Peñarol et Nacional gagnent laborieusement, mais comme Deportivo Maldonado et même Boston River font de même, cela ne sert pas à grand-chose pour l’Apertura. On se dirige vers une surprise.
On pouvait lire cette semaine un magnifique article sur Ovacíon sur les SAD (société anonyme sportive) et leur impact sur le football, maintenant que l’immense majorité des clubs en première division en sont. L’un des points mis en avant par Diego Forlán et par d’autres entraîneurs anonymes est que, dans une SAD, le coach doit mettre le petit jeune que le président lui dit de mettre parce que l’objectif du club est de vendre. Pas gagner, même si c’est mieux avec la victoire quand même, mais vendre. Vendre, vendre, vendre. Comme tout club d’une société à but lucratif (même si les dirigeants disent l’inverse pour des raisons fiscales), l’objectif est d’avoir un retour sur investissement. J’investis sur quelques jeunes, je veux les vendre à bon prix. Ce n’est pas sale. C’est normal. Et cela doit bien exister. Mais cela fait qu’on retrouve en première division plein de petits jeunes aussi mûrs qu’une tomate verte.
Que vient faire le Deportivo Maldonado dans tout cela ? Et bien il est l’une des premières SAD mise en place en Uruguay, avec un propriétaire anglais un peu louche, Malcolm Caine, amateur de canassons à ses heures perdues (pas en saucisson, enfin j’imagine) et qui a pris la gérance de ce club centenaire (époque OFI) pour gagner un peu de pépettes. Encore une fois, aucun jugement de valeur de ma part, mais lui l’a fait principalement pour trianguler tranquillement (ce qu’il a fait in-extenso dans les années 2000-2010 avec des joueurs comme Alex Sandro, Marcelo Estigarribia ou encore Jonathan Calleri). Sauf que cela s’est un peu calmé avec les nouvelles règles FIFA et qu’il ne reste plus que Calleri qui part en prêt ici ou là tous les ans pour une somme rondelette. L’objectif de l’ami Caine n’est pas de former ou de vendre de jeunes uruguayens, contrairement à la majorité de ses collègues SADistes. Juste d’avoir une boîte aux lettres. Le club a donc longtemps vivoté dans les bas-fonds de la deuxième division, juste assez haut pour conserver le statut professionnel. Sauf que dans un contexte où toutes les autres SAD arrivent en faisant jouer des 18-19-20 ans, Maldonado peut recruter qui bon lui semble, à l’opposé par exemple de Montevideo City Torque qui est une vulgaire équipe de jeunes mal faite, un ensemble de minots plus qu’une équipe de football. Et dans ce contexte, Maldonado, un peu comme Plaza Colonia, a profité de cet environnement pour s’affirmer grâce à deux éléments : un bon coach (ça aide beaucoup), Francisco Palladino, présent au club depuis de très longues années, installé sur place ; des « bonhommes », c’est à dire des joueurs pas forcément jeunes, mais pas non plus des vétérans sur le retour. Des joueurs de football affirmés, comme Maxi Cantera, Ángel Rodríguez (vingt-neuf ans les deux, le type de joueur qu’on ne trouve pas souvent en Uruguay), Facundo Píriz… Des bons joueurs. Pas des cracks de dix-huit ans, pas des vétérans de 2010 sur le retour, des bons joueurs.
Bref, je pensais à tout cela quand le Deportivo Maldonado a marqué le deuxième but en fin de match, quelques minutes après avoir égalisé. Deux buts de Federico Anselmo (vingt-sept ans), dans une équipe qui contrôle, qui n’a pas trop peur, qui ne s’affole pas ni ne s’enflamme et qui est donc à quelques journées de remporter l’Apertura. Pourtant, River aurait dû mieux maîtriser son match, se montrant supérieur sur bien des aspects à son adversaire. Le club fernandino (de Maldonado) a quatre points d’avance à quatre journées de la fin sur Boston River, six sur les deux grands.
Deux grands qui l’ont donc emporté un peu au bout de l’ennui. Peñarol a eu besoin de deux penalties pour l’emporter contre Wanderers (1-0) avec une équipe de Larriera qui n’a toujours pas retrouvé son jeu. Nacional l’a aussi emporté (1-0) contre Fénix, aussi sur penalty, marqué par son meilleur joueur, Manuel Monzeglio. Du côté des deux grands, c’est le grand vide dans les effectifs avec côté Peñarol tout le monde qui est parti et côté Nacional l’absence de confirmation de « noms » comme Ocampo ou Ramírez. L’ennui donc. Dans les autres matchs, Boston River bat Rentistas (0-1) ce qui permet au Sastre de conserver la deuxième place dans un classement qui franchement fait un peu peur, aussi peur que la défense de Rentistas.