Après un peu plus d'un mois de vacances, la Liga Águila ouvre ses portes ce soir pour une nouvelle saison. Règlement, mercato et état de santé des différentes équipes, suivez le guide.
Pour commencer de bonne humeur et garder les bonnes habitudes de la saison passée mettons d'entrée un tacle les deux pieds décollés à la DIMAYOR qui n'a pas perdu de temps pour commencer dans le n'importe quoi. Pourquoi ? Parce que tout simplement le déroulement de la saison sera différent. Abandonnée la saison passée, la journée de « superclásico » fait son retour sa saison. Cette journée où on assiste à des derbies (comme Millos/Santa Fe, Atlético Nacional/DIM …) portera donc à vingt le nombre de matches de la phase régulière. Mais ce n'est pas le seul changement. Exit l'organisation de la phase finale sur un schéma « quart-de-finale, demi-finale, finale » en aller-retour. À la place un quadrangulaire avec deux poules de quatre équipes et une finale sur deux matches entre les deux premiers. Concrètement le champion et le finaliste auront disputé vingt-huit rencontres de Liga pour arriver jusque-là, soit trois de plus que la saison dernière. Pour rappel en décembre 2018, la DIMAYOR a dû changer la date de la finale aller entre Junior et le DIM en raison de la finale de la Sudamericana où on retrouvait l'équipe de Barranquilla. Ces matches supplémentaires vont donc devoir s'insérer dans un calendrier mêlant compétition internationale et Copa América en juin prochain. Pas impossible de retrouver une Liga faussée comme en 2016 où l'Atlético Nacional avait envoyé les espoirs pour jouer une demi-finale retour de Liga pendant que l'équipe sénior était au Japon. Pourquoi ce changement me direz-vous ? Tout simplement parce qu'à partir du second semestre il y aura une nouvelle chaine de télévision totalement dédiée au football colombien (avec diffusion en direct de tous les matches de la Liga Águila plus trois de Copa, deux de Torneo Águila, la deuxième division, et un de la Liga féminine). Ça veut dire qu'il faut donc « rentabiliser » en proposant un maximum de contenu. Et tant pis pour les deux matches en direct sur la télévision publique qui disparaissent. Tant pis également pour la cohérence de l'organisation. Enfin, pas certain que ça permette de lutter contre les stades vides.
On peut même glisser un deuxième tacle à la DIMAYOR qui n'a pas perdu de temps pour faire n'importe quoi en terme d'organisation. Affiche de la première journée, le match entre Tolima et Junior a été décalé au mois de février. En cause la Superliga (le trophée entre les deux champions de l'année écoulée) qui aura lieu entre les deux équipes cette semaine, en aller-retour. Pour rappel, les deux équipes sont qualifiées directement pour la Libertadores. Donc, il aurait été tout à fait possible de rentrer les trois matches sur dix jours. Le cirque ne devrait pas s'arrêter.
Junior – Tolima : on prend les mêmes ?
Contexte planté, passons donc aux choses concrètes, l'état des lieux à l'aube de cette saison. Commençons donc par Junior et le Deportes Tolima, les deux champions de 2018. Parce que hormis le statut de favori qu'ils vont devoir endosser, ces deux équipes ont vécu une situation similaire. C'est à dire qu'ils ont retenu leur meilleure arme offensive. Pour Junior annoncé très proche d'un départ en Argentine, Teó est finalement resté sur la côte Caraïbe. Tout comme Luis Díaz qui a prolongé son contrat malgré des avances de Bruges et de River. Deux changements importants néanmoins. Le premier sur le banc où Luis Fernando Suárez a pris la place d'un Julio Comesaña parti en Argentine. Le deuxième est le départ de Jarlan Barrera, acté depuis plusieurs mois déjà. Pour le remplacer le club est toujours à la recherche d'un numéro dix. Piste un temps prioritaire Gio Moreno est compliqué puisqu'il a un salaire astronomique en Chine. Il faudra donc chercher ailleurs. Les arrivées ont donc surtout compensé les départs. Michael Rangel sera chargé de remplacer Yony González. Pièce importante de Rionegro, Freddy Hinestroza sera un joker de luxe. Comme Roger Torres dans un degré moindre.
Pour le Deportes Tolima c'est la même chose. L'entraineur Alberto Gamero continuera sur le banc malgré quelques sollicitations. Mais la bonne nouvelle c'est que Marco Pérez sera toujours à la pointe de l'attaque. Avec la venue de Yeison Gordillo, Gamero a solidifié son entrejeu. D'ailleurs comme un symbole, au coup d'envoi du match aller de Superliga, aucune recrue n'était titulaire. Une stabilité nécessaire alors que l'équipe d'Ibagué devra rapidement montrer qu'elle a quelque chose à jouer en Copa Libertadores. Ou au moins que sa place n'est pas usurpée dans un groupe composé de Boca Juniors, ni plus ni moins que le dernier finaliste (qui est certes en reconstruction) et l'Atlético Paranaense, vainqueur de la Sudamericana. Rien que ça. Cette stabilité en fait donc les favoris au titre, et au vu de ce que les deux équipes ont proposé lors de la finale aller de la Superliga le moins que l'on puisse dire est que ce statut n'est pas usurpé. Il faudra aller chercher ces deux équipes qui sont surtout des machines à occasions.
Santa Fe – DIM : les prétendants
Derrière, deux équipes ont peu bougé et peuvent donc être considérées comme « outsider », le DIM et Santa Fe. Pour le dernier finaliste de la Liga II 2018, le milieu a été renforcé avec les venues de l'expérimenté Diego Arias et William Arboleda, comme les côtés avec les arrivées de Jonathan Marulanda et Dairon Mosquera mais le feuilleton, avec un happy end, qui a agité Medellín c'est la saga German Cano. D'abord partant à causes d'un désaccord financier avec les dirigeants, il a finalement prolongé son aventure cette semaine. Évidemment la meilleure préparation avant d'affronter les Chiliens de Palestino en préliminaires de la Libertadores. Il portera donc toujours le brassard et l'attaque cette saison. La seule chose qui changera sera son partenaire d'attaque puisque Caicedo parti en MLS c'est Leo Castro qui l'accompagnera. À moins que l'entraineur équatorien Octavio Zambrano ne change son dispositif. Pour Santa Fe c'est la même chose. L'entraineur uruguayen Guillermo Sanguinetti est resté et donc les bases sont gardées même si l'effectif a un peu plus bougé. Wilson Morelo parti, le club va chercher un buteur. Au milieu le capitaine du Deportivo Cali, Andrés Pérez, est arrivé pour remplacer Gordillo. Là où le club cardinale a fait un vrai bon coup c'est avec la présence dans les buts de celui qui avait explosé avec l'Atlético Huila, le très jeune Geovanni Banguera. On l'a vu lors du tournoi amical Fox Sports, Santa Fe fera du Santa Fe. Finaliste du tournoi cette équipe est toujours le bloc aussi solide est difficile à jouer. Offensivement sa force reste les coups de pied arrêtés. Et puis après une pige (mitigée) à Patriotas, Omar Pérez est de retour. Sa capacité à téléguider des ballons sur coup-franc ou sur corner ne sera pas de trop non plus même si ce n'est pas lui qui tiendra la baraque sur toute une phase régulière. En avance sur les autres, et notamment ceux qui vont suivre dans notre présentation, ce serait surprenant de ne pas voir ces deux équipes dans les quadrangulaires après la phase régulière.

Géants en reconstruction
Puisque parmi les équipes moins avancées, qu'on va dire « en reconstruction » puisqu'elles le sont vraiment, on retrouve ni plus ni moins que les trois plus gros du pays, L'América, l'Atlético Nacional et Millonarios. Celui qui devrait la moins souffrir est le club de la capitale. Pourquoi ? Parce que la personne qui a pris place sur le banc est un nom et a montré qu'il pouvait faire des miracles. Héros au Costa Rica, Jorge Luis Pinto sera l'entraineur en charge de Millonarios. Ça veut dire qu'on ne devrait pas voir un festival offensif sur la pelouse du Campín mais quelque chose de construit, cohérent et très solide. Une sorte de Santa Fe bis. Comme on a pu le voir en finale du Tournoi Fox Sports entre les deux grands de la capitale. Finale sans but mais avec huit cartons jaune (pour un match amical) et deux équipes qui ont concédé très peu d'occasions. Ensuite même si Andrés Cadavid, qui était capitaine et Ayron del Valle sont partis, ils ont trouvé un successeur en la personne de Luis Payares (ex Tolima) et Juan David Pérez. Wuilker Faríñez est resté et on attend aussi l'explosion de Jhon Duque (qui pourrait porter le brassard).
Moins d'optimisme pour l'Atlético Nacional. Ses deux meilleurs joueurs sont partis, Felipe Aguilar à Santos et surtout Jorman Campuzano à Boca. Freiné dans le recrutement à cause du cas Fernando Uribe, les deux principales recrues sont arrivées sur le tard. À commencer par celui qui sera le buteur numéro un, Hernan Barcos. Véritable légende de la LDU de Quito, l'attaquant argentin de 34 ans a été la grande surprise de la présentation du club verdolaga la veille de la reprise du championnat. L'autre recrue sera à l'autre bout du terrain. Troisième gardien de la sélection cafetera lors du Mondial russe, José Fernando Cuadrado gardera les cages. Et histoire de commencer au plus mal, le défenseur central et capitaine Alexis Henriquez s'est blessé lors du tournoi amical auquel il a participé (avec Millos, Santa Fe et l'América) et sera absent trois mois. Tournoi au cours duquel le club est reparti avec zéro point, trois défaites au compteur et un seul but marqué. Le tout managé par un Paulo Autuori dont on ne sait pas grand-chose, impossible de dire si la mayonnaise va prendre. Pour le moment ce que les Verdolagas ont montré n'a pas marqué les esprits. Tous ces signaux sont donc inquiétants alors que le premier objectif arrive vite, rejoindre la phase de groupe de la Libertadores.

Reste donc l'América, qui faute de changer d'entraineur, a changé son logo. Exit le diable pour laisser la place à un simple A. Ce qui a entrainé évidemment un levé de boucliers et des critiques de la part de la « hinchada » mais aussi des observateurs du football local. Sur l'effectif le club de Cali a misé sur des Colombiens en situation d'échec à l'étranger comme Carlos José Sierra qui jouait peu au Chili ou Julian Guevara qui était dans la même situation en Finlande. Son bon coup du mercato a été à la récupération avec la venue de Luis Paz de Tolima. Pour le reste c'est du poste pour poste et donc difficile aussi de voir comment Fernando el Pecoso Castro va construire son équipe. Sur ce fameux tournoi amical cette équipe a alterné le bon, comme contre Millonarios où malgré la défaite elle a vraiment inquiété son adversaire et le moins bon que ce soit contre Santa Fe ou l'Atlético Nacional (malgré la victoire). Si tout se goupille bien dès le début de saison alors l'América sera un candidat plus que sérieux au quadrangulaire. Faute de quoi, la situation sera similaire à celle de la saison passée à savoir une pression omniprésente et néfaste autour du club, ce qui pourrait lui plomber une nouvelle année.
Nombreuses incertitudes
Dans ce groupe on pourrait aussi ajouter le Deportivo Cali. Là aussi l'entraineur a changé avec l'arrivée de Lucas Pusineri, l'entraineur qui a permis à Cúcuta de retrouver la A. Avec une fin d'année très mal terminée entre l'élimination en quart-de-finale de la Copa Sudamericana et la non-qualification pour le même stade de la compétition en Liga Águila, la pression sera donc forte dans la ville « caucana ». Les deux tauliers, Andrés Pérez et Pepe Sand sont partis, comme Macnelly Torres, ça fait donc des kilomètres d'expérience en moins au compteur. Pas dans les plans de Barcelona, Juan Dinenno sera le remplaçant de Sand et c'est une vraie incertitude. Avec une piste en MLS, Nicolas Benedetti est pour le moment toujours en Colombie et ce serait un vrai tour de force de le conserver au moins jusque cet été. Si son Cúcuta a été très largement dominateur à l'étage inférieur, Pusineri doit relever le challenge de faire la même chose au sein de l'élite du football colombien dans un contexte un peu plus chaud. Donc où son équipe pourrait imploser très facilement.
Dans la catégorie de ceux qui se sont montrés l'année dernière mais qu'on attend pas forcément cette année, Bucaramanga et La Equidad ne devraient pas avoir le même destin. Rangel parti à Junior, le club « léopard » se retrouve quand même assez diminué devant, et au milieu, puisque le jeune Brayan Rovira est parti à l'Atlético Nacional. Au niveau des arrivée, le club a pioché du côté de Rionegro. Gardien de la Sub 20 vainqueur du Sudamericano 2013 (la génération Quintero), Luis Hurtado aura une énième dernière chance d'exploser et de confirmer son statut de possible international. Et Roque Caballero devra faire tourner son compteur comme lors du dernier semestre pour permettre à son équipe de jouer à nouveau les troubles fêtes. Pour La Equidad en revanche là avec le départ de Luis Fernando Suárez, on voit mal cette équipe reproduire les performances qui lui ont permis d'accrocher une place en Sudamericana. Sans son architecte, les voir dans les huit meilleures équipes serait un véritable exploit. Même avec la venue de l'international panaméen Jesús González. Enfin dans ce groupe l'Once Caldas part avec une grosse longueur d'avance. Même si son calendrier sera un peu plus chargé avec la Sudamericana où elle peut viser un parcours intéressant (pourquoi pas un huitième de finale). Avec un recrutement intelligent comme l'attaquant Dario Rodriguez ou le milieu Carlos Lizarazo, le club de Manizales peut jouer sur plusieurs tableaux et il n'y a pas de raison pour que Hubert Bodhert ne continue pas à proposer un jeu séduisant comme l'année dernière. La seule petite ombre au tableau, c'est de savoir si Gerardo Ortiz arrivera à se hisser au niveau de Cuadrado dans les buts du « blanco blanco ».
Enfin à la lutte pour ne pas descendre l'équipe à suivre sera l'Unión Magdalena. Le promu a fait un mercato intéressant avec des joueurs qui ont du vécu comme Aber Águilar ou Luis Carlos Arias. Le club de Santa Marta sera donc une des attractions de cette Liga Águila 2019. À la lutte avec elle, Pasto a vécu une intersaison ultra chargée avec énormément de mouvements dans les deux sens et donc part totalement dans le brouillard. Mais les favoris pour la descente restent Envigado dont le réservoir s'amenuise dangereusement et qui ne parvient pas à recruter et Cúcuta qui ne s'est que trop peu renforcé pour cet étage. Surtout que le club devra s'adapter aux méthodes d'un nouvel entraineur, ce qui n'est jamais gagné d'avance.


