Vainqueur 1-0 sur le terrain de Tolima lors de la demi-finale aller, Santa Fe s'est fait peur en concédant l'ouverture du score à l'heure de jeu. Grace à l'égalisation de Roa à 10 minutes du terme de la rencontre, les joueurs de Grégorio Pérez sont parvenus à arracher leur ticket pour la finale.
Servi dans une feuille de banane, la lechona est le plat typique de la région de Tolima fait à base de cochon de lait, de pois et de riz. Une recette appétissante, mise en chanson samedi soir par les supporters du León afin de célébrer la qualification de leur équipe.
" ¡Siga el baile siga el baile, al compás del tamborín. Que esta noche nos comimos la lechona en El Campín! " (Suivez la danse, suivez la danse, au rythme du tambour, car cette nuit nous allons manger, la lechona au Campín).
La rengaine entonnée à destination du parcage de Tolima dans les dernières minutes du match traduisait bien le soulagement des supporters de Santa Fe après l'égalisation de Roa, synonyme de qualification pour la finale de la Liga Águila. Privé de titre entre 1975 et 2012, Santa Fe disputera cette semaine sa 5ème finale en 6 ans. Cette régularité est d'autant plus remarquable que le club de la capitale n'a pas été épargné par les soucis depuis son dernier titre de champion acquis il y a tout juste un an, face à Tolima.
Davantage que les blessures ayant touché plusieurs joueurs majeurs, c'est une affaire glauque qui est venue déstabiliser le club : en janvier 2017, au cours des célébrations ayant suivi la victoire en Superliga face à Medellín dans un hôtel au nord de Bogotá, six joueurs du club cardenal se seraient rendus coupable de viols sur une prostituée engagée par l'arrière droit Carlos Mario Arboleda. Si le scandale n'a été révélé qu'en juillet par la presse, il a sans doute joué un rôle important dans les contre-performances de Santa Fe, ayant débouché sur le départ de l'entraineur Gustavo Costas en décembre 2016. Bien que l'affaire soit encore sous le coup d'une investigation, le départ de certains joueurs sur lesquels planaient les rumeurs les plus insistantes ont permis de faire retomber la pression médiatique.
Sur le plan sportif, le remplacement de l'Argentin par l'Uruguayen Grégorio Pérez a coïncidé avec le retour des résultats. Si le recrutement du revenant Wilson Moreno et de John Pajoy ont permis d'apporter plus de poids en attaque, c'est avant tout à la solidité de sa défense que Santa Fe doit son retour au premier plan. Souvent décriée pour sa frilosité, l'équipe de la capitale a su hausser son niveau de jeu depuis le début de la phase finale, tout l'inverse des autres favoris, le Junior de Baranquilla et l'Atletico Nacional.
Malgré les progrès effectués par son équipe, c'est sur le champ des valeurs que l'entraineur uruguayen a souhaité se positionner après la qualification en finale : "Ce Santa Fe est le Sante Fe de l'effort, du sacrifice et de l'humilité au-delà de la philosophie de jeu que nous voulons lui inculquer". Ces valeurs mises en avant par Grégorio Pérez, personne ne les incarne mieux que Juan Daniel Roa. Né à Bogotá, formé à Santa Fe, capable d'occuper tous les postes côté droit, celui qui a déjà été adoubé par Omar Pérez pour lui succéder comme capitaine a réalisé un grand match contre les vinotintos. A 10 minutes de la fin, alors que l'on semblait se diriger vers une séance de tirs au but, c'est lui qui a surgi pour délivrer son équipe grâce à une frappe qui est allée se loger dans le petit filet du portier de Tolima.
Santa Fe prend le taureau par les cornes
Si Santa Fe s'en est tiré de peu grâce au premier but de Roa depuis octobre 2015, l'équipe de Bogotá avait cependant pris la partie par le bon bout, avec la claire intention de marquer rapidement pour tuer le match. Au cours de la premier mi-temps, el León a donc multiplié les occasions. Particulièrement entreprenant, Roa a tenté sa chance par deux fois depuis l'extérieure de la surface (6e, 11e). Vigilant sur sa ligne, le portier de Tolima Joel Silva s'imposait comme l'homme de la première mi-temps en repoussant les tentatives de Roa et celle d'Anderson Plata (24e). Même quand il semblait battu, Joel Silva pouvait compter sur la chance à l'image de cette tête de Wilson Morelo non cadré (5e), de cette frappe de Yeison Gordillo venant effleurer son poteau droit (37e) ou de ce csc évité de peu juste avant la mi-temps.
Tolima jette un froid
Si Tolima a donc subi le jeu, les hommes de l'emblématique Alberto Gamero ont toutefois su se montrer dangereux par intermittence. A la quinzième minute, Sebastian Villa, qui se présentait seul face à Robinson Zapata, a envoyé le ballon dans les nuages de Bogotá. À l'origine de l'action se trouvait Sebastian Montoya, l'atout maitre de Tolima. Agé de 26 ans, Montoya compte une sélection avec la Colombie et est déjà passé par l'Argentine (All Boys), le Brésil (Vasco de Gama) et le Portugal (Vitoria Guimarães). Rapide et clairvoyant, le petit numéro 23 a éclairé le jeu de son équipe mais a souffert à la fois de l'absence du buteur Angelo Rodríguez et du marquage plus serré de Yeison Gordillo au fil du match. À la quarante neuvième minute, Montoya était proche d'ouvrir la marque mais voyait sa frappe passer au ras du poteau de Zapata. Deux minutes auparavant, c'est la cage du gardien de Tolima qui avait tremblé sur une belle frappe de Wilson Morelo, peu en vue par ailleurs.
Ces deux grosses occasions ont marqué un inversement du rapport de force. Alors que Santa Fe se mettait à douter, les visiteurs commençaient à croire en leur chance. Contrairement aux joueurs de Santa Fe, les vinotintos allaient profiter de leur seul temps fort du match. Idéalement servi dans la profondeur, Marco Pérez trouvait le poteau après un piqué par-dessus Zapata, mais cette fois-ci c'est un joueur de Tolima, Erik Correa qui se trouvait à la réception pour ouvrir la marque et gratifier le public d'une célébration à la Mario Balotelli. (0-1, 60e).
Roa fait rugir le Campín
Après un moment de stupeur, et l'explosion de joie prolongée du parcage de Tolima, le Campín, réagissait comme il se doit en poussant Santa Fe à aller arracher un nul. Pour chauffer encore davantage le public et éviter l'amertume d'une élimination aux tirs aux but, Grégorio Pérez lançait le vieil Omar Pérez sur le terrain en lieu et place de Baldomero Perlaza. 10 minutes plus tard, la sortie de Plata, remplacé par Juan David Valencia, provoquait un début de bagarre général en tribune orientale, certains accusant Plata de ne pas avoir mouillé le maillot, les autres prenant sa défense.
Chauffés à blanc, les supporters du León voyaient également leur équipe faire monter la température sur le terrain. Acculée en défense, Tolima parvenait toutefois à contenir les vagues des Albi-Rojos. Alors que la solution semblait pouvoir venir essentiellement d'un coup de pied arrêté d'Omar Pérez, c'est donc un exploit personnel de Roa qui a fait chavirer de bonheur les 34 000 supporters de l'équipe cardenal. Au cours des dix dernières minutes, poussé par tout un stade, le León n'a laissé que des miettes à Tolima et aurait pu remporter le match avec un petit peu plus de réalisme.
Confronté en finale à un adversaire que personne n'attendait à ce stade de la compétition, Santa Fe s'avancera en favori, d'autant que l'équipe cardenal bénéficiera d'un jour de récupération supplémentaire et aura la chance de jouer le match retour devant son public.

