Dans un week-end où les tensions autour et en dehors des terrains ont été nombreuses, la deuxième journée de première division a vu le champion sortant déjà grappiller des points sur ses rivaux pour le titre. Des rivaux qui ont vécu des émotions bien opposées.

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Chili – Primera División 2020 : ¡Vuelve el fútbol! 

De nombreuses menaces avaient plané : il avait été dit que les barras ne laisseraient pas les cars des joueurs accéder au terrain, la partie avait été reprogrammée, et s’il n’y avait qu’à peine 11 209 personnes dans un stade qui en accueille généralement près de trois fois plus en championnat, le match opposant Universidad de Chile et Curicó Unido s’est déroulé plus ou moins normalement alors que la veille, le match entre Coquimbo et Audax n’était pas allé à son terme. Plus ou moins car les carabiniers ont copieusement arrosé les supporters de gaz lacrymogène, contraignant un temps les joueurs à faire une pause, certains hinchas ont cherché à pénétrer sur le terrain. Bref, une nouvelle atmosphère très tendue. Pourtant sur le terrain, on avait souvent reproché à la U son manque d’efficacité, qu’il soit offensif ou défensif, une chose est sûre, la réponse donnée face Curicó Unido a été fracassante. Offensivement, on a vu des choses assez impressionnantes sur le plan collectif : des déboublements, de l’inspiration, de la fluidité et deux hommes, Walter Montillo, exceptionnel à la baguette, Joaquín Larrivey, parfait finisseur. Le buteur argentin s’offre un quadruplé (et y ajoute une passe décisive), la U atomise Curicó et démontre enfin qu’elle est capable de belles choses. Elle devra tout de même régler ses fragilités défensives, et notamment les ballons envoyés dans le dos de sa défense, mais cette large victoire, plus gros écart depuis mai 2017, lui offre de bonnes bases sur lesquelles s’appuyer pour la suite.

Les bases, la Católica en possède quelques-unes, même avec Ariel Holan désormais aux commandes. Un jeu assez direct, une équipe qui sait aussi allier largeur et profondeur et des hommes qui font la différence. Après un coup d’envoi retardé par des affrontements entre barras et forces de l’ordre, on a ainsi cru au pire pour O’Higgins lorsqu’Edson Puch s’offrait un doublé en huit minutes. Malheureusement pour l’ailier gauche cruzado, son golazo (le deuxième but du match) était invalidé pour un hors-jeu repéré par le VAR. Qu’importait alors, d’autant que les ballons mis dans le dos de Celestes vêtus de noir, faisaient mal, Zampedri gâchant notamment une énorme situation et que les visiteurs se retrouvaient en infériorité numérique juste avant la pause. Mais la Católica a joué à se faire peur. D’abord lorsqu’un ancien de la maison, el Pájaro Gutiérrez a égalisé d’entrée de second acte, ensuite lorsqu’elle s’est montrée quelque peu désorganisée suite au but, enfin lorsqu’elle a buté à plusieurs reprises sur un Batalla exceptionnel sur sa ligne. Mais qu’importe le doute, les Cruzados ont du caractère et ont ainsi arraché une victoire finalement assez logique dans les ultimes instants. Et réalise ainsi le six sur six.

Ce ne sera pas le cas pour Colo-Colo. En déplacement dans le désert d’El Salvador pour y jouer Cobresal, le Cacique a déjoué, ou plutôt, n’a jamais réussi à poser ses contre-attaques, arme létale du club en 2020. Est-ce la chaleur (jouer à 14 heures n’est certainement pas la meilleure idée du monde) ? Peut-être, mais pas que. Car Colo-Colo a longtemps paru sans réelles idées, incapable de véritablement déstabiliser les Mineros. Pourtant, l’occasion lui a été donnée en début de match, lorsque le VAR offrait un penalty aux visiteurs. Mais Leo Valencia gâchait, butant sur Requena. Si le meneur du Cacique se reprenait d’un maître coup franc en seconde période, la suite allait montrer un Colo-Colo sans idées et surtout un Cobresal patient, qui comptais sur la fatigue s’accumulant des visiteurs avant de frapper. Pour cela, les hommes de Gustavo Huerta disposaient d’un facteur X, lancé par le coach peu après l’heure de jeu : Felipe Reneyro. Celui qui s’était offert un doublé lors de la victoire au Monumental en septembre dernier a récidivé à El Cobre pour assommer un Colo-Colo qui a terminé la partie sans oxygène. Et rentre donc à Santiago avec une première défaite de la saison.

Ailleurs, notons la belle victoire d’Unión La Calera face à Unión Española, acquise toutefois dans la douleur après un premier acte totalement dominé par les Cementeros mais un second plus difficile qui a vu les Hispanos se procurer plusieurs situations, et celle de Deportes Antofagasta à La Serena dans un match étrange que les Pumas auraient dû remporter sur une marge bien plus large tant il y avait des espaces dans l’arrière garde des locaux et des situations franches pour les visiteurs, mais qu’ils auraient pu ne pas remporter si le VAR n’était pas intervenu pour annuler le but d’Olego, sans aucun doute le meilleur joueur côté La Serena. La Calera et Antofagasta accompagnent ainsi la Católica à la première place. De quoi animer le week-end, la première se déplaçant au Nacional pour affronter la U, le second accueillant les Cruzados.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.