Un Clásico en finale du championnat, c'est le pied. L'enjeu d'une saison accompagne, main dans la main, l'enjeu de l'histoire. Le tout se mêle, dans des légendes et des anecdotes, jusqu'à ce que le coup de sifflet soit donné et que l'on sache qu'une nouvelle ligne sera écrite, d'ici à quatre-vingt-dix minutes. Ou cent-vingt minutes, ici.
Le système Apertura/Clausura donne la possibilité à des équipes de se rattraper grâce à un match. Dans un classement de type européen, Danubio aurait terminé quatrième en 2014, et pourtant l'équipe a été titrée championne car elle avait gagné l'Apertura et avait donc obtenu le droit de participer aux finales. En 2009, c'était le Nacional de Coates et Lodeiro qui avait doublé lors des finales le Defensor qui les devançait pourtant de neuf points au classement annuel. En cette année 2018 pleine de rebondissements comme on l'a vu, c'est bien le Carbonero, Peñarol, qui a gagné à la dernière minute de la dernière journée le classement annuel. Cela donne un avantage, puisque Peñarol n'avait qu'à gagner cette demi-finale pour être champion, mais un simple avantage car une défaite aurait remis les pendules à zéro. On aurait alors eu une finale en aller-retour comme on en a pas eu depuis 2014. C'est habituellement dur de jouer des finales en ayant dominé le championnat, parce que cela met une pression « de dingue » sur les épaules de l'équipe ayant viré en tête et devant tout rejouer sur deux matchs. C'est sans doute pour cela que, ces dernières années, les équipes ayant gagné le classement annuel ont cherché à sceller leur victoire dès les demi-finales pour abréger le suspense, comme ce fût le cas de Peñarol l'année dernière, ou du Nacional de Recoba en 2015.
Côté composition, les deux équipes pouvaient compter sur leur effectif type, ou presque. Varela toujours blessé (il n'a pas joué en championnat depuis la Coupe du Monde) est remplacé par Ezequiel Busquets, toujours 17 ans et solide sur son côté. Au milieu Guzman Pereira est suspendu mais remplacé par le joueur qu'il avait lui-même remplacé suite à sa blessure: le grand Walter Mota Gargano. Peñarol était donc de type 4-4-2 avec Dawson dans les cages, Busquets, Formiliano, Rodríguez, Hernández, Gonzalez, Cebolla, Gargano, et Canobbio, puis devant Fernández et Viatri. Côté Bolso, l'effectif était aussi presque au complet puisque la Sudamericana a tranquillement décidé de s'installer plus au nord. Fucile s'est blessé à la dernière minute et n'a pas pu participer au match. Pour le reste, Conde est bien dans les cages, Angeleri remplace Fuci côté droit, Garcia, Rolín et Espino côté gauche. Au milieu, Zunino, Romero, Oliva et Chory Castro, puis en attaque, Fernández et Bergessio. Le match pouvait commencer dans un Centenario ou les Carboneros étaient beaucoup plus présent que les Bolsos, surtout dans la tribune Olimpica.
À l'image de la saison, Nacional va dominer crânement le début du match en défense et au milieu. Le Bolso arrive même à se créer quelques occasions par Chory Castro en jambe sur son côté gauche, ou par le Zunino parti en un contre un sur un long ballon. Le match est tendu, car si Nacional domine, c'est aussi au prix d'un milieu de terrain plus dense et intelligent notamment sur les côtés qui met en difficulté les inexpérimentés Gonzalez et Canobbio. L'homme qui ressort de la première mi-temps est Rolín, qui va museler parfaitement Fernández jusqu'à sa sortie sur blessure, tournant du match. Avant cela, au retour des vestiaires, Nacional ouvre la marque sur un bon débordement de Bergessio côté droit. Suite au centre de l'argentin, Castro renvoie le ballon dans l'axe d'une reprise de volée que Matías Zunino reprend du plat du pied pour donner l'avantage au Bolso. Cela concrétise la domination des blancs et on se demande, alors, comment Peñarol va faire pour revenir dans le match. D'autant que Nacional a d'autres occasions d'aggraver la marque notamment d'une frappe du même Zunino. Vers la 70e, le match tourne. Le vent change. Dans l'attitude, dans les effectifs, quelque chose vibre. Côté Peñarol, Maxi Rodríguez et Lolo Estoyanoff font leur entrée. Côté Nacional, Rolín et Oliva doivent sortir sur blessure. Cebolla, lui, décide de se dédoubler. Canobbio touche d'abord la barre sur un bon débordement sur Angeleri. Le ballon revient dans l'axe mais la frappe de Cebolla est contrée sur sa ligne par un défenseur Bolso. Dans la foulée, sur un coup-franc pourtant lointain du Lolo, Carlos Rodríguez saute plus haut que tout le monde mais sa tête est renvoyée par le montant droit de Conde, puis le montant gauche, avant de revenir sur Formiliano, qui n'a plus qu'à pousser le ballon. Nacional ne reviendra plus, malgré une tentative d'Aguiar de demi-volée de peu à côté, le championnat est plié. Memo Lopez est exclu à la fin du temps réglementaire pour avoir renvoyé le ballon sur Rafael Garcia. Son assistant italien, Fini, prend alors la relève sur le banc. Commence la prolongation, et Espino tue définitivement le match en poussant Fernández sur un centre dans la surface. Penalty assez clair. La désorganisation de la défense suite à la sortie de Rolín ainsi que le très faible niveau d'Erramuspe et Angeleri coûte cher. Cebolla tir, plein axe, et trompe Conde. 2-1, le score ne bougera plus. Dans le quart d'heure restant, Darwin Nuñez et Fernández auront bien trente occasions d'alourdir la marque, Medina trouvera le moyen de se faire exclure avec son adjoint, l'arbitre ne verra pas une faute sur Bergessio dans la surface.
Avec cette victoire, Peñarol est donc champion, son 52e titre d'après les Carboneros, sans doute un peu moins d'après Nacional. Côté Peñarol, la défense a bien tenu le choc en première mi-temps, surtout Formiliano. Au milieu Cebolla a été au four et au moulin, courant tout ce que Gargano revenant de blessure ne pouvait pas courir. L'entrée de Maxi Rodríguez l'a libéré d'une partie du poids du milieu de terrain. Estoyanoff a aussi été très bon et fait partie des éléments qui ont retourné le match. L'attaque a souffert tout le match, Fernández étant dominé par Rolín. Lucas Viatri a pesé, pesé, pesé, de tout son poids dans son placement mais a été peu efficace dans le jeu. Côté Nacional, bon match de la défense, de Zunino qui a fait un très bon job au milieu comme Oliva qui revenait bien en cette fin de saison... Bergessio a perdu de la batterie comme un Iphone 4, au bout d'une heure il était en souffrance. Il n'y avait malheureusement pas de possibilité de remplacement.
Pour le reste
Peñarol va jouer un match fin novembre pour fêter son titre au Campeon del Siglo contre les argentins de Godoy Cruz. Peñarol a des chances de conserver un effectif à peu près stable. Parmi les joueurs qui feront gagner quelques pesos au club, on peut noter Gabriel Fernández ou Fabricio Formiliano.
L'AUF est toujours en crise avec Nacional qui a voté avec d'autres clubs contre les nouveaux statuts proposés par la commission de régularisation de la FIFA. Le délai pour que l'AUF ait de nouveau statut se termine début décembre...
L'Uruguay a perdu contre le Brésil vendredi tout en jouant plutôt bien avec de bons matchs de Caceres et Mendez en défense et de Torreira au milieu. En espérant revoir Zorrito Suarez au Stade de France.


