On connait l'identité du deuxième champion cette année en Colombie. Malgré une défaite 3-1 sur la pelouse du DIM, Junior a été sacré pour la huitième fois de son histoire.

banlomag

La ville de Barranquilla aura à peine eu le temps de sécher ses larmes. Après avoir vu de près la Copa Sudamericana avant de finalement l'offrir à l'Atlético Paranaense, Junior a réussi à se remobiliser pour remporter le titre de champion. C'était même la grosse incertitude, savoir dans quel état physique et surtout mental allait être les Barranquilleros après cent-vingt minutes et un ascenseur émotionnel violent trois jours avant cette finale. Pour le premier point, on n'a pas vraiment eu de surprise, mais c'est bel et bien sur le deuxième point qu'ils sont allés chercher leur titre.

Physiquement pas de surprise puisqu'avec le même onze aligné que face à Paranaense, Junior a souffert. Après le 4-1 du match aller, le DIM n'avait d'autre choix que marquer au moins trois buts pour espérer quelque chose dans cette finale. Pour la première fois de la saison, Octavio Zambrano, l'entraineur équatorien du DIM a aligné Cano, Caceido et Castro en attaque. Avec Ricaurte dans une position un peu plus basse. Logiquement, le poderoso de la Montaña a été le plus entreprenant toute la première période. Avec notamment deux parades de Viera devant Cano et un raté de Caceido. Avec un premier tournant avant la pause. Sur un contre à deux contre un, Luis Díaz est tombé sur un David González impeccable et vainqueur du face-à-face. Quelques minutes plus tard, Leo Castro, qu'on n’avait pas encore vu dans cette finale, a trouvé la lucarne du portier uruguayen. Idéal pour mettre la tête sous l'eau de son adversaire. Sonnés, les costeños ont pris des vagues dès la reprise, dont la dernière s'est soldée par le doublé de l'attaquant colombien, champion en 2016. Les premiers changements de Julio Comesaña ont été forts (exit Jarlan dès la 50e et exit Luis Díaz à l'heure de jeu). Et surtout ils ont apporté un bol d'air salvateur.

Déjà sauveur lors de la finale aller contre Paranaense, Yony González a encore une fois marqué un but importantissime. Sa frappe croisée, sur sa première occasion, a touché le poteau avant de rentrer et laisser David González impuissant. Avec vingt minutes à jouer et deux buts d'avance sur l'ensemble des deux matches on pensait l'affaire pliée. Irréprochable jusque-là, Viera a laissé échapper un ballon sur une frappe lointaine de Castro et à l'affut Cano a donné deux buts d'avance à son équipe et a dépassé par la même occasion Miguel Borja pour devenir seul meilleur buteur de l'histoire des tournois courts. De quoi offrir une fin de match irrespirable et du suspense. Évidemment les dix dernières minutes ont laissé place à une attaque-défense. Solide et surtout solidaire, Junior n'a pas craqué et s'est évité une séance de tir-au-but qui aurait ravivé quelques fantômes. L'immense soulagement au coup de sifflet final et les larmes visibles sur plusieurs visages ont mis un terme à la semaine la plus intense dans l'histoire du club. Pour la première fois depuis 2011, Junior est champion de Colombie. Le huitième de son histoire après 1977, 1980, 1993, 1995, 2004 II, 2010 I, et donc 2011 II.

Ce titre de champion n'est pas une surprise. Sur ce second semestre, Junior était vraiment la meilleure équipe colombienne. Deuxième meilleure attaque de la phase régulière, derrière Tolima, et cinquième défense, c'était l'équipe la plus régulière. Évidemment sa puissance offensive avec Jarlan Barrera, Luis Díaz, Teó Gutierrez et donc Yony González, qui a eu aussi son mot à dire, a pesé lourd dans le double parcours du club de Barranquilla. Qui dit puissance offensive dit généralement jeu plaisant à regarder. Surtout quand c'est complémentaire. Entre la qualité de passe très largement supérieur à la moyenne de Jarlan, la vitesse de Lucho Díaz, et la science du placement et déplacement de Teó et la qualité de finition de Yony l'attaque du club tiburón a impressionné. S'il y a eu quelques loupés, Junior n'a que très rarement déçu. Notamment parce que cette équipe était orchestrée à la perfection par un homme qui s'est imposé un peu plus dans l'histoire du club. Champion comme joueur en 1977 puis comme entraineur maintenant, Julio Comesaña a réussi à faire de cette équipe une véritable machine. Du haut de ses 70 ans bien passés (il aura 71 ans en mars prochain), il est par la même occasion devenu l'entraineur le plus âgé champion de Colombie. Alors quel futur maintenant pour Junior. Qualifié pour la Libertadores, Junior devra faire sans son entraîneur qui a annoncé son départ. Côté joueurs, la seule certitude pour le moment est que Jarlan Barrera va partir. En fin de contrat, il n'a pas prolongé avec Junior et devrait rejoindre Tigres au Mexique. Un défenseur central et un buteur de taille internationale, ce qui a fait défaut en finale de la Sudamericana devrait être les priorités pour le recrutement.

Pour le DIM, le futur est porteur d'espoir. Parti doucement ce semestre, Zambrano a eu du mal à trouver ces marques. Après avoir trouvé son équipe type, le DIM s'est mis à jouer et à surprendre au point de ne pas usurper sa place en finale, avec un chef d'œuvre sur la pelouse de Tolima lors de la demi-finale retour. Les bases sont posées pour la saison prochaine et la seule interrogation sera autour de German Cano. Capitaine et meilleur buteur de la saison, il est évidemment très courtisé, notamment en Argentine. Le garder sera la priorité absolue et ce ne sera pas une tâche aisée. Mais il y a de bonnes nouvelles ailleurs. Pierre angulaire du milieu, Didier Moreno a été remplacé et William Parra n'a que 23 ans et donc une marge de progression. La finale retour de Leo Castro est aussi porteuse de promesse. Auteur d'un doublé et à l'origine du troisième but, il avait rarement été aussi en jambe depuis son retour de blessure. Avec l'incertitude Cano et le départ de Caceido pour la MLS, il devrait avoir un rôle bien plus important la saison prochaine. Et évidemment Zambrano devrait rester et continuer le travail entamé cette année. La seule ombre au tableau est de mieux négocier les déplacements. Le titre lui a échappé après la pause à Barranquilla où le club s'est liquéfié après la pause. Même chose en quart de finale sur la pelouse de Bucaramanga où la porte de sortie s'était rapprochée. Quoiqu'il arrive les échéances vont arriver vite avec les qualifications pour la prochaine Libertadores début février contre Palestino.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée