Certains auraient pu envisager un clásico de Avellaneda, d’autres voyaient Boca filer tranquillement vers un titre qui lui semblait promis. Il n’en sera rien, Racing et Colón se retrouvent à San Juan pour boucler la saison.

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S’il est une énigme totale en Argentine ces derniers mois, c’est bien Racing. Capable de trous d’air assez phénoménaux comme de prestations convaincantes, mais jamais sans être flamboyant, le groupe de Juan Antonio Pizzi est pourtant une formidable machine à déjouer les pronostics. Aussi, quand La Academia se retrouvait à faire face à un Boca qui n’a pas grandes certitudes de jeu pour la demi-finale de la Copa de la Liga, les paris étaient difficiles. La Acadé a fait comme toujours dans un match où elle ne part pas favorite : attendre et chercher à faire déjouer l’adversaire. Pizzi a bien aligné trois attaquants, mais l’idée était surtout qu’ils bloquent les couloirs, Copetti et Chancalay passant plus de temps à chercher à bloquer Fabra et Capaldo qu’à générer du danger ou apporter de la profondeur. Et comme Boca a souffert le martyr pour générer du jeu, ne trouvant aucun équilibre au milieu, on a rapidement compris que l’affaire allait durer. Elle a duré donc jusqu’aux tirs au but où une barre trouvée par Carlitos et une belle parade de Gastón Gómez ont ouvert les portes de la finale à la Academia. Racing est Racing, rien ne s’acquiert facilement, tout est sacrifice, lutte, miracles. Celui de Pizzi n’y échappe pas et il verra l’ancien sélectionneur du Chili retrouver en finale son club de cœur.

Les émotions et le jeu, on les a trouvés dans l’autre demi-finale. Car s’il est une certitude en 2021, c’est bien que Colón est une occasion permanente de se réjouir. Ce Sabalero est un bombón asesino, son Pulga Rodríguez un rappel constant que le football n’est pas mort. Face à un Independiente qui a réussi à traverser bien des obstacles pour se retrouver en demi-finale, Colón a joué comme un grand : sûr de son football, de ses forces, plus intelligent, plus constant et sachant reposer sur ses facteurs X quand les circonstances le nécessitaient. Ces facteurs sont Burián dans les buts, quand la pression adverse se montrait menaçante, et el Pulga devant, quand il s’agit de créer de l’émotion. Rarement Independiente s’est senti à l’aise dans ce match, ne pouvant véritablement imposer ses idées face à une formation mise en place par Eduardo Domínguez et son jeu direct. Colón utilise toujours le même procédé : vitesse, verticalité, verrouillage des couloirs pour contraindre le jeu dans l’axe là où se trouve sa densité. Et cela fonctionne. El Pulga ouvrait le score sur penalty, les espaces s’ouvraient aux contres du Sabalero qui scellaient le match à une grosse vingtaine de minutes de la fin. C’est grâce à cette recette que Colón a toujours fait la course en tête, dans son groupe et dans sa demi-finale. C’est celle-ci qu’il cherchera à appliquer en finale face à une équipe qui aime attendre.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.