Pendant que six équipes sont préoccupées par les quarts de finale de coupes continentales, quatre autres en profitent pour prendre les commandes de leur groupe. Retour sur la première journée d’un tournoi pas comme les autres.

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Chiqui Tapia et surtout Marcelo Tinelli, respectivement président de la fédération argentine et président de la Liga Profesional, nous offrent une belle invention : deux tournois pour le prix d’un pour conclure une année 2020 historique. Les deux génies argentins, qui préfèrent l’urgence à l'anticipation, ont ainsi organisé un tournoi en deux temps. Une première phase de groupes qui avait pour seul rôle d’écrémer les vingt-quatre candidats au titre, puis une seconde qui voit les acteurs répartis en deux zones de deux groupes chacune. Une zone Campeón pour les meilleurs et une zone Complementación pour les moins bons. À ce petit jeu nébuleux, certains préfèrent légitimement se consacrer à la Libertadores (River Plate, Boca Juniors, Racing) ou à la Sudamericana (Vélez, Defensa y Justicia, Independiente, Lanús) alors que se termine les quarts de finale. À cela s’ajoutent, Argentinos, San Lorenzo, Newell’s, Talleres, Rosario Central (qui profite du report de la Copa Argentina) tous déjà qualifiés pour les éditions 2021 des deux compétitions continentales. Enfin, avec des équipes à l’agonie sportivement (financièrement elles le sont toutes) comme Estudiantes, Aldosivi ou Patronato, il ne reste plus grand monde pour donner de la valeur à cette Copa Diego Maradona.

Prendre les commandes de la Zona Campeón

Épargné par les joutes continentales, le groupe B de la Zona Compeón est sans conteste le plus intéressant actuellement. Première journée et première grosse surprise avec Banfield qui s’impose dans le Nord du pays sur la pelouse de l’Atlético Tucumán. Trente minutes, c’est le temps nécessaire au Taladro de Sanguinetti pour faire tomber le Decano qui avait jusqu’alors remporté ces six rencontres du tournoi. Un coup de tête de Giuliano Galoppo suivi du but (sans doute hors-jeu) d’Agustín Fontana, bien servi par Martín Payero qui s’offre une seconde passe décisive dans cette rencontre. Une mi-temps à sens unique avec un score qui aurait pu doubler si les frappes de Fabian Bordagaray et Juan Álvarez avaient trouvé meilleur sort. Au retour des vestiaires, Payero est exclu. Éblouissant sur le terrain depuis quelques semaines, le milieu de vingt-deux ans, est coupable d’un mauvais geste sur Guillermo Ortíz (auteur d’une belle faute d’antijeu privant Banfield d’une contre-attaque). Avec une mi-temps à jouer en supériorité numérique, les joueurs du Ricardo Zielinski tentent d’inverser le cours d’une rencontre qui leur échappe. Mais ni les efforts de Leonardo Heredia, ni ceux de Javier Toledo, ne seront récompensés. Pire, Marcelo Ortiz, récolte à son tour un carton rouge pour un tacle par derrière sur la cheville du colombien Mauricio Cuero qui touche la transversale sur un joli coup-franc en fin de rencontre.

Autre équipe du groupe à bien voyager, le Gimnasia du duo Martini - Messera. Une victoire 2-0 au Cementerio de los Elefantes de Santa Fe. Face un Colón en forme, le Lobo avait pourtant mal débuté en perdant son défenseur central Maxi Coronel. Une occasion de chaque côté quand, à la demi-heure, Marcelo Weigandt profite d’une faute de main du portier uruguayen Leonardo Burián sur le coup franc puissant comme toujours de Victor Ayala. Les Sabaleros réagissent sans tarder. D’abord avec une reprise de Rodrigo Aliendro qui flirte avec le poteau d’un Jorge Broun à la mèche décolorée (hommage à Maradona évidemment) puis par une tête non cadrée de Rafael Delgado au deuxième poteau. C’est avec un avantage d’un but que le Lobo rentre au vestiaire. Dès la reprise, Matías Melluso expédie un long ballon vers Nicolás Contin. El Tanque profite de la mauvaise lecture du capitaine et défenseur central Bruno Bianchi pour lui subtiliser le cuir et éliminer Burián avant de conclure dans le but vide. Avec une avance confortable, les Triperos peuvent se contenter de gérer les attaques trop imprécises des Sabaleros et rentrer La Plata avec trois points précieux et une première place dans le groupe. Dernière rencontre du groupe B et nouvelle victoire à l’extérieur (merci les matchs à huis-clos) avec un géant dans le rôle de la victime. Le San Lorenzo de Mariano Soso affichait des progrès, mais face au Talleres d’Alexander Medina, le Ciclón a montré ses limites. Une victoire 2-0 des córdobes qui ont profité des erreurs des locaux pour s’imposer. Un but contre son camp de Salazar en première période et un coup franc millimétré de Tomás Pochettino. Le maître à jouer de la T (qui pourrait rejoindre River Plate au prochain mercato), surprend la défense de San Lorenzo et permet à Diego Valoyes d’inscrire le but du KO. Trois victoires, toutes à l'extérieur et sur le même score. Banfield, Gimnasia et Talleres se partagent logiquement la première place d’un groupe qui s’annonce indécis.

Dans le groupe A, seul Huracán s’est imposé. Une victoire 3-2 face à l’équipe A’ d’Independiente. Tout avait pourtant bien commencé pour le Rojo. Deux buts en moins de dix minutes, le premier contre son camp d’Ezequiel Navarro, défenseur du Globo, suite à l’excellent travail d’Andrés Roa avant de voir Nicolás Messiniti, grâce au travail de Domingo Blanco, doubler la marque. Mais ça, c’était avant de voir le jeune latéral Thomas Ortega recevoir deux cartons jaunes logiques en quatre minutes (treize et dix-septième minutes). À onze contre dix, Huracán parvient à réduire l’écart juste avant la mi-temps. Sous la pression d’Andrés Chávez, Ayrton Costa voit son intervention faire trembler ses propres filets. Un match agité, animé, et qui repart sur le même rythme avec l’expulsion de Lucas Pusineri. Réduit à dix et sans son entraîneur dans la zone technique, le Rojo voit les assauts d’Huracán se multiplier. Peu après l’heure de jeu, le pibe Santiago Hezze, plein de sang-froid, ramène les deux équipes à égalité. Avec ce but, viennent les doutes dans la défense d’Independiente qui recule dangereusement. Sans être attaqué, Hezze s’offre une passe décisive, quand Chávez hérite de son ballon au cœur d’une surface déserté par des défenseurs se faisant piéger au jeu du hors-jeu. La victoire de la bande à Civelli permet à Huracán de prendre seul la tête d’un groupe où les autres rencontres se sont conclues par deux rencontres sans vainqueur.

Engagés en quarts de Libertadores, Marcelo Gallardo et Miguel Ángel Russo ont concédé le point du match nul à domicile. Dans un match sans saveur, Boca Juniors a ouvert le score en première mi-temps grâce à Pulpo González, qui n’a pas la tâche facile en devant remplacer le très bon Pol Fernandez parti aux States. Si les meilleures occasions sont à mettre à l’actif d’Arsenal, il faut attendre la dernière minute du temps réglementaire (la faute à un Agustín Rossi inspiré) pour voir Facundo Pons égaliser sur une nouvelle combinaison imaginée par Sergio Rondina qui confirme qu’un entraîneur n’a pas besoin de s’agiter pour montrer sa qualité. River Plate de son côté a buté sur Argentinos Juniors. Une première période maîtrisée par le Millo, validée par un penalty de Julián Álvarez. Rafael Santos Borré, profite d’une longue passe en profondeur dans le dos de Carlos Quintana et provoque la faute de Lucas Cháves, heureux gardien qui ne récolte qu’un carton jaune. Une deuxième mi-temps marquée par les occasions manquées de Gabriel Hauche d’un côté et surtout de Lucas Pratto de l’autre qui tergiverse beaucoup trop au moment de se présenter seul face au portier du Bicho. Les efforts des joueurs de Diego Dabove sont récompensés à l’heure de jeu quand Hauche trouve, sur la ligne des six mètres, un Mateo Coronel tout juste entré en jeu. La fin de match voit les joueurs de River s’offrir les meilleures occasions mais butant sans cesse sur un Lucas Cháves qui a coûté un but mais qui offre le point du match nul.

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Zona complementación, les repêchages des premiers grands perdants

Malgré une élimination du tournoi principal, douze équipes peuvent encore prétendre à une place en Sudamericana en cas de victoire dans une petite finale face au perdant de la grande finale (quand on vous dit que les dirigeants argentins sont des génies). Dans le groupe A de cette zone le carton nous est offert par Rosario Central. Heureux qualifiés pour la prochaine Copa Sudamericana, les Canallas de Kily González infligent un 4-0 à un triste Patronato. Un match à sens unique où Alan Marinelli s’offre un doublé en marquant à la mi-temps de chaque période et qui, après un magnifique rush, permet à Emiliano Vecchio d’y aller de son but et de prendre par la même occasion la tête du classement des buteurs. En fin de rencontre, Diego Zabala ponctue l’énorme match (face à un adversaire très faible) en inscrivant le quatrième et dernier but dans une rencontre où le patrón n’a jamais existé. Victoire 3-1 à l’extérieur pour Defensa y Justicia. En déplacement à Santa Fe pour y défier Unión, Hernan Crespo a logiquement fait le choix de faire tourner son effectif alors que se profile le match retour face aux Brésiliens de Bahia. Un choix payant puisque Gabriel Hachen n’a mis que deux minutes pour débloquer le tableau d’affichage. Vingt minutes plus tard, Washington Camacho fait admirer son jeu de tête. Dans un premier acte rythmé par les assauts des visiteurs qui régalent les mirettes, le Tatengue aurait mérité de récolter un penalty, mais sans VAR (pour quelques semaines encore) et sous les yeux d’un arbitre mutique, c’est par Franco Troyansky que les locaux se relancent. C’est bien avec un retard d’un but qu’Unión regagne les travées de l’Estadio 15 de abril. Le second acte débute par une agression, celle de Camacho qui ne reçoit qu’un carton jaune pour son tacle en retard sur le mollet d’un Claudio Corvalán chanceux de poursuivre le match (et sa carrière). Quelques minutes plus tard, Miguel Merentiel met fin au suspense. Ce Defensa n’est que plaisir, dans le jeu, dans les occasions créées comme dans les résultats. Hernan Crespo s’appuie sur le travail réalisé par Beccacece à Florencio Varela, mais avec un effectif grandement modifié (amoindri) il parvient à maintenir un niveau de jeu incroyable pour les pensionnaires du Tito Tomaghello. Direction Mar del Plata pour la dernière rencontre du groupe où Lanús s’est imposé tout en donnant du temps de jeu à des pibes champions des réserves l’an passé. Julián Aude et Lucas Besozzi (dix-sept ans), Juan Pablo Krilanovich (dix-huit ans), ont donc pris place dans le onze de Luis Zubeldia laissant les habituels titulaires (beaucoup ont vingt ans ou moins) au repos. Un golazo de Matias Esquivel dans le premier round, et un penalty parfaitement transformé par Lucas Vera dans le second. Dans les arrêts de jeu Aldosivi sauve l’honneur par l’intermédiaire de Lautaro Rinaldi qui s’offre un golazo.

Dans le groupe B, avec deux équipes mixtes, Vélez s’impose 2-1 contre Racing. Tiago Banega pensait avoir fait le plus dur en marquant le premier but à dix minutes du coup de sifflet final mais c’était sans compter sur la capacité du Fortín à se révolter. Cristian Tarragona puis Lucas Janson inscrivant deux buts en toute fin de match. Vélez s’installe à la première place du groupe, bien accompagné par Newell’s. La Lepra s’impose 1-0 face à Estudiantes sur un joli but de Jeronimo Cacciabue (une des belles promesses du club avec Aníbal Moreno et en attendant Juan Sforza). Le Pincha poursuit sur sa lancée et enchaîne un septième match sans gagner. Une spirale qui ne semble pas inquiéter outre mesure le président Juan Sebastián Verón, qui devrait se pencher sur la situation de son entraîneur Leandro Desabato s’il ne veut pas s’enfoncer toujours plus dans une crise abyssale. À Santiago del Estero, la rencontre entre Central Córdoba et Godoy Cruz n’était pas la plus palpitante sur le papier. Sur le terrain non plus. Un penalty généreusement offert aux locaux a permis Hugo Vera d’ouvrir le score avant que Martin Ojeda ne lui réponde dans la foulée sur un coup franc somptueux. Une frappe du gauche magnifiquement travaillée du jeune ailier prêté par Racing permet au Tomba de rentrer à Mendoza avec le point du match nul.

Les buts

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca