Trois matchs ouvraient la cinquième semaine de phase de groupe de Libertadores avec comme point commun de concerner des équipes qui jouaient leurs derniers espoirs de rester en vie dans la compétition. Et tous, ou presque, y sont parvenus.

Premier match de la semaine sans doute déjà le plus fou. L’Estadio Zorros del Desierto de Calama accueillait son pensionnaire en Libertadores, le Deportes Iquique. Déjà piégé en ouverture « à domicile » par Guaraní, les Dragones Celestes n’avaient d’autre choix que celui de capitaliser la victoire ramenée du Venezuela la semaine passée par un nouveau succès qui leur offrirait l’assurance de disputer au minimum les seizièmes de finale de la Sudamericana. De son côté, Zamora disputait sa dernière chance. Le match n’aura finalement pas accouché d’un énorme duel sur le plan technique ou du jeu, même si les Ricardo Clarke et autres Erickson Gallardo ont souvent montré de belles choses côté vénézuéliens, mais il aura offert un scénario des plus incroyable. Iquique débutait parfaitement le match, Álvaro Ramos rappelant ses talents de buteur en ouvrant le score avant même la fin du premier quart d’heure. Scénario idéal pour les hommes de Vera qui entendaient bien profiter de ce but pour contrer leurs adversaires. Malheureusement pour eux, au retour des vestiaires, Zamora inversait la tendance en pressant haut et provoquant des erreurs défensives. Ricardo Clarke égalisait sur penalty, les visiteurs inversaient la tendance en profitant à leur tour d’une défense adverse laissée à l’abandon par l’obligation pour Iquique d’aller chercher un succès. Gallardo doublait la mise pour les visiteurs, la désorganisation couplée (ou liée) à la fatigue physique provoquée par un match joué en altitude – Iquique se voyait déjà en train de payer l’étonnant choix de Calama comme ville d’accueil alors que située à 2500 mètres d’altitude quand le club évolue d’habitude à hauteur de la mer – ne laissait rien augurer de bon pour les locaux. Faute de football, ne restait que le cœur. Les dix dernières minutes allaient virer à l’improbable. Caroca égalisait à la 82e mais à peine le temps de célébrer, Anthony Uribe redonnait l’avantage aux visiteurs après un nouveau joli mouvement collectif dans la défense des Dragones. L’affaire était pliée. Le chronomètre défilait, on entrait dans les arrêts de jeu lorsque Caroca décochait une mine sous la barre de Salazar. Le nul semblait déjà miraculeux, la suite incroyable. Car sur un dernier ballon envoyé dans la surface vénézuélienne, Diego Bielkiewicz plaçait sa tête sur le poteau de Salazar et, au rebord, poussait le ballon dans le but. On jouait alors la 95e minute, Iquique vient d’assurer son futur continental au prix d’une fin de match de folie. Zamora est éliminé.

Un point pris en trois sorties, l’Atlético Tucumán n’avait plus le choix, la réception de Jorge Wilstermann, annoncé petit poucet du groupe, devait se solder par une victoire sous peine de devoir enterrer ses espoirs de poursuite continentale. D’autant que les hommes de Mosquera se rendaient au Monumental avec une envie claire : décrocher une victoire qui, si elle leur offrirait quasiment la qualification pour les huitièmes, assurerait surtout une place en Sudamericana. Qu’importe les trombes d’eau, qu’importe un Monumental en fusion (comme d’habitude), l’Aviador a livré un premier acte assez maîtrisé, proposant un jeu léché et assez intéressant qui lui permettait de s’offrir la meilleure occasion du premier acte. Marcelo Bergese débordait côté gauche et servait José Ríos dont la frappe s’écrasait sur le poteau de Lucchetti. A ce moment de la partie, le Decano souffrait, ne parvenait à faire circuler le ballon. Mais le Decano allait se réveiller grâce à une action polémique. Servi au second poteau, Leandro González ouvrait le score avant de voir son but, pourtant parfaitement valable, refusé pour un hors-jeu inexistant. La frustration libérait les tucumanos. Dans la foulée, David Barbona et Nery Leyes menaçaient Raúl Olivares. Ce rythme de fin de premier acte allait être maintenu en seconde période. Tucumán appuyait dès le retour des vestiaires, Zampedri lançait un premier avertissement avant que la Pulga Rodríguez dépose un caviar sur la tête de Canuto pour l’ouverture du score. Le danger Wilstermann restait tout de même présent. Cristian Pochi Chávez manquait d’un rien l’égalisation quelques minutes plus tard, le numéro neuf de l’Aviador sera ensuite au départ d’un contre du Decano lorsque son ballon perdu était récupéré par Di Plácido qui lançait une offensive que Barbona concluait de la tête après un service parfait de Menéndez. 2-0 à l’entrée du dernier quart d’heure, l’affaire paraissait réglée. Mais Wilstermann allait entretenir le suspense en réduisant l’écart à l’entrée des dix dernières minutes. Malheureusement pour les Boliviens, jamais ils ne parviendront à aller chercher le nul, les meilleures situations de fin de match restant pour les locaux. L’Atlético Tucumán a mieux géré ses temps forts et trouve juste récompense en se relançant dans la course à la qualification.

Opération dernier souffle du côté du Nuevo Gasómetro. Avec un maigre point en trois matchs, San Lorenzo savait que tout autre résultat qu’une victoire l’éliminerait de la course à la qualification en huitièmes mais réduirait aussi considérablement ses chances d’être reversé en Sudamericana. Déjà privé de Romagnoli, Coloccini, Conechny et Cerutti, blessés, Diego Aguirre, qui jouait sa dernière chance de rester sur le banc du Ciclón avait fait un choix fort : écarter Sebastián Torrico. Une décision risquée tant la légende des buts cuervos avait sauvé son équipe à bien des reprises. Le danger était réel tant l’Universidad Católica apparaissait capable de poser des problèmes. Les visiteurs débutaient d’ailleurs mieux la partie, semblant faire preuve d’une sérénité absente côté Ciclón mais, s’ils se montraient capables de sortir rapidement, ils n’étaient finalement guère dangereux. Alors, comme souvent, après que San Lorenzo se réveillait, prenant le contrôle de la possession et se procurant quelques belles situations, Nico Blandi allait faire chavirer les cœurs du peuple Cuervo. Oublié au second poteau, la machine à but du Ciclón décollait et ouvrait le score à 10 minutes de la pause. Le plus dur semblait fait mais la Católica réagissait, le trio Buonanotte – Silva – Cordero faisait passer un frisson juste avant de rentrer aux vestiaires. A leur retour, les Cruzados continuaient de se montrer dangereux, toujours emmenés par El Enano Buonanotte. Kuscevic manquait le cadre alors que seul au second. La tension montait d’un cran, San Lorenzo sortait alors quelque peu, les occasions se succédaient, Silva perdant par exemple un duel face à Navarro dans la continuité d’une tête de Caruzzo. Puis la Católica allait revenir. Un ballon perdu par Belluschi était exploité par les Chiliens, Noir déboulait, servait Santiago Cordero qui s’amusait dans la surface avant d’ajuster Nicolás Navarro. 1-1, la très mauvaise affaire était pour les Argentins, la fin du cycle Diego Aguirre semblait arriver, l’ombre de Mario Yepes planant de plus en plus au-dessus du Nuevo Gasómetro. Mais il était dit que tout se jouerait à un petit détail. Un détail d’un mètre 56 nommé Nahuel Barrios, 18 ans, qui plaçait sa tête sous la barre de Toselli alors que les Cruzados résistaient en infériorité. San Lorenzo s’impose sur le fil et reste plus que jamais vivant dans le groupe 4.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.