Peñarol aime bien les Clausuras. Comme l'année dernière, ils sont en train de réaliser un parcours parfait (invaincu avant la dixième journée), ont déjà fondu sur le Nacional, et rêvent d'un doublé. Côté Nacional justement, deuxième défaite de la saison ce samedi face aux bohemios, et même si le bolso n'a pas à rougir de sa demi-saison, tout se complique. Il reste six journées de tango endiablé, mais avant cela retour sur la neuvième journée de l'Uruguayo.

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Danubio 0 – 2 Peñarol

Peñarol jouait ce week-end avec la joie et l'allant d'avoir vu son adversaire de toujours perdre la veille. Il suffisait donc juste d'une nouvelle victoire pour prendre la main au classement annuel. Peñarol pouvait compter sur son effectif type de ce Clausura avec le retour de Viatri devant avec Fernández, au milieu Lorres, Cebolla, Pereira et Canobbio et en défense Hernández, Rodríguez, Formiliano et Busquets. Si Gargano et Corujo sont blessés de longue date, il est intéressant de noter que Varela ne joue plus au football depuis la Coupe du Monde. Il devait tout d'abord partir en Europe et a donc refusé de jouer en août, puis, devant l'absence de proposition intéressante, il est resté, est parti directement en sélection ou il s'est blessé... Malheureux choix de carrière effectués par le joueur et par son « représentant ». Maxi Rodríguez et Estoyanoff, eux, jouent toujours de temps en temps, mais commencent tout doucement à lever le pied. Le match n'avait rien d'une ballade de plaisir puisque ce n'était rien de moins que Danubio, troisième et jouant un jeu élégant, qui accueillait les Carboneros à Jardines del Hippodromo. L'équipe de la Franja souffre malgré tout souvent contre les grands, et a perdu beaucoup durant le mercato avec le départ au Brésil de David Terrans et son pied gauche. Carlos Grossmüller est blessé pour ce match.

Le match est pluvieux mais plaisant au début. Danubio joue bien et dérange Peñarol même si ces derniers arrivent à bien écarter le jeu. Le tout change définitivement à la demi-heure de jeu avec l'expulsion logique de Dawson, gardien de Peñarol. Sur un long ballon, alors que Nacho González est hors-jeu, Dawson vient couper sa course d'une magnifique semelle. Le hors-jeu ne change rien, le pauvre Viatri doit sortir et laisser sa place au jeune Thiago Cardozo. Peñarol se repositionne en 4-4-1 , avec Canobbio et Lorres montant beaucoup sur leur côté, et cela fonctionne plutôt bien. La différence entre les deux équipes ne paraît pas évidente sur le terrain. Danubio cherche plus à conserver la balle, mais n'a pas les joueurs pour, et Peñarol est très dangereux en contre. À la soixantième, Fernández combine bien avec Cebolla et Lorres devant la surface de Danubio. Cebolla glisse le ballon vers un Fernández mal couvert par la défense. Ce dernier effectue une frappe de mule au ras du poteau pour l'ouverture du score. Peñarol défend bien, notamment au cœur par Pereira et Rodríguez, et ressorte vite chaque ballon. Peñarol domine. Le deuxième but vient donc logiquement, sur un coup-franc toujours bien tiré par Hernández, Castro plonge et détourne le ballon sur Formiliano qui n'a qu'à pousser le ballon. Victoire aussi logique que surprenante au vu de la durée du match durant laquelle une équipe a joué à dix. 2 – 0.

Côté Danubio, beaucoup de déceptions, comme souvent face aux grands. L'équipe n'y arrive plus, avec quelques joueurs très décevants comme Sergio Felipe ou Ribair Rodríguez en défense. L'attaque n'a aussi pas réussi à proposer autre chose que des centres sur lesquels Formiliano et Rodríguez se sont faits plaisir. Côté Peñarol, Canobbio rejoue enfin à son niveau côté droit. Le Dobble-cinco au milieu composé de Pereira et Cebolla est magnifique, avec une répartition des rôles parfaite. Dans le cœur du jeu, et même s'il n'a pas fait son meilleur match, Cebolla n'a pas d'équivalent en Uruguay.

Joueur du match : Cristian Cebolla Rodríguez

Nacional  1 – 3 Wanderers

Nacional accueillait Wanderers en ayant déjà accumulé pas mal de doute, avec quelques contre-performances lors des derniers matchs ayant déjà fait perdre du terrain au Bolso. Face à eux, une des meilleures équipes du Clausura, Wanderers. Depuis son arrivée Espinel a remis l'équipe en marche, grâce à une remise en cause de certains cadres mais aussi grâce à l'arrivée de certains joueurs comme Albarracin, dont nous reparlerons. Les Bohemios n'ont perdu qu'une fois, contre Peñarol 3 à 0, mais ont sinon dominé leurs adversaires et reviennent fort au classement annuel à la course à la Libertadores (six équipes en huit points à six journées de la fin, pour deux places ouvrant droit aux barrages pré-libertadores). Choc donc, important pour le Clausura.

Pourtant, la première mi-temps est assez pauvre avec surtout des occasions côté Nacional. Aguiar frappe à côté, Zunino voit sa frappe arrêtée par Castro, un ballon contré par Fernández passe juste à côté. La pression haute du Bolso fonctionne, notamment sur les côtés, et gêne terriblement Wanderers qui est dans l'incapacité de construire. Ce pressing haut fait malgré tout déjà coulé quelques gouttes de sueur aux milieux de Nacional, qui commencent à fatiguer. La deuxième mi-temps va voir le Bolso exploser, et c'est pourtant eux à nouveau qui tire le premier, en manquant toujours de justesse dans le dernier geste. Bergessio, Fernández, Aguiar, Castro ont l'air sur les rotules, et n'effectuent le premier travail de pressing. Sur un ballon où Nacional a l'air de vouloir repartir à l'attaque avant d'avoir récupéré le ballon, Castro effectue un centre au deuxième poteau pour Albarracin qui trompe Conde de près. 1-0. Dans la foulée, Colombino effectue un amour de passe pour Pastorini dans la surface qui est taclé par Erramuspe qui n'avait aucune chance de toucher le ballon. Il se fait justice lui-même, 2-0. En cinq minutes, le match semble plié. Wanderers a pris son temps, mais a enfoncé sa lame profondément. Bergessio va réduire l'écart sur une bonne passe de Fernández qui avait été lui-même bien alerté par Romero, mais Pastorini va redonner un avantage définitif à son équipe sur un bon centre de Rivero. Rafa Garcia est encore en retard. Score final 3-1.

Côté Nacional, je me fais du souci. L'attaque a manqué de jus. Bergessio marque certes des buts mais ralentit l'équipe dans le jeu en général. Derrière, Chory Castro joue comme Viudez, c'est à dire qu'il est magnifique à voir jouer mais qu'il manque de tranchant et, parfois, il me semble, d'envie. Derrière, Rafa Garcia ne s'est pas transformé en crack lors de son passage en Argentine, il reste trop lent. J'ai très peur pour eux avec le clasico à venir. Une défaite et les finales seraient très compliqués à jouer. Côté Wanderers, l'équipe n'a pas tant fait plaisir à voir mais à magnifiquement utilisé les faiblesses de son adversaire. La rapidité sur les côtés (Villoldo, Albarracin...) a tué physiquement le Bolso. Le milieu (Noy, Colombino) a très bien contrôlé le jeu sans être extraordinaire. La charnière a fait des erreurs qui auraient pu couter cher si Nacional avait été dans un bon jour.

Joueur du match : Nicolas Albarracin

Les buts

Résultats

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Classement

uruj9c

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba