Les derniers jours ont réservé leur lot de surprises dans le fútbol argentin. Le week-end dernier, River aurait pu être sacré champion dès ce weekend, mais Defensa y Justicia et Boca en ont décidé autrement. Les Xeneizes maintiennent leur rythme de croisière et fondent sur le rival millonario. Quelques longueurs plus loin, cinq clubs de disputeront deux places qualificatives pour la Libertadores. Avec le changement des règles de descente et leurs victoires respectives, Patronato et Gimnasia se reprennent à rêver.

bankkbb

L’affiche du week-end : Defensa y Justicia met fin à la série de River

Dernier match de la saison de Superliga au Monumental. Cette soirée aurait pu être une grande fête pour River Plate qui avait l’occasion de devenir champion sur ses terres. Mais c’était sans compter sur la victoire de Boca plus tôt. Pour conserver son avance sur le rival boquense, River devait gagner son match. Une formalité me direz-vous, au vu de l’impressionnante série de victoires qui caractérise le Millonario en 2020. Seulement, l’adversaire du jour n’était pas n’importe qui : Defensa y Justicia. Déjà vainqueur à Nuñez l’an passé, el Halcón faisait figure de parfait épouvantail. Neuvième au coup d’envoi, l’équipe était en grande forme en cette fin de saison. Invaincus depuis huit matchs, les joueurs de Florencio Varela n’avaient pas de quoi être impressionnés dans la plus grande arène d’Argentine. Leur entraineur, Hernán Crespo opérait son grand retour au Monumental : il refoulait cette pelouse pour la première fois, vingt-quatre ans après l’avoir quittée, une Copa Libertadores dans les mains. Pour sa belle carrière sous le maillot blanc bandé de rouge, Valdanito recevait une longue ovation des hinchas millonarios et une plaque d’hommage des mains du président D’Onofrio. Après le temps des retrouvailles, venait celui du combat et des visages crispés. Dans cette ambiance survoltée, River démarrait fort. Le puntero aurait dû obtenir un penalty après à peine quinze secondes pour une main de Mainero. Sauvé par l’arbitre, Defensa y Justicia jouait crânement sa chance : des relances courtes et une progression rapide grâce à un jeu au sol maitrisé, entre autres. Ce qui avait le don d’énerver Marcelo Gallardo, en permanence debout devant son banc. Alors que Nacho avait l’opportunité d’ouvrir le score, c’est bien l’Halcón qui allait la saisir en premier. Bien seul sur son aile droite, Francisco Pizzini avait le temps de servir Juan Martín Lucero d’un centre tendu. En taclant devant Franco Armani, l’attaquant inscrivait le premier but, bien aidé par la barre transversale. À cet instant, River était virtuellement repris par Boca. Dans le jeu, Defensa y Justicia était dans son jardin, éclipsant les locaux. Sans ballon, le milieu jaune et vert coupait les circuits de passe préférentiels de River à coup de prises individuelles sur les maitres à jouer adverses, Enzo Pérez et Nacho Fernández. Une fois le ballon récupéré, ce même milieu, d’une habileté technique étonnante, avait systématiquement un temps d’avance sur ses homologues locaux. À la demi-heure, on assistait à un tournant dans cette partie. Pizzini croisait trop sa tentative et manquait le break, mais surtout, l’arbitre décidait de ne pas exclure Enzo Pérez après un méchant tacle par derrière sur Lucero plus tôt dans l'action. À la mi-temps, les hinchas continuaient à chanter alors que le Muñeco bouillonnait. Son River était méconnaissable comme rarement. Pour relancer ses joueurs, il faisait rentrer Juanfer Quintero dès la pause à la place de Javier Pinola. Avec la dynamite colombienne dans l’entrejeu, River affichait un tout autre visage. Bien plus en vue, Montiel sonnait la première alerte sur le but de Defensa sur un bel exploit individuel. À l’heure de jeu, la bonne passe en une de Nacho pour De la Cruz dans la surface créait le décalage. Elle obligeait Adonis Prías, en retard, à intervenir sur le pied de l’Uruguayen, manquant le ballon. Ce même ballon qu’envoyait Juanfer en lucarne sans trembler pour revenir au score.  Gallardo et son hinchada explosaient de joie. Ses joueurs venaient de laisser passer l’orage, au tour de Defensa de subir les assauts adverses. Pour ne pas craquer, les hommes de Crespo s’en remettaient à Ezequiel Unsain, dont les mains fermes empêchaient Lucas Pratto puis De la Cruz de prendre l’avantage. La partie se terminait sur ce score nul mais logique tant les deux équipes ont chacune eu leur mi-temps. D’abord, el Halcón a été brillant offensivement comme défensivement, donnant la leçon. Jamais cette saison, River n’a été autant dominé dans tous les aspects du jeu. Pourtant, Hernán Crespo et sa bande ne peuvent se satisfaire de ce résultat puisque seule une victoire aurait pu les installer confortablement dans la course à la Sudamericana. Après six triomphes d’affilée, la fin de série tombe au plus mauvais moment pour River. Après avoir fait le dos rond pendant une petite heure, l’équipe a montré une belle réaction et aurait même pu l’emporter. Le but de Quintero permet à la bande au Muñeco de garder son destin entre ses mains. Tout se jouera le week-end prochain à Tucumán : le Millonario est contraint de gagner chez un pâle Atlético Tucumán pour être certain d’être sacré à l’issue d’une saison qui restera, dans tous les cas, magnifique.

Soutenez notre indépendance, rendez-vous sur la page Lucarne Opposée - KissKissBankBank 

Boca bute puis déroule

Plus tôt dans la journée, Boca se déplaçait à Santa Fe, pour y affronter le club le moins en forme de la ville. Forcément, il y avait sur les épaules des joueurs de Russo une forte pression : au moindre faux-pas, les espoirs de titre pouvaient s’envoler. Heureusement, l’opposition du jour était largement à portée. À la 22e position, Colón lutte pour survivre dans ce championnat, pris en chasse par Patronato et Gimnasia. Face à un Boca en feu depuis quelques semaines, le Sabalero espérait résister pour au moins se maintenir devant ses deux poursuivants. Arrivés en voitures personnelles après la défection de leur bus collectif, les joueurs de Colón ne semblaient pas décontenancés pour autant. Laissant la possession aux coéquipiers du capitaine Tévez, ils posaient des problèmes considérables à Boca en suivant les plans de Diego Osella. Colón obligeait les centraux boquenses à trouver seulement leurs latéraux qui subissaient une forte pression des ailiers sabaleros, ce qui a occasionné de nombreuses pertes de balles coté Xeneize. Par ailleurs, Boca paraissait manquer de jambes dans cette première mi-temps, et étaient trop lents et imprécis pour pouvoir faire des différences. Les locaux se procuraient la première occasion : au bout d’un déboulé ponctué d’un caño sur Buffarini, Fernando Zuqui adressait un centre vers Morelo qui, trop court, ne pouvait cadrer sa tête. La plus grosse opportunité revenait à Sebastián Villa qui touchait le poteau d’une frappe eux vingt mètres. Week-end après week-end, match après match, le Colombien progresse et complète sa palette. Mais cela n’enlevait rien au fait que Boca réalisait à la mi-temps, un mauvais match et une mauvaise opération. Bien secoués par Miguel Ángel Russo à la pause, les Xeneizes revenaient avec bien plus d'envie sur la cancha. En dix minutes, tous les efforts et les espoirs de Colón allaient être ruinés. La 55e minute était le moment choisi par Pol Fernández pour inscrire son premier but sous ses nouvelles couleurs. L’enchainement poitrine-frappe de l’ancien du Racing ne laissait aucune chance à Leonardo Burián. Avec ce premier but, Boca venait d’ouvrir une brèche et n’allait pas la laisser se refermer. Profitant de plus grands espaces, Villa repartait à pleine vitesse pour un nouveau raid dans la défense adverse. Après avoir parcouru la moitié du terrain, il offrait sur un plateau le second but à Toto Salvio qui s’en allait célébrer façon Dragon Ball Z, son quatrième but en trois matchs. Le Sabalero et Osella avaient perdu leur pari et ils savaient que la fin de match serait vraiment longue. Quelques minutes plus tard, se servant du jeu en pivot de Wanchope tout juste entré, Carlitos Tévez venait conclure un beau contre de Boca et punir Colón. Auteur d’une entrée remarquée, Wanchope y allait aussi de son but… et quel but ! Sur un centre de Frank Fabra, il déclenchait un ciseau acrobatique qui envoyait le cuir dans le petit filet opposé. Avec ce genre de prestations, on peut deviner que Russo va devoir réfléchir plus longuement avant de titulariser Franco Soldano la prochaine fois. Les week-ends passent et se ressemblent du côté du Xeneize : énième victoire fleuve depuis l’arrivée du technicien Russo sur son banc. La partie a été plus compliquée pendant une mi-temps, la faute à un Colón discipliné, mais Boca a pu compter sur ses individualités avares d’espaces pour débloquer une situation mal embarquée. En l’espace d’une grosse demi-heure, le Sabalero s’est vu infliger une fessée devant son public. On voit que la pression mise en continue sur River porte ses fruits : Boca n'est plus qu’à un point. Pourtant, rien n'est fait et le club boquense n'a toujours pas son destin entre ses mains. La clôture du championnat rendra son verdict la semaine prochaine, et Boca peut y croire. Pour Colón en revanche, le ciel s’assombrit. Le bilan du soir est relativement mitigé : c’est le huitième match sans victoire et il voit Patronato revenir à son niveau. Mais le contenu du jeu déployé donne des signes encourageants : pas tout le monde peut se targuer d’avoir tenu tête à ce Boca-là. C’est dur pour les Santafesinos qui vivent un cauchemar à peine quelques mois après avoir disputé une finale de Sudamericana.

Vélez éteint Argentinos

Parmi les promesses de cette vingt-deuxième journée, on trouvait un alléchant choc dans le haut du tableau : Vélez recevait Argentinos. Pour les deux clubs, le même objectif en ligne de mire : la qualification en Libertadores. En pole position toute la saison, le Bicho avait déjà dû revoir ses ambitions à la baisse après une deuxième partie de saison moyenne. La raison ? Un grand nombre de matchs nuls et des difficultés à s’exporter hors de la Paternal. Ce soir-là à Liniers, Argentinos voulait prouver qu’il était capable d’être performant (pas si) loin de ses terres, qui plus est face à un concurrent direct. En face, le diagnostic est tout autre pour la bande à Heinze. Septième, son équipe pleine de jeunesse et de talent est freinée par une irrégularité incroyable. Capables du meilleur (victoire au Monumental) comme du pire (défaite contre Banfield), les pibes laissent trop de points passer, et un gout amer à leurs hinchas. Mais ce match était l’occasion de démontrer toit ce potentiel et en profiter pour remonter au niveau comptable du Bicho. En présence du président Alberto Fernández, hincha d’Argentinos, on assistait à un spectacle surtout fait de coups de pieds arrêtés : Brian Cufré répondait au Tanque Silva, sans que l’un ou l’autre ne trouve le chemin des filets. Un peu avant la pause, la partie allait pencher dans le sens des locaux. Sur une belle action sur le côté droit lancée par Guidara, Ricardo Centurión débordait et transformait en passe décisive son centre en retrait pour Maxi Romero. Malgré ce coup derrière la tête, Argentinos tentait de réagir promptement : il se procurait une opportunité par el Demonio Hauche dont la tentative était détournée par Lucas Chávez. L’avantage du Fortín à la pause ne faisait pas perdre son sourire à Alberto Fernández. Pourtant son équipe favorite devait montrer bien plus pour l’emporter face à un adversaire de plus en plus en forme au fil des minutes. Et ce, à l'image de Ricky Centurión : après avoir eu du mal à trouver ses marques en début de match, l’ex de Boca repartait pour un rush en solitaire depuis le rond central. Après avoir effacé trois adversaires, son numéro d’équilibriste se terminait par un face-à-face perdu contre Chávez, sorti à sa rencontre. Dans tous les bons coups, l’enfant terrible du foot argentin perdait encore un duel contre le portier, auteur d’une envolée sur sa frappe lointaine. À un quart d’heure de la fin, Centurión encore et toujours créait le décalage : sa passe parfaitement ajustée pour Thiago Almada permettait au pibe de faire le break, et d’offrir le doublé de passe décisive au virevoltant numéro 7. Amorphe, Argentinos attendait le temps additionnel pour se montrer dangereux à nouveau. Aux dix-huit mètres, Miguel Angel Torrén déposait son coup-franc sur le haut de la barre de Hoyos, qui n’avait pas bougé. A quelques secondes du coup de sifflet final, l’intarissable Centurión clôturait son festival d’une passe tranchante que ne réussissait à convertir Robertone. Porté par un immense Ricky Centurión, Vélez remporte aisément ce choc dans lequel le Bicho n’a jamais pu exister. Auteur d’un grand match, le Fortín aurait pu aggraver le score. Très irrégulier, il a cette montré son meilleur visage. Grâce à cette victoire, il s’installe sur la dernière marche du podium au meilleur moment et part favori pour la qualification en Libertadores à une journée du terme. Encore une fois, le Bicho n’a pas convaincu face à un gros. C’est certainement ce qui aura manqué à l’équipe de Dabove pour toucher les sommets. Personne ne l’aurait cru il y a quelques semaines mais Argentinos ne verra probablement la scène internationale dans un futur proche.

Cinq prétendants deux billets direction Libertadores

Derrière ce trio de tête, les candidats se bousculent pour décrocher l’ultime place qualificative pour la Libertadores. Opposé à la pugnace équipe d’Estudiantes, Lanús s’est cassé les dents. Un nouveau résultat nul à domicile (1-1) pour les Granates qui les enchaînent. C’est le quatrième d’affilée pour eux qui continuent à patiner et laissent passer Vélez devant. Cette vingt-deuxième journée était le théâtre d’un choc entre prétendants à la Libertadores : Racing accueillait Newell’s. Respectivement cinquième et sixième, les deux équipes se partagent les points et manquent une occasion de se rapprocher de la plus belle des compétitions. C’est Rosario Central qui en profite. La victoire solide face aux valeureux d’Arsenal Sarandí (3-1), constitue une des belles opérations de la journée : les Rosarinos se glissent entre Racing et Newell’s, et devront sortir le grand jeu en déplacement chez Argentinos lors de la dernière journée pour se hisser dans le quatuor de tête. Avec 36 points chacune, ce sont donc cinq équipes qui se battront pour deux places qualificatives de Liberatdores. La prochaine et dernière journée s’annonce pleine de promesses.

Derrière, San Lorenzo est allé gagner à Aldosivi qui restait sur deux victoires de rang (1-3). Ainsi, le Ciclón fait re-plonger le Tiburón qui est premier non-relégable, et surtout se prend à rêver de la Sudamericana. Le club de Boedo recevra chez lui Lanús et devra réaliser un exploit pour y accéder. Du côté d’Avellaneda, Independiente continue de s’enfoncer dans la crise en allant perdre à Huracán, une des trois pires équipes sur la saison en cours (0-1). Le Rojo termine péniblement sa longue saison, en ayant perdu quasiment un match sur deux, et se retrouve presque avec le même nombre de points que le Gimnasia. Le Lobo, justement, est dans une dynamique positive : il enchaîne un second succès consécutif en profitant de la faiblesse actuelle de l’Atlético Tucumán. Grâce à ces deux derniers matchs et l’annonce de la AFA du retour de la Promoción, la bande à Maradona croit plus que jamais en ses rêves de maintien. Dans le ventre mou depuis des semaines, les tucumanos auront un rôle important à jouer malgré eux : leur résultat contre River décidera certainement du champion de Superliga. Plus mauvaise équipe de la saison actuelle, Godoy Cruz a tenu son rang en s’inclinant à domicile face à Unión (1-3) : le club de Mendoza a perdu 17 des 22 matchs qu’elle a disputés depuis l’été dernier. À peine plus bas dans le classement, le duel de mal classés entre Banfield et Central Córdoba a accouché d’un nul (1-1). Ce partage des points ne fait pas de malheureux, et les deux équipes restent favorites dans la course au maintien avec une légère avance sur leurs concurrents directs aux promedios. Enfin, Patronato confirme sa bonne forme, et ce au meilleur des moments. El Patrón s’impose avec les honneurs et surprise contre Talleres, pourtant un bien classé ayant la Sudamericana dans le viseur. Cette défaite enterre quasiment tout espoir pour les Cordobeses mais donne de l’espoir à leurs adversaires de Paraná : le club recolle à Colón et pourrait lui aussi profiter du changement des règles par la fédération argentine.

Les buts

Résultats

argj22r

Classement

 argj2c

Andoni Ospital
Andoni Ospital
Sur la voie du bonheur, tous les chemins mènent à El Calafate.