Novalis disait : « Si vous apercevez un géant, regardez d’abord la position du soleil, et voyez si le géant n’est pas l’ombre d’un pygmée ». Les géants ont en effet semblé bien petits pour l’ouverture de cette Copa. Et si leur marche en avant ne devrait plus tarder, ce sont bien les pygmées qui se sont montrés. Retour sur une première journée animée.
Des géants piégés
Il n’est pas fréquent de voir les monstres locaux tous flancher le même week-end. Favoris de l’épreuve, River Plate et son mercato trois étoiles est tombé, d’entrée. En déplacement à Santa Fe, les Millonarios ont manqué d’imagination face à Unión. Le Tatengue d’un Munúa habité a (presque) fait le match parfait, ne concédant que de pauvres occasions et mettant sous pression constante la bande à Julián Álvarez. Si la victoire est logique, méritée pour les locaux, ils auraient dû s’imposer sur les deux énormes occasions de Jonathan Álvez. L’attaquant uruguayen n’ayant su convertir ses opportunités malgré un but déserté, la victoire, la première depuis 1989 face au géant de Nuñez, aura finalement été offerte par l’arbitre du match, Nestor Pitana. Un coup de sifflet sur l’intervention de Franco Armani, le meilleur joueur de River dans cette rencontre, dans les pieds du pibe Nardoni. Les ralentis ne trompent pas, la sortie d’Armani était licite mais faute de VAR (qui finira par arriver en Argentine) c’est bien l’homme en noir (en bleu ce soir-là) qui assume seul, cette erreur. Le penalty est parfaitement transformé par le meilleur joueur du match, Mauro Luna Diale, hincha de Boca.
Si River s’incline pour son premier match (comme trop souvent), Boca Juniors doit, de son côté, partager les points avec le champion sortant de cette même Copa, Colón. Dans une Bombonera des grands soirs et avec une chaude ambiance c’est sur un potrero plus qu’une pelouse que les vingt-deux acteurs se sont affrontés. Un terrain où le sable a pris le pas sur l’herbe, limitant les artistes dans leur production (une pelouse indigne de Boca qui jouera son prochain match à domicile face à Rosario Central au José Amalfitani de Vélez). Armé d’un trident offensif Toto Salvio - Darío Benedetto - Sebastían Villa, Boca avait de quoi inquiéter la défense des Sabaleros. Les premières occasions sont pourtant à mettre à l’avantage des Santafesinos mais ni Luis Miguel Rodríguez, en faux neuf, de la tête, ni Facundo Farías, en ailier faux pied, d’une frappe lointaine, ne mettent réellement en danger le portier Rossi. Mis au ban pendant plusieurs semaines et ne faisant toujours pas parti des plans de l'entraîneur Sebastián Battaglia comme du directeur sportif Juan Román Riquelme, Sebastián Villa s’est particulièrement illustré dans cette rencontre. Une récupération haute, une bonne percussion sur l’aile, et centre parfait plus tard, l’ailier colombien offre le premier but du match à Pipa Benedetto. Un timing parfait, un coup de tête ajusté et un cri du cœur face à la Popular pour un joueur qui laisse éclater sa joie. Un retour parfait pour Pipa et son entourage qui fêtent ce but plein d’émotions. Bien en place durant la seconde période, les Bosteros vont regretter les occasions manquées de Villa sur coup franc et de Toto Salvio qui aurait dû profiter d’une faute avant de forcer sa frappe les crampons plein de sable. Incapable de tuer le match, les Xeneizes s’expose. Et sur un corner de Farías, à cinq minutes du coup de sifflet final, el Pulga Rodríguez nous offre une merveilleuse déviation, un toque délicat qui permet au jeune attaquant prêté par River, Lucas Beltrán de venir décrocher le point du match nul. Un résultat amer pour les hommes de Battaglia tant les trois points leur tendaient les bras.
Crédit : Marcelo Endelli/Getty Images
Du côté d’Avellaneda les résultats ne sont guère plus flatteurs. Independiente s’est incliné logiquement à Estudiantes (le sixième grand ?) 2-1 sur des buts de Boselli de retour au club et du défenseur uruguayen Rogel, qui a définitivement quitté Toulouse, tandis que Joaquín Laso a réduit l’écart à l’heure de jeu. Pendant ce temps, son meilleur ennemi, Racing, se contentait de partager les points avec Gimnasia. Les joueurs de Fernando Gago ont pourtant nettement dominé la rencontre, profitant même d’un penalty parfaitement détourné par Rodrigo Rey en début de match. Si Pintita est tout de même satisfait de ce résultat c’est que Racing n’est pas passé loin de la défaite tant le jeune colombien du Lobo a fait des misères à la défense adverse. Le gardien de Racing peut s’estimer chanceux d’avoir échappé au rouge suite à son intervention kamikaze les deux pieds en avants et hors de sa surface sur le joyau de La Plata. Dernier géant (l’est-il vraiment encore ?) : San Lorenzo. Un match nul sans but à Banfield où il n’est jamais simple de jouer et qui fait du bien aux joueurs de Pedro Troglio. Le club, toujours en crise, cherche à se remettre à flot financièrement et sportivement par l’intermédiaire de Troglio, idole des Brasureros et récent champion du Honduras avec Olimpia pour la quatrième fois en trois ans.
Licha, Gonzalo et Marco
Parti de son club de toujours Racing (et où il reviendra une fois sa carrière terminée) pour Sarmiento de Junín en ce début d’année, Lisandro López n’a pas manqué ses débuts. Il s’est offert un petit but, tout en maîtrise, le premier de cette Copa de Liga 2022 et offre trois points précieux. Le capitaine de bientôt trente-neuf ans a montré face à l’Atlético Tucumán qu’il est encore bien vert. Après un ancien lyonnais, place à un ancien stéphanois. Gonzalo Bergessio, de retour à Platense, a lui aussi été décisif. Un but, au caractère, au mental, au courage pour l’attaquant uruguayen de trente-sept ans. D’une tête puissante au bout des arrêts de jeu, il permet aux Calamares de s’imposer à domicile contre Talleres. Dernier attaquant passé par la Ligue 1 : Marco Rubén. L’ex joueur d’Évian-Thonon-Gaillard s’est lui aussi offert un but décisif bien que hors-jeu au départ (mais tant qu’il n’y a pas de VAR…profitons). Une tête bien placée sur un caviar du capitaine Emiliano Vecchio qui permet aux Canallas d’accrocher un nul à Sarandí face à Arsenal.
Sur les autres pelouses
Huracán profite des erreurs de Lanús pour s’imposer sans difficulté. El Zorro Cóccaro, véritable porte bonheur du Globo, est l’unique buteur d’une rencontre sans idée du Granate. Le Fortín n’aura mis que quarante-cinq minutes pour retrouver son football. Face à un Aldosivi bien en place, Vélez s’est imposé 2-0 face aux joueurs del Titán Palermo. Luca Orellano, qui peut prendre la lumière laissée par Thiago Almada, profite d’une défense trop déséquilibrée pour glisser le ballon au fond des filets. Le second but est l’œuvre de Lucas Janson. Un coup de canon à l’entrée de la surface qui ne laisse aucune chance à José Devecchi. Enfin, Argentinos peut souffler. Un match à buter avant d’être délivré par un de ses pibes (il y en a tellement). Thiago Nuss, permet au Bicho de s’imposer 1-0 dans les arrêts de jeu en déplacement sur la pelouse de Patronato. Newell’s s’offre Defensa y Justicia et Central Cordóba bizute le promu Barracas Central quand l’autre promu, Tigre, s’offre le golazo du weekend à Mendoza sur le but de Lucas Blondel et partage les points du nul avec Godoy Cruz.
Les buts
Résultats
Patronato 0 – 1 Argentinos Juniors
Sarmiento 1 – 0 Atlético Tucumán
Newell's Old Boys 1 – 0 Defensa y Justicia
Central Córdoba 3 – 1 Barracas Central
Arsenal 1 – 1 Rosario Central
Vélez Sársfield 2 – 0 Aldosivi
Godoy Cruz 1 – 1 Tigre
Banfield 0 – 0 San Lorenzo
Huracán 1 – 0 Lanús
Unión 1 – 0 River Plate
Estudiantes 2 – 1 Independiente
Racing 0 – 0 Gimnasia
Platense 1 – 0 Talleres
Boca Juniors 1 – 1 Colón
Photo une : Luciano Bisbal/Getty Images