Peñarol s'est imposé dans la difficulté face à Plaza Colonia et revient donc à cinq points du leader. Il le doit notamment à Agustín Canobbio auteur d'un très bon match mais aussi à l'efficacité de l'attaquant inarrêtable de la semaine, Álvarez Martínez. Nacional n'a pas réussi à se sortir du piège tendu par Cerro Largo. C'est reparti pour un tour en Uruguay, résumé de la première journée du Clausura 2021.
La première journée du Clausura nous réservait une belle surprise avec le champion de l'Apertura qui recevait Peñarol au Parque Prandi, ouvert aux seuls supporters de Colonia pour des raisons de sécurité dans ce petit stade. Les deux équipes n'ont pas eu de gros changements durant le mercato, avec un seul départ côté Plaza, Mario Risso parti du côté de Nacional, et également un seul départ (Joaquín Piquerez) et quelques arrivés côté Peñarol, pour faire le nombre en vu de la Sudamericana. Côté carbonero, l'arrivée au nom ronflant est celui de Nicolás Gaitán, mais l'Argentin aura besoin de quelques journées entre vaccination, quarantaine et remise en forme. Ce mercato calme est un exploit extraordinaire, dans un pays ou, avant la crise, si un « petit » était champion, il était pillé systématiquement. Et si un grand réussissait un parcours en coupe continentale comme Peñarol, le pillage était encore pire. Il y a une corrélation presque parfaite entre la faiblesse du marché des transferts et le parcours de Peñarol en Sudamericana.
Pour en revenir au match de dimanche, le match est pendant longtemps assez fermé, comme souvent pour ce qui est des matchs de Plaza. Dibble se procure une occasion sur une passe en profondeur, tout comme Canobbio côté Peñarol. La différence intervient à la demi-heure de jeu avec l'exclusion d'Ezequiel Redín pour un deuxième carton jaune. Les deux sont logiques et le joueur a peu d'excuses. Cette exclusion change le cours du match avec dans la foulée le premier but, l'ouverture du score d'Álvarez Martínez de la tête sur un très bon centre d'Agustín Canobbio. Belle tête piquée aux six mètres, Santiago Mele ne peut rien y faire et va chercher la balle au fonds de ses filets pour la première fois depuis la neuvième journée de l'Apertura ! Pourtant, Peñarol n'est pas aussi mordant qu'il a pu l'être. Facundo Torres est titulaire pour la première fois en un mois et demi, de retour de blessure, il manque clairement de jus. Álvarez Martínez et González ont joué en sélection lors de la triple journée. Le départ de Piquerez laisse un vide dans le couloir gauche. Plaza profite de cette apathie et égalise en début de seconde période sur une belle passe en profondeur de Dibble vers un Leonai Souza encore très bon. Ce dernier effectue une passe en louche pour éviter Dawson et pour que le ballon arrive vers Renzo López qui n'a plus qu'à le pousser dans le but vide. Égalisation logique, malgré l'homme en moins. Mais Peñarol ne doute pas trop longtemps et passe par le même circuit que lors du premier but. Débordement de Canobbio, centre de la mort, en retrait pour le buteur qui s'applique pour redonner l'avantage à son équipe. Canobbio part à la limite du hors-jeu mais il est bien couvert par... Álvaro Fernández, qui, à force de vouloir chercher de l'espace pour orienter le jeu dans un milieu de terrain où son équipe était en infériorité numérique, avait fini par descendre plus bas que ses défenseurs centraux. L'entrée en jeu de Cebolla n'y change rien, Peñarol s'impose deux buts à un.
Dans ce match de reprise, Peñarol doit son salut à deux joueurs en pleine forme : Álvarez Martínez et Canobbio. L'attaquant de pointe a connu une semaine parfaite avec deux titularisations avec la Celeste (deux victoires, c'est important), son premier but en sélection et un nouveau doublé contre Plaza. Fait étrange, ces trois buts ont été les trois premiers devant du public, alors qu'il a déjà marqué une cinquantaine de but... C'est certes un attaquant décisif comme ses chiffres le montrent mais aussi et surtout un attaquant de combinaisons, de participation. Il a une relation forte avec les joueurs qui l'entourent, comme on a pu le voir avec Canobbio hier mais aussi avec Torres par le passé. Un profil dont on n'avait plus trop l'habitude en Uruguay et qui pourrait être fort utile pour la sélection à l'avenir. Avec ses bons résultats, les médias espagnols l'envoient déjà au Real de la capitale espagnole et il finira bien par partir mais le plus important et qu'il soit resté, Peñarol jouant dans dix jours sa demi-finale aller de Copa Sudamericana. Pour le reste, l'équipe a manqué un peu de solidité défensive et va devoir travailler dans les prochains jours avant de jouer les Brésiliens. Côté Plaza, l'équipe a fait un bon match, il a juste manqué un joueur pendant une heure, le match aurait pu être bien différent. Dibble s'est encore bien battu, López a manqué de tranchant en attaque. Leonai Souza a encore montré que c'est un drôle de joueur.
Le match entre Cerro Largo et Nacional a fait débat dans la semaine le précédant car le stade de l’architecte Ubilla, stade habituel de Cerro Largo à Melo, est en travaux. C'est donc à Tacuerembó, au bon vieux Goyenola qu'a eu lieu l'affrontement, dans ce magnifique stade à la pelouse inégale. Le stade avait pourtant reçu une note de 1,3/5 par la commission de Fields au sein de l'AUF... Au final, la pelouse n'a pas tant été un acteur que Mario Risso, ex-défenseur de Plaza Colonia, arrivé à Nacional par la grande porte réussissant à ouvrir le score au début du match sur corner dès le quart d'heure de jeu. Le jeu de la tête de Risso et de Polenta fait beaucoup de bien à une équipe qui a du mal offensivement avec la suspension de Bergessio, mais cet apport est à double tranchant. Sur un nouveau corner cinq minutes plus tard, la défense de Nacional est prise sur le contre et Risso commet une faute assez vulgaire en position de dernier défenseur. Il est exclu, 22e minute de jeu. Risso avait commis la faute sans doute à l'instant, en se disant « extérieur de la surface, l'arbitre va peut-être considérer qu'il y a un défenseur à ma gauche, ça peut passer avec un jaune et sans que Cerro Largo n'égalise... » Mauvais calcul car au final, Otormin envoie le coup-franc dans la lucarne de Rochet. Un partout, onze contre dix, balle au centre. Le reste du match est assez brouillon, avec un Cerro Largo qui semble toujours vouloir jouer le contre, et un Nacional ayant replacé Rafael García dans l'axe de la défense avec Polenta et n'ayant plus grand chose à proposer.
L'idée de Ligüera de jouer avec Maxi Cantera en faux neuf avec Trezza et Ocampo sur les côtés est pour le moins... conceptuelle. L'expulsion de Risso a changé le cours du match et il est donc difficile de juger mais ce n'était pas très brillant déjà les vingt-deux premières minutes. Diego Polenta n'était déjà pas avant le défenseur le plus rapide du monde. Ça se confirme. Ocampo a apporté du danger, tout comme Felipe Carballo qu'on a beaucoup vu au milieu. Côté Cerro Largo, Alexander Domínguez, le nouveau gardien ex-international équatorien, aurait franchement pu se bouger sur le premier corner. Ensuite, il a été là sur les quelques occasions de Nacional. Pour le reste, Cerro Largo a été très attentiste et décevant.
Pour le reste
Pour le reste les poursuivants ont gagné avec des victoires de River sur un but d'Arezo, de Torque, de Liverpool et du Fénix de Nacho Pallas qui n'est décidément pas virevoltant mais qui s'en sort très bien au classement. Derrière, la descente devrait se jouer entre quatre/cinq équipes avec des situations déjà très compromises pour Progreso et Villa Española.