Les vacances sont terminées. Le football peut recommencer. Peñarol va-t-il conserver son titre ? Les petits vont-ils pouvoir lutter contre les grands ? L'intérieur pourra-t'il conserver ses équipes en première division ? Peu importe. L'important est ailleurs, dans cette passion qui va de nouveau unir pendant une nouvelle saison tout un pays, le pays du football.

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Trois tournois : un Apertura qui commence donc ce 16 février et qui devrait se terminer en mai, un tournoi intermédiaire de fin mai à juin, regroupant en deux poules toutes les équipes du championnat, les vainqueurs de chaque poule joueront une finale pour désigner le vainqueur. Enfin un tournoi Clausura de mi-juillet à fin novembre, avec finales possibles en décembre, si besoin. Trois équipes descendent directement en fonction du classement moyen sur deux saisons, sauf en cas d'égalité, ou un match de départage sera organisé.

Ce qu'il va se passer

Par expérience, voici un avant-goût de la saison 2019 en Uruguay :

  • Au milieu de l'Apertura, le championnat va être interrompu parce que Bordaberry, nommé par la FIFA pour mettre de l'ordre, n'aura pas voulu abandonner son poste. Après trois semaines d'arrêt du championnat, et Bordaberry devant reconnaître qu'il n'est pas son père, des élections seront finalement planifiées, durant lesquelles un scandale éclatera car Casal (gérant de la société diffusant le football uruguayen) aura acheté les voix de nombreux clubs, du football de l'intérieur, du football féminin et de deuxième division. Son candidat l'emportera d'une voix, les joueurs auront perdu.
  • Peñarol sera en crise au printemps après une défaite cinq à zéro à Rio. Changement d'entraîneur, élimination en Libertadores.
  • Nacional sortira de son groupe en Libertadores mais le payera en championnat laissant le titre lui échapper durant le Clausura. Peñarol reviendra du diable vauvert et remportera son troisième titre.

Les équipes

penarolLe champion : Peñarol

Nom complet : Club Atlético Peñarol

Surnom: Manyas, Carboneros, Aurinegros…

Stade: Campéon Del Siglo, très joli stade pouvant accueillir 43 000 personnes, situés dans les limbes de Montevideo. Plutôt que la voiture, privilégiez le bus depuis Tres Cruces.

Coach: Diego López       

Peñarol, sujet de conversation préféré des supporters du Nacional, est le club le plus titré d’Uruguay. Un long débat existe sur sa date de création, débat dont l’objet est de définir quel est le club le plus ancien. En effet, le Club Atlético Peñarol est la suite (ou pas, selon les théories nacionalophile) du C.U.R.C.C. pour Central Uruguay Railway Cricket Club, fondé en 1891, la transition entre les deux ayant eu lieu en 1913. Dans tous les cas, Peñarol a remporté cinq Libertadores dans son histoire, deux de plus que son rival, et a remporté deux quinqueño (quintuplés) sur le plan national. Les études statistiques tendent à montrer que c'est le club préféré des Uruguayens.

Le dernier exercice a été excellent sur le plan national pour Peñarol. Le club a changé d'entraîneur en cours d'année et a réussi un excellent tournoi de clôture pour coiffer Nacional à deux journées de la fin. Peñarol commence à accumuler quelques matchs d'invincibilités en clásico, et est donc bi-champion en titre. Un troisième titre, voire plus si affinités pourrait marquer l'histoire du club avec une génération de joueurs de toujours (Lucas Hernández, Marcel Novick) ou de retour au club (Walter Gargano et surtout Cristian Rodríguez) qui pourrait rejoindre le panthéon.

L'objectif maintenant sera simple : Le triplé. Et évidemment essayer de faire bonne figure en Libertadores même si l'histoire récente nous refroidit sur les objectifs à atteindre. Mais il ne faudra qu'une nuit pour que les rêves recommencent, premier match à Quito le 7 mars, avant de recevoir le San José bolivien et d'aller titiller le grand Flamengo à Rio.

L'équipe a encore une fois (et c'est exceptionnel trois années consécutivement pour un club comme Peñarol) conservé la même ossature que l'année dernière. Niveau départ, parmi les titulaires, Maxi Rodríguez est retourné à son Newell's en Argentine, mais on peut également noter Carlos Rodríguez parti en Colombie. Guillermo Varela, qui n'avait pas joué à Peñarol depuis mai, est parti au Danemark. Le plus important : Viatri a renouvelé son contrat, et Fernández a été vendu au Celta pour faire entrer les sous dans la caisse mais a été prêté aussitôt et est donc disponible.

Le pilier de l’équipe / Afrique du Sud 2010 : Cristian Rodríguez. Il est encore trop tôt pour le comparer à des Pacheco ou à des Morena, et il aura sans doute du mal à obtenir les titres internationaux de ses prédécesseurs, mais il est revenu au pays « jeune », 30 ans, et il a été exceptionnel sur les deux précédentes années. Il ne changera sans doute plus jamais de club, et on lui souhaite de jouer jusqu'à 40 ans. Il est magnifique de technique et d'envie.

Le jeune espoir qui sera revendu l'été prochain : Enzo Martínez s'est imposé en charnière pendant les amicaux d'été. Jeune joueur de 20 ans, il est précis et autoritaire sur les ballons aériens. Peñarol n'a pas trop eu de réussite sur ce qui est de la formation des défenseurs centraux ces dernières années, il pourrait être l'exception. Il aura en tout cas du temps de jeu, et la possibilité de se montrer.

Le meilleur joueur étranger du championnat : Lucas Viatri est un attaquant de pointe limité, sorte de Giroud du pauvre. Mais il a toujours tout donné à Peñarol, à tel point que son départ un temps évoqué avait créé une révolte sur les réseaux sociaux pour que Lucas prolonge. Il incarne ce que les supporters attendent d'un attaquant : l'envie, la débauche d'énergie, le premier défenseur. Est-ce suffisant au niveau continental ?

nacionalL'autre grand : Nacional

Nom complet : Club Nacional de Football

Surnom : Bolsos, Tricolores, Albos…

Stade : Gran Parque Central avec une capacité de 30 000 places. Premier stade mondialiste, sachant que le Pocitos a été détruit.

Entraîneur : Eduardo Domínguez.

Deuxième grand club d'Uruguay, avec à son palmarès trois Libertadores et quarante-cinq titres en championnat, dont le dernier il y a deux ans déjà. Les idoles locales s'appellent Hector Scarone, Atilio Garcia et Alvaro Recoba. C'est historiquement le club national, par opposition aux clubs formés par des Anglais comme Peñarol. Aujourd'hui, cet aspect « politique » a disparu, laissant la place à une simple opposition de clubs. Le club a un nouveau président depuis décembre, Decurnex, qui l’a trouvé dans un état d'endettement avancé. C'est du moins l'excuse qu'il a mise en avant pour virer une quinzaine de joueurs (Fucile, Romero, Espino, Barcia...), avant d'en recruter autant dans la foulée. Nacional a perdu son premier match de l'année contre Peñarol avant de gagner la Super Coupe, mais sans dominer dans le jeu. Il faudra que la mayonnaise monte. À noter le recrutement de l'excellent Mathías Cardacio au milieu, qui jouait pour le Defensor les deux dernières saisons et qui était pour beaucoup dans les bonnes performances du club violet. Un joueur qui pourra organiser l'équipe.

Objectif de la saison : Le titre. Laisser Peñarol gagner à nouveau serait vécu comme une honte.

Le Pilier du club / Afrique du Sud 2010 : Sebastián Papelito Fernández rempile et sera l'un des derniers joueurs « historiques » du club après les départs en six mois de Polenta, Fucile, Arismendi... En neuf et demi, il est toujours aussi précieux en championnat, résolvant des situations entre-deux, marquant le petit but qui va bien.

L’espoir qui sera vendu dans un an : Santiago Rodríguez a fait forte impression pendant les matchs de présaison. Alors que le club avait recruté des joueurs autrement plus capés pour son poste de milieu offensif (Amaral, Lorenzetti, Carballo) le petit jeune s'est montré, a délivré une passe décisive lors de la Super Coupe, et a gagné une place dans le groupe. À suivre sur une saison. 

La gloire du quartier / Afrique du Sud 2010 : Álvaro Palito Pereira va jouer pour le club de ses amours. Formé à Miramar Missiones, le latéral a toujours crié haut et fort son amour pour le Bolso. Après deux saisons vierges suite à des blessures, il va donc jouer pour son club, avec un contrat « à la performance ». S'il pouvait revenir au niveau, il serait précieux.

Les trois petits nouveaux à l'honneur

juventudJuventud de Las Piedras

Nom complet : Club Atlético Juventud de Las Piedras

Surnom : Canarios

Stade: Parque Artigas, 5500 places, à Las Piedras, grande banlieue de Montevideo. Fait officiellement partie des trois clubs extérieurs à Montevideo. Mais, honnêtement, celui-là ne devrait pas compter.

Entraîneur : Álvaro Fuerte

Petit club de première division, seulement treize saisons dans l'élite, qui vient de remonter directement après une saison au purgatoire. Le club s'est qualifié une fois pour un deuxième tour de Sudamericana, seul fait de gloire. Club de la galaxie de Paco Casal.

Objectif de la saison : se maintenir.

plazaPlaza Colonia   

Nom complet : Club Plaza Colonia de Deportes

Surnom : Patablancas

Stade Parque Supicci, 15 000 places, Colonia del Sacramento. Un des clubs de l'extérieur, en face de Buenos Aires, dans la magnifique ville de Colonia, appartenant au patrimoine mondial de l'UNESCO. Si vous pensez un jour faire Buenos Aires – Montevideo ou vice versa, prenez une journée pour faire Colonia.

Entraîneur : Mario Szlafmyc (se prononce Mario).

L’immense surprise de la saison 2016, l’équipe ayant remporté le tournoi Clausura lors d’un match épique sous la pluie au Campéon Del Siglo. 2017 a marqué la chute du club en deuxième division, avant la renaissance l'année dernière une montée méritée. Le club s'est restructuré,a retrouvé des joueurs ayant participé au titre de 2016 comme Waller ou Caseras, et a recruté intelligemment quelques vieux comme Fucile ou Tabárez (ex-Danubio).

Objectif de la saison : Le Clausura

Le pilier / Afrique du Sud 2010 : Jorge Fucile. Nous sommes le 2 juillet 2010, au Soccer City Stadium. Le stade est depuis longtemps plongé dans la nuit sud-africaine, mais personne ne pense à dormir. L'Uruguay s'est sauvé d'une mauvaise passe de la main de Luis, mais il reste les tirs au but, épreuve terrible, prête à sceller le destin de ce continent africain uni derrière le Ghana, et de ce petit pays au quatre étoiles qu'est l'Uruguay. Au milieu du terrain, deux hommes discutent. Un homme au cheveu long, et un autre, plus petit. Après le premier tir au but, le plus grand demande à l'autre « il plongerait pas avant le gardien là ? ». L'autre lui répond : « oui, loco ». Après le deuxième tir au but « on est d'accord, il plonge avant le gardien, à chaque fois ». L'autre lui répond : « oui, loco ». Avant le dernier, le grand demande une dernière fois : « on est d'accord ? Le gardien plonge avant le tir à chaque fois ! ». « Oui, loco. Va faire ta panenka et arrête de me casser les couilles ».

L’espoir qui sera venu dans un an : Facundo Waller revient après un an et demi au Nacional où il s'est fait les croisés et a souffert tout un tas de pépins physiques. On lui souhaite de revenir bien, de repartir sur des bonnes bases, c'est un joueur avec le potentiel pour jouer en sélection.

La gloire du quartier : Matias Caseras est l’un des piliers de la victoire de Plaza lors du Clausura 2017, terriblement efficace comme milieu défensif. Il revient après une année au Japon. Et il a une magnifique moustache de mousquetaire. Pour tout cela, bravo.

cerrolargoCerro Largo

Nom complet : Cerro Largo Fútbol Club

Surnom : Arachanes

Stade: l'Ubilla, quelques milliers de personne peuvent y rentrer les grands soirs.

Entraîneur : Danielo Núñez

Petit club du Nord du pays, et ça fait du bien comme on ne voit plus Tacuarembó en première division depuis quelques temps. Cerro Largo est le département, la ville du club étant sa capitale, Melo, charmante bourgade de 50 000 habitants, centre agricole au milieu des terres et des vaches. Beaucoup de vaches. Contrairement à Las Piedras, située à quelques encablures de Montevideo, ou Colonia, ville connectée à Montevideo et Buenos Aires, Melo est une vraie ville de l'intérieur, plus proche du Brésil que de la capitale, suivant plus le championnat brésilien que l'argentin. Tout y est différent, un peu plus sauvage. Le club est récent, issu d'une vague à la fin des années quatre-vingt-dix durant laquelle l'AUF a voulu créer des clubs par département de l'intérieur. Il est donc remonté, avec un effectif jeune, sans star, basé notamment sur quelques prêts bien sentis comme celui d'un des gardiens de Peñarol, Aguerre. Le club a aussi recruté le très bon attaquant Jonathan Dos Santos, venant du Danubio.  

Objectif de la saison : se maintenir, et faire honneur à cet autre Uruguay que l'on ne voit pas d'habitude en championnat.

Le Goleador : Carlos Bueno va évidemment rester au club, après avoir fortement aidé à sa montée l'année dernière. L'ancien du PSG, ami de Griezmann, est toujours aussi bon, aussi bien sur le terrain pour rendre fou les défenseurs que devant la parilla. Ce sera un plaisir de le revoir, ses mouvements devant les défenseurs étant toujours d'une grande qualité.

Les autres

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Nom complet : Defensor Sporting Club

Surnom : Viola ou Violeta

Stade Franzini, 18 000 places, avec une magnifique vue sur la Rambla, idéal en été mais avec un vent meurtrier en hiver. Stade le plus « accessible » après le Centenario si vous n'avez qu'une ou deux journées à Montevideo.

Coach: Jorge Polilla Da Silva

Club du centre-ville de Montevideo, considéré comme « huppé », également un historique du championnat avec quatre titres, dont le premier du football professionnel d’une équipe hors Peñarol et Nacional en 1976. Il a formé de grands joueurs comme Sebastián Abreu, Diego Godín ou Maxi Olivera. Comme d'habitude, le club a été pillé durant le mercato avec les départs de Matias Cardacio, Mathías Suarez, Ayrton Cougo... L'équipe s'est fortement renouvelée, avec de nombreux jeunes, et a déjà réussi l'exploit de se qualifier pour les barrages en Libertadores. La vente des jeunes est une habitude pour le Defensor, mais cela ne permet pas toujours d'être régulier dans une saison.

Objectif de la saison: Vendre trois jeunes. Et prier pour que Maxi Gómez, qui appartient toujours pour 20% au Defensor, soit vendu cinquante millions d'euros au mercato. Là, Messieurs Dames, c'est jackpot et on repeint le Franzini.

L'espoir qui sera vendu dans six mois: Pablo López a réussi un match extraordinaire en Bolivie et sera donc la nouvelle star de cette équipe. Attaquant très mobile, sur tout le front de l'attaque, il gère à merveille les espaces. Il partagera l'attaque avec Emiliano Gómez qu'on a vu en sélection U20 ou Facundo Milán, jeune attaquant de 18 ans au profil plus physique.

Les joueurs qui restent : En défense, le club a Nicolás Correa, pilier chauve comme on les aime au rugby, qui va stabiliser une défense ayant beaucoup souffert l’année dernière. Reste également Rabuñal au milieu, qui continuera à gratter des ballons pour ses équipiers.

Le joueur qu'on est content de revoir / Afrique du Sud 2010 : Álvaro Tata González ne jouait plus depuis une bonne année au Nacional. C'est pourtant un excellent joueur, précis, précieux, dont Medina a décidé de se passer et qui a joué tout 2018 avec la réserve. Il revient au club qu'il l'a formé pour un dernier rebond.

bostonriverBoston River

Nom complet : Club Atlético Boston River

Surnom: Rojiverde, el Boston

Stade Juan Lavalleja, 7000 places, mais joue beaucoup plus souvent à Montevideo dans le vieux stade Nasazzi de Bella Vista.

Coach : Gastón Machado

Après deux très bons exercices, l’équipe a beaucoup souffert l'année dernière et aurait été reléguée sans la règle de la moyenne sur deux saisons. Club sans véritable histoire, qui a participé comme institution à quelques magouilles peu glorieuses.

Beaucoup de mouvements durant ce mercato avec le départ du coach Apud, qui avait cette équipe en main depuis quelques temps. Cette saison devrait être très dure. Parmi les départs, Mastriani est parti au Déportivo Gayaquil et Ergas, après son but contre Nacional l'année dernière pour une victoire historique, est retourné au Defensor qui l'a formé.

Objectif de la saison : Le maintien à tout prix.

Le jeune qui sera vendu dans un an : Ils ont réussi à conserver un très bon attaquant en la personne de Diego Coelho, pointe formée au Nacional mais où il n'a jamais réussi à percer malgré quelques bons matchs. Il a déjà marqué six buts pour Boston depuis son arrivée lors du mercato hivernal l'année dernière.

Le pilier du coin : Diego Scotti, frère d'Andrés, 42 ans (!!!), grand voyageur également mais qui est depuis quelques saisons le pilier du milieu de Boston. Il est connu pour avoir essayé d'amputer Riquelme en 2012 sur un tacle assassin.

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Nom complet: Club Atlético Cerro

Surnom : Albicelestes, Villeros

Stade Tróccoli, capacité normale de 25 000 places, accueillant en général quelques centaines de personne.

Connu pour son environnement peu favorable à l’extérieur du stade et pour sa pelouse d’un genre nouveau, laissant découvrir toutes les palettes de couleur du jaune sable au marron terre en passant par le vert trèfle.

Coach: Jorge González

Club de la banlieue populaire de Montevideo, au pied du Cerro, le Fort de Montevideo. Son rival traditionnel est Rampla Juniors, club du même quartier, qui s’est maintenu en première division. Cela donnera un nouveau clásico de la Villa. C'est un historique, presque toujours présent en première division, mais qui n'a jamais rien gagné au plus haut niveau. Il sort d'une saison irrégulière, qui lui permet malgré tout de se qualifier en Sudamericana. Ils sortent surtout d'une crise institutionnelle avec élections des socios qui ont élu une nouvelle dirigeante, intelligente et du quartier, professeure des écoles de métier, ce qui a fortement déplu à celui qui finançait le club jusqu'à présent, Paco Casal. Le club est depuis un recherche de fonds avec de gros arriérés sur les salaires, la saison pourrait être compliquée sur ce point. L'équipe a perdu beaucoup de joueurs, de Leandro Paiva à Acevedo et va devoir redémarrer avec les jeunes et quelques cadres comme Richard Pellejero ou Gonzalo Porras.

L'objectif : battre Rampla, avancer, et trouver des sous.

La gloire du quartier : Richard Pellejero n’a que 42 ans, bientôt 43. Il a commencé comme professionnel en 1995 déjà au sein du Cerro, et est connu pour son sens du sacrifice pour l’équipe. Il sera de nouveau capitaine cette année, et même quand il arrêtera, il restera capitaine éternel.

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Nom complet : Danubio Futbol Club

Surnom : La Franja

Stade: Jardines del Hipodromo, 15 000 places, et un palmier en haut de la tribune latérale. Un palmier quoi ! Cependant, le club n’a toujours pas mis en place de projecteurs...

Coach: Marcelo Méndez

Le club sort d'une saison étrange avec des hauts et des bas mais au final une troisième place, qui lui a permis de jouer le deuxième tour préliminaire de Libertadores contre l'Atlético Mineiro. Déjà quatre fois champion, le club est un historique, de ceux qui peuvent espérer logiquement faire quelque chose en championnat de temps en temps comme ce fut le cas lors du titre historique de 2014.

Objectif de la saison : Être plus régulier.

L'espoir qui sera vendu dans un an : Le club a recruté le coach de Progreso après une très bonne année du club jaune et rouge, et en a profité pour chiper aussi Leandro Onetto, très bon milieu de terrain. C'est aussi sans doute la chance pour José Luis Rodríguez de s'imposer définitivement comme un joueur de qualité, lui qui était passé par toutes les sélections de jeune en Uruguay et qui peine désormais.              

La Gloire du Quartier : Carlos Grösmuller continue à 35 ans. Il faut se rappeler qu’il a joué au Peñarol ainsi que plusieurs années en Europe en se distinguant à Schalke 04. Actuellement, c’est sa troisième étape au club, dont il est très attaché. Capable de matchs extraordinaires comme d'être complètement absent s'il est bien muselé.

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Nom complet : Centro Atlético Fénix

Surnom : Albivioletas

Stade du Parque Capurro, 6 500 spectateurs, vu sur la baie et le port.

Coach: Juan Ramón Carrasco, fils préféré de Dieu.

Avant toute chose, il faut noter que JR (prononcé rota erré), le Messie, a prolongé à Fénix. Grand joueur uruguayen des années quatre-vingts, principalement pour le Nacional, JR est un peu le Alain Delon du football uruguayen. Ou le Mourinho, au choix. Il est connu pour ses discours d'avant match, ses métaphores, et ses douces paroles aux journalistes. Il avait déclaré que « Danubio était une équipe de merde », alors qu'il l’entraînait encore. À un journaliste qui lui demandait après une défaite s'il n'était pas trop bouillant, il lui a répondu qu'il était seulement chaud à cause de sa femme... Il a inventé le Tiki Tiki, sorte de jeu de passes rapides rendant ses équipes plaisantes, et vulnérables comme du gruyère. Un entraîneur comme on les aime. Pour les hispanophones : une vidéo dans laquelle, grosso modo, il explique avant un match à des joueurs incrédules que la balle descend de la vache et que les crampons descendent du taureau. Et je ne vous fais pas le dessin de ce que l'on fait avec une vache et un taureau.

Fénix s'est sauvé de justesse face à Torque et, comme à son habitude, reste donc en première division. Carrasco, arrivé à la mi-saison, a fait comme à son habitude, des trucs étranges. Une victoire quatre à zéro au Tróccoli, avant d'enchaîner des défaites, et de se sauver sur les deux derniers matchs... L'équipe aura donc, comme à son habitude, du mal, mais saura gérer la pression et lutter jusqu'au bout. Peu de mouvements en plus au sein de l'effectif. Juan Castillo (l'homme qui n’a tellement pas supporté la pression lors d'Uruguay-Ghana en 2010, alors qu'il était troisième gardien de la sélection, qui l'en a fait une syncope) est toujours gardien remplaçant, derrière Dario Denis, gardien souhaitant un jour devenir arbitre.

Objectif pour cette année : Le Fénix ne descend pas.

L'espoir qui sera vendu dans un an : Leonardo Fernández va bien malheureusement finir par être vendu. Le gaucher, pouvant jouer sur le côté ou en 10, est un joueur de poche ayant une frappe formidable. Il a aussi été irrégulier sur certains matchs mais c'est le grand espoir du club.

La Gloire du Quartier : L'effectif compte quelques vieux joueurs comme Raúl Tito Ferro ou Juan Álvez qui tiennent la baraque de plus en plus difficilement derrière. Ferro est un cinq à l'ancienne, devant la défense, jouant dans une zone de 20m², mais courant sur tous les ballons. Épaule contre épaule, l'adversaire ne passe pas.

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Nom complet : Liverpool Futbol Club

Surnom: Negriazules

Stade du Belvedere, environ 8 000 personnes, un des stades les plus agréables de Montevideo, qui respire vraiment le football.

Coach: Paulo Pezzolano

Pour l'histoire du nom du club, c'est ici. Supporter de choix: Paul Mac Cartney en est socio!

Club formateur de Jorge Fucile ou Luis Aguiar. Il a également connu la fin de carrière un peu pathétique de Javier Chevantón l'année de la descente du club. Le club a conservé Pezzolano qui a fait du très bon travail l'année dernière avec Liverpool, et aurait même pu espérer mieux. Reste maintenant à confirmer, et à passer un cap.

Objectif de la saison: Bien figurer en Sudamericana, après déjà une victoire magnifique (la première d'un club uruguayen en terres brésiliennes) à l'aller contre Bahia et continuer à faire pousser les jeunes.

L’espoir qui sera vendu dans un an : Sebastián Cáceres a fait une très bonne saison l'année dernière et va mettre du temps à revenir car il vient de finir le Sudamericano au Chili. On ne devrait pas le voir longtemps car la trajectoire normale est de rester en club jusqu'à la Coupe du Monde U20, la jouer, puis partir. C'est dommage, c'est vraiment un bon joueur. À suivre également en pointe le Ignacio Colorado Ramírez, qui a eu le temps de s'installer, et qui est un très bon attaquant.

Le Goleador : Maureen Franco n'a pas joué les six derniers mois avec Cerro étant en désaccord avec sa direction. Il n'en reste pas moins l'attaquant uruguayen le plus prolifique au sein du championnat, capable de se battre sur tous les terrains. À 35 ans, il pourrait s'offrir un dernier plaisir dans cet effectif de Pezzolano qui joue bien au foot.

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Nom Complet : Montevideo Wanderers Futbol Club

Surnom: Bohemios

Stade: Parque Alfredo Víctor Viera. L’une des plus belles « canchas chicas » (comment on appelle les stades des équipes qui ne sont ni Nacional ni Peñarol).

Coach: Román Cuello

L'équipe a encore été irrégulière l'année dernière, avec de bons matchs et d'autres beaucoup plus compliqués, la saison s'est terminée à une septième place décevante. L'équipe s'est faite piller au mercato avec notamment le départ du capitaine de l'Uruguay U20 Bruno Méndez, du buteur Sergio Blanco et du milieu qui était au club de longue date Adrián Colombino. Sauf à voir des jeunes s'imposer, l'année devrait être rude.

Objectif : Se qualifier pour la Libertadores.

Le joueur Guide du Routard : Ancien attaquant pour les sélections jeunes en Uruguay, vendu trop tôt en Europe, Gonzalo Barreto revient au pays et montrera ses facilités techniques à désormais 27 ans. Il n'a pas dû tant jouer que ça durant cette période, il n'a pas joué pendant cinq avec la Lazio... Un gâchis. La réponse à tout ceux qui veulent que leur équipe européenne achète les « pépites » sud-américaines après les tournois U17 ou U20 : ça ne marche pas, ni pour le joueur, ni pour le club, et ça engraisse de l'agent.

Le joueur francophone du championnat : Damián Macaluso, c’est toujours un plaisir de le retrouver. Il est de plus en plus lent, prend de plus en plus de carton, mais est toujours autoritaire dans sa surface. Ancien de l'AS Nancy, mais aussi et surtout de Peñarol.

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Nom complet : Club Atletico Progreso

Surnom : Los Gauchos

Stade : Parque Paladino, 5400 places, dans l’Ouest de Montevideo

Coach : Leonel Rocco

Le club du président Tabaré Vázquez ! Car oui, comme en Argentine, le président de la république a été président de club. La comparaison s’arrête là, car en Uruguay, le président l’a été dans un club de quartier populaire, que son grand-père avait aidé à fonder il y a de cela cent ans, sans trop de moyen, tourné vers les jeunes et la formation. Sous la présidence de Vázquez, le club est champion en 1989 durant le quinquenio des petits clubs. Les couleurs du club proviennent du drapeau de la Catalogne, beaucoup d’anarchistes catalans ayant émigrés en Uruguay durant les années quarante des suites de la répression du franquisme et aussi un peu des soviets locaux. L'année dernière, le club a très bien joué sous les ordres de Mendéz, terminant à une neuvième place honorable à quelques encablures de la Sudamericana. L'entraîneur et de très nombreux joueurs (Makuka, Onetto, Lemmo...) étant parti, il va falloir confirmer dans la difficulté.

L’objectif : se maintenir à tout prix.

Le goleador : Gastón Colemán reste au club et va pouvoir, comme à chaque saison, marquer sa petite dizaine de but. Attaquant très mobile, il adore les espaces que lui laisse un club ayant l'habitude de jouer le maintien. Il sera éventuellement rejoint par Burgueño qui s'était fait les croisés en cours de saison.

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Nom complet: Racing Club de Montevideo

Surnom: Cervezeros

Stade Roberto, 8500 places.

Coach: Juan Tejera

Club historique, fondé en 1919, dont le surnom est « les brasseurs », et rien que pour ça, ils méritent tout notre soutien. Club du quartier de Sayago, dont le « derby » se joue contre Fénix. La saison dernière avait très mal commencé, avant de terminer à une honnête dixième place pour la deuxième année d'affilée. Club du clan de Paco Casal.

Objectif : Il y a déjà plusieurs saisons que le Racing se cramponne au milieu du classement. Cette année ne devrait pas être l’exception. Ils essaieront donc de chercher une place pour la Copa Sudamericana.

Le transfert étrange : Diego Arismendi est un bon milieu récupérateur, qui avait passé une bonne partie de sa carrière au Nacional avant de franchir le fleuve et de signer pour Central. Il n'y est pas resté très longtemps, et revient déjà dans ce qui semble être un « petit » club pour lui.

La gloire du quartier : Pablo Lacoste n'y est vraiment pas pour rien dans le maintien l'année dernière. En plus d'être un défenseur central solide (parfois lent, c'est selon), il a aussi marqué quelques buts de la tête qui ont fait beaucoup de bien à l'équipe quand elle gambergeait. Un leader, depuis toujours joueur du club.

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Nom complet: Rampla Juniors Football Club

Surnom: Picapiedras, Friyis (pour frigorifique, le club étant très lié au début du siècle à l'industrie qui envoyait de la viande en boite en Europe, dont les employés travaillaient dans des entrepôts frigorifiques, aujourd'hui à l'abandon).

Stade Olympique, 6000 places, avec une magnifique vue sur la baie du Cerro, quartier emblématique de Montevideo. Attention à l'aspect « olympique », le stade n'a que deux tribunes car de l'autre côté d'un petit muret, c'est le Rio de la Plata qui attend les ballons dégagés avec force.

Coach : Julio César Toresani

Club champion en 1927. Rampla s’est maintenu très difficilement la saison dernière, puisque le club a terminé dernier du classement et ne doit son maintien qu'à la saison précédente qui avait été bonne. 2019 pourrait donc être long, sauf que le club a trouvé des ressources (les mauvaises langues diront que ce sont celles qui ont quitté l'adversaire de toujours Cerro pour les raisons susmentionnées) et a recruté assez fortement. De quoi rêver d'une saison de feu à l'Olimpico. À noter que l'équipe a perdu le magicien Olivera parti signer au Salvador. Panzariello revient quant à lui après six mois au Pérou.

Objectif de la saison : se maintenir rapidement et viser plus haut ensuite.

L'Afrique du Sud 2010 : Álvaro Fernández avait un peu disparu de la circulation depuis un passage raté au Nacional il y a trois ans. Il rentre au pays après avoir beaucoup voyagé entre les USA, le Qatar, l'Argentine. S'il est encore en forme, il pourra être précieux dans cette équipe pour organiser le jeu. Si la pelouse lui permet.

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Nom complet: Club Atlético River Plate

Surnom: Darseneros

Stade: Parque Saroldi, 5700 places, qui tire son nom du premier gardien de River, mort en 1932 des suites d'un coup reçu sur ce terrain. À part cette triste histoire, joli petit stade au milieu du parc du Prado, où, durant l’automne, on peut voir les feuilles mortes sur le terrain.

Coach: Jorge Giordano (coach qui avait envoyé la Juventud de Las Piedras sur le toit du continent, avec une qualification en Sudamericana en Bolivie).

Club ayant formé de bons joueurs comme Urretaviscaya ou Michael Santos. Après les passages de JR Carrasco et de Guillermo Almada pendant quelques années, le club vit une transition avec de bons joueurs mais aussi des passages à vide. Huitième l'année dernière, le club joue la Sudamericana contre ni plus ni moins que Santos. River a perdu ses atouts offensifs comme Boné ou Jones et devra miser à nouveau sur Olivera...

Objectif : réussir à faire pousser de nouvelles perles de l'écrin du Saroldi.

Le Goleador : Juan Manuel Olivera a déjà joué dans une palanquée de pays, mais reste l'homme de Peñarol, club pour lequel il a joué trois saisons, étant à chaque fois couronné de succès. Il a également joué au Brésil, en Argentine, en Chine, en Corée, au Mexique, au Chili, au Paraguay, en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis... Son passeport est un livre de 328 pages en 12 alphabets. Le football moderne...

Le pilier : Agustín Ale est un défenseur central, grand (1m92), depuis toujours au club (2014), toujours bon, faisant rarement des erreurs. On lui souhaite de rester encore longtemps.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba