Le Taladro file en tête pendant qu’un trio de costauds se partage la première place de l’autre groupe.

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Crise de la COVID-19 oblige, les rencontres de la Copa Diego Maradona, comme presque dans tout le reste du globe, se déroulent à huis-clos. Une habitude bien terne qui nous rappelle le poids des mots d’Eduardo Galeano « jouer au football sans supporter, c’est comme danser sans musique ». Alors que le soutien des hinchas fait défaut à chaque club (aussi bien économiquement que sportivement), c’est bien à capella que les visiteurs viennent croquer des locaux bien trop fébriles. Seule une rencontre sur les douze programmées à l’occasion de cette deuxième journée de Copa s'est soldée par une victoire à domicile. Pour la trouver, il faut prendre la direction du Sud du Gran Buenos Aires.

En route pour la finale

Bienvenido à Banfield, plus précisément à l’Estadio Florencio Lencho Sola, du nom de son ancien président (de 1938 à 1954 entrecoupé d’une pause de trois années). Opposé à un Gimnasia qui s’était lui aussi imposé une semaine plus tôt, l’objectif était simple pour le Taladro : gagner et prendre la tête du groupe B dans cette seconde phase. Rassuré par un premier tour réussi, l’effectif de Javier Sanguinetti, bien que jeune, ne manque pas d’ambition et se met à rêver d’une qualification continentale. Malgré l’ouverture du score de Banfield par son buteur Agustín Fontana quasiment au coup d’envoi, c’est bien Gimnasia qui se procure les meilleures opportunités sans parvenir à tromper la vigilance d’un Mauricio Arboleda impérial notamment sur cette lucarne bien protégée par le portier colombien sur le coup franc direct de Victor Ayala. À trop s'exposer on risque fort de récupérer le ballon au fond de ses filets. Non, ceci n’est pas un proverbe argentin, quoique, mais bien la réalité, cette religion qui porte le doux nom de football (vous savez qui est notre Dieu…). Après une nouvelle série d’arrêts à l’entame de deuxième acte, Arboleda est contraint de s’incliner sur une tête à bout portant de Matías García. Le Lobo égalise logiquement mais est contraint de finir la rencontre à dix, la faute au jeune Chelo Weigandt. Le jeune latéral prêté par Boca s’est offert la cheville de Fabián Bordagaray. Un tacle les deux pieds décollés, devant le poteau de corner, qui prive Gimnasia d’une fin de match à leur avantage. Avec des ambitions platenses revues à la baisse dans ce dernier quart d’heure, le Taladro voit une occasion inespérée de s’imposer dans un match qu’il n’aura jamais maîtrisé. Sa volonté est récompensée au bout de huit minutes de temps additionnel. Un penalty généreux permet à l’immortel Jesús Dátolo de donner trois points précieux à un Banfield premier de son groupe.

Dans les autres rencontres du groupe, Talleres partage les points avec l’Atlético Tucumán. Un penalty transformé par Javier Toledo dans les dix premières minutes avant de voir le portier córdobes, Marcos Díaz céder sa place au jeune Joaquín Blázquez. La suite de la rencontre sera à sens unique avec une T qui donne tout pour égaliser. Longtemps en échec, Talleres parviendra à rejoindre le Decano sur une belle tête plongeante de Mateo Retegui, jeune attaquant qui appartient à Boca. La T reste en embuscade avant de se déplacer à La Plata pendant que les Tucumanos restent à dernier. Une dernière place qu’ils partagent avec San Lorenzo et Colón, qui au terme d’un beau match nul 2-2 auquel Brian Fernández n’aura pas participé (très trop) souvent confronté à ses démons - l’attaquant des Sabaleros a de nouveau été interné, contre son gré, dans une clinique privée de Quilmes. Un combat compliqué pour celui qui tente désespérément de s’éloigner des substances illicites et du Fernet) a vu Luis Miguel Rodríguez nous offrir un nouveau golazo (sacrée collection). Avant ça, Bruno Pittón avait débloqué la rencontre en première mi-temps, tandis que le Colombien Wilson Morelo s’est offert une belle balade dans la surface du Ciclón. En tout fin de match, Óscar Romero offrira le point du match nul sur penalty. Avec un point au compteur à trois journées de la fin, San Lorenzo, Colón et l’Atlético Tucumán peuvent se concentrer sur le menu du réveillon.

Si Banfield prend de l’avance de son côté, la situation est tout autre dans le groupe A. En déplacement, River Plate, Boca Juniors et Argentinos Juniors se sont imposés et maintiennent le suspense en haut du classement. Avec une équipe remaniée par Miguel Ángel Russo (Emmanuel Mas était capitaine…) afin de préparer au mieux la rencontre contre Racing en quart retour de Copa Libertadores, Boca s’est imposé 2-1 à Avellaneda, non sans difficultés. La faute à une première mi-temps manquée où Independiente a pris les devants grâce à son capitaine Silvio Romero, buteur à la vingtième d’une tête parfaite. Alors que Boca aurait pu, dû, bénéficier d’un pénalty pour une main dans la surface, ce sont bien les joueurs de Lucas Pusineri qui ont manqué l’occasion de doubler la marque, la faute à Agustín Rossi qui repousse parfaitement le penalty tiré par Andrés Roa. En échec face au portier xeneize, le milieu colombien perd un nouveau face à face en deuxième mi-temps. Le but du KO n’arrivant pas, Boca saisit sa chance pour se relancer avec Edwin Cardona comme détonateur. Entré peu après l’heure de jeu, le milieu colombien fait admirer sa qualité technique en déposant la balle sur le crâne de Franco Soldano qui égalise avant de conclure demie heure par une magnifique frappe enroulée qui laisse Sebastián Sosa à terre une seconde fois et offre la victoire juste avant le coup de sifflet final à un Boca qui ne le méritait peut-être pas.

Qualifié pour les demi-finales de Libertadores (le cycle Gallardo est démentiel), River Plate s’est tranquillement imposé contre Huracán. Une ouverture du score acrobatique de Matías Suárez suivi d’un centre-tir heureux de Nicolás De la Cruz, qui voit le ballon passer entre les jambes de Lucas Merolla sous le regard stupéfait de Renato Civelli qui ne peut que constater les dégâts. Le Globo réagit par Beto Briasco qui profite du dégagement manqué de Paulo Díaz pour obtenir un penalty (qui est tout proche d’en obtenir un second après s’être fait découpé par Franco Armani) transformé par Andrés Chávez. Si son premier but était chanceux, le second de Nico De la Cruz est splendide. Une frappe sèche et précise au premier poteau qui laisse Facundo Cambeses sans réaction et qui permet aux Millonarios de sortir du Ducó sur un solide 3-1.

Troisième leader de ce groupe A, Argentinos. Le Bicho, dans le dur depuis la reprise fin octobre, tente de retrouver son football. À Sarandí face à Arsenal, Argentinos démarre tambour battant, se procurant alors de nombreuses situations dangereuses. Bien en jambes dans cette rencontre, Gabriel Hauche ouvre le score d’une légère déviation juste avant la mi-temps. Malheureux d’abord sur sa frappe trop croisée, Jhonatan Candia le sera davantage lorsque le montant de Lucas Chávez repousse sa reprise de la tête en fin de rencontre.

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Dans l’attente d’une « petite » finale

En ce qui concerne la Zona Complementación, les leaders de chaque poule se nomment Rosario Central et Newell’s. De quoi se réjouir d’un possible clásico rosarino qui permettrait à l’une des deux équipes de jouer sa finale. Il reste trois longues journées qui peuvent évidemment rebattre les cartes. Dans le groupe A, Central se contente d’un nul 2-2 contre Unión. À noter le but d’Alan Marinelli, jeune attaquant en forme en ce moment dans le onze de Kily González. Les Canallas partagent la première place avec Lanús et Defensa y Justicia qui s'affrontaient justement. Un match nul 1-1 pour ce qui pourrait être la finale de la Copa Sudamericana en début d’année prochaine (une fois les obstacles Vélez et Coquimbo franchis). Dans la bataille des mauvais élèves, Aldosivi est allé s'imposer à Parana contre Patronato. Une courte victoire 1-0 qui nous donne des sueurs froides à l’idée de voir le nombre d’équipes augmenter en première division au risque (c’est déjà le cas) de voir le niveau baisser encore un peu plus. Dans le groupe B, Newell’s s’est imposé 3 - 0 à Mendoza contre Godoy Cruz. Le FC Rodríguez a parlé avec une ouverture de la légende Maxi, qui profite de l’offrande d’Alexis avant d’inscrire lui-même le but du 3-0. Avant ça, Tomás Badaloni, azimuté, a envoyé sa tête dans ses propres buts et une double explosion sévère. Pablo Pérez côté Lepra (qui continue sa collection) et Leonel González côté Tomba. Les Rojinegros font pour l’instant un sans-faute dans cette seconde et dernière phase tout comme le Vélez de Ricky Álvarez qui nous offre une merveille de coup franc à Santiago del Estero. Central Córdoba, sans son entraîneur habituel, Alfredo Berti, poussé dehors par son manager Alexis Ferrero qui lui a gentiment savonné la planche pour lui prendre la place sur le banc. El Loco Berti ne se gênant pas de s’étaler dans la presse pour commenter la situation. Une défaite logique pour des Ferroviarios bloqués en gare et qui s'inclinent 2-0 sur un dernier but de Tarragol, Cristian Tarragona, en fin de rencontre. Ultime rencontre de cette deuxième journée de seconde phase de la Copa Diego Maradona, un nul 1-1 soporifique en l’équipe type d’Estudiantes et l’équipe A’ de Racing. Seul intérêt du match, l’hommage d’un club à une légende argentine qui aura marqué le pays et le club de son empreinte, el Profe Alejandro Sabella qui rejoint lui aussi un ciel où ça tape assurément dans le ballon.

Les buts

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca