Nouveau week-end de foot en Uruguay. L’occasion de vous emmener ailleurs que devants les projecteurs d’un Nacional ou d’un Peñarol. L’occasion de plonger au cœur du football celeste.

Toute la semaine, le peuple uruguayen attend le week-end pour pouvoir suivre son équipe de cœur se battre dans ce championnat si particulier. En effet, la particularité de ce campeonato réside dans le fait que seulement 2 équipes sont médiatisées, à savoir Nacional et son meilleur ennemi Peñarol. Il suffit d'allumer la télé ou d'ouvrir le journal pour voir que 99% du débat footballistique local se porte sur ces 2 équipes. Mais comme l'a dit Blaise, pas Matuidi mais Pascal, "le cœur a ses raisons que la raison ignore" et c'est donc pour ça que je vous propose de vivre un samedi après-midi de football dans mon club à moi qui n'est ni Nacional, ni Peñarol, mais le Defensor Sporting Club !

file

Voilà 25 minutes que je suis en train de faire la queue, lorsque je me retrouve face à un gros monsieur orange qui me demande de vider mes poches, présenter ma pièce d'identité, présenter mon billet, présenter le reçu du billet, présenter ma carte de socio, d'ouvrir mon thermo a maté, si j'en ai un, et d'écarter les bras, si j'en ai deux, afin d’être fouillé. Cette queue est due aux contrôles renforcés suite aux incidents du dernier Clásico où des affrontements entre les supporters de Peñarol et la police avaient conduit les autorités à annuler le match et à donner les 3 points à Nacional sur tapis vert. Cette affaire a fait grand bruit et a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase posé sur le bureau de la AUF (la FFF uruguayenne). Elle a donc pris des grandes décisions comme, par exemple, la vente de billets qui ne se fait plus au stade, mais dans un bureau habilité, et des fouilles plus approfondies. Après avoir fait tout ça dans l'ordre, il me laisse passer sans avoir oublié de me poser une question classique en Uruguay : pourquoi Defensor ? Je ne sais pas quoi lui répondre alors, je le regarde et je souris ; lui me regarde, ne sourit pas, mais me souhaite un bon match.

Me voilà donc installé tranquillement sur les gradins du stade Franzini, nom donné au stade en hommage au célèbre président du club, mort en 1962. Pour vous faire une idée du foot uruguayen, il faut savoir que 14 des 16 clubs évoluant en première division sont de Montevideo ou sa banlieue ; les seuls clubs situés hors de la capitale étant Plaza Colonia qui évolue du coté de Colonia Del Sacramento et Juventud qui évolue à Las Piedras. Le Defensor Sporting Club lui, est situé dans un quartier "aisé" de Montevideo, le quartier du Parque Rodo. Le stade se trouve à quelques mètres de la plage, ce qui est agréable l'été, mais beaucoup moins l'hiver, lorsque le vent vient vous glacer les os. La Violeta est un club réputé pour son centre de formation qui a déjà vu éclore quelques grands noms comme Sebastián Abreu, Diego Rolán, Diego Godín et bien sûr notre cher Nicolás Olivera (lire Defensor Sporting : l’école du nouvel Uruguay). Voilà les présentations faites, on va enfin pouvoir parler foot ! Aujourd'hui, c'est le club du Cerro qui vient rendre visite à la Violetta. Ce club est aux antipodes, géographiquement parlant, de Defensor, car il est lui, situé dans un quartier un peu plus "caliente" de Montevideo, mais il n'en demeure pas moins un club important de la capitale.

Le match

17h02, coup d'envoi. Pour les plus curieux, voici la composition des équipes:

Defensor Sporting : Guillermo Reyes, Guillermo De Los Santos, Gonzalo Maulella, Emiliano Alvarez; Matías Zunino (68’ Ayrton Cougo), Mathías Cardacio, Claudio Rivero, Mathías Suárez, Matías Cabrera, Maxi Gómez (77’ Gonzalo Carneiro), Gonzalo Bueno (57’ Facundo Castro).  Entraîneur : Eduardo Acevedo.

Cerro : Yonatan Irrazábal, Rodrigo Izquierdo, Rodrigo Canosa, Angelo Pizzorno, Gianni Rodríguez; Richard Pellejero, Jonathan Barboza, Felipe Klein (23’ José Luis Tancredi), Jorge Rodríguez, Angel Luna (60’ Facundo Peraza), Maureen Franco (68’ Brian Lugo). Entraîneur : Diego Alonso Barragán.

match

Cerro, qui revient du Chili la tête basse, où il s'est incliné en Copa Libertadores sur la pelouse de la Unión Española (lire Copa Libertadores 2017 : le miracle Tucumán) montre tout de suite qu'il n'est pas venu faire du tourisme dans le centre de la capitale, mais qu'il est bien décidé à repartir d'ici avec 1 ou même 3 points. Mais c'est bien l'équipe locale qui se procure le plus d'occasions franches en ce début de match, notamment par maxi Gomez qui à la 12ème minute s'en va seul défier le gardien adversaire mais qui est rappelé par l'arbitre pour un hors-jeu imaginaire. Deux minutes plus tard, sur un coup franc joué rapidement, Pereira envoie une saucisse qui s'envole hors du stade. Dommage... A la 20ème minute, suite à un long arrêt de jeu pour soigner un blessé, des spectateurs en profitent pour donner leurs conseils aux joueurs. Et oui, c'est comme ça ici, on les appelle par leurs prénoms et on leur donne des consignes, certains qu'ils vont les suivre. Sept minutes plus tard, ce diable de Maxi Gomez, le Andy Delort de Montevideo (rapport à son physique imposant), se retrouve seul face au gardien, mais un défenseur de Cerro revient fort sur lui et le fait tomber dans la surface. L'arbitre ne siffle pas et le jeu continue ; mais l'ouverture du score se rapproche pour Defensor.boutique C'est trois minutes plus tard, que Mathias Cabrera se voit servir un ballon en profondeur, qu'il contrôle parfaitement de la poitrine et qu'il propulse en pleine lulu. Lui, l'ancien du Cerro, ne fêtera pas son but, par respect pour ses anciens coéquipiers. 1-0 pour Defensor !

17h48, mi-temps. Dans tous les stades du monde, la mi-temps est synonyme de pause pipi, de bière à la buvette et d'achat à la boutique ; et ici, et bien c'est pareil, à la seule différence que la boutique ressemble plus à un stand que l'on installe lors des concerts pour vendre des souvenirs de son groupe favori.

18h03, 2ème mi-temps. Dès le coup d'envoi, le Cerro se fait de plus en plus pressant sur les cages de Reyes, mais n'arrive pas à concrétiser. Suite à plusieurs erreurs d'arbitrage, l'ambiance se tend un peu et les supporters de la Violeta se lancent dans des joutes verbales assez fleuries à l'encontre de l'homme qui n'a pas le même maillot mais qui a la même passion. Le club fanion du Parque Rodo croit pouvoir contenir les assauts du Cerro, mais à la 88ème sur un centre venu de la droite, Pellejero décroise une tête qui vient plomber l'ambiance, ici au Franzini. Les dernières minutes ne seront pas suffisantes pour que Defensor trouve la faille dans une défense qui ne sera plus vraiment inquiétée.

L'arbitre siffle. Score final 1-1. Les joueurs regagnent les vestiaires sans s'échanger les maillots, car les maillots, ça coute cher et on va donc plutôt les laver et les remettre dimanche prochain au Parque Palermo, pour Defensor qui va essayer de ramener quelque chose de son match contre Sud America, et à la maison pour le Cerro qui reçoit l'équipe du Tanque Sisley.

Il est 18h23, je marche au bord de la plage en mangeant une glace et en regardant les jolies filles bronzer. Je réalise que j'aime ce foot sans chichi qui n'est peut-être pas le plus technique, mais qui est pour moi, authentique et où le club est une famille. Je suis le socio C6327 du Defensor Sporting Club et cela me va bien.

Résumé

Olivier Crampes
Olivier Crampes
Amoureux du football et de l'Uruguay et donc logiquement amoureux du football Uruguayen. Recrue du mercato d'hiver pour Lucarne opposée manquant clairement d'objectivité quand il parle de Defensor.