On le sait, en matière de football, il convient de ne jamais parler trop vite. Mais à l’issue de la demi-finale aller entre Vélez Sarsfield et Flamengo, l’écart est tel qu’entretenir un semblant de suspense est illusoire.
La multitude s’était amassée au José Amalfitani portée par un doux rêve, celui de voir son Vélez suivre le chemin tracé par les anciens de 1994, ceux qui avaient reversé l’Amérique du Sud puis le monde (une histoire à lire ici). Un rêve porté par un parcours totalement fou, une phase de groupes dont le club est sorti alors qu’il ne comptait que deux points à deux journées de la fin, une série remportée au prix d’un exploit face à River Plate et un passage en quarts face à un autre club argentin. Malheureusement pour Vélez, aussi beau soit le rêve, le réveil finit toujours par sonner. Ce réveil se nomme Flamengo.
Il n’y a jamais eu de match entre Vélez, avant-dernier de la ligue argentine, et Flamengo, deuxième du Brasileirão, vainqueur 2019 et finaliste 2021 de l’épreuve. Très vite, les hommes du Cacique Medina (suspendu) se sont repliés, ont été contraints de laisser la possession et n’ont fait que retarder l’inéluctable. Pedro a ouvert le score à la demi-heure, Everton Ribeiro a plié l’affaire juste avant la pause sur un mouvement collectif aussi parfait que trop facile, Flamengo a porté la balle, Vélez a couru dans le vide avec l’improbable espoir de pouvoir l’utiliser. Si le Fortín a quelque fois essayé, il s’est heurté à un autre monde, celui auquel aucun club du continent autre que brésilien n’appartient, et a dû se résigner à voir Pedro ajouter deux autres buts pour s’offrir un triplé. Flamengo s’impose ainsi 4-0 au terme d’un match à l’intérêt digne d’une rencontre de présaison face à des amateurs.
Car il est des images qui ne trompent pas, symboles d’un monde révolu. Celle des joueurs de Vélez rentrant aux vestiaires passant sous un château gonflable en est une. Ce Fortín s’est offert une belle épopée en Libertadores, mais elle s’est faite sans jamais croiser de club brésilien en phase à élimination directe, laissant croire à l’idée d’une forteresse imprenable capable de marcher sur les traces de ses glorieux anciens de 1994. Une forteresse illusoire, que Flamengo a fait exploser. Un Flamengo qui, quoi qu’il arrive entre Athletico Paranaense, tenant de la Sudamericana, et Palmeiras, double tenant de la Libertadores, croisera sur son chemin vers le titre un autre club brésilien. Pour une troisième finale 100% auriverde consécutive. Une de plus et probablement pas la dernière tant le fossé qui s’est désormais creusé semble désormais trop profond. Et tant pis si l’intérêt pour une compétition à laquelle ils sont neuf sur la ligne de départ, en pâti.
Photo : LUIS ROBAYO/AFP via Getty Images