La Liga Águila 2018 a été lancée ce week-end avec la première journée du premier semestre. Junior et l'Atlético Nacional, les deux favoris sont bien partis. Comme presque tous les autres outsiders. Retour sur cette première journée.

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La Liga Águila 2018 a ouvert ses portes ce week-end, avec une différence importante par rapport à sa version 2017 : Cette saison les équipes ne vont plus jouer vingt matchs de phase régulière mais dix-neuf, la journée de Clásico n’est désormais plus. Il reste tout de même des certitudes, à commencer par les favoris habituels, Junior et l'Atlético Nacional, et leurs outsiders, Millonarios, Santa Fe, voire le DIM et l'América.

Avec un changement d'entraineur pour les deux équipes durant l'intersaison, on attendait de voir la première sortie en championnat des deux grosses écuries colombiennes. Si les deux équipes se sont imposées, sur le même score, elles n'ont pas laissé la même impression. Pour Junior c'était déjà la deuxième sortie officielle de la saison après le match aller du deuxième tour préliminaire de la Libertadores (défaite 1-0 au Paraguay contre Olimpia). Mais la première pour son nouveau buteur, Jonathan Álvez arrivé cette année dans le nord de la Colombie. Décevant en milieu de semaine (surtout en première période), le club de Barranquilla a sorti un gros match, même s'il n'a pu faire la différence qu'en toute fin de match. Sans un match de très haut niveau du gardien bumangués la note aurait été salée. Avec notamment un arrêt mi-chanceux mi-monstrueux face à l'ancien demi-finaliste de la Copa Libertadores en début de match, Luis Ojeda a aussi sorti aussi deux grosses parades devant un Jarlan Barrera, qui a été un des meilleurs du côté de l'équipe tiburón. La solution est venue d'un petit jeune colombo-nigérian-suédois (oui oui c'est possible) et dont le père est passé par le Racing Club de Lens, Kevin Aladesanmi. Son centre a trouvé Luis Díaz qui a conclu de près. Dans un Metropolitano malheureusement à moitié rempli, cette première victoire de la saison permet de faire le plein de confiance avant son retour de la Libertadores jeudi, ce qui est clairement l'objectif en ce début de saison. Mais ça sera sans son nouveau buteur qui sera suspendu.

L'Atlético Nacional était en déplacement du côté d'Ibagué pour affronter l'équipe qui l'avait sorti en quart de finale de la Liga Águila II 2017, le Deportes Tolima. Beaucoup de changements sur le banc verdolaga. Jorge Almirón a pris place sur le banc et a installé son ancien gardien de Lanús, Monetti. Au milieu, le cas Mcnelly Torres a été le point chaud de la semaine. Le nouvel entraineur ne semble pas compter sur lui et il devrait changer d'air. On attendait de voir pour la deuxième officielle de la saison (après le match aller de la Superliga, 0-0 face à Millonarios). Le moins que l'on puisse dire c'est que cette équipe est en rodage. Elle a été plus que malmenée sur la pelouse du dernier demi-finaliste du championnat, qui a touché trois fois les montants notamment. Et le gardien argentin a aussi fait deux arrêts décisifs. Le vainqueur de la Libertadores 2016 s'en est sorti grâce à un exploit individuel. Une passe de Diego Arias pour Andrés Rentería. Sa frappe croisée a suffi à faire basculer la rencontre. Sur ses premiers matches cet Atlético Nacional n'a pas vraiment convaincu. À sa décharge il faut dire que cette équipe entame un nouveau cycle et qu'il est évidemment trop tôt pour avoir un avis censé sur cette équipe. Une chose est en revanche certaine, que ça soit sur le terrain ou sur le banc, elle a un gros potentiel. On attend avec impatience ses prochaines sorties. Ça sera à la maison contre les deux gros clubs de la capitale. Mercredi contre Millos pour le match retour de la Superliga et samedi soir contre Santa Fe pour la deuxième journée du championnat. On a hâte.

Dans la catégorie outsider, on a eu le droit à des fortunes diverses. En ouverture de bal, le DIM recevait Huila. Avec sur son banc l'entraineur espagnol, ancien d’Envigado, Ismael Rescalvo. Niveau recrutement, un départ important, celui de Juan Fernando Quintero. Niveau arrivée rien de spectaculaire mais deux arrivées notoires, celle de Mauricio Gómez qui avait montré de belles choses avec Patriotas et surtout le retour du buteur Germán Cano après un passage au Mexique. Retour gagnant puisque c'est lui qui a marqué le premier but de la saison et a pu laisser éclater sa joie démonstrative. Dans la foulée, Caceido a doublé la mise suite à un très bon centre de l'ancien joueur de Patriotas. On a retrouvé les mêmes acteurs à l'heure de jeu pour le troisième but, inscrit d'une façon peu académique en taclant. Facile, le DIM a donc lancé sa saison sur un petit carton très propre et a montré qu'il était un outsider. À ce niveau, cette équipe a les moyens de viser les quarts, ce qu'elle a raté lors du semestre précédent.

Hasard du calendrier, on avait le droit à un double affrontement Bogota/Tunja (ville la plus haute du pays à 140 km au nord de la capitale et ville de naissance de Nairo Quintana). Le champion en titre commençait son opération défense du titre dans la capitale du département de Boyacá contre le promu Boyacá Chicó. Avec une équipe mixte, voire B, los embajadores ont arraché le nul. Surpris sur un coup-franc du mexicain Felipe Ponce qui a trouvé la tête de Diego Valdés peu de temps avant la mi-temps, le champion en titre a réussi à revenir. Notamment après l'entrée de son meilleur buteur de la saison passée, Ayron del Valle. Sans au moins six titulaires habituels au coup d'envoi, Millos a néanmoins montré un visage séduisant et s'est procuré plusieurs occasions et aurait pu partir avec les trois points. Sans être flamboyante et avec un mercato pas encore tout à fait terminé (le club chercherait un ailier notamment) cette équipe devrait se mêler encore à la lutte pour une place dans les 8 sans trop de difficulté.

Moins de réussite pour le dernier finaliste, Santa Fe. Dans un Campín bien vide, le club cardinal affrontait Patriotas, l'autre club de Tunja. On attendait le retour d'Omar Pérez mais il n'était pas là, même pas sur la feuille de match. Vainqueur contre le Deportivo Tachira pour le deuxième tour préliminaire de la Libertadores, le club entrainé par Grégorio Pérez a eu une bien mauvaise surprise. Surpris dès le début de match par Diego Álvarez, de retour après un passage éclair d'un an à La Equidad, Santa Fe n'a jamais vraiment semblé être en mesure d'égaliser. Pire, à quinze minutes de la fin d'un match soporifique, ils ont concédé un deuxième but. Une erreur grotesque avec deux défenseurs qui se sont gênés, accélération du joueur de poche Carlos Mosquera (très bon sur ce match) qui a servi son capitaine Iván Rivas seul face au but pour le 2-0. Cette première défaite de la saison sonne comme un avertissement pour cette équipe qui devra proposer évidemment autre chose pour espérer faire au moins aussi bien que la saison passée. D'autant plus que c'était presque l'équipe type qui était alignée. Simple accident ou mal plus profond ? On sera fixé cette semaine avec le retour de la Libertadores et le déplacement à Medellín pour affronter l'Atlético Nacional.

Reste ceux qui peuvent être les belles surprises de la saison, l'América et Once Caldas, qui ont bien lancé leur saison. Face au promu Leones, l'autre club de Cali n'a pas flanché. Sérieux et appliqués los Diablos Rojos se sont imposés 2-1, avec notamment un but de Cristian Martínez Borja. Recrutement intéressant, groupe qui a peu bougé, on attend avec impatience de voir comment cet América va s'en sortir quand la route sera plus élevée que ça soit en championnat mais aussi à l'échelle continentale puisque le club de Cali jouera la Copa Sudamericana cette année. Pas de compétition continentale en revanche pour l'Once Caldas mais cette équipe pourrait être la surprise de cette saison. Sur le banc, Maturana a laissé sa place à Huberth Bodhert qui était sur le banc de Jaguares la saison passée et le club de Manizales s'est bien renforcé avec l'arrivée notamment de Yesus Cabrera, César Amaya ou Uvaldo Luna, qui revient du Mexique. Pour son entrée en lice l'entraineur cartagenero retrouvait justement son ancien club et ne lui a pas fait de cadeau. Après une première période peu emballante, le vainqueur de la Libertadores 2004 a fait la différence à l'heure de jeu, grâce à Yesus Cabrera avant d'enfoncer le clou à un quart d'heure de la fin. Sans être exceptionnelle dans le jeu, cette équipe sera à revoir et à suivre cette saison.

L'équipe qui pourrait faire un bide cette saison c'est le Deportivo Cali. Loin de moi l'idée de les juger sur un match mais leur début de saison a de quoi inquiéter. Pas une victoire lors du tournoi de présaison organisé à Bogota (avec l'América, Millonarios et Santa Fe) et un premier match bien triste à la maison contre Envigado. Sans un Camilo Vargas décisif dans sa cage, los azucareros seraient rentrés à la maison les mains vides. Les failles sont nombreuses dans cette équipe, à commencer par la défense. Recrue phare, Pepe Sand apparaît comme isolé et assez difficile à trouver. Cette équipe est un mystère tant le talent individuel est présent (surtout au milieu). À peine arrivé, Gerardo Pelusso a beaucoup de boulot. Mais ses déclarations à son arrivée n'incitent pas à l'optimisme. Il a notamment fait comprendre que pour lui si le Deportivo Cali voulait gagner un titre il fallait surtout penser à bien défendre. Pour le beau jeu on risque de repasser …

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée