Ce ne fût donc pas la meilleure des saisons, ni la meilleure des finales. Mais peu, importe après une victoire à l’aller trois buts à rien, Nacional a encore assuré en s’imposant au Complejo Rentistas et décroche donc le championnat 2020.
Il faut le dire, j’ai quand même quelques regrets. Je ne conteste pas que Rentistas avait le droit de jouer cette finale et ils ont réussi de beaux exploits cette année, une année qui restera définitivement dans leur histoire. Mais j’aurais quand même aimé une autre finale. Des équipes ont très bien fini le championnat, de Liverpool à Torque en passant par Peñarol, des équipes qui auraient données à cette finale un cachet, une tenue différente. Las, Liverpool s’est écrasé sur le mur Rentistas en demi-finale et c’est donc un bicho colorado considérablement fatigué, affaibli et qui avait le sentiment d’avoir réussi et terminé sa saison avant même de jouer sa finale que l’on a vu contre Nacional. Et forcément, ce qui devait arriver, arriva. Après une victoire trois buts à rien à l’aller, Nacional a encore dominé un adversaire ayant très rapidement compris son sort et s’est imposé un à zéro, sur un but de Gonzalo Bergessio. Lavandina a même eu l’occasion sur penalty du deux à zéro, mais sa frappe s’est écrasée sur le poteau avant de lui revenir et qu’il marque, but logiquement annulé pour hors-jeu. Que dire de cette deuxième demi-finale ? À aucun moment, il n’a semblé que le match aurait pu basculer de l’autre côté. À moitié blessé, Gonzalo Vega a été l’ombre de lui-même sur les deux matchs, étant presque le dernier survivant de l’équipe de l’Apertura qui arrivait à porter le danger sur n’importe quelle défense. De son côté, Nacional a su parfaitement reproduire ce qu’ils avaient fait de mieux dans l’année : un onze compact, fort au pressing, qui peine à générer du jeu mais qui arrive à gagner des matchs grâce à Bergessio.
L’équipe championne
Nacional mérite ce titre et ne le doit pas vraiment à ce match-là. Il le doit à un effectif de qualité, régulier, malgré les trois entraîneurs durant la saison. Sergio Rochet dans les cages a été une révélation. Il a sauvé son équipe a de nombreuses reprises et le club lui doit beaucoup. Arrivé pour être remplaçant de Mejía, ce dernier a perdu sa place non pas pour blessure ou mauvaises performances… mais à cause de quarantaines trop longues lors de matchs à jouer en Amérique centrale avec sa sélection du Panama. Pendant ses absences, Rochet s’est imposé naturellement et a donc conservé le poste avec des performances éclatantes à tel point que l’on parle de lui en sélection. Côté défense, des jeunes ont pris le pouvoir avec Renzo Orihuela, Agustín Oliveros ou Mathias Laborda. Le plus ancien et le plus stable dans cette saison aura été Guzmán Corujo, qui n’est pas toujours le plus beau techniquement, mais qui sait tenir la maison en cas de besoin. Les latéraux ont cela dit toujours été un problème avec de nombreux changements en cours de saison, de Súarez à Cougo... Au final, Laborda et Oliveros sont ceux qui ont apporté le plus de satisfaction en fin de saison, malgré leur jeune âge.
La grosse satisfaction, ce qui a bien fait fonctionner l’équipe en Libertadores et sur certains matchs en championnat, est le milieu de terrain. Pendant le Clausura, il a été formé notamment d’Emiliano Martínez devant la défense et de Felipe Carballo et Gabriel Neves devant en organisateur. Neves et Carballo ne sont pas vraiment des révélations, étant déjà connus du club et performants sur la durée, mais Martínez est une vraie révélation à son poste, propre défensivement mais aussi capable de quelques passes brisant les lignes offensivement. Neves et sa moustache sont déjà annoncés un peu partout, on espère que le jeune Martínez restera encore pour grandir un peu, n’ayant « que » vingt-et-un ans.
En attaque, Bergessio a été indéboulonnable en pointe malgré une série d’une dizaine de match sans but au début du Clausura. Il termine meilleur buteur ou deuxième meilleur buteur (si l’on prend les finales ou pas) et est en train de s’imposer historiquement comme un grand argentin de Nacional, entre Artime et García. L’attaque a eu plus de problèmes sur les couloirs avec de nombreuses tentatives en cours de saison de Rodríguez à Castro, en passant par Trezza, Ocampo et García. Dans le système en pseudo 1-4-3-3 qui est en fait presque plus un 1-4-5-1, c’est logique. C’est ce qui a donné à ce Nacional une image plus défensive, une grande stabilité malgré des latéraux parfois douteux. Un Ocampo par exemple court beaucoup, souvent, défend beaucoup, et forcément cela se ressent sur le geste final. Difficile donc de les juger trop durement, même si le club devra éventuellement construire une stratégie plus acceptable pour un club de son standing.
Le championnat 2021 devait reprendre fin avril mais ne reprendra qu’en mai au plus tôt à la demande du gouvernement et alors que le nombre cas de COVID-19 ne cesse de s’envoler depuis novembre. Il n’y aura pas d’Intermedio en 2021 pour réduire la durée de ce championnat et essayer de retrouver un calendrier normal.


