Ça faisait longtemps qu'on t'attendait 2018, mais tu as volé comme un concorde, ou comme une transversale de Suárez vers Cavani. Trop rapidement. Pas grave, la magie ne s'arrête jamais.

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Championnat : Peñarol champion

Bis repetita en championnat, avec Peñarol qui gagne le titre lors de finale. Les Carboneros avaient bien commencé l'année en gagnant largement les Clásicos d'été de janvier. Nacional devait alors jouer des matchs de barrage pour la Libertadores, plus le championnat, plus les difficultés financières, on ne donnait pas cher de la peau du Bolso. Mais de la main de Medina, Nacional va faire un très bon tournoi d'ouverture, avec une recrue de fin de mercato qui fait la différence : Gonzalo Bergessio. Autour, l'équipe bouge beaucoup, mais cela fonctionne plutôt bien avec un très bon milieu, joueur, avec Oliva, Zunino, Rodríguez... Après un Clásico match nul en fin de tournoi, Nacional empoche l'Apertura et, déjà, la certitude de jouer la finale. Peñarol est juste derrière, à deux points. Le reste est déjà loin, puisque Danubio et Defensor sont déjà très en retard. Le tournoi intermedio est aussi gagné par Nacional, avec, de nouveau, aucun match perdu par le Bolso. Peñarol, qui souffre de l'absence de ces mondialistes et d'autres blessures, perd du terrain, ne joue même pas la finale, trébuchant contre Progreso et Torque. Peñarol a alors cinq points de retard au classement annuel, puis sept dès la première journée du tournoi de clôture. Pourtant, les choses ont changé côté Carboneros. Alors que Nacional reste avec un onze identique, ayant même le renfort de Chory Castro et de Pierre Webó, Peñarol change d'entraîneur avec le départ de Léo Ramos pour le Golfe et voit aussi partir Cristian Palacios, meilleur buteur des deux dernières saisons. Et pourtant, avec Diego Lopez comme nouvel entraîneur, et le retour de Viatri et de Fernández, la défense de Formiliano, la conviction de Cebolla, Pereira et Estoyanoff, Peñarol va enchaîner dix victoires de rang pour reprendre l'avantage. Nacional souffre de la double compétition et perd des points lors de matchs gagnables (Boston River, Atenas), la rotation ne marche plus aussi bien... et se retrouve à jouer le Clásico de la treizième journée avec l'obligation de gagner. Dans un match dominé par Nacional, Viatri égalise à la 81ème et offre le tournoi à son équipe. Le classement annuel est aussi perdu par la Bolso lors de la journée suivante suite à un match nul terrifiant contre Atenas. Peñarol prend la main. Il suffira d'une finale pour que Peñarol, sur un penalty marqué par Cebolla en prolongation, conserve son titre. Alors qu'il était sur le point d'être viré dès la quatrième journée du tournoi de clôture, Diego Lopez est titré pour sa première saison en Uruguay.

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Le onze champion

Kevin Dawson

Il était trop petit pour être gardien dans un grand, alors il est arrivé dans le football à Colonia, en deuxième division, puis en première, avant de gagner un tournoi de clôture en 2016 et de s'imposer comme un grand. Il a des réflexes impressionnants.

Ezequiel Busquets

Premier joueur de moins de 18 ans à être titulaire pour un Clásico depuis très longtemps, il s'est imposé en l'absence de Guillermo Varela, d'abord à la Coupe du Monde puis blessé. Il a été bon, même s'il se projette encore peu, même si techniquement il peut s'améliorer, il ne fait pas d'erreur défensivement. Le futur.

Fabricio Formiliano

Il est encore jeune Formiliano, il est pourtant déjà champion avec Danubio et deux fois champions avec Peñarol. Très solide en défense, il apporte aussi son obole offensive avec quelques buts sur coup de pied arrêté.

Carlos Rodríguez

De retour au pays après s'être imposé comme Dawson avec Colonia, il a été très bon en remplacement d'Arias. Physique, il apporte de la taille à cette équipe. Propre.

Lucas Hernández

Deux ans déjà qu'il possède le côté droit de la défense de l'équipe. Il dispose d'une capacité de centrer extra, qui lui a permis déjà de délivrer 17 passes décisives en deux ans. Sa volonté constante de jouer avec le maillot dans le short est à saluer.

Cebolla Rodríguez

En Uruguay on dit Crack. Il alterne des matchs de Coupe du Monde avec des matchs au Palermo, avec la même volonté, la même joie. Il n'a plus le droit de partir.

Guzmán Pereira

En l'absence de Gargano, on avait peur que cette équipe perde trop de ce qu'il l'avait fait championne l'année précédente, c'était sans compter sur un Pereira, qui, quand il est en place et qu'il accumule les matchs, est un pilier de l'équipe. Il donne du temps et de l'espace à Cebolla.

Agustin Canobbio

Il aurait dû ne pas être là. Canobbio a marqué le but de l'année mais a passé une assez mauvaise année, ne confirmant pas, faisant trop souvent les mauvais choix. Confus, il devra retrouver la spontanéité qu'il l'a amené à être là.

Fabian Estoyanoff

Cristiano Ronaldo du pauvre.

Maxi Rodríguez

Il a joué un peu partout, titulaire ou remplaçant, sur les côtés ou au milieu, ou en neuf et demi. Il a parfois souffert physiquement, mais il a toujours tout donné, et sur deux trois matchs en fin de saison (Progreso) Peñarol lui doit le titre. Et puis quel beau joueur...

Gabriel Fernández

Un plaisir de le voir de retour. Il y a de cela deux ans, après des très bons débuts avec le Racing, il devait partir au Brésil mais il s'est présenté à la visite médicale avec une rupture des ligaments croisées... Un an après l'opération, il revient à toute vapeur, et ne devrait pas continuer au club puisqu'il fait partie des joueurs ayant une forte valeur marchande. Dommage.

L'équipe type 2018

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Pour le reste

Les autres équipes ont presque toutes déçu. Defensor n'a pas réussi à se remettre des départs (Carneiro, Lamas, Benavidez, Castro...) et de la Libertadores et a souffert jusqu'au bout, terminant quatrième. Danubio, troisième, termine à 26 points de Peñarol ! Les seules satisfactions proviennent des maintiens (Boston, Rampla, Fénix, Racing) et éventuellement de la bonne saison de Liverpool, qui jouera la Sudamericana grâce à son très bon entraîneur Pezzolano. Pour ce qui est de la Libertadores et de la Sudamericana 2018, pas grand-chose à dire. Nacional a réussi à éliminer un Argentin et un Brésilien en barrage avant de se battre jusqu'au bout lors de la phase de groupe, comme Peñarol. Mais c'est encore juste, et avec les différences de budget du aux droits télés, l'écart se creuse entre le Brésil et l'Argentine et le reste de l'Amérique du Sud. En plus de l'arbitre qui a été excellent, il y avait encore deux Uruguayens en final, Nandez et Mayada. Un peu de Peñarol, un peu de Danubio ont joué la finale. C'est d'ailleurs intéressant de voir que, alors que Peñarol est lié institutionnellement au club de River Plate, la majorité des hinchas carboneros entendus dans les médias, à la radio, sur les réseaux sociaux, étaient derrière Boca pour Nandez.

La sélection : Aucun regret

L'année de la sélection a commencé en Chine, où elle a gagné la China Cup et a clôturé son effectif pour la Coupe du Monde avec la première sélection de Torreira. Elle a continué avec un match préparatoire contre l'Ouzbékistan, avant de tout gagner en Russie. Quatre victoires de rang dans la plus grande des compétitions, quatre victoires dans le temps réglementaire, avec des actions de toute beauté, une victoire trois à zéro contre l'hôte, avant de dominer de la tête et des épaules le champion d'Europe.

Et puis la France, Cavani absent, Muslera qui a sa première bévue depuis si longtemps, Suárez impotent. Le voyage aura été magnifique.

La fin d'année aura été plus longue, avec quatre amicaux perdus de rang, mais aussi plus prometteuse avec des performances de haut niveau de Torreira ou de Giménez en club, des joueurs encore très jeune, cadres du futur. Giménez n'a que 23 ans ! Avec Maxi Gómez, Bentancur qui finira bien par apporter en sélection, Diego Laxalt, Guillermo Varela, Federico Valverde, Nahitan Nandez... l'avenir ne peut que briller, et les éliminatoires devraient commencer dans six mois. Avant, la génération Godín, Cavani, Suárez va vouloir terminer sur un titre : la prochaine Copa America au Brésil.

L'AUF : la FIFA force le changement

L'AUF a connu sa révolution cette année. Après des années de lutte des joueurs, du championnat ou de la sélection, la FIFA a pris le contrôle et a forcé en cette fin d'année 2018 l'institution à changer ses statuts. Il faut dire que le vote prévu durant l'été pour le nouveau président avait tourné à la farce , avec des candidats condamnés par la justice, des histoires de corruption, d'enregistrements... Au final, après la prise de contrôle, de nouveaux statuts ont été voté donnant des droits de vote au football professionnel mais aussi aux joueurs, au football de l'intérieur, au football féminin (un vote sur 76, faut pas exagérer non plus...). L’élection d'un nouveau président devrait avoir lieu en février/mars.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba