Seulement trois équipes sont invaincues après quatre journées très rapprochées. Si pour Junior ou l'Atlético Nacional ce n'est pas surprenant, la sensation pour le moment s'appelle Cúcuta. Le promu est seul leader de cette Liga Águila.

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Liga Águila I 2019 : guide du tournoi

Vous pouvez y aller avec les proverbes. « Ce qui est pris n'est plus à prendre » ou « rien ne sert de courir, il faut partir à point », etc... Utilisez celui que vous voulez. Mais les chiffres sont là. Avec son départ canon, marqué notamment par deux victoires à l'extérieur contre Santa Fe et surtout l'Once Caldas, Cúcuta est déjà sorti de la zone de relégation et compte déjà cinq point d'avance sur le premier relégable. Avec donc comme symbole une énorme performance sur la pelouse de l'Once Caldas. Joueuse, efficace et surtout très intelligente cette équipe n'a peur de rien. Composée de joueurs très expérimentés comme Javier López (près de cent matches avec Santa Fe), Diego Chica et ses 37 ans, Braynner Garcia (plus de cent-cinquante matches avec Junior) ou John Hernández (plus de cent-cinquante matches avec le DIM) avec quelques joueurs qui découvrent l'élite comme Matías Pérez (passé par Niort notamment), elle pourrait donc poser des problèmes surtout aux grosses écuries. Parce que paradoxalement, le match où elle a été le plus en difficulté c'était contre Envigado à la maison, l'adversaire le plus « facile » sur le papier. Attaque placée, comme contre Santa Fe ou contre-attaques ultra rapides, avec trois attaquants contre deux défenseurs plus le gardien, sur le deuxième but contre l'Once Caldas, elle semble en plus être capable d'avoir plusieurs cordes à son arc. Impossible de dire à l'instant T si elle va se maintenir ou si elle va se qualifier pour les quadrangulaires mais ce qui est certain, c'est qu'elle a toutes les armes pour sauver sa tête dans l'élite, son objectif de la saison. Mieux, au vu ce qu'elle a montré, elle semble mieux armée que ses concurrents directs comme l'Alianza Petrolera ou le Deportivo Pasto. Et surtout elle s'est offert un petit bol d'air.

Derrière au rang des invaincus, on a donc Junior et l'Atlético Nacional. Mais tout ou presque les oppose. Junior est en mode bulldozer. Trois matches, trois victoires et à chaque fois une copie de très bonne qualité avec une moyenne à plus de deux buts par match. Devant, Luis Díaz est parti sur les mêmes bases que la saison passée, Teó marque et personne n'est en dessous. Luis Fernando Suárez a réussi à garder la dynamique qui avait conduit le club de Barranquilla en finale de la SudAméricana et au titre de champion. Offensivement cette équipe est toujours capable de frapper à n'importe quel moment. Demandez au DIM qui a en pris trois en première période lors du match au sommet de la troisième journée. Sa prestation lors du premier acte sur la pelouse du Pascual Guerrero contre l'América a même été proche de l'exceptionnelle. Avec un but que n'aurait pas renié Guardiola et son jeu à une touche de balle. Tous les voyants sont donc au vert surtout que sa recrue phare Mati Fernández n'est pas encore prête. Seul bémol l'absence d'un numéro neuf finisseur qui avait tant manqué la saison passée et qui n'est toujours pas arrivé.

Résultats similaires mais de choses à voir du côté de l'Atlético Nacional. Avec seulement trois petits buts marqués, dont deux pénaltys, c'est une des plus faibles attaques. Sans tomber sur des gardiens en état de grâce. Paulo Autuori n'a pas encore trouvé la bonne formule. Faible dans le jeu, pauvre en occasion, le club verdolaga commence à inquiéter ses supporters. Comme en témoigne cette scène dans Medellín où un supporter s'en est pris verbalement au nouvel attaquant Hernán Barcos en lui reprochant de « trop parler ». Même si la priorité est ailleurs avec l'objectif de se qualifier pour la phase de groupe de la Libertadores, les supporters ont de quoi être inquiets. Jeison Lucumí est capable d'éclairs, mais a du mal à se fondre dans le groupe. Vlad Hernández n'a plus son niveau de Junior et ni Juan Pablo Ramírez ni Pablo Cepellini ne prennent le jeu à leur compte. Inquiétant surtout quand on voit que pour le moment l'Atlético Nacional n'a pas joué contre des foudres de guerre. Seul point positif, la défense. Avec un seul but concédé en quatre matches, cinq avec celui de Libertadores, c'est la meilleure défense du pays. Rassurant quand on sait qu'Águilar est parti et qu'Henriquez est blessé. Placé en défense centrale, Carlos Bocanegra, nommé capitaine, donne satisfaction. Comme le jeune Nicolás Hernández.

Une défaite au compteur certes, mais avec trois victoires Millonarios est bien placé. À l'image de Cúcuta, il a perdu le match qu'il ne méritait pas de perdre sur la pelouse de l'Once Caldas. Le match où il a créé le plus de danger. Son meilleur match de la saison. Parce que pour le moment on voit un Millos solide mais rarement dominateur. Laborieux contre Bucaramanga et sauvé par deux pénaltys, contre Jaguares, on a découvert une nouvelle facette de l'équipe de Pinto. Le deuxième but inscrit sur la pelouse de Jaguares est un modèle de contre-attaque. Conclue par Juan David Pérez, l'attaquant arrivé cette saison en est déjà à deux buts. Voilà l'autre bonne nouvelle pour une équipe qui a perdu son joueur le plus important de l'année précédente en la personne d'Ayron del Valle. Pinto a posé sa patte sur cette équipe et ça se voit. Petit à petit cette équipe fait office d'un outsider sérieux dans la course au titre. Et sans échéance continentale, elle pourrait même pourquoi pas aller chercher un trophée cette saison. Parce que sa force semble plus collective qu'individuelle. L'absence de Salazar, parti du côté de San Lorenzo ne se ressent pas. Enfin, le dernier signe qui pourrait le montrer c'est qu'on voit actuellement le meilleur visage de Wuilker Faríñez depuis son arrivée en Colombie. Beaucoup de positif et une excellente dynamique, pas grand monde n'aurait misé dessus il y a encore quelques mois après l'échec du dernier semestre.

Mêmes signaux positifs pour l'América. Malgré la défaite à la maison contre Junior, ce que montre le club de Cali est à des années lumières de ce qu'on voyait lors du dernier semestre. Dans le bon sens. Le club escarlata tient même son match référence puisqu'il a détruit le Deportes Tolima lors de la deuxième journée. En difficulté l'année dernière, son buteur fétiche, le Vénézuélien Fernando Aristeguieta en est déjà à quatre buts en quatre matches. De Carlos Bejarano à Fernando Aristeguieta donc, tous les joueurs sont meilleurs que lors du dernier semestre. Offensivement, il y a plus de mouvements, plus d'occasions qui se traduisent dans les chiffres puisque même si nous ne sommes qu'à l'aube de ce semestre, la Mecha est la troisième attaque de ce championnat pour le moment. Et si le Pascual est rempli comme il l'a été contre Junior, nul doute que les joueurs du Pecoso Castro pourront espérer offrir à leurs supporters un peu plus d'émotion et d'occasions de vibrer ce semestre. Avec l'occasion de confirmer ce bon début de saison dès ce week-end et enfoncer par la même occasion la tête sous l'eau d'un vieux rival.

Parce qu'au rang des déceptions, il ne fait pas bon s'appeler Deportivo en ce début de saison. S'il n'y a pas vraiment de surprise pour le Deportivo Pasto, avant-dernier, qui jouera le maintien à deux heures de la ville en raison des travaux dans son stade, le Deportivo Independiente Medellín et le Deportivo Cali dans une moindre mesure souffrent. Le DIM n'a toujours pas gagné un match. Et a été sorti de la Libertadores. Après l'élimination, le capitaine German Cano avait même avoué que son équipe manquait de leader que qu'elle était une petite équipe. S'il y a bien eu un match intéressant contre Junior, voire un bout de match contre La Equidad, le reste a été très décevant et est bien loin de ce qu'on a vu lors du dernier semestre. Avec donc un match crucial à disputer sur la pelouse de l'América. Fragilisé, l'entraineur équatorien Octavio Zambrano pourrait vivre sa pire période depuis qu'il est à la tête du club en cas de nouvelle défaite. Même chose dans une moindre mesure pour le Deportivo Cali. Vainqueur lors de la journée inaugurale, par la suite le club azucarero a enchainé trois matches sans victoire. Avec une défaite notamment sur la pelouse de Jaguares. Très actif sur le marché des transferts ces derniers jours, avec les arrivées de Feiver Mercado, d'Agustín Palavecino et Carlos Rodríguez, ça a été suffisant pour redresser la barre et s'imposer contre le Deportes Tolima en match avancé de la 14e journée (ne me demandez pas pourquoi) avec notamment un but du premier cité.

Enfin, évidemment il ne faut pas oublier de citer Santa Fe, dernier et qui a déjà renvoyé son entraineur. Pourtant pas catastrophique sans être génial lors du tournoi de présaison tout a craqué. Morelo parti c'est comme si toute l'attaque était partie avec lui. Deux buts en quatre matches, zéro victoire avec pourtant un calendrier pas incroyable et c'est déjà la crise. L'occasion d'enfin tout raser et repartir sur un nouveau projet avec des nouvelles idées. Enfin, peut-être parce que dans les coaches bien placés, on parle d'un retour de Costas. Le serpent qui se mord la queue, on cherche des frites dans les coins d'une pièce circulaire tout ça tout ça. En attendant pas de raison d'être optimiste. Pas de sentiment de révolte, pas d'occasions, pas d'émotion, encéphalogramme plat comme on l'a trop vu les années précédentes. Sauf qu'avant ça gagnait. Urrego parti, Moya absent, les deux marquaient sur coup de pied arrêté, ce sont donc beaucoup d'armes qui manquent mais qui n'expliquent pas tout. Se réinventer ou se morfondre en fin de classement, voilà le dilemme pour le premier champion de l'histoire.

Classement

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Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée