Dans une demi-finale entre deux des trois plus grandes équipes du championnat, Millonarios a retrouvé pour la première fois depuis 2012 la finale de la Liga Aguila. Malgré un match timide au Campin et un 0-0 face à l'America. Suffisant.  

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Une demi-finale avec 27 titres de champion dans les armoires. 14 pour Millonarios. 13 pour l'América. Deux grands du football colombien face-à-face pour un match au sommet. Tout était prévu pour une belle fête. Après une victoire arrachée lors du match aller sur le terrain de Cali (2-1), le club « azul » devait retrouver une place en finale. La première depuis le tournoi de « Finalización » en 2012. À l'époque le club de la capitale avait remporté son quatorzième titre de champion face au DIM. L'entraineur de l'époque était un certain Hernán Torres, qui était il y a deux mois encore le coach de l'América, son adversaire du soir. Une éternité pour ce club. Il fallait donc mettre les petits plats dans les grands pour les supporters. Le bel orage, avec une pluie battante (sorte de petit bonus de fin de saison des pluies, entre septembre et novembre) à une heure du coup d'envoi n'a rien changé, les plus fervents étaient là. Au menu pour recevoir les joueurs un petit feu d'artifice avec quelques pétards, le tout offrant un spectacle aux spectateurs en chemin pour le stade et aux riverains de ce stade qui se trouve en plein milieu de la ville. Voilà pour l'ambiance.

À l'intérieur du stade, évidemment c'est rempli. Presque plus une place de libre avec la deuxième meilleure affluence de l'année (la première a eu lieu la veille lors de la demi-finale entre Santa Fe et Tolima). Quelques supporters ont beau attendre dehors une accalmie, qui va arriver, une chose est certaine. Vu les flaques présentes sur les sièges, ce match se verra debout. Et dans une ambiance d'avant match un peu bizarre. Bruno Mars (en concert dans la semaine), Santa Fe (la veille) et la pluie battante ont eu raison de l'état du terrain. Pas d'América, les joueurs sont restés dans les entrailles du Campin. L'équipe « embajador », elle, est sortie rapidement pour s'échauffer derrière le but à l'opposé des barras bravas les plus virulentes. Néanmoins quelques « Ohé, Ohé,Ohé, Ohé, Ohé Millos », des « Millos va a ganar » (Millos va gagner) et des « este año matamos lo que es rojo » (que l'on peut traduire par cette année on tue ce qui est rouge) sont descendus des tribunes. Au moment de l'annonce de la composition des équipes, trois hommes ont eu une côte un peu plus élevée que les autres. Le jeune John Duque, pur bogotano et qui a suivi des études universitaires d'ingénierie industrielle, le buteur Ayron del Valle, meilleur buteur du club et l'entraineur, Miguel Angel Russo. Comme d'habitude avec Millonarios, l'hymne de Bogota a été bien plus repris que l'hymne national. À noter que pas un maillot d'une autre équipe, ou même de la sélection, n'est pas présent dans le stade.

Sur le terrain on s'attendait à un match rythmé où ça allait d'un but à l'autre. On a été déçu du moins en première période où la Mechita n'a quasiment rien proposé. Une seule occasion de chaque côté et c'est tout. Dans les tribunes quelques masques de fantôme avec l'inscription « B » sont de sortie histoire de rappeler le fantôme qui a poursuivi los Escarlatas toute cette saison. Au retour des vestiaires et sur une pelouse détrempée et qui n'a cessé de se détériorer au fil de la rencontre, le match s'est animé. Avec deux protagonistes aux deux extrémités du terrain. Carlos Bejarano et Nicolás Vikonis ont été les grands acteurs du dernier quart d'heure et se sont rendus « coup pour coup » le tout dans une ambiance où les supporters ont été aussi tendus que les joueurs. Côté Millos, Andrés Cadavid, David Macalister Silva ou Duvier Riascos se sont cassés les dents sur le portier équato-guinéen. Mais surtout Ayron del Valle qui a manqué un pénalty qui aurait permis au stade de s'enflammer définitivement. Pour le quadruple finaliste de la Libertadores, c'est Carlos Lizarazo, entré à quinze minutes de la fin, qui a été a deux mains de donner raison à Polilla da Silva. Les deux mains, ce sont celles du gardien uruguayen du club embajador qui a sorti deux arrêts de grande classe.

Tendus devant le scénario incertain, certains individus de la tribune orientale du Campin ont franchi la barrière de la stupidité. Des cris de singe se sont fait entendre à chaque fois que Cristian Martínez Borja, l'attaquant et meilleur buteur du club de l'América, touchait le ballon près de la tribune. Le tout sous les yeux d'un important dispositif policier présent au bas de la tribune qui n'a pas bronché… Sur le plan footballistique, ce match nul est suffisant pour envoyer les joueurs de Russo en finale, lui qui vit sa première année au club et qui a déjà battu des records, celui du nombre de points à la reclassification et celui du meilleur rendement à l'extérieur. On comprend mieux pourquoi il est adulé. Au coup de sifflet final de Santiago Bismarks, c'est toute une partie de la ville qui s'est sentie libérée et qui a pu commencer à préparer la finale contre le voisin.

Cette finale justement ça sera contre Santa Fe, le voisin. Dès le coup de sifflet final, les premiers chants pour préparer la finale se sont fait entendre. Et un petit groupe de supporters qui sortaient du stade ont entonné un « Millos no tiene marido, Millos no tiene mujer pero Millos tiene un hijo bobo que se llama Santa Fe » (Millos n'a pas de mari, Millos n'a pas de femme mais Millos a un enfant bête qui s'appelle Santa Fe). Cette finale entre les deux grands de la capitale sera la première dans l'histoire des finales du championnat en format court. Comme l'a rappelé le journal colombien « El Tiempo », ces deux équipes s'étaient affrontés à des moments décisifs, comme dans les quadrangulaires en 1975 où Santa Fe avait été sacré devant Millonarios. Mais cette finale aller/retour (aller ce mercredi soir avec Millonarios qui reçoit, retour dimanche avec Santa Fe comme équipe locale) sera la première du nom et donc certainement les deux clasicos capitalinos les plus importants de l'histoire. À noter que c'était l'affiche de la Superliga en 2013 et que les coéquipiers d'Omar Pérez avaient gagné les deux matches. Sur le papier Santa Fe du haut de ses cinq finales toutes compétitions confondues sur les six dernières années part avec une longueur d'avance contre un adversaire qui n'a pas eu cet honneur depuis la Copa Colombia 2013. Mais on ne devrait pas assister à deux grands matches de football. Santa Fe a la volonté de détruire le jeu adverse avant de mettre en place le sien. Si on met de côté le 4/1 du quart retour face à Jaguares, le club cardinal en est à deux buts en trois matches. C'est un peu mieux pour Millonarios qui avant ce match avait trouvé la faille à chaque match depuis le début des quarts de finale. Cependant pas de quoi décourager les supporters. Dès dimanche soir, la billetterie des deux clubs se mettait en marche. On devrait assister à deux matches à guichets fermés et battre donc le record du week-end. Avant ce double affrontement on a donc une seule certitude, le titre sera dans la capitale.

Résumé du match

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée