Une fin anticipée des tournois, des clubs déjà qualifiés pour les compétitions continentales et des relégations gelées (à croire que Dieu est un loup argentin). Retour sur les récentes déclarations de Claudio Tapia, président de l’AFA.

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Avec un football englué dans une quarantaine bien respectée à travers tout le pays, l’Argentine ne fait pas exception à cette nouvelle règle internationale qui fait passer, logiquement, le sport au second plan, bien après cette crise sanitaire. Face à cette pandémie de coronavirus et certainement inspiré par la bonne anticipation de celle-ci (pour l’instant) d’Alberto Fernández, nouveau président d’Argentine, Claudio Tapia (Chiqui pour les intimes) a officialisé, ce lundi 27 avril 2020, des décisions qui couvaient suite aux dernières réunions à distance organisées par les dirigeants du football argentin.

« Vamos a dar los torneos por finalizados »

Faute d’une éclaircie à court et moyen terme, Chiqui Tapia a donc décidé de mettre un terme aux tournois en cours, « vamos a dar los torneos por finalizados ». Comme dans tout championnat, prendre une telle décision a des conséquences (la Ligue 1 est bien placée pour le savoir). Ainsi, bien qu’une journée a été jouée, aucun titre de champion de Copa de la Superliga ne sera décerné cette année. Si en soit, personne ne pleurera la mort de cette Coupe de la Ligue revisitée, sa disparition provoque un changement majeur dans un règlement bien assez obscur. Car les résultats de cette Copa devaient avoir un impact direct sur le classement de la Superliga, bien que celui-ci soit clos depuis le 10 mars et le couronnement de Boca Juniors. En effet, les points glanés en Copa permettaient de monter (ou de descendre) dans le classement et d’obtenir une place qualificative pour une coupe continentale et devait nous offrir une lutte acharnée pour le maintien (un système sûrement mis au point par les plus grands génies du pays). Avec cette Copa de la Superliga annulée, seule le classement du championnat ne peut être pris en compte. Sauf qu’avec une journée de Copa partiellement jouée, certaines équipes ont perdu gros tandis que d’autres peuvent remercier leur bonne étoile.

Libertadores et Sudamericana

L’arrêt total de la Copa de la Superliga provoque son lot de joie et de peine. Car si la compétition n’aura pas de conclusion, la première journée est tout de même prise en compte et ce, alors que quatre équipes ne l’ont pas disputée : River refusant d’ouvrir son stade pour accueillir l’Atlético Tucumán, le match Defensa y JusticiaEstudiantes ayant alors été reporté pour des contraintes calendaires d’el Halcón. Et au rayon des grands perdants on retrouve Vélez Sarsfield. Déjà orphelin de Gabriel Heinze qui a quitté Liniers dès la fin du championnat (direction Newell’s ?), le Fortín voit la Libertadores lui filer sous le nez. Après une belle saison et alors qu’ils étaient troisième au classement du championnat (grâce à une meilleure différence de buts que Racing et Argentinos Juniors), les joueurs de Vélez vont désormais devoir se contenter de la Copa Sudamericana à cause d’une défaite face à Independiente (0-1) pour la premier match de Copa de la Superliga, tandis que dans le même temps Racing et Argentinos se sont imposés respectivement à Mar del Plata contre Aldosivi (4-3, alors que la Academia était menée 3-1) et à Lanús. Les quatre représentants argentins pour la Copa Libertadores 2021 seront donc : Boca Juniors, champion de la Superliga, River Plate, son dauphin ainsi que Racing et Argentinos qui sont donc respectivement troisième et quatrième.

Les deux derniers tickets offerts aux vainqueurs de la Copa de la Superliga et de la Copa Argentina restent ouverts. Ils seront attribués à la reprise des compétitions lorsque le Ministère de la Santé donnera son feu vert ou pourraient finalement échoir à Vélez et San Lorenzo, actuels cinquième et sixième du championnat si les deux compétitions venaient à être tout simplement annulées.

Parmis les qualifiés en Copa Sudamericana on retrouve donc Vélez mais aussi, logiquement Defensa y Justicia, Lanús, San Lorenzo et Newell’s en raison de leur classement dans le Top 10. Reste une place à attribuer. Elle aurait dû revenir à Rosario Central a finalement été offerte à Talleres, pourtant douzième du général. La T a profité d’une victoire 0 - 3 contre Huracán en Copa pour doubler des Canallas défaits à domicile 1 - 3 contre Colón. Les Córdobes joueront la prochaine Sudamericana, ils reviennent de loin mais pas autant que les condamnés à la relégation. Là encore, si Copa de la Superliga et Copa Argentina ne se disputent pas, Central pourrait récupérer sa place, accompagné alors d’Arsenal, son poursuivant direct au classement.

Le maintien de Dieu

Avec la saison qui s’achève prématurément arrive une décision majeure pour les équipes à la lutte pour le maintien. Parmi Colón, Patronato, Aldosivi, Central Córdoba et surtout Gimnasia, le plus mal classé et entraîné par Maradona, un seul pouvait se sauver. Ils s’étaient donnés rendez-vous en Copa de la Superliga pour nous offrir une fin de saison pleine de promesse avec l’unique objectif de ne pas finir en enfer. Ils sont tous finalement sauvés par Chiqui Tapia qui a annoncé l’absence de relégation. L’histoire du foot argentin retiendra ainsi que D10S, héros de La Plata a sauvé Gimnasia au moins pour les trois prochaines années.

Les trente peu glorieuses

Avec des clubs à l’économie précaire, plombés par une gestion chaotique et une crise financière dans tout le pays, vient s’ajouter le coronavirus. Afin de laisser le temps aux clubs de se remettre à flot (les clubs ont tous un rôle social important dans les villes ou les quartiers qu’ils représentent, il est impensable de les laisser couler), le Président de l’AFA a décidé qu’il n’y aurait pas de descente à l’issue des deux prochaines saison (ce qui fait trois saison avec celle qui vient d’être finalisée) tout en maintenant les promotions. Conséquence, le nombre de clubs ne cessera d’augmenter chaque année pour atteindre le nombre de trente clubs en 2023. Et ainsi revenir à l’état dans lequel Julio Grondona l’a laissé, alors que l’objectif des dirigeants était depuis de revenir à vingt clubs. Pour maintenir l’exigence de la compétition, les promedios ne sont cependant pas annulés, ils pourraient être juges de paix lorsque la relégation sera de retour.

L’ensemble de ces décisions qui ne fait évidemment pas l’unanimité, certains criant à l’injustice, mais comment faire pour ne léser personne? Chaque option faisant grincer quelques dents il est difficile de trouver la solution magique. Reste aussi de nombreuses questions qui ne sont pas encore réglées et notamment la question du retour du football. Septembre et évoqué, il se murmure même qu’il n’y aura aucun match avec public sur le sol argentin en 2020. Chaque club va devoir désormais gérer au cas par cas les contrats de ses joueurs (212 joueurs de Superliga sont sous contrat jusqu’au 30 juin 2020). Reste également à attendre de voir comment la CONMEBOL va gérer les éditions 2020 des Libertadores et Sudamericana.

Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca