Colo-Colo titré en 2022, l’élite chilienne fait son retour en 2023 à la recherche de candidats pour venir se mêler à la course au titre. Présentation de la saison.

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Après une année 2022 marquée par le retour d’un Colo-Colo qui a profité d’un équilibre retrouvé mais aussi de l’absence de concurrence, en particulier d’une Católica en fin de cycle, la saison 2023 reprend ce week-end au Chili avec pour certains géants l’entrée dans une nouvelle ère – et pour certains la volonté d’oublier les années noires – quand plusieurs autres concurrents entendent bien reproduire et améliorer leur année passée.

À la poursuite du Colo

Onze points d’avance, une première place prise dès la huitième journée puis jamais perdue ensuite, le Colo-Colo de Gustavo Quinteros s’est offert une année 2022 plutôt tranquille pour conquérir le 33e titre de l’histoire du club. De quoi aborder sereinement 2023 ? C’est mal connaître le Cacique. Tout d’abord car ça a bougé dans l’effectif avec un vague de départs de cadres, Gabriel Suazo, Gabriel Costa et Óscar Opazo puis avec l’affaire Juan Martín Lucero. Le meilleur buteur de la saison dernière a menacé de partir s’il estimait que le club ne se renforçait pas. Promesse tenue, le buteur a choisi de partir, rejoignant Fortaleza, l’affaire doit désormais se régler devant la FIFA, Colo-Colo assurant qu’il n’y avait aucune clause dans le contrat lui permettant de quitter le club de cette manière. Cela a donc secoué en coulisses, mais le recrutement effectué reste des plus intéressants. Fernando de Paul apporte de la concurrence dans les buts, l’excellent Erick Wiemberg animera le couloir, Carlos Palacios revient au pays après une parenthèse brésilienne alors que le départ de Lucero est compensé en partie par le retour au Chili de Leandro Benegas, ancien de la U. Autant d’exemples qui offrent à Gustavo Quinteros un effectif largement capable de lutter pour sa propre succession.

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La grande question finalement ne concerne pas tant Colo-Colo mais sa concurrence, celle qui a longtemps manqué l’an passé. Alors les regards se tournent du côté de la Católica et de la reconstruction entamée par Ariel Holan. Là aussi, ce fut la fuite des cadres, voire des légendes, Chapa Fuenzalida, Germán Lanaro, Luciano Aued, auxquels on peut ajouter aussi celui de Zanahoria Pérez, lassé d’être redevenu une doublure dans les buts. Pour combler ces départs, peu d’arrivées mais de la qualité : Eugenio Mena rentre au pays où il connaîtra un troisième club après les Wanderers et la U de Sampa, Guillermo Burdisso pose ses valises pour apporter de l’expérience en défense, attire Franco Di Santo, de retour au Chili, là où tout a commencé, après avoir bourlingué en Europe (Angleterre, Allemagne, Espagne), en Amérique du Sud (Brésil, Argentine) et au Mexique, et récupère de prêt l’un des hommes de la belle saison de Ñublense l’an passé, Alexander Aravena. Reste désormais à Holan de trouver la bonne vitesse de carburation pour que le tetracampeón 2018, 2019, 2020 et 2021 puisse lutter pour le titre.

Confirmer ou rebondir

Derrière les deux géants, la grande question sera de savoir qui pourra se mêler à la lutte. Avec différents profils. Du côté de la U, après une saison 2021 qui a vu les Azules sauvés de la relégation à l’ultime journée, 2022 a été tout aussi tendu avec un écart toujours très faible sur la zone rouge (sans jamais y entrer cette fois). Alors on a encore changé d’entraîneur, Mauricio Pellegrino est le huitième en deux ans (!!) a recevoir pour mission de remonter un géant. Sans pour autant bénéficier de grands renforts au sein de son effectif. Cristopher Toselli vient tout de même combler un vide en apportant de l’expérience dans les buts, Matias Zaldivia et Juan Pablo Gómez renforcent le secteur défensif, Federico Mateos et Nico Guerra sont les seuls achats d’un club qui ne semble toujours disposer d’un effectif capable de se mêler à la lutte. À moins que Pellegrino réussisse des miracles.

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Toujours à Santiago, la valse des entraîneurs est aussi la voie suivie par les Hispanos de l’Unión Española, Ronald Fuentes revenant au club après un intermède réalisé par quatre techniciens, le dernier, Gustavo Canales ayant finit par tout perdre sur la fin de saison. Mais à la différence de la U, le retour de Fuentes s’est accompagné de plusieurs mouvements. Dans le sens des départs, avec notamment ceux de Thomas Galdames, Bryan Rabello, Gonzalo Espinoza, Luis Pavez, ou encore Sebastián Jaime. Dans le sens des arrivées ensuite avec le retour de Rodrigo Piñeiro, qui rempile définitivement au club après son prêt réussi l’an passé, Sebastián Pérez, qui s’annonce l’un des jolis coups dans les buts, Bryan Carvallo au milieu ou encore Emanuel Cecchini qui du haut de ses vingt-six ans va découvrir un quatrième pays autre que son Argentine natale en six ans. Sur le papier, ces Hispanos sont de sérieux prétendants aux accessits. À Ronald Fuentes de parvenir à les faire fonctionner, à leurs dirigeants de leur fournir un terrain compatible avec la pratique du football, le Santa Laura ayant souvent été désastreux l’an passé.

D’autres continuent leur travail dans l’ombre. Dauphin l’an passé, Ñublense mise encore sur un recrutement intelligent pour confirmer et surtout se lancer à la découverte de la Copa Libertadores. Jaime Garcia dispose d’un groupe quelque peu remodelé, perdant sa ligne d’attaque mais recrute malin avec les arrivées de joueurs tels que Juan Leiva, Pablo Aránguiz ou encore Andrés Vilches. Stratégie similaire pour le troisième en 2022, Curicó Unido, qui continue sous la direction de Damián Muñoz et réussit un coup intéressant en ramenant Tobías Figueroa sur des terres qui lui ont souvent réussi.

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À surveiller également : le Palestino version Pablo Sánchez, qui a succédé à un Gustavo Costas parti diriger la Bolivie ; l’Audax Italiano au sein duquel la légende Marcelo Díaz vient effectuer ce qui seront probablement ses derniers tours de pistes et au sein duquel on surveillera avec attention le retour de Gonzalo Sosa au Chili, lui qui avait signé vingt-trois buts en vingt-huit matchs avec Melipilla et ainsi décroché le titre de meilleur buteur du championnat en 2021 (devant Fernando Zampedri) ; le Bragarnik FC, Unión La Calera et ses dizaines d’arrivées et de départs, notamment le duo Diego Buonanotte - Sebastián Lomónaco qui pourrait être intéressant sur le plan offensif ; le nouvel Huachipato sauce Gustavo Álvarez, troisième du dernier tournoi péruvien avec l’Atlético Grau et qui a succédé à un Mario Salas parti fâché avec ses dirigeants à qui il reprochait le peu d’ambitions ; la machine à se relancer ou aller chercher un dernier défi, Coquimbo Unido où l’on va croiser des Mono Sánchez dans les buts, des Luis Paves au milieu ou encore Javier Parraguez en attaque ; l’Everton de Francisco Meneghini où les amateurs de Liga MX retrouveront Luis Montes ; le O’Higgins de Pablo de Muner, l’homme qui avait décroché une belle troisième place en deuxième division argentine avec San Martín de Tucumán ; ou enfin Cobresal, joli cinquième l’an passé, qui offre à Leo Valencia un nouveau défi.

Écrire l’histoire

Mais la grande histoire de 2022 s’est pourtant jouée en deuxième division. L’année précédente, Nicolás Núñez avait raccroché les crampons au club et en avait pris la direction de Magallanes, terminant sa première saison comme entraîneur à la septième place. Pour l’exercice 2022, s’appuyant sur des joueurs expérimentés comme César Cortés ou encore Felipe Flores, deux joueurs plusieurs fois champion de Primera División au cours de leur carrière, le technicien argentin a mené Magallanes vers une saison record : invaincus à l’issue de la phase aller (seize victoires, un nul), les Cabaleros n’ont cédé qu’à deux reprises leur fauteuil de leader, pour finalement décrocher le titre au bout des trente-quatre journées, le premier à l’échelon inférieur pour le club vainqueur du premier championnat professionnel de l’histoire du Chili. Un titre qui signifiait donc un retour dans l’élite après trente-six ans d’attente. Mais un titre qui ne fut pas le seul. Car dans le même temps, Magallanes s’est offert un incroyable parcours en Copa Chile : le petit San Bernardo Unido balayé au deuxième tour (6-0) avant de voir Everton (D1, 1-1 et 2-1) sorti en seizièmes, l’Universidad de Concepción (D2, 2-0 et 4-1) en huitièmes, Cobreloa (D2, 0-0 et 1-1 (4tab2)) en quarts, Huachipato (D1, 1-0 et 1-1) en demi-finales. Les Cabaleros se sont ainsi retrouvés en finale à affronter Unión Española et ont réussi l’exploit de renverser des Hispanos qui jouaient leur saison sur ce match après une longue chute en championnat. Magallanes s’est ainsi offert un doublé, décrochant sa première Copa Chile mais assortit surtout son retour dans l’élite d’une qualification pour la Copa Libertadores où le club sera opposé à Always Ready en Fase 2. Une histoire qui n’a pas fini de s’écrire. La preuve avec la victoire en Supercopa face à Colo-Colo !

Autre folle histoire, celle du Deportes Copiapó. Fondé en 1999, le club basé dans le désert d’Atacama avait été privé de montée en 2007 après avoir gagné le championnat mais perdu cinq points sur tapis vert pour des raisons de quotas de U23, avait terminé à trois points du champion en 2021 avant de se tomber en barrages pour la promotion/relégation face à Huachipato. En 2022, les Leónes de Atacama ont su se montrer patient, entrant dans le top 5 peu avant la mi-saison, s’installent sur le podium à l’avant-dernière journée avant de tout écraser lors des play-offs : la U de Conce balayée 5-1 au retour après un 0-0 à l’aller, Puerto Montt retourné 4-0 après avoir gagné 3-0 à l’aller, puis Cobreloa, dauphin du champion, invaincu chez lui en dix-huit matchs, totalement écrasé devant les siens (5-0) après un nul 0-0 à l’aller qui faisait de lui un favori. C’est ainsi qu’après vingt ans à l’étage inférieur, le León va découvrir l’élite, Héctor Almandoz, ancien vainqueur de la Libertadores et de l’Intercontinental lorsqu’il était joueur de Vélez, ayant pour mission de l’y maintenir, s’appuyant sur quelques joueurs aguerris à l’élite chilienne.

Première journée

Ouverture de saison parfait pour trois clubs dont deux géants. En déplacement chez le promu Deportes Copiapó, Colo-Colo n’a mis que cinquante-et-une secondes pour lancer sa saison et chasser les doutes nés de la Supercopa. Le temps pour Jordhy Thompson, écarté du Sudamericano U20, d’ouvrir la marque. Neuf minutes plus tard, il passait à un rien du doublé, mais Marcos Bolados, auteur de la passe décisive sur le premier but, faisait à son tour trembler les filets au quart d’heure. Le temps de se relever du double coup reçu, Copiapó parvenait à réduire l’écart, relançant le suspense, mais la machine assemblée par Gustavo Quinteros accélérait en deuxième période, impliquant souvent le trio Thompson, Benegas, Bolados – ce dernier s’offrant un triplé – et prenait le large pour s’offrir un succès convaincant. Succès également pour la Católica, qui s’est d’abord appuyée sur un excellent Matías Diturro pour repousser les premiers dangers d’Everton, parfois aidé par ses montants devant Sacha Sáez, avant d’ouvrir la marque et de doubler la mise dans la minute suivante, le tout alors que le premier acte poussait ses derniers soupirs. C’était suffisant pour assommer quelque peu des Oro y Cielo qui continuaient néanmoins de faire briller Diturro quand ils ne se montraient pas trop maladroits devant le but. La sanction était immédiate, Zampedri triplait la mise à la fin du dernier quart d’heure, le match était plié.

Pendant ce temps, le troisième géant, la U, est tombé d’entrée. Au Santa Laura, les hommes de Pellegrino ont trop subi en première période pour s’en sortir indemnes. Palmezano avait menacé, Nery Domínguez avait ensuite sorti une tête de Baeza sur sa ligne, c’en était trop lorsque face à une U déjà désorganisée, Javier Altamirano était servi alors que seul à vingt mètres et s’en allait ouvrir la marque. Les hommes de Pellegrino n’étaient pourtant pas assommés, mieux, ils égalisaient dans la minute sur un joli mouvement collectif. Mais cette U montre toujours des carences défensives. Cris Martínez marquait un quasi copier-coller de l’ouverture du score des Acereros, refusé pour un hors-jeu d’un pied. Le Paraguayen allait finalement être récompensé à l’heure de jeu, totalement oublié par une défense assez conceptuelle. Repassé devant, Huachipato ne cédait plus. Castellón repoussait les quelques menaces de la U, la plus impressionnante restant celle de Mateos à la 89e, après un nouveau montant trouvé par le Chuncho, la punition tombait : Maximiliano Rodríguez filait seul dans le dos de la défense, lobbait Campos, Huachipato s’imposait 3-1.

Ailleurs, notons le joli coup réalisé par Ñublense au Santa Laura face à Unión Española (victoire 1-0), le solide succès de Cobresal sur La Calera, la victoire arrachée par O’Higgins face à Magallanes et celle de Curicó sur Coquimbo. Pour le premier clásico des colonias de la saison, Palestino et Audax se sont quant à eux neutralisés, Maxi Salas égalisant dans les ultimes instants alors que Gonzalo Sosa avait ouvert la marque d’un superbe golazo.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.