Après la belle victoire de l’Uruguay sur le Chili cette semaine, week-end étrange en championnat ou les trois premiers n’ont pas gagné, décidant, sans doute, de laisser du suspens pour les deux prochaines journées. Peñarol a toujours son destin en main avec trois points d’avance, mais les deux grands font du surplace dans l’optique du classement annuel. Petit point sur la treizième journée du championnat Celeste.
Peñarol 1 – 1 Wanderers
Tout ce que je vais vous raconter n’aurait pas dû arriver. Je me souviens précisément de la première mi-temps d’un autre match. Nous sommes à la quatrième journée du championnat, et Peñarol vient d’enchainer deux matchs sans victoire, dont une défaite cinglante contre le Defensor, et à la 70éme, l’équipe de Bengoechea perd 1 à 0 contre le Fenix de Rosario Martinez. Les commentateurs parlent alors déjà des contacts avancés entre Damiani, président du club, et Aguirre, ancien joueur et entraineur, légende vivante. On ne parle plus de possibilité, on parle de date. On ne parle plus de pourparlers, on parle de contrat. Bengoechea va partir, c’est une chose sûre. Et, lâchement comme à mon habitude, après l’heure de jeu, je me suis endormi. Il était tard et j’aimerais pouvoir me justifier, mais je n’ai, en vérité, aucune justification. Dans ce sommeil de canapé que l’on croit léger mais qui est tellement plus lourd, lumières allumés, yeux fermés et lèvres pâteuses, dans cette fatigue de satisfaction que l’on ressent après deux cannettes de bière, j’ai manqué les buts carboneros. Car en huit minutes de fin de match, et sans que je le sache, Peñarol a retourné le match, sauvé son entraîneur, son tournoi, son histoire, et Diego Forlàn. En toute fin de match. On regarde toujours les statistiques des joueurs, mais jamais celles des téléspectateurs. Combien de match n’ont eu qu’une première mi-temps, avant que la télévision ne s’éteigne, ou que les yeux se ferment ? Bref, les choses se sont faites sans moi. Bengoechea est aujourd’hui entraîneur incontesté, au point de refusé une offre à millions d’Arabie Saoudite. C’est l’opposé d’Aguirre qui, après avoir attendu, vient de signer au Qatar, comme on s’enregistre à la prison de la santé, avec au moins la satisfaction d’y être confortable.
Et en ce 22 novembre, Peñarol peut jouer le titre contre les Wanderers dans un magnifique Centenario bien rempli, en cette soirée printanière. L’équipe carbonero joue avec son attaque papy, Zalayeta en pointe et Forlàn derrière. Côté Wanderers, Kevin Ramirez, révélation de cet Apertura, est bien aligné en pointe. Peñarol joue avec la satisfaction de savoir que le Nacional a perdu la veille, et que donc l’équipe peut presque se satisfaire du match nul, peut se permettre un faux pas. Et cela va grandement se ressentir en première mi-temps, puisque le jeu y sera très fermé. Il n’y aura au total que deux ou trois tirs, dont un coup franc de Forlàn difficilement repoussé par Buriàn sur sa ligne. Mais ce n’est pas le choc annoncé, entre deux équipes de haut de tableau. De chaque côté, les deux pointes jouent trop esseulés devant, sans véritable soutient. Le meilleur joueur de cette première période est Nahitan Nandez, qui s’épanouit depuis quelques journées et l’arrivée à ces côtés dans le onze titulaire de Pirìz. Nandez ne pourra sans doute jamais être un 6 seul, mais il a un profil à la Verrati, très bon pour courir après le ballon au milieu, beaucoup récupéré, et faire repartir l’équipe de l’avant. La deuxième période sera plus ouverte, avec tout d’abord un poteau trouvé par Scotti à la 50éme minute, suivit d’un arrêt de Guruceaga sur une frappe lointaine. Les bohemios dominent clairement le début de seconde mi-temps. Et à la 55éme minute, Mathias Santos récupère le ballon dans les pieds d’Aguirregaray, le passe à Colombino qui déclenche une frappe de 30 mètres, pleine lucarne, rebondissant sur la barre, sur la ligne, puis sur la barre à nouveau, avant de rentrer dans le but. Magnifique frappe, golazo de la semaine en Uruguay. Suite à ce but, Bengoechea effectue ces changements habituels en faisant notamment sortir le brave Marcelo Zalayeta, qui ne peut plus jouer seul en pointe, plus possible, la limite d’âge a été atteinte. Ifran et Luque vont renter, apportant beaucoup plus de forces offensives. Cela va peut être coupé l’équipe en deux pour le restant du match, mais cela va surtout apporter un peu de danger devant les buts de Buriàn. Ce danger sera concrétisé par de nombreux corners/coups francs obtenues par Peñarol. Et c’est sur l’un d’eux qu’à la 69éme, Rodriguez va égaliser. Le corner n’est pas évident à la base puisqu’il semble que ce soit Diogo qui sorte le ballon et non le défenseur Bohemio. Mais peu importe, Forlàn l’enroule magnifiquement, comme à son habitude, et Rodriguez le boxe dans le but pour l’égalisation. Il faudra s’interroger sur le nombre de buts marqués par des défenseurs du côté Peñarol, entre ceux d’Aguirregaray, de Valdes et de Rodriguez maintenant. Nombre de ces buts ont été marqué sur des passes décisives de Forlàn sur corner ou coup franc. Le match sera dynamique les vingt dernières minutes, avec beaucoup d’espace de chaque côté. Kevin Ramirez sera très bon mais pas récompensé devant le but, notamment sur une tête à la toute dernière minute qui passe à quelques centimètres du but.
Côté Peñarol, les meilleurs joueurs sont Guruceaga, qui a effectué de très bons arrêts, et Nandez, omniprésent au milieu de terrain. La défense a en général plutôt bien tenu le coup, l’attaque a eu plus de mal, surtout Zalayeta. On a peu vu Albarracin et Aguiar, ce qui explique les problèmes d’organisation offensive. Côté Wanderers, le même sentiment domine, l’équipe est bien organisée défensivement, possède de très bons joueurs au milieu de terrain, mais ne semble pas savoir comment s’en servir en phase offensive. Mention spéciale à Colombino pour son magnifique but, au défenseur Paulo Lima, et au latéral Alex Silva, qui a bien bloqué son couloir.
Portrait du joueur de la semaine : Kevin « Speedy » Ramirez
Il n’a que 21 ans le Kevin, mais il progresse à toute vitesse. Attaquant rapide, à l’aise avec de l’espace devant lui, le joueur natif de Rivera s’est imposé depuis le début de la saison comme l’attaquant de pointe de l’équipe bohemio. Il en est déjà à 8 buts, mais n’a pas marqué ce week-end. Pourtant il a tout essayé, de la tête ou à la course, il en a fait voir de toutes les couleurs à la défense de Peñarol. L’image marquante restera cette attaque en fin de match ou il part avec 5 mètres de retard mais arrive avec 5 mètres d’avance sur un ballon en profondeur.
Danubio 2 – 0 Nacional
Il y a un mois, le Nacional était premier avec plein de certitude, et de grandes chances de gagner l’Apertura. Il y a un mois, le Danubio était avant dernier, le changement d’entraîneur n’avait rien changé, l’équipe était toujours en panne. Depuis, le Danubio a gagné ses 4 matchs et le Nacional n’en a pas gagné un seul. Le délitement commence cela dit il y a un peu plus d’un mois du côté du Nacional. Malgré la victoire contre le Fénix ou le Defensor courant octobre, on sent que quelque chose est pourri au royaume de Munùa. L’équipe était en effet passé du 4-3-3 en place depuis l’année dernière à un 4-4-2 avec Fernandez et Alonso en pointe. Tout cela étant dû au départ en fin de mercato de De Pena, magnifique gaucher parti illuminé les sombres soirées de deuxième division anglaise. Sauf que l’équipe n’a pas accepté le changement tactique, comme une greffe qui ne passe, l’équipe n’a jamais été séduisante dans cette disposition. L’équipe souffre car la défense est beaucoup trop lente pour jouer haut sur le terrain, et Ivan Alonso ne peut se passer à son âge d’un peu de vitesse autour de lui. Mais Munua a aligné contre le Danubio la même équipe que contre Peñarol, avec la seule sortie de Romero blessé, remplacé par Nacho Gonzalez. Soit le meilleur joueur remplacé par un des pires joueurs de cette saison côté Bolso… Le match se joue bien aux Jardins de l’Hippodrome, très beau stade en majorité construit par les fans, avec un palmier en haut d’une tribune. Les stades uruguayens sont les plus beaux du monde.
Au début du match, il ne faudra pas longtemps pour que cela sente encore plus mauvais pour le Nacional. Dès la 4éme minute, le Danubio relance très rapidement un coup franc mal tiré par Gonzalez. En trois touches de balle, l’attaque du Danubio se retrouve à trois contre deux défenseurs. Sarrachi joue bien le coup sur son coté, centre tranquillement pour Grossmüller qui trompe Conde avec l’aide de Polenta. Quatre minutes de jeu pour résumer le mois que vient de vivre le Nacional. Et tout le match sera ainsi ! Car, menant 1-0, le Danubio insiste sur sa stratégie : jouer bas, bien défendre avec deux lignes de 3 milieux défensifs et 4 défenseurs, et remonter le ballon à la vitesse de l’éclair sur les contres. Et cela marche, le Nacional, malgré sa domination dans la possession, ne se procurera aucune occasion claire en première mi-temps. Le pire étant que Munua doit déjà procéder, avant la mi-temps, à deux changements puisque Gorga et Abero se blessent. Après la mi-temps, et dans l’exacte même veine qu’au début du match, Barreto obtient pour le Danubio un coup franc bien placé suite à une contrattaque rapidement menée. Ce dernier est tiré plein axe par Grossmüller, et devrait être facilement arrêté par Conde. Mais ce dernier se loupe et le ballon passe sous son épaule. Olivera, qui trainait dernière, n’a plus qu’à pousser le ballon dans les filets pour le 2 à 0. But marqué par deux vieux briscards, puisque Grossmüller, à 32 ans, est notamment passé par Schalke 04, et JM Olivera, à 34 ans, a roulé sa bosse dans de très nombreux championnats. Ces derniers ne sont pas les joueurs les plus véloces, mais en tant que numéro 10 (Grossmüller) et d’attaquant de pointe (Olivera), ils sont assistés de deux jeunes ailiers rapides que sont Bareto et Saracchi. Ces deux derniers ont été très bons, dans un profil qui manque cruellement au Nacional. Les bolsos n’ont, en effet, rien pu montrer dans la suite de la seconde mi-temps. Les choses empirant même avec la blessure d’Alonso à la 80éme, qui laisse l’équipe à 10 suite aux trois remplacements déjà effectués. Le Danubio aura quelques occasions en fin de match qu’ils ne seront concrétiser.
Côté Nacional, Nacho Gonzalez n’apporte rien au milieu. Eguren non plus, lui qui devrait pouvoir aider à contenir les attaques adverses. Ivan Alonso a été absent, très peu en vu. Conde a donné le deuxième but contre son équipe. Je ne parle même pas des quatre défenseurs… Côté Danubio, Grossmüller a été partout. Premier défenseur, il est également l’organisateur des contres avec toujours trois joueurs devant lui. Bon match de la ligne offensive, Saracchi, Bareto et Olivera. Ricca et Peña ont également été bon en défense.
Joueur du match : Carlos Grossmüller
Ailleurs
Defensor 2 – 2 El Tanque Sisley : El Tanque arrache le point du match nul à la dernière minute. Le Defensor perd lui encore deux points face à une équipe de bas de tableau.
River Plate 2 – 2 Liverpool: Deux équipes qui n’arrivent plus à gagner et qui se retrouvent donc en deuxième partie de tableau. A noter le retour sur le banc de River de notre ami Walter Vaz, qui n’est pas rentré.
Rentistas 1 – 0 Villa Teresa : RAS.
Sud America 1 – 1 Juventud : Las Piedras fait une première partie de saison catastrophique suite à son parcours en Sudamericana. Remise en cause à venir si l’équipe veut se maintenir.
Fénix 0 – 1 Cerro: Dans cette vague de match nul, le Cerro fait la très bonne opération de la semaine en dominant Fenix au Capurro. L’équipe de la Villa est troisième, largement au-dessus de ses espérances de début de saison.
Racing 2 – 2 Plaza Colonia : Le Racing menait pourtant 2 à 0, comme lors de la dernière journée de championnat. Colonia continue son petit bonhomme de chemin vers le maintien.
L’affiche de la prochaine journée
Pas vraiment d’affiche. Le Peñarol pourrait être champion le dimanche après son match contre Colonia. Le Nacional devra à tout prix gagner contre Rentistas, sauf à être complétement ridicule et à saborder non seulement l’Apertura mais aussi l’Uruguayo. Le dimanche se jouera à 14h30, heure française, un très intéressant Danubio – Wanderers. Les deux équipes viennent de prendre des points contre les deux gros, et sont dans une phase ascendante.
Pour le reste
Uruguay 3 – 0 Chili
Une minute d’applaudissement a été respecté avant chaque match en hommage des victimes des attentats de Paris, avec la présence de l’ambassadeur de France invité par Peñarol dans le stade dimanche soir.
Real Madrid 0 – 2 Luis Suarez
Et donc tous les matchs du championnat uruguayen seront désormais télévisés. C’est une petite révolution, jusqu’à peu il n’y avait que deux matchs de télévisés, ceux des deux grands. Paco Casal, homme le plus riche d’Uruguay, propriétaire des droits du championnat ainsi que du réseau GolTV, a donc décidé que le jeu en valait la chandelle. On pourra donc apprécier les Plaza Colonia – Rentistas en direct. Génial.
Uruguay 3 – 0 Chili
Les buts
Résultats
Classement