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Ce samedi se déroulait au mythique Defensores Del Chaco d'Asunción le Clásico Blanco y Negro entre Olimpia et Libertad comptant pour la 7ème journée du championnat paraguayen. Nous y étions !

Même si en général au Paraguay les cœurs battent plus la chamade pour le Superclásico Olimpia - Cerro Porteño, LO était sur place pour vous faire découvrir l'atmosphère si particulière de ce clásico assez méconnu et vous faire vivre une fin de match de folie.

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A gauche, Olimpia, le Decano du football paraguayen et club le plus titrés du pays au niveau international avec trois Copa Libertadores et une Coupe Intercontinentale. A droite, Libertad, le Gumarelo, champion en titre du Paraguay qui rafle pratiquement tout depuis 2006. Cette saison, les destins sont complètement opposés. Si Libertad devrait lutter une fois de plus pour le titre, Olimpia n'y arrive plus. Privé de Copa Libertadores, le Decano s'est aussi incliné dans le Superclásico la semaine dernière face à son plus grand rival, Cerro Porteño. Collé à la 9ème place, Olimpia n'avait pas le choix, gagner ou gagner ce Clásico Blanco y Negro face à un rival né d’une histoire de couleurs de maillots ! Car il n'en faut pas plus en Amérique du Sud, où la passion est démesurée, pour faire naître une rivalité qui s'est bien sûr accentuée avec les récents titres du Libertad ces dernières années. « Le problème de ce Clásico? C'est qu'il n'y a pas de répondant en face en tribune » nargue Pedro, supporter d’Olimpia, la veille de la rencontre accoudé au bar bière à la main. « Regarde ces supporters d’Olimpia. Toujours là à se la raconter et à nous remémorer leurs titres internationaux. Ils sont insupportables ! » lui répond alors Juan, hincha du Libertad, qui lui opte pour une vodka dans une ambiance assez bon enfant. Les chambrages en règle et la fête dureront toute la nuit dans la capitale paraguayenne et nous, on a déjà hâte d'assister à la rencontre.

De la folie à la désillusion

16 heure ce samedi. Sous une chaleur insupportable, nous prenons le Bus numéro 13 depuis le Centre d’Asunción complètement paralysé par ces températures caniculaires pour rejoindre le Defensores Del Chaco. L'air est quasi irrespirable et on se demande comment un match de football peut se dérouler dans ces conditions. En arrivant aux alentours du stade où repose le mausolée d'Arsenio Erico, légende paraguayenne (voir Arsenio Erico : l’ange qui jouait pour le diable), nous croisons énormément de maillots d'Olimpia. On s'y attendait. Libertad n'est pas un club réputé pour sa hinchada et son taux de remplissage des tribunes mais de leurs côtés les hinchas du Decano ont l'air de répondre présents malgré l'immense déception de la semaine dernière dans le Superclásico. « Aujourd'hui on a pas le choix, il faut gagner. Nous sommes dans les bas-fonds du classement et les joueurs nous le doivent après la défaite face au Ciclón. Perdre un autre Clásico est inconcevable, on est Olimpia bordel ! », lâche Pablo, bob sur la tête en compagnie de son petit garçon. Il est 17h et direction la platea du Defensores pour obtenir une vue optimale sur la Barra – Brava d’Olimpia et la rencontre. La chaleur se fait de plus en plus pesante et dès notre entrée dans le stade, nous pouvons nous apercevoir que tous les fans d'Olimpia restent dans les coursives de l'enceinte à l'abri du soleil. Terere en main pour certains, sceau d'eau sur la tête pour d'autres, toute les façons de se rafraîchir sont bonne à prendre. « Tu sais, on gueule souvent concernant les salaires des joueurs etc. Mais là ? Même pour tout l'or du monde je disputerais pas un match de foot de ce temps-là » s'amuse Nacho, la soixantaine et supporter d'Olimpia depuis sa plus jeune enfance comme le témoigne le t-shirt qu'il porte « Gracias a Dios, naci Olimpista » (Merci à dieu, je suis né en étant d'Olimpia).

Depuis les coursives, nous entendons la Barra d'Olimpia faire son entrée à cinq minutes du coup d'envoi, moment choisi pour rejoindre nos places. L'entrée des joueurs sera accompagnée de trois maillots géants du club du côté de la popular du Decano alors que le parcage du Libertad est bien clairsemé. En ce début de rencontre, le spectacle est plutôt dans les tribunes et nous sommes assez surpris de la hinchada d’Olimpia dont les chants, inspiré du voisin argentin, sont détonants, très réguliers et l'agitation de drapeaux est constante dans le style d'une curva italienne.

Sur le terrain, il fallait s'y attendre, la chaleur n'aide pas à mettre beaucoup de rythme dans la rencontre. L'arbitre de la rencontre autorisera même une pause à la 25ème minute pour que les 22 acteurs se réhydratent. La première grosse occasion de la rencontre sera pour Bareiro qui voit sa tête repoussé par le portier du Libertad puis par son montant. 0-0 à la pause toujours sous une très belle ambiance mais ils manquent les buts. 

Au retour des vestiaires, le soleil enfin tombé derrière la tribune d'honneur du Defensores Del Chaco, le match s'emballe un peu plus. Mais c'est alors que Libertad est dans un temps fort, sur un contre, Freddy Bareiro, toujours lui, inscrit le premier but de la rencontre. Énorme soulagement du côté des fans d'Olimpia et le Defensores Del Chaco s'enflamme enchaînant les mots d'amour pour le Cerro Porteño et son rival du soir.

30 minutes à tenir… Cela reste long, surtout que le Libertad paraît bien supérieur dans ce deuxième acte. La Barra-Brava continue de nous impressionner pour pousser les siens vers la victoire. On y croira un certain temps. Un certain temps seulement. A la 80ème minute, suite à un long ballon, c'est Bareiro, Antonio cette fois, qui effectue un contrôle parfait dans sa course avant de crucifier le portier Olimpista. Un partout et coup de froid ? Non. La Barra-Brava du Decano redouble de puissance ses chants mais cela ne suffira pas… Pire, à la 92ème minute Hernán Rodrigo López inscrit le deuxième but pour les visiteurs. C'en est trop pour les fans d'Olimpia qui quittent le stade et le petit contingent du Libertad se permet même un « Qui ne saute pas va en D2 ». Malgré une crise qui s'annonce et une place dans les bas-fonds du classement, la Barra-Brava restera jusqu'au bout à chanter pour l'amour du maillot. Mais jusqu'à quand ?

Par Bastien Poupat à Asunción pour Lucarne Opposée