À deux journées de la fin, les erreurs valent cher tout en haut du classement de Superliga. Mais ni River ni Boca ne paraissent disposés à en faire : les hommes de Russo sont toujours à trois points de ceux de Gallardo. En bas, la bonne affaire de la journée est réalisée par le Gimnasia, en déplacement sur les terres d’Independiente.

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L’affiche du week-end : Rien ne semble pouvoir arrêter River

Dans l’ambiance surchauffée du stade UNO de La Plata aux 30.000 places remplies, Estudiantes accueillait dimanche, l’équipe à abattre en Argentine : River Plate. Invaincu depuis le début de l’année civile, le Millonario caracolait en tête du championnat à l’aube de cette vingt-et-unième journée. Plein de certitudes, les hommes de Gallardo arrivaient néanmoins sous pression après la victoire de Boca la veille. Avec seulement trois points d’avance et une différence de buts à peine à son avantage, la marge de manœuvre de River est fine, très fine. Et malgré la onzième place de l’adversaire du jour, la mission s’avérait plus compliquée qu’on ne le pense. Car Estudiantes, renforcé par l’arrivée de Javier Mascherano au dernier mercato, est devenu une équipe solide : à défaut d’être flamboyante, l’équipe n’avait perdu qu’une seule fois depuis la fin novembre. Toujours dans le 3-5-2 installé depuis quelques journées, River attaquait la partie avec envie et maitrise. En face, Gabriel Milito avait mis en place un 4-3-1-2 sur mesure pour gêner la construction du Millonario. Répétant la tactique mise en place par le Banfield de Falcioni la semaine passée, le cadet de la fratrie Milito avait installé un marquage individuel strict de Titi Rodríguez sur Enzo Pérez, pointe basse du milieu et maitre-à-jouer de Gallardo. Mais le problème avec River, c’est que le danger vient de partout. Et surtout des ailes. Les joueurs de Nuñez attendaient le quart d’heure de jeu pour se procurer une première grosse occasion : le débordement de Gonzalo Montiel aboutissait à un centre tendu vers Rafa Borré, qui croisait trop sa tête. Pas en reste, le Pincha sortait lui aussi les griffes peu de temps après. À trente-cinq mètres, Nahuel Estévez décochait un bombazo qui s’écrasait sur l’équerre du but d’Armani. Bloqué dans le jeu court par le dispositif défensif des locaux, River commençait à allonger sous les ordres du Muñeco. Et contre le leader, mieux vaut saisir les rares opportunités que l’on a. Dans la minute suivant la barre, la consigne de Gallardo allait payer. Sur un long ballon dévié, Borré s’échappait seul vers le but et remportait son duel face à Andujar. Un coup de poignard que Milito n’avait surement pas vu venir. Une nouvelle fois, ce River démontrait toutes ses capacités d’adaptation et imposait sa puissance à son adversaire. Peu avant la mi-temps, une petite ombre venait noircir le tableau du Millonario : il sera privé de son meilleur buteur lors de la prochaine journée, Borré ayant été une nouvelle fois averti. Après la pause, Estudiantes repartait fort : Mateo Retegui reprenait de la tête un ballon mal dégagé mais trouvait la niche de Franco Armani. A l’heure de jeu, quand on la pensait malmenée, la bande à Gallardo faisait le break. Sur un centre au cordeau de Nacho Fernández, Matías Suárez surgissait devant Mascherano au premier poteau. La reprise de l’attaquant argentin était déviée dans ses propres buts par le malheureux Jefecito. Dos au mur, Gabriel Milito tentait de relancer ses joueurs avec son coaching : il faisait entrer la fraîcheur du pibe Darío Sarmiento, 16 ans, et l’expérience de la Gata Fernández, de vingt ans son aîné. Ce dernier réveillait ses hinchas sur une frappe vicieuse qui passait de peu à droite de la cage d’Armani. À dix minutes du terme, River perdait sur blessure Rojas que Gallardo remplaçait par… Juanfer Qunitero alors que l’on aurait qu’il défendrait le score. Ce pari s’avérait payant puisque son équipe finira le match sur un cleansheet alors que Schunke manquait de convertir la dernière grosse occasion de la partie. Encore et toujours conquérant, River engrangeait sa sixième victoire d’affilée. Par la même occasion, le Millonario reprenait trois points d’avance sur le rival Boca. Avec deux matchs restants, River est en très bonne position pour remporter le seul titre qu’il manque au Muñeco. Mais sa formation aura fort à faire le week-end prochain contre Defensa y Justicia, qui termine la saison en trombes. En cas de faux-pas de Boca combiné à une victoire, River Plate pourrait fêter son titre au Monumental à l’issue de ce match.

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Boca avec sérénité

La mission du week-end était bien plus abordable du côté de Boca. Le second accueillait dans l’enfer de la Bombonera, la pire équipe de la saison 2019-2020, Godoy Cruz. Sur le papier, c’était déjà déséquilibré. Mais c’était sans évoquer la dynamique actuelle des deux équipes. Avant de battre Huracán le week-end dernier, les Mendocinos avaient perdu cinq de leurs six derniers matchs. Mais surtout, Boca est dans une de ses plus belles formes sur les cinq dernières années, et déploie un jeu plus que séduisant, au-delà de gagner. Dans les travées, les Bosteros chantent le classique : « Para ser campeón, hoy hay que ganar ». On n’aurait pas mieux résumé. La veille du match de River, Boca n’a pas le choix : il doit gagner pour recoller virtuellement et espérer le faux-pas de l’ennemi. Une contre-performance xeneize rendrait l’écart presque irrattrapable. Pour maintenir la flamme de l’espoir, Miguel Ángel Russo aligne son onze habituel (à l’exception de Junior Alonso à la place de Lisandro López) et habitué à performer. Le Xeneize s’apprêtait à rouler sur son adversaire du jour et il allait utiliser les mêmes ingrédients qu’à son habitude. Et c’est Sebastián Villa qui tentait le premier de s’en charger. Survolté sur son aile gauche, il donnait du fil à retordre à toute la défense de Godoy Cruz. Entre autres, un de ses déboulés, ponctué d’un petit pont, se terminait sur une frappe peu dangereuse, bien captée par Rodrigo Rey. Signe qu’il était dans un grand jour, à la retombée d’un dégagement d’Andrada, le Colombien a régalé l’arène d’un contrôle en extension flirtant avec la ligne de touche qui a abouti à une occasion pour Boca. Contrairement à ce qu’on aurait pensé, c’est le jusque-là discret Carlitos Tévez qui trouvait la faille. Ce n’était alors qu’une question de minutes. À vingt mètres, sa frappe puissante était mal négociée par Rey et atterrissait dans les filets jaunes. Peu avant la mi-temps, Salvio aurait pu donner un avantage plus confortable à son équipe s’il avait su mieux conclure un contre rapide rondement mené par Franco Soldano. La seconde période donnait lieu à la première incursion de Godoy Cruz dans la surface boquense. Parti dans la profondeur, Merentiel dribblait tant bien que mal Andrada mais ne pouvait redresser le ballon vers le cadre. Mieux rentré dans ce second acte, la Tomba allait définitivement enterrer ses chances. Après une vilaine semelle sur la cheville de Tévez, l’arbitre montrait le rouge à Marcelo Herrera et lui indiquait le chemin des vestiaires. À onze contre dix, il n’en fallait pas plus à Boca pour dérouler pendant les vingt minutes restantes. Très actif dans cette fin de match, Toto Salvio allait doublement briller. D’abord, d’un vif enchainement crochet-zurdazo, il envoyait le cuir au fond avec force. Ensuite, en terminant parfaitement un cafouillage dans la défense paniquée de Godoy Cruz d’une frappe déviée, imparable pour Rey. La messe était dite. Boca a fait le boulot, avec sérieux et panache. La formation de Mendoza n’a jamais existé dans ce duel où elle n’avait pas les armes suffisantes pour rivaliser. Avec un calendrier bien plus abordable (Colón puis Gimnasia), Boca sera très certainement candidat à la victoire finale jusqu’à la dernière journée. Le titre sera difficile à atteindre au vu de la forme de River, mais l’important n’est pas là. Le jeu que Russo a installé à Boca porte déjà ses fruits et portera surement le club pour les prochaines saisons. Les hinchas xeneizes s’en réjouissent déjà.

Maradona et son Gimnasia plombent Independiente

Match entre deux clubs en crise au programme de cette vingt-et-unième journée de Superliga. D’un côté, Gimnasia arrive à Avellaneda toujours cloué à la dernière place des promedios. Malgré l’arrivée de Diego Armando Maradona sur son banc, le Lobo parait parti pour retrouver la seconde division. On peut tout de même noter une amélioration du rendement de la formation platense depuis quelques petits mois : elle ne perd plus autant qu’auparavant et a montré des progrès dans le jeu. De l’autre côté, rien ne va plus pour Independiente. Résultats indignes du prestige du Rey de Copas, défaite humiliante dans le clásico face au Racing… La direction comme Lucas Pusineri sont montrés du doigt par la hinchada du Rojo. D’autant que le problème ne date pas d’aujourd’hui, avec les mauvais de directeurs techniques comme Ariel Holan ou Sebastián Beccacece. C’est sous les sifflets du Libertadores de América que les deux équipes entrent sur le terrain. Probablement moins affectés par la situation - ou plus habitués -, ce sont les joueurs du Gimnasia qui prenaient le match par le bon bout. Victor Ayala tentait le premier sa chance de loin, comme à son habitude, et trouvait Campaña sur sa route. Le bon pressing mis en place par Maradona portait ses fruits : son équipe récupérait des ballons hauts, ce qui lui permettait de se créer des occasions comme ce lob astucieux aux dix-huit mètres de Matías Pérez qui aurait pu faire mouche. Cette pression obligeait Independiente à déjouer et sauter son milieu en allongeant. Peu en réussite, Pérez manquait une nouvelle opportunité d’une tête aux six mètres trop décroisée qui aurait dû récompenser les efforts du Lobo. Sur son trône rouge, Diego ne pouvait pas en croire ses yeux. Pusineri, lui, pouvait se prendre le visage dans les mains : son Rojo ne s’en sortait pas, et se faisait dicter le jeu par la lanterne rouge. Il fallait attendre le retour des vestiaires pour enfin voir les locaux se montrer dangereux. Cecilio Domínguez se signalait enfin en adressant un centre en cloche vers Roa dont la tête était trop molle pour inquiéter Jorge Broun. Devant ce spectacle médiocre, les spectateurs s’impatientaient, pour ne pas dire plus. A l’heure de jeu, Cecilio sortait sous les sifflets nourris et insultes fleuries de ses propres hinchas. Le seul qui trouvait grâce aux yeux du Libertadores n’était autre que… Diego Maradona, comme toujours. A l’approche des vingt dernières minutes, ce dernier lançait trois joueurs offensifs pour forcer la décision : Franco Mussis, Sebastián Cocimano et Eric Ramírez. Après un second acte très calme, on pensait alors se diriger vers un score nul et vierge. Mais il ne fallait pas quitter le stade en avance car tout s’accélérait à partir du temps additionnel. Sur un long dégagement anodin de Broun, Martin Campaña sortait à l’abordage de sa surface sans que la nécessité de cette décision soit évidente : percutant son défenseur mais pas le ballon, le portier offrait un ballon en or au pibe Cocimano, mais celui-ci ne trouvait pas le cadre vide sur son lob. Avec des ressources insoupçonnées, le Lobo finissait par finalement punir Independiente à la 93e minute. Le contre mené par Matías Pérez terminait dans les pieds de l’entrant Ramírez : sa frappe déviée passait au-dessus de Campaña et délivrait la formation platense. Comme un seul homme, le banc de Gimnasia explosait. Les joueurs se tombaient dans les bras les uns des autres, allongés sur la pelouse, exténués mais soulagés. Cette action scellait la belle victoire du Lobo à Avellaneda. Un score logique tant la prestation d’Independiente fut triste. Ses joueurs quittaient le terrain sous une bronca mémorable, tandis que Hugo Moyano et la direction du club se faisaient petits face aux chants des hinchas. Bloqué dans le ventre mou du championnat, Independiente enchaine les résultats décevants et se trouve dans une spirale négative dont personne ne connait la sortie. Un des derniers à quitter la pelouse, Diego pouvait parader. Son équipe venait de jouer une grande partition, et ils réalisaient une belle opération au classement. Ce match peut nourrir des espoirs chez le Lobo, encore décroché, et chez ses aficionados. La bataille pour la survie sera dure jusqu’au bout mais s’il arrive à répéter ce type de performances, Gimnasia pourrait bien réaliser un authentique exploit.

La démonstration de Vélez

La victoire de Gimnasia mettait la pression sur le club qui se bat avec le Lobo pour ne pas descendre : Patronato. Sur le terrain de la meilleure équipe du championnat à domicile, Argentinos, dire que la mission du Patrón s’annonçait compliquée était un euphémisme. Et pourtant, le club de Paraná est reparti avec un bon point du stade Diego Maradona (1-1). Largué à neuf points de River, le club de la Paternal a dit adieu au titre, mais va devoir consolider sa qualification pour la Libertadores. Et derrière, la lutte est féroce. Un point plus bas, Lanús est allé faire match nul contre l’Atlético Tucumán (2-2). Les Granates occupent la dernière place qualificative pour la plus prestigieuse des coupes latino-américaines. À égalité de points, le Racing a sorti un gros match pour battre le Ciclón à Boedo (0-1). L’Acade aura du mal à se hisser en Libertadores avec un calendrier compliqué, dont un match contre Newell’s. Le club rouge et noir de Rosario est en très grande forme dans cette fin de championnat : septième match sans défaite avec le carton à domicile contre Colón (4-0), et une sixième place méritée. La place suivante est occupée par Vélez. Toujours aussi irréguliers, les pibes de Heinze ont livré une prestation majuscule sur une cancha où il est difficile d’aller gagner, celle d’Arsenal Sarandí. Victoire quatre à zéro qui rapproche le Fortín de la Sudamericana et en éloigne l’Arse. Mais le club de Liniers va devoir se méfier de son premier poursuivant : Defensa y Justicia, qui avait mal démarré, revient à toute vitesse vers le haut du classement. N’ayant plus perdu depuis octobre, el Halcón a confirmé son invincibilité en giflant Rosario Central, un concurrent direct dans la course à la Sudamericana (3-0). Cette dernière va peut-être échapper à Talleres malgré les deux victoires consécutives du club cordobés. La dernière en date contre Huracán s’est faite avec la manière et quatre buts inscrits pour deux encaissés. L’autre club qui porte le nom de Córdoba ne peut pas en dire autant : le pauvre rythme du Central au plan comptable le pousse dangereusement vers la zone rouge des promedios. Avec une légère avance sur Colón, le club de Santiago del Estero est le dernier non-relégable depuis qu’Aldosivi a repris du poil de la bête. En gagnant un deuxième match consécutif contre un adversaire direct, Banfield, le Tiburón se donne un peu d’air après un long passage dans la zone rouge.

Les buts

Résultats

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Classement

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Andoni Ospital
Andoni Ospital
Sur la voie du bonheur, tous les chemins mènent à El Calafate.