Pour son retour dans un Gran Parque Central avec du public, Nacional s'est incliné contre Progreso et perd pied aux deux classements, annuel et Clausura. Il y a quelque chose de pourri au royaume du club à la poche. Pour le reste, des matchs nuls et une victoire de Liverpool dans un magnifique match contre River au Belvedere. Résumé de la deuxième journée du Clausura 2021.

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Dans un choc comme celui-ci entre l'un des deux grands et un petit relégable, il y a toujours ce débat de savoir si l'on doit mettre l'accent sur le petit qui a très bien joué (comme on n'avait pas vu Progreso depuis bien deux ans) ou sur le grand qui a perdu. N'est-ce pas injuste de parler de la défaite de Nacional ? La vérité est que ce troisième match sans victoire pour le Bolso est un choc que l'on n'avait pas vu venir. Un déraillement. L'équipe était en effet vraiment pas loin de gagner l'Apertura et aurait très bien pu le faire sur le terrain si Plaza n'avait pas fait une campagne incroyable en termes de points. Au niveau des individualités, Ocampo était appelé avec la sélection (son père voulait même en faire un titulaire), Rochet était un roc dans les cages et Bergessio était encore meilleur buteur du championnat. Cappuccio avait réussi à construire un groupe qui était à sa main, critiquable, mais bien en place. Mais, n'ayant pas été champion, à une journée de la fin de l'Apertura, il savait qu'il allait être viré. L'équipe le savait. Et tout est parti dans le décor lors de la deuxième mi-temps du dernier match contre River Plate. Et comme hier, avec un penalty loupé par Bergessio. Ligüera a repris la direction de l'équipe et s'est clairement trompé. Une équipe professionnelle ne peut pas avoir Diego Polenta comme seul repère de la défense et Rafael García comme dépositaire du jeu au milieu. Une hérésie totale. Pourquoi jouer ainsi ? Ligüera a voulu marquer des choix lors de son retour, avec le retour justement de García dans le onze, mais aussi la sortie de Leandro Fernández ou du jeune Marichal en défense. Lors des deux premiers matchs, tous les choix faits se sont avérés mauvais.

Ce week-end, Progreso a logiquement gagné. Le meilleur joueur du match côté Nacional a été Sergio Rochet. L'équipe a dominé au milieu de terrain (Andrada notamment) et Gaston Colmán (ex-Sud América) a retrouvé un très bon niveau en attaque, apportant le danger jusqu'à marquer le but de la victoire vers l'heure de jeu. Sur un ballon bien récupéré côté droit et contré par Polenta, Colmán se retrouve absolument seul à l’entrée de la surface et sa frappe dans le petit filet ne laisse aucune chance à Rochet. Dans la foulée, Ostojich siffle un penalty douteux (le joueur de Progreso met le pied et cela aurait une faute évidente si Fernández n'avait pas plongé évitant le contact). Dans tous les cas, on se dit que Bergessio peut remettre son équipe dans le bon sens mais sa frappe molle est arrêtée (même pas repoussée, mais bien arrêtée…) par l'ex-Cerro Formento. Nacional pousse en fin de match mais ne réussira à se créer qu'une occasion, une frappe sur le poteau.

Côté Nacional, toutes les lignes ont été en dessous de la moyenne. Trezza et Ocampo sur les côtés n'ont que la vitesse à proposer et évidemment Progreso a défendu plutôt bas sur le terrain. Au milieu, pas beaucoup de création entre un García dont on a déjà parlé, et un Carballo décevant. Derrière, la défense est trop lente et désorganisée entre des latéraux qui veulent monter et une équipe qui n'est pas armée pour jouer haut. Côté Progreso, l'équipe a très bien joué et c'est une surprise, l'équipe ayant été décevante ces derniers mois. Le facteur clef a sans doute été Álvaro Fuerte, le nouvel entraîneur. Il a par exemple transformé Bryan Bentaberry en un bon latéral, couvert sur ses montées, et ayant un vrai apport positif dans l'équipe, lui qui aime beaucoup participer au jeu en général malgré son poste.

De son côté, il n’y a pas grand-chose à dire sur le match de Peñarol qui a tenté mais en faisant souvent le mauvais choix. La faute sans doute au match à venir, demi-finale de Copa Sudamericana. En face, le Fénix de Nacho Pallas est devenu l'antithèse de celui qu'avait construit JR Carrasco : une équipe défensive, bien organisée mais jouant bas, espérant un exploit devant de Maureen Franco. Peñarol n'a jamais réussi à se sortir du piège, mais au moins n'a pas concédé non plus d'occasions. Les Carboneros auraient pu bénéficier d'un penalty mais l'arbitre en a décidé différemment. Cela a entraîné plusieurs réactions déplorables envers l’arbitrage en général, un peu comme Nacional il y a deux ans. Peñarol a joué avant tout le monde et se nul ressemblait beaucoup à deux points de perdu, jusqu’à ce que de nombreuses autres équipes ne gagnent pas durant le week-end.

La belle victoire du week-end est pour Liverpool, seule équipe ayant gagné ses deux matchs jusqu'à présent. La victoire a été difficile à mettre en place avec notamment l'exclusion de Tomas Chacón alors que le score était encore d’un partout. Il faut au final un grand match de Liverpool et de quelques joueurs comme le gardien Lentinelly (qui a fait deux arrêts extraordinaires) mais aussi de Federico Martínez ou du jeune Gastón Martirena au poste de latéral droit. River a pourtant aussi fait un bon match mais a manqué de solidité défensive avec une charnière Herrera (ex-Peñarol) et Carvallo (ex-Nacional) qui a montré pourquoi il s'agit d'une défense d'ex.

Pour le reste

Plaza a sauvé un bon point de son déplacement à Montevideo pour affronter Torque. L’équipe vert et blanche perd Diogo qui va être prêté au Mexique dans le cadre d’un prêt payant couvrant « plusieurs mois de budget du club » selon son président Carlos Manta. Wanderers a battu le Deportivo Maldonado au Campus et confirme son bon début de Clausura. En bas de classement, Villa Española perd encore contre Sud América et a neuf orteils en deuxième division. Boston River maintient l’espoir en battant Rentistas, alors que Cerrito et Cerro Largo se séparent sur un match nul.

Résultats et classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba