Seizième titre pour l'Atletico Nacional. En difficulté après le match aller à Cali, l'équipe la plus titrée du pays a réagi en patron pour refaire son retard et s'imposer 5-1 lors de la finale retour face au Deportivo Cali. Logique au vu de la domination sur cette demi-saison.

Le football a une justice. Au vu de la saison, ça aurait été une injustice de ne pas voir cette équipe de l'Atlético Nacional sacrée. Pourtant largement décimée à l'intersaison (ce qui lui a certainement coûté cher sur la scène continentale), los verdolagas se sont montrés irrésistibles à l'échelle locale. Deuxième attaque, meilleure défense, quinze victoires et quatre matches nuls sur la phase régulière pour un total de 49 points, un record. Un buteur, Dayro Moreno, qui est progressivement monté dans les tours et qui a terminé en enchainant les buts jusqu'à terminer meilleur buteur. Un gardien, Franco Armani, sur sa lancée de la saison passée et qui continue de montrer qu'il mériterait amplement de faire partie de la sélection argentine. Oui ce Nacional était bien le meilleur entre février et juin. Seulement deux défaites, une sur la phase de « tous contre tous » lors de la dernière journée et une en phase finale. Cette défaite, lors du match aller de la finale sur la pelouse du Deportivo Cali, aurait pu coûter cher. Sans Bocanegra (blessé en demi-finale) et donc avec un Matheus Uribe latéral droit, les joueurs de Rueda se sont fait bougés comme jamais depuis le début de la saison. Sans un Franco Armani des grands soirs le match aurait même tourné à la démonstration. Au final, los azucareros se sont imposés 2-0 avec des buts de German Mera et Jefferson Duque, ancien de la maison paisa. Pris à la gorge par le pressing des joueurs du Deportivo, ils ont eu toutes les peines du monde à sortir proprement et à amener le danger sur les buts de Pablo Mina, habituel gardien numéro deux des vallecaucanos. Une seule petite occasion par Andrés Ibarguën. Trop peu. Pire, ils ont montré des signes de nervosité à l'image du violent coup de coude du capitaine Alexis Henríquez sur César Amaya qui lui a logiquement valu un carton rouge. Au passage, César Amaya a été le véritable facteur X de cette manche aller. Remplaçant de Roa, suspendu, il a été dans tous les bons coups. Il a provoqué un pénalty (raté par Duque) et a été à l'origine de presque toutes les actions dangereuses de son équipe. Ce soir là les joueurs de Reinaldo Rueda n'ont été que l'ombre d'eux-mêmes.

Il fallait donc remonter deux buts dans son antre de l'Atanasio Girardot. Difficile mais pas impossible. Lors du tournoi de clôture de 2013, les deux équipes s'étaient déjà affrontées et l'Atlético Nacional avait gagné le match retour 2-0 (0-0 à l'aller). Histoire de motiver un peu les joueurs, les supporters avaient réservé un accueil qu'on peut qualifier de « chaleureux » avant le dernier entrainement.

 

 

 Cette ambiance s'est poursuivie à l'intérieur du stade, où de nombreux supporters s'étaient regroupés. Tout laissait présager qu'on allait avoir un match de folie. On a été servi. Comme prévu, l'Atanasio était plein comme un œuf et s'est embrasé à l'entrée des joueurs, mais respectueux de la minute de silence en hommage aux trois victimes de l'attentat qui a frappé la capitale colombienne samedi après-midi. Le public était prêt pour une soirée à émotion, ils ont eu une soirée aux allures de montagnes russes.

On s'attendait à un début de match canon, on a été servi. En quinze minutes, le Nacional avait déjà refait son retard. Servi dans la surface par Andrés Ibargüen, Macnelly Torres a ouvert le score d’une frappe au premier poteau. C'est ensuite Matheus Uribe qui a permis à son équipe de revenir à hauteur dans la série d'une frappe au sol puissante de 25 mètres. On pensait alors que le Nacional allait exploser son adversaire, que nenni … Cinq minutes plus tard, le Deportivo Cali jetait un froid. Après une triple occasion, Daniel Bocanegra détournait une ultime frappe dans ses propres filets. Tout était alors à refaire. Tant mieux pour la folie. Le premier acte a été rythmé et très agréable, il devait bien se terminer. Sur un corner de l'éternel Macnelly qu'on pensait perdu, Andrés Ibargüen a inscrit le but de la soirée. Demi volée croisée. Lucarne opposée. Le pauvre Pablo Mina (balancé numéro 1 malgré le retour de Camilo Vargas) n'a rien pu faire. 3-3 sur l'ensemble de la série. La mi-temps est venue à point pour faire redescendre les pulsations cardiaques des supporters. Après la reprise malheureusement le rythme a clairement baissé. En match dans le match depuis le coup d'envoi à coup de contestation contre l'arbitre Andrés Rojas, Dayro Moreno s'est fait fauché dans la surface par Danny Rosero à un quart d'heure de la fin. Pénalty indiscutable. Le meilleur buteur de la saison ne s'est pas fait prier et a transformé la sentence. Deux minutes plus tard la série était définitivement pliée. En contre ce même Dayro Moreno a servi parfaitement Rodin Quiñones pour le 5-1. Le carton rouge en fin de match d'Edwin Valasco n'a même pas fait trembler l'équipe locale. Un but, une passe décisive pour Macnelly Torres, Dayro Moreno, Andrés Ibargüen et Rodin Quiñones. Inutile de dire que le secteur offensif s'est régalé. Seizième titre pour l'équipe la plus titrée du pays.

Et maintenant quel futur pour les deux équipes ? Honneur au champion, qui pourrait perdre gros à l'intersaison. Pleurant à chaudes larmes au coup de sifflet final, l'entraineur Reinaldo Rueda, qui vient de fêter ses deux ans sur le banc verdolaga a montré tous les signes d'un départ. Évidemment ça serait une perte terrible, lui qui a rempli l'armoire à trophée avec deux championnats, une Coupe de Colombie, une Superliga et évidemment une deuxième Libertadores (avec la Recopa qui va avec). Individuellement il a été élu meilleur entraineur sud-américain selon le journal « El Pais » d'Uruguay en 2016. Autre départ majeur à prévoir celui de Franco Armani. Le gardien argentin pourrait retourner au pays où il serait courtisé par le Racing notamment. D'autres départs sont à prévoir, comme celui de Farid Diaz qui a signé à Olimpia au Paraguay. Comme trop souvent, le club paisa va devoir se reconstruire cet été.

Le Deportivo Cali lui ne devrait pas avoir les mêmes problèmes. Arrivé en cours de route, Héctor Cárdenas a montré que son équipe pouvait se mêler dans la course au titre malgré une saison poussive. Il devrait donc rester aux rennes de cette équipe. Le principal enjeu sera de conserver ses pépites comme Kevin Balanta (out pour deux mois) et Nicolás Benedetti qui ont 20 ans tous les deux et qui seront évidemment courtisés. Le club devra également trouver un défenseur central de haut niveau pour remplacer Germán Mera qui va rejoindre la Venise du nord. Quoiqu'il arrive, on a hâte que ça reprenne.

 

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée