jeunes de la Verde. Vizuete a une longue expérience à la tête des sélections de jeunes en Équateur, il a même dirigé la sélection majeure de son pays pendant deux ans (2008-2010). Son réseau a permis de faciliter l’organisation de rencontres amicales face au Pérou, à l’Équateur et au Venezuela. Cela peut paraître anodin, mais c’était la première fois qu’une sélection d’une catégorie de jeunes bolivienne disputait une quadrangulaire de la sorte en guise préparation. L’arrivée de Vizuete marque donc un nouveau virage emprunté par la fédération bolivienne, elle symbolise une prise de conscience : celle d’exploiter pleinement le potentiel des jeunes joueurs boliviens. Ces jeunes sont souvent mis de côté alors qu’ils sont à la porte du monde professionnel, beaucoup de clubs pro préférant aller chercher des joueurs plus âgés dans les divisions inférieures argentines ou brésiliennes. À partir de cette année, une nouvelle règle imposant aux clubs de titulariser un joueur âgé de moins de 20 ans va être mise en place dans le championnat bolivien. La dernière fois que cette règle avait été mise en vigueur il y a une quinzaine d’année, la majorité des clubs faisait jouer leur u20 au poste de latéral, peu importe son position préférentielle en catégories jeunes. Heureusement certains clubs saisissent l’importance de faire évoluer les jeunes joueurs.

Dans la liste des 23 de Vizuete, on retrouve quelques noms bien connus du championnat bolivien, la plupart évoluant dans les clubs de Blooming et Sport Boys. Roberto Fernández, titulaire indiscutable avec Blooming cette saison au poste de latéral gauche (25 matchs cette saison) sera la valeur sûre de la défense bolivienne au côté du défenseur central Walter Antelo (11 matchs avec Sport Boys) et de Jairo Quinteros, solide défenseur central du club espagnol de Valence. Né en 2001, Quinteros faisait partie du groupe valencien lors de la Youth League, Avec un profil de leader à seulement 17 ans, ce tournoi peut être l'occasion pour lui de se montrer. Au milieu de terrain, Franz Gonzales sera l’un des meilleurs atouts de cette sélection. Gonzales a disputé 34 matchs de championnats en 2018, dont 32 comme titulaire. Erick Cano, qui vient de signer à Bolívar, a grandement participé aux belles performances de son club Aurora en fin de championnat (19 matchs cette saison), il accompagnera Gonzales dans un milieu de terrain qui aura fière allure. Les amateurs du championnat bolivien reconnaitront d’autres visages comme ceux de Cuellar (Guabirá) ou des joueurs évoluant à Blooming : Robert Cueto, Julio Herrera et César Menacho. Ensuite mise à part ces quelques joueurs, la sélection bolivienne est faite d’interrogation. Ramiro Vaca (1 sélection avec les A), promesse du Strongest mais peu utilisé par César Farías pourra t’il montrer l’étendue de son talent ? L’autre inconnue sera Sebastián Melgar, joueur de Boca Juniors qui n’a jamais évolué en pro. John Garcia, qui compte déjà deux sélections avec l’équipe de Bolivie a voulu se montrer optimiste : « Aujourd’hui, nous nous entrainons d’une meilleure manière que les années précédentes, et je crois que nous avons tout pour aller de l’avant. Nous voulons jouer d’égal à égal, nous avons de bons joueurs et nous sommes bien préparés ». Vizuete a apporté son expérience et beaucoup d’espoir. Les Boliviens, qui n’avaient pas réussi à récolter le moindre point en 2015 vont avoir un calendrier difficile puisqu’ils débuteront leur tournoi face au pays organisateur ce jeudi avant de terminer face au Brésil. Entre ces deux rencontres, il faudra affronter la Colombie et le Venezuela. La tâche parait très compliquée mais la Bolivie semble prête, ou du moins plus prête qu’elle ne l’a jamais été.

sudagroupeB

Uruguay : conserver sa couronne

Par Jérôme Lecigne

uruguayDeux ans après son titre de champion, l’Uruguay de Coito se lance de nouveau à l’assaut de se Sudamericano. L’entraîneur est toujours là, lui qui a connu les sélections de la U15 à ses débuts à la majeur lors du remplacement au débotté de Tabárez à l’automne avant la reconduction du maestro. C’est logiquement presque le seul rescapé, à l’exception de Schiappacasse qui rempile également pour un deuxième tournoi U20. Ardaiz aurait aussi pu être de l’aventure à nouveau, mais son absence de continuité en club lui a coûté sa présence. Schiappacasse est emblématique de cette génération puisque, comme sept de ses collègues, il a déjà émigré à l’étranger jouant pour l’Atlético de Madrid. Il est accompagné en cela de Franco Israel, gardien sans doute titulaire, formé au Nacional mais déjà vendu à la Juventus italienne, mais aussi de Renzo Rodríguez (Independiente), Edgar Elizalde (Pescara), Rodrigo Zalazar (Málaga), Juan Manuel Sanabria (Atlético de Madrid) Agustin Dávila (Real Sociedad) et Facundo Batista (Chiasso). Ces joueurs sont difficiles à suivre car ils n’ont pour la majorité jamais joué en Uruguay et jouent avec les réserves ou les équipes de jeunes de leur équipe respective. L’Uruguay, ainsi que le Brésil et le Venezuela sont les trois pays à avoir déjà huit joueurs à l’étranger (record de la compétition). Ce fait change la donne car il n’était que trois au maximum par le passé comme en 2011 (Cabrera, Gallegos, Polenta). Ils auraient pu être neuf mais le FC Barcelone, club aimant recruter les jeunes au berceau, n’a pas laissé partir Ronald Araújo. Le business des jeunes n’est sans doute pas fini, mais il faut quand même noter que les échecs sont toujours infiniment plus nombreux que les succès, et que parmi la génération ayant gagné il y a deux ans, Rodrigo Amaral vient de revenir au pays après de nombreux échecs, un manque d’équilibre et une prise de poids lui ayant presque valu la fin de sa carrière, Joaquín Ardaiz a disparu des écrans radar au point de ne plus même être appelé, après avoir été acheté par un fonds d’investissement et avoir été vendu en Belgique, puis en Suisse et de maintenant être remplaçant en Italie, Santiago Bueno est enterré avec la réserve de Barcelone, De la Cruz ne joue pas à River

On connaît souvent mieux les quinze autres joueurs, dont beaucoup évoluent déjà le championnat uruguayen. En défense et capitaine, on retrouvera Bruno Méndez, qui a déjà été appelé en A en novembre et qui est un pilier de cette génération. Il aura à ses côtés Sebástian Cáceres, révélation du côté de Liverpool lors du dernier championnat. Ezequiel Busquets, champion avec Peñarol et plus jeune joueur à jouer un Clásico titulaire depuis les années cinquante, prendra le côté gauche. Au milieu, on retrouvera les très joueurs Boselli (Defensor) ou Thomas Chacón (Danubio). En attaque, Darwin Nuñez, qui s’est également imposé avec Peñarol, jouera avec Emiliano Gómez (Defensor) ou Schiappacasse.

Fabian Coito est longuement revenu pour Ovacion sur la situation de son équipe et sur ses jeunes déjà émigrés. « Cela fait partie d’une réalité, du moment que traverse notre football. L’Uruguay est très bien placé pour ce qui est des sélections, a des joueurs dans les meilleures équipes du monde et donc ces équipes viennent ici chercher des footballeurs toujours plus jeunes pour qu’ils terminent la formation chez eux. […] Cela fait une différence mais il ne faut pas nier ce qui nous a fait grand et ce que nous portons dans notre sang. Notre football a un style bien défini : vertical, avec des passes directes généralement des défenseurs vers les attaquants. Le milieu doit donc être plus que le lien entre la défense et l’attaque quand l’équipe à la balle, il doit avoir un rôle de couverture, de mouvements. À l’étranger le football est plus basé sur l’évolution, avec une recherche de passe, jouer épaule contre épaule avec l’adversaire. C’est un football qui me paraît aussi intéressant pour nos footballeurs. Nous ne perdons pas notre style, parce que nous y sommes bons sur un tas d’aspects, mais si nous avons d’autres possibilités cela nous rend encore plus compétitif ». Tabárez a assisté au dernier entraînement de l’Uruguay au complexe Celeste, Clairefontaine local. Il a salué tous les footballeurs, leur souhaitant le meilleur, prenant le temps de discuter avec les familles venues saluer une dernières fois leur enfant. Il perpétue ainsi le lien qu’il a toujours voulu avoir avec ses équipes de jeune, avant de pouvoir les revoir d’ici quelques années au plus haut niveau. Pour les autres, on aura plaisir à les revoir en Uruguay.

Argentine : énième transition ?

argentineIl y a vingt-deux ans, l’Argentine de Pekerman décrochait le Sudamericano u20 organisé au Chili. Dans ses rangs, une pluie de joyaux dont notamment un duo Aimar – Riquelme qui vingt-deux ans plus tard fait encore se dresser les poils rien qu’à son évocation. Mais 2019 n’est pas 1997 et l’Argentine n’est pas dans un état qui inspire une grande confiance. Non seulement parce qu’alors que le pays continue à voir éclore d’immenses promesses, celles-ci n’honorent pas les sélections chez les jeunes. Certaines en raison de blessures, comme dans les cas d’Ezequiel Barco (qui avait déjà manqué la Coupe du Monde de la catégorie en 2017, alors non libéré par Independiente) et d’Agustín Almendra. D’autres car retenus par leur club. Mais aussi parce que le travail chez les jeunes est quasi inexistant depuis des années. Vous le découvrez au fil des lignes de cet article, nombreuses sont les fédérations à travailler depuis de nombreuses années sur le football des jeunes. L’Argentine n’en fait rien. Nous l’avons déjà évoqué à de multiples reprises sur Lucarne Opposée (voir par exemple durant la Coupe du Monde), l’Argentine est un chantier permanent qui n’est pas prêt de s’arrêter avec notamment l’arrivée de César Luis Menotti et d’un projet sur dix ans qui pourrait venir bousculer encore tout ce qui existe aujourd’hui et surtout menacer la position de Batista à la tête des u20.

Malgré tout, c’est une Argentine au profil de candidat au titre qui se présente au Chili. Certes les absences de Barco et Almendra pèsent. Certes la préparation de l’Argentine pose bien des questions : quelques amicaux contre des équipes locales, un vaste sentiment d’amateurisme, le départ puis l’incertitude avant le retour de Leonardo Balerdi, pour qui le Borussia Dortmund a posé 16M€ et sur lequel planait le doute d’une absence jusqu’au dernier instant et qui rejoindra la sélection ce jeudi soit jour du coup d’envoi de la compétition (sic). Mais les talents restent nombreux dans ce groupe qui a décroché L'Alcúdia il y a quelques mois (sous la direction du duo Scaloni – Aimar). À commencer par Jerónimo Pourtau dans les buts. Le pibe d’Estudiantes a été l’un des grands bonhommes de la victoire dans le tournoi espagnol, lui qui a longtemps été attaquant avant d’enfiler les gants. Dans ce qui devrait être un 4-3-3 si on se fie aux derniers amicaux de la sélection, la grande puissance de cette Albiceleste reste offensive avec de nombreux diamants à polir. Plus médiatique d’entre tous, celui qui a déjà décroché une Copa Libertadores à laquelle il a pris part : Julián Álvarez. Lancé par Gallardo cette saison, la Aranã est l’une des grandes promesses du pays, nombreux indiquant à son sujet que River n’avait plus sorti un attaquant avec autant de potentiel depuis Crespo. À ses côtés, on suivra avec attention le Tigre Maximiliano Romero, ancien de Vélez fraichement débarqué au PSV qui avait affolé les statistiques avec les jeunes du club de Liniers, promu en réserve à tout juste 15 ans, débutant chez les pros à 17, Facundo Colidio, le buteur de la Primavera de l’Inter, Gonzalo Maroni, le nouveau Dybala, ou encore Adolfo Gaich, le Lewandowski de San Lorenzo. Puis il y a déjà l’avenir, deux 2001 qui seront probablement encore là lors du prochain Sudamericano : Pedro De La Vega, le formidable petit ailier de Lanús, machine à gagner des un contre un, et Thiago Almada, le pibe du Vélez d’Heinze venu de Fuerta Apache, comme Tevez, celui à qui il voudrait succéder. Deux gamins de 17 ans qui ont déjà fait leurs preuves en Superliga. Reste désormais à Batista à trouver un équilibre tant cette Argentine semble pencher vers l’avant. L’objectif affiché est clair : décrocher au minimum une qualification pour le Mondial polonais.

Équateur : objectif Pologne

equateurIl y a deux ans, en organisant la compétition, l’Équateur ne pouvait imaginer qu’il allait vivre une année 2017 historique. Emmené par un Bryan Cabezas propulsé star de l’équipe et qui avait répondu aux attentes, la mini-Tri équatorienne avait ensuite parfaitement géré son Hexagonal en s’offrant même une finale pour le titre face à l’Uruguay. Finale perdue, malgré le but d’Hernán Lino (parti depuis s’enterrer en troisième division espagnole) mais espoirs réels qu’alors le futur s’annonçait brillant pour l’ensemble du football équatorien, la Tri étant alors plutôt bien engagée dans ses rêves de Mondial. Malheureusement, le retour à la réalité a été d’une grande violence. Dernière de son groupe en Coupe du Monde de la catégorie, la mini-Tri a ensuite assisté à la lente déliquescence de son ainée. Derrière, tout était alors à reconstruire, alors que la génération Cabezas est appelée à venir aider les A à se relancer, c’est au tour d’une nouvelle de prendre le relai. Ce relai entre deux générations et entre deux sélections est directement assuré par Jorge Célico. Le technicien argentin était l’intérimaire chargé d’accompagner le naufrage du Titanic équatorien durant les éliminatoires, il est aussi celui qui a repris le flambeau des u20 dès le lendemain du mondial sud-coréen. Un flambeau repris sous le thème de la reconstruction et du travail à long terme. « C’est le projet le plus important de ma carrière », disait-il alors lors de sa présentation, « mon désir est de former et de planter une graine qui rendra le football équatorien meilleur et plus compétitif ». Fin 2017, quelques mois après sa nomination, Célico a mis en place un vaste projet, a observé plus de 540 jeunes pour en intégrer entre 70 et 80 dans un cycle de préparation avec les u20 dans l’optique du Sudamericano de cette année. Après l’observation en 2017, 2018 était l’année de la lente construction de son groupe. « Jamais nous n’avions organisé autant de matchs de préparation comme nous l’avons fait avec cette équipe, c’est pour cela que notre objectif sera de décrocher l’une des quatre places qualificatives pour la Coupe du Monde de la catégorie en Pologne ». L’objectif est clairement annoncé, il est ambitieux et s’appuie sur l’une des générations les plus prometteuse du pays grâce l’apport des talents locaux, emmenés par le fer de lance Independiente del Valle, la meilleure école du pays, auquel s’associent les émigrés qui évoluent dans d’autres championnats du continent ou déjà pour certains en Europe.

C’est le cas de Diego Chiqui Palacios, latéral gauche de Willem II (déjà 16 matchs et trois passes décisives en Eredivisie 2018/19) déjà appelé en A, la grande star de cette sélection en l’absence de Stiven Plaza, la pépite recrutée par le Valladolid de Ronaldo mais retenue par le club espagnol. C’est aussi le cas, à niveau moindre pour l’instant de Jackson Porozo, le Yerry Mina équatorien, recruté par le Santos de Sampa, et du duo d’attaque 100% « chilien » Santiago Micolta qui commence à gratter du temps de jeu à La Calera, longtemps sensation 2018 au Chili avant de s’effondrer en fin de saison et Alexander Bolaños, le cousin de Miller et Alex, lancé en fin de saison avec les pros de Colo-Colo et dont la vitesse et la puissance font déjà parler de lui chez les u20 du club. Autant de joueurs sur lesquels Célico pourra s’appuyer pour donc encadrer les locaux Moisés Ramírez et Gonzalo Plata, et Alexander Alvarado, venus d’Independiente del Valle (Alvarado y est formé, il est désormais à Aucas), Gustavo Vallecilla d’Aucas, qui ont déjà du temps de jeu en Serie A équatorienne, ou encore Daniel Segura, milieu offensif perforateur qui vient de rejoindre le champion Liga de Quito en provenance de Mushuc Runa.

La mini-Tri évolue ainsi généralement en 4-2-3-1 basé sur l’explosivité et la vitesse avec un jeu de couloir essentiel et qui repose sur des duos :  Jackson Porozo – Gustavo Vallecilla en défense, ce dernier ayant déjà été appelé chez les A par le nouveau sélectionneur Hernán Dario Gómez, José Cifuentes – Jordy Alcívar au milieu dont la complémentarité apporte l’équilibre nécessaire à l’ensemble. Le tout pour permettre à un Jordan Rezabala, le créateur, de s’exprimer. Il était l’un des grands artisans du bon parcours des u17 lors du Sudamericano 2017 (auquel Porozo, Ramírez, et Micolta, cités ici, participaient également), il a été brillant lors de la dernière Libertadores u20, emmenant, avec Stiven Plaza, Independiente del Valle en finale, il sera l’un des joueurs à suivre cette année au Chili. Pour la mini-Tri, le destin mondial dépendra en grande partie du premier match, l’Équateur débutera par le Paraguay avant d’affronter les deux géants Uruguay et Argentine et de terminer par le Pérou.

Pérou : récolter les fruits

perouEn 2013, le Pérou secouait le continent emmené par une folle génération, celle des Yordy Reyna, Andy Polo, Cristian Benavente, et autre Edison Flores et passait à un rien, une défaite lors de l’ultime journée de l’Hexagonal face au Chili, d’une place en Coupe du Monde de la catégorie. À l’époque, l’homme qui dirigeait cette jeune Blanquirroja était déjà Daniel Ahmed. Cinq ans plus tard, l’Argentin est toujours en poste, à la tête d’un projet de grande ampleur mis en place sous l’égide de Ricardo Gareca et appuyé par la fédération. Un projet que nous vous décrivions dans le dossier consacré à la formation dans le quatrième numéro du magazine Lucarne Opposée. Nommé Plan de Menores, ce projet a pour objectif « de décentraliser la détection et forcer les clubs de l’élite à ouvrir des sections dans toutes les catégories de 12 à 18 ans (en 2016, six clubs de l’élite sur seize répondaient à cette exigence, tous étaient basés à Lima). En 2016, des centres de formation ont été ouverts dans vingt régions du pays avec des sections u14 et u16. Les joueurs des régions de l’intérieur du pays (comprendre hors capitale) ont ainsi été sélectionnés pour entrer dans ces centres et participer au premier tournoi national des sélections régionales de ces catégories. Guidés et stimulés par la fédération, les clubs de première division ont été impliqués dans ces observations de jeunes et invités à les incorporer dans leurs écoles. En mars 2017, le premier championnat des jeunes de l’histoire a été lancé au pays, il concerne les u15 et u17 des clubs de Primera División. À terme, l’objectif sera de faire émerger les futures stars de la Blanquirroja de régions jusqu’ici peu représentées (20 des 21 joueurs u17 représentant le Pérou au Sudamericano venaient de Lima, 14 sur 25 chez les u15) ».

Ce le fruit de ce travail que le Pérou espère commencer à récolter, même si certains effets devraient surtout se produire dans les années à venir. Pour cela, Ahmed s’appuie sur un groupe qui pour bon nombre (neuf des vingt-trois) connait déjà la Primera División (Dylan Caro évolue en D2, deux autres à l’étranger Marcos López bientôt à San José en MLS, Alessandro Milesi avec la Primavera de Brescia) et qui souvent servi de sparring aux A dans leur préparation à la Coupe du Monde russe. C’est ce même groupe qui a participé à un cuadrangular avec Bolivie, Équateur et Venezuela à Lara, cuadrangular qu’il a remporté. Comme les A, Ahmed opte pour un 4-2-3-1 avec une importance donnée aux latéraux capables de se projeter rapidement et aux milieux à grande vision de jeu. Comme les A, les u20 péruviens aiment avoir la balle. Le jeu devrait reposer sur Jairo Concha, l’une des révélations de l’année avec Universidad de San Martín, dont la mobilité et l’aisance technique seront un atout dans la génération des offensives de la Blanquirroja. Et parmi les latéraux à grande intensité, on suivra l’expatrié Marcos López, champion avec le Sporting Cristal de Mario Salas et qui rejoindra donc la MLS en 2019. Pour solidifier le tout, le Pérou reposera notamment sur une autre révélation, Brayan Velarde qui a pris place au sein du légendaire Universitario suite aux difficultés économiques traversées par le club crema mais dont la capacité d’anticipation, la vitesse et la propreté de la relance ont déjà convaincu. Reste désormais à savoir si cela sera suffisant pour se hisser en Hexagonal final.

Paraguay : les nouvelles ambitions

paraguayDauphin du Brésil de Douglas Costa en 2009, dauphin de la Colombie de JuanFer Quintero en 2013, le Paraguay cherche depuis son renouveau. Dernier de l’Hexagonal final en 2015, sorti dès le premier tour en 2017, l’Albirroja pourrait arriver tête basse au Chili. Il n’en est rien. Gustavo Morínigo, qui avait emmené le Nacional paraguayen en finale de la Libertadores 2014 et les u17 à la troisième place du Sudamericano 2017 avant de les porter jusqu’en huitièmes de finale de la Coupe du Monde de la catégorie, vise tout simplement le titre. Une ambition démesurée ? Pas forcément. Car le Paraguay accueille une nouvelle génération porteuse de bien des espoirs, la règle consistant à imposer du temps de jeu aux u19 en première division n’étant pas étrangère à cette éclosion. Morínigo a donc réuni trente-trois joueurs au Centro de Alto Rendimiento de Ypané pour un mois de préparation, n’en gardant que vingt-trois pour le Sudamericano. Le travail a essentiellement porté sur la mise en place d’un collectif capable de conserver le ballon et surtout d’aller imposer une forte pression sur l’adversaire, s’appuyant sur une équipe comme toujours puissante sur le plan de l’impact physique, agressive, mais surtout capable de produire du jeu en s’animant autour d’un 4-5-1 en phase défensive qui se transforme rapidement en 4-3-3 à la récupération du ballon. Un système qui implique des transitions rapides et des joueurs polyvalents.

Une polyvalence symbolisée par Marcelino Ñamandú. Le milieu central du Cerro Porteño est capable d’occuper plusieurs postes sur le terrain. Sa vision du jeu lui permet d’être au cœur de celui-ci, devant les deux centraux dans un triangle pour jouer un rôle de premier relanceur, sa vitesse lui permet d’évoluer sur les côtés mais aussi d’être l’un des hommes clés dans les phases de transition par sa capacité à se placer entre les lignes et jouer rapidement, une vitesse qu’il utilise aussi pour être l’un des donneurs d’ordre sur les phases de repli. Vous l’aurez compris, Ñamandú est l’élément central du système Morínigo. Il n’est pas seul accompagné par deux autres joueurs importants : Iván Franco et Antonio Galeano. Le premier a brillé avec Libertad que ce soit en championnat ou en Libertadores. Capable d’être un pur numéro 10 ou de s’exiler sur le côté, il sera le créateur de ce Paraguay 2019. Le deuxième faisait partie des u17 de Morínigo et a déjà attiré bien des convoitises, notamment celles du FC Porto, et rejoindra São Paulo à l’issue du Sudamericano. Sa vitesse et sa technique en font l’un des meilleurs perforateurs dans son couloir. Derrière ce trio, on suivra avec attention l’évolution de Diego Huesca, portier des jeunes de Valencia avec qui il est apparu en Youth League, et celle de Fernando Cardozo qui s’est installé sur le front de l’attaque du Decano, double champion 2018, aux côtés de Roque Santa Cruz. Attention donc au Paraguay qui pourrait bien jouer plus d’un mauvais tour à ceux qui le sous-estimeront.

Le programme de la première journée

sudaj1

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.