Invaincu depuis la reprise, le Deportes Tolima est solide leader du championnat colombien. Dans le groupe des qualifiés, tous les gros sont présents sauf Millonarios.

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Et si c’était le nouveau gros du championnat ? Son armoire à trophée n’est certainement pas la plus remplie du pays, loin de là même, mais depuis sa Coupe de Colombie remportée en 2014, le Deportes Tolima est presque toujours placé. Quadrangulaire en 2014, demi-finale en ouverture du tournoi 2015, finale fin 2016, à nouveau dernier carré en 2017, titre en 2018 et doublement dans le quadrangulaire en 2019, rarement le club d’Ibagué a loupé la marche. Cette année, il faudrait un cataclysme pour que le club ne soit pas dans le bon wagon. Collectivement, cette équipe est ce qui se fait de mieux actuellement. Meilleure défense avec seulement sept buts encaissés, seule équipe sous la barre des dix buts, elle est aussi invaincue. Individuellement, cette équipe a aussi du répondant. Avec Álvaro Montero, un gardien qui fait gagner des points, Juan Fernando Caicedo et surtout Jaminton Campaz, elle peut frapper n’importe quand devant. Le dernier cité est certainement le meilleur joueur du championnat à l’heure actuelle. À vingt ans le gaucher a explosé cette saison et certaines voix aimeraient le voir rapidement avec un maillot un peu plus jaune sur le dos. Aussi bien passeur que buteur grâce à sa frappe de loin, il est le couteau suisse de cette équipe puisqu’il peut jouer aussi bien à gauche et à droite que derrière l’attaquant. Festival sur la pelouse de l’Atanasio Girardot contre l’Atlético Nacional, coup-franc tiré au millimètre contre l’América, c’est le pion essentiel d’Hernán Torres. Avec un calendrier qui n’a rien d’effrayant avec notamment la réception de deux équipes évoluant en altitude, cette équipe est, au moins outsider.

 

Derrière le leader on retrouve tous les habitués, à commencer par Santa Fe. Les puristes se rappelleront du Santa Fe de ces dernières années, ce Santa Fe est exactement dans la même lignée. C’est simple, la très grande majorité des buts du club de la capitale sont dans la surface, dont la plupart font suite à un coup de pied arrêté. Difficile de trouver une équipe aussi efficace dans cet exercice sur la durée. Même quand cette équipe semble sans ressource, comme dans le clásico contre Millos, elle réussit à frapper à la dernière seconde grâce à un coup-franc excentré et une sortie loupée du portier. Comme d’habitude, dans le jeu il n’y a rien de flamboyant. Mais la situation comptable devrait lui permettre tranquillement de voir plus loin.

Pour les gros, deux points séparent les deux clubs de Cali et l’Atlético Nacional tranquillement installés dans le groupe des qualifiés. Avec des fortunes diverses. Le Deportivo Cali est invaincu en championnat et ce n’est pas un hasard. Avec le Deportes Tolima, et le Deportivo Pasto, on y reviendra, c’est certainement l’équipe qui dégage la meilleure impression collective. Solide à toutes les lignes, cette équipe a aussi des joueurs capables d’appuyer sur l’accélérateur quand il le faut avec Deiber Caicedo et surtout Augustín Palavecino. Passeur, parfois buteur, le meneur de jeu argentin est la pièce maitresse de cette équipe. Tout passe par lui et après une première saison mitigée, il s’est totalement imposé. L’América et l’Atlético Nacional eux sont sur courant alternatif. Pas au niveau contre Tolima, l’América semble sans cesse devoir faire ses preuves, notamment en raison d’un entraineur, Juan Cruz Real, qui devrait être contesté à chacune de ses sorties. Difficile à comprendre parce qu’à part l’accident Tolima, les résultats sont plutôt bons avec notamment des victoires sans trop trembler contre des équipes largement inférieures. Sa dernière sortie sur la pelouse de Junior lui a offert un peu d’air avant le gros match du week-end. Dimanche nouveau gros morceau à l’extérieur avec un déplacement à Medellín pour affronter l’Atlético Nacional. Un résultat positif pourrait d’un part permettre aux Diablos Rojos de faire un grand pas vers la qualification et d’autre part offrir une tranquillité non négligeable pour quelques semaines.

 

Son adversaire du week-end est lui certes dans une meilleure situation comptable mais les contenus sont nettement plus poussifs. Largement battu et dominé à la maison par Tolima, le double vainqueur de la Libertadores souffre, y compris contre des équipes supposées plus faibles sur le papier. Comme en témoigne le dernier succès en date sur la pelouse de Rionegro avec une victoire arrachée dans les dernières minutes grâce à un exploit individuel de Vladimir Hernández. L’Atlético Nacional ne maitrise pas son sujet, notamment parce que défensivement c’est fragile avec des signes de nervosité. Un chiffre fait mal : depuis la reprise sur les six matches disputés, à cinq reprises le club a pris deux buts. Plus qu’un handicap. Avec un gardien de plus en plus critiqué en la personne de José Cuadrado. Le portier international ne dégage plus du tout la même sérénité qu’il y a deux ans lorsque qu’il avait été choisi comme troisième gardien en Russie. Avec l’América et Millonarios sur les trois prochaines journées il faudra donc montrer un peu plus de solidité histoire de ne pas s’offrir une fin de saison tendue.

Devant tous ces gros on a donc le Deportivo Pasto. Équipe anonyme mais qui a eu la très bonne idée de faire venir sur le banc Diego Corredor. D’abord assistant de Julio Comesaña et d’Harold Rivera, il a réussi à installer durablement Patriotas dans l’élite. Parti à Pasto le club de Tunja est aujourd’hui dernier et n’a pas gagné un match de la saison. Son Deportivo Pasto devrait donc se qualifier sans trembler pour les quadrangulaires et pourrait même rêver à une nouvelle aventure continentale l’année prochaine. Avec un effectif sans véritable individualité, il a posé sa patte sur cette équipe et elle est aujourd’hui très compliquée à jouer. À l’instar de Queiroz, elle est très équilibrée et ce n’est pas illogique qu’elle soit deuxième meilleure défense à égalité. Sans faire de bruit, elle est en train de s’imposer, après sa finale 2019, comme une équipe à prendre de plus en plus au sérieux.

 

Dans le groupe des retardataires Millonarios va devoir cravacher pour arracher une place qualificative. Si la victoire sur le terrain d’Envigado a été salvatrice et permet de continuer à rêver, cette équipe peine à être dangereuse. Sans idée, les critiques viennent de tous les côtés. À peine arrivé, Gamero n’a clairement plus le même crédit qu’au moment de sa venue. Le match contre Santa Fe a été terrible au niveau du scénario avec une domination globale et malgré une ouverture du score à vingt minutes de la fin le club embajador a été contraint de partager les points. Avec Junior, l’Atlético Nacional et l’América au programme sur les prochaines journées, il faudra multiplier les exploits pour rêver. Difficile à croire quand le club n’a gagné que deux matches sur les quatorze premières journées. Peut-être que la Sudamericana permettra d’offrir aux supporters un peu de rêve dans une année qui aura été bien compliquée.

Classement

colc

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée