L'Uruguay reconnaît trois clásicos ayant vraiment de l'importance : le clásico de la Villa (Cerro – Rampla), le clásico des deux grands (Peñarol – Nacional) et le clásico de la Plata (Uruguay - Argentine). Les trois se jouent ces jours-ci, et sur le plan local Rampla est le roi du quartier alors que les deux grands n'ont pu se départager au terme de quatre-vingt-dix minutes. Ils auront sans doute le bonheur de se retrouver d'ici quelques semaines...

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La douzième journée a commencé ce samedi en Uruguay avec tous les « autres » matchs, puisque seuls Peñarol et Nacional se jouaient dimanche. Plaza Colonia, Progreso, Cerro Largo et Liverpool en ont profité pour engranger les trois points, avec diverses conséquences : Plaza Colonia sera officiellement en Copa Sudamericana, alors que Juventud de Las Piedras est déjà relégué. Logiquement, Cerro Largo sera en phase préliminaire de Libertadores, mais n'a presque plus de chances de participer aux finales. Ce n'est pas le cas de Progreso qui est leader du Clausura (si l'on prend en compte les deux points que le club gaucho va recevoir suite au match CerroProgreso) et qui pourrait donc, en battant notamment Peñarol dans deux semaines, avoir de grandes chances de participer aux finales. Ce serait une fieffée surprise. Dans un match sans importance au classement mais primordial pour ce qui est du quartier, Rampla Juniors (déjà relégué également) se déplaçait (façon de parler) au Monumental Tróccoli pour y affronter le CA Cerro très mauvais cette année mais pas inquiété pour ce qui est de la relégation. Le match est âpre, disputé, avec Cerro ayant plus le contrôle de la balle mais n'arrivant pas à mettre en danger la défense de Rampla en première mi-temps. C'est Rampla qui marque le seul but du match d'une magnifique frappe d'une vieille connaissance, Juan Ángel Albín, d'une grosse frappe lucarne opposée. L'attaque de Rampla, avec Matías Saavedra ou Rodrigo Piñeiro arrive sur quelques contres à mettre en danger l'adversaire, alors que Cerro n'y arrive pas, touchant trois fois les montants mais sur des situations plus lointaines (dont une mine de Maureen Franco). Au final, Rampla l'emporte dans un match sans importance, sauf pour tout un quartier et pour Justo, que l'on pouvait voir derrière un but avec sa banderole, tout le match.

Tout le reste de l'Uruguay attendait donc avec impatience dimanche pour voir un énième clásico. Il s'est joué dans des conditions de sécurité optimale, avec un stade presque plein et une magnifique réception des joueurs. On ne peut que s'en féliciter. La campagne présidentielle (deuxième tour dimanche prochain), s’est de nouveau invitée dans les stades, avec des banderoles de chaque côté « Martínez Presidente », même si le favori est pour le moment son adversaire, Lacalle Pou, et on devrait donc voir arriver dans une sorte de ministère des sports Sebastián Bauzá, ex-président de l'AUF de 2009 à 2014. Dans tous les cas, le stade était plein, la journée était belle, et on pouvait rêver d'un bel affrontement. Sauf que les deux équipes jouent très défensivement depuis quelques temps (Gutiérrez par conviction, López par obligation) et on n’a donc rien vu pendant quatre-vingt-dix minutes. Il y aurait pu y avoir un penalty pour Peñarol sur une faute sur Canobbio en première mi-temps, il y aurait dû y avoir un penalty sur García en deuxième mi-temps. Entre-temps, beaucoup de vide, de passes à cinquante mètres, d'erreurs techniques... Le pire a été atteint à la quarante-cinquième minute quand Zunino a blessé involontairement Gargano, et que ce dernier est sorti sur civière : ligaments croisées. Le Mota devrait de nouveau être absent six à huit mois, blessure identique à celle qu'il avait eu il y a deux ans. Zunino blesse Gargano sur une action qui a trop souvent été applaudi en Uruguay ces derniers temps : il se jette, la tête en avant, pour bloquer la balle alors que son adversaire a le contrôle du ballon. Nández l'a fait en Coupe du Monde notamment et a été très applaudi, Torreira aussi... sauf que ce n'est pas un geste de football, et que cela peut même s'avérer dangereux comme ce fut le cas ici, pour ce pauvre Gargano. Une action à méditer. Peñarol, qui avait dominé la première mi-temps, perdra pied petit à petit en deuxième en l'absence du Mota, un joueur extraordinaire à qui on souhaite évidemment de revenir. Il a déjà trente-cinq ans. L'autre « action du match » est le penalty non-sifflé sur García, qui fait évidemment couler beaucoup d'encre en ce jour post-clásico. Mais Nacional garde dans tous les cas la main, avec trois matchs abordables d'ici la fin de la saison (sauf peut-être le prochain, qui sent le piège avec en plus Carvalho suspendu, contre le Defensor). Si les Bolsos l'emporte sur ces trois matchs, ils seront dans tous les cas vainqueurs du classement annuel, et joueraient les finales en force. Avec malgré tout, toujours un doute sur le niveau de jeu (Rafael García au milieu, quelle boucherie...).

Résultats

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Classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba