Cinq journées ont été disputées et, alors que certains ont déjà pris position au classement, de premiers enseignements tactiques peuvent être tirés.

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Le premier tiers du tournoi est désormais franchi (charme des tournois courts) et si les classements des deux groupes restent encore resserrés, de premières tendances se dégagent.

Doble 9

Qu’il est loin le souvenir de l’Argentine de Bielsa incapable de pouvoir aligner en même temps ses deux joyaux nommés Hernán Crespo et Gabriel Batistuta. Vingt ans plus tard, le football de club local aime à jouer le contre-pied du football mondial, celui qui donne tant d’importance à la vitesse dans les couloirs, à la verticalité. En 2022, l’Argentine (re)découvre les avant-centres et mieux, les empile. C’est le schéma à la mode en ce début d’année, nombreux sont ceux à utiliser le doble nueve, deux attaquants plus axiaux, parfois deux avant-centres, pour un jeu finalement plus axial souvent dicté par l’absence d’espaces. Face au manque d’espaces, l’Argentine n’hésite pas à envoyer des ballons vers ses axiaux pour bondir sur les seconds ballons, Patronato l’a fait à la perfection lors du dernier tournoi avec le duo Arías – Sosa, l’arrivé de Barrios ayant finalement stoppé cette stratégie payante. Mais ailleurs, toujours ce principe à deux axiaux : Jonatan Álvez – Leo Ramos/Mauro Luna à Unión, Nicolás Reniero – Gabriel Ávalos à Argentinos, Pepe Sand – José Manuel López à Lanús, Lisandro Lopez et Jonatán Torres à Sarmiento, Mauro Boselli et Leandro Díaz à Estudiantes, Matías Cóccaro – Jhonatan Candia à Huracán en sont des exemples. Des exemples qui ne fonctionnent pas toujours, Argentinos ou Lanús peinent, mais qui portent aussi leurs fruits. Le Sarmiento de Licha et l’Unión de Gustavo Munúa sont les surprises de ce début de tournoi dans le Groupe A en pointant avec le même nombre de points que River Plate et Defensa y Justicia, Estudiantes et sa froideur « Zielinskiesque » qui lui colle si bien domine le Groupe B quand le Globo, qui vient de scalper Boca, s’est placé dans le top 4.

tigre

Place au jeu

Dans un football argentin qui laisse peu d’espaces, peu de place pour le vertige, certains luttent et choisissent le jeu, la possession, la vitesse. C’est le cas des deux autres leaders du Groupe A, River Plate et Defensa y Justicia : deux formations qui n’alignent qu’un avant-centre, même si dans le cas de River, Julián Álvarez joue en même temps tous les postes sur le front de l’attaque, deux équipes qui aiment la notion de vertige, de contrôle et laissent encore de la place aux milieux créateurs (Gallardo en alignant plusieurs en même temps). La mécanique n’est pas encore totalement rodée, el Halcón recherche encore un véritable équilibre entre attaque à tout va et espaces laissés en défense, River souffre face aux équipes qui se regroupent vites et jouent dans son dos, mais pour l’un comme pour l’autre, quelques séquences et parties de matchs laissent à espérer quelques moments assez fous lorsque tout le monde sera dans le même état physique, tactique et mental.

Un désir d’apporter un créateur que Sebastián Battaglia semble également avoir, troquant le 4-3-3 jusqu’ici choisi pour intégrer Óscar Romero dans le rôle du pur enganche, celui qui n’a pas besoin de se replier, cette espace en voie de disparition que l’on n’avait sans doute pas revu véritablement à Boca depuis Leandro Paredes (devenu milieu défensif depuis son arrivée en Europe). Un pari risqué pour Battaglia, Romero n’étant pas le chantre de la grande régularité, mais un pari qui pourrait bien avoir un autre nom, Aaron Molinas. Boca se cherche donc encore quelque peu, avec des résultats en dent de scie, mais cette voie empruntée par Battaglia mérite d’être poursuivie.

Reste enfin le cas des deux derniers invaincus après cinq journées : Tigre et Racing. Le Matador possède sur son banc Diego Martínez. Passé par la Masia barcelonaise, formé avec les jeunes de Boca, nourri aux divisions inférieures (jusqu’à la Primera D), le technicien de quarante-trois ans a posé une équipe pénible à affronter, difficile à percer avec son bloc extrêmement dense (trois clean sheets de rang) qui se place dans le top 4 de son groupe pour son retour en première division. De son côté, le Racing de Gago avance à tâtons : capable montrer du caractère et bousculer River pour remonter un 0-2 qui semblait l’avoir condamné, ne trouvant pas forcément un véritable neuf qui colle à son système, système qui expose les latéraux à tous les dangers par son milieu trop resserré dans l’axe. Et pourtant, ça tient. Racing a remonté deux buts à River au Monumental, a mené de deux buts face à Defensa à Florencio Varela dans les deux seuls matchs où il a encaissé des buts. Et Racing est donc invaincu, aux portes du top 4 du Groupe A.

Les buts de la J5

Classements

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.