Rien ne sert de courir ; il faut partir à point

Peñarol et Nacional en sont un témoignage

banlomag

Au soir de la quatrième journée, la dernière documentée sur Lucarne Opposée, le Bolso (Nacional) avait deux points d’avance au classement du Clausura et sept au classement annuel. Quatre journées plus tard, Peñarol est devant au Clausura et n’est plus qu’à deux points au classement annuel, revenu à portée de clásico alors que ce dernier se jouera dans un mois. Comme en 2017, Peñarol roule au diesel. Il en reste donc plus que sept journées avant la fin du championnat, et voici un petit tour des forces en présence.

Peñarol a faim

Cinq victoires lors des cinq derniers ont permis au club de se redresser. Pourtant, la chute en Sudamericana avait fait mal, tant on pensait que cette coupe pouvait être plus à la portée des Carboneros. Au final, le club s’est remis et a enchaîné, suite à sa défaite en coupe, cinq victoires de rang en championnat. Certains matchs ont été gagnés avec un peu de chance, comme contre Cerro ou contre Boston River, d’autres avec autorité comme contre Liverpool ou le week-end dernier contre Atenas. Quelques hommes se sont mis en avant avec notamment Lucas Viatri, de retour après huit mois de blessure suite à un incident de feu d’artifice lors des fêtes de fin d’année 2017. Il est précieux en pivot et a aussi marqué son premier but depuis son retour contre Cerro, un but décisif de la tête sur un bon centre d’Hernández. Un but qui marque son retour et son attachement désormais au club qui l’a prolongé malgré ses problèmes. Il en a pleuré, en a enlevé son maillot, a pris un deuxième jaune pour avoir enlevé son maillot, puis il a serré la main de l’arbitre avant de sortir en larmes, des larmes de joie. À ses côtés en attaque, Fernández continue son bonhomme de chemin avec sept buts en sept matchs joués. Cela se voit clairement qu’il est en forme et qu’il profite de l’effectif qui marche bien. C’est aussi le gabarit idéal de l’attaquant pour réussir en Uruguay : puissant et précis. Parmi les différences avec l’Apertura, on notera aussi dans le onze qu’Ignacio Lores s’est imposé à la place d’Estoyanoff et qu’il apporte plus dans le jeu que son vieux compère). Un petit jeune, Ezequiel Busquets, s’est aussi imposé côté droit en défense en l’absence des titulaires habituels (principalement Rodriguez). Lors de PeñarolCerro, on a donc pu voir sur le terrain Pellejero, 41 ans, et Busquets, 17 ans, face à face. Pour la suite, Peñarol devrait aussi voir revenir dans les prochains semaines Gargano et Corujo, pour former une équipe de très haut niveau pour le sprint final.

Nacional joue mais ne marque plus

Côté Bolso, la pente s’est inversée et le club de Medina est dans le dur. Après avoir survolé l’Apertura et l’intermedio (une seule défaite en vingt-deux matchs), Nacional vient de perdre cinq points en quatre matchs, avec une défaite contre le Defensor et un nul contre River Plate. Rien de dramatique dans le jeu, car Nacional n’a perdu contre le Defensor qu’à cause du jeune Ocampo prenant un rouge dès la deuxième minute, et n’a pas réussi à s’imposer contre River malgré avoir touché quatre fois la barre et s’être procuré un nombre incalculable d’occasions. Reste que tout cela laisse un goût légèrement rance, puisque le club a perdu des points précieux, a gagné des matchs à la limite comme contre le Racing, et que Peñarol semble très dangereux dans le rétroviseur. L’avance qui semblait, comme l’année dernière solide, a fondu. Dans l’effectif, la force de l’équipe au premier semestre a été le turn-over, mais cette force semble aujourd’hui se retourner contre le groupe, avec des joueurs qui entrent et qui sortent du onze, comme Aguiar, sans que la fatigue soit un facteur de décision apparent. D’autres joueurs, comme Tata González, ont disparu de la circulation. Par contre, Pierre Webo a signé son retour au club cette semaine, cinq mois après son dernier match en Turquie… Après une semaine qui s’annonce cruciale et difficile (Wanderers ce samedi puis San Lorenzo la semaine prochaine), le club aura une semaine pour respirer puisqu’ils ne vont pas jouer la journée neuf (celle prévue contre El Tanque) et pourront donc se remettre d’aplomb avant le sprint final.

Pour le reste

Au classement annuel, les deux grands ont dix-neuf et vingt et un points d’avance. À sept journées de la fin, ils sont déjà assurés de jouer la prochaine Libertadores directement. Derrière, la principale déception vient du Defensor. C’est une déception logique, tant le club a encore perdu un nombre incroyable de joueurs lors des deux derniers mercatos. Comme toujours au Defensor, de nouvelles têtes sont apparus, pas forcément celles que l’on attendait d’ailleurs, et il faudra encore quelques mois avant que la mayonnaise ne prenne. Pour le reste, le Liverpool de Pezzolano est la bonne surprise de la saison, Danubio reste dans le haut du classement malgré quelques contre-performances. Pour la descente, de nombreux clubs sont concernés. Les « favoris » sont Fénix, Rampla et Racing. Les violets restent sur de nombreux matchs cruels ou ils sont battus sur des détails. L’effet JR Carrasco n’a pas eu lieu. Rampla, lui reste sur une saison calamiteuse et, même si l’équipe picapiedra se maintient cette année, la moyenne sur deux saisons devrait les tuer définitivement d’ici l’année prochaine.

Au sujet de l’AUF, les clubs ont fait feu de tout bois puisqu’ils ont fait appel auprès du TAS pour la mise sous tutelle et continue de planifier une « ligue ». Pour ce qui est de l’appel, la procédure sera longue puisque le TAS a d’ores et déjà indiqué que la procédure pourrait prendre jusqu’à un an. Pour ce qui est de la ligue, cela semble être le chemin logique à suivre si les clubs veulent continuer leur fonctionnement actuel. Il faudra suivre les formes que cela prend, les principaux moteurs de ce choix de ligue étant Peñarol et Nacional, qui ne seront pas forcément toujours suivi par les petits clubs.

Les buts

Résultats

uruj8r

Classement

uruj8c

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba