Le championnat entame sa dernière ligne droite avec la première journée du Clausura. Les débuts ont été laborieux avec peu de buts (sept en huit matchs) et beaucoup de matchs nuls (cinq sur huit). Si l’on ajoute le froid, du vent, un maté et une bonne grosse doudoune, on obtient quand même un assez bon week-end.

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Peñarol fait office de favori en cette fin de saison après avoir gagné l’Apertura et en ayant toujours quatre points d’avance au classement annuel. Le club a aussi fait un recrutement intéressant, avec la signature de deux champions du monde U20 (Cepillo González et Ignacio Sosa), mais aussi l’excellent Guillermo De Amores (vice-champion du monde U20, mais d’un autre temps) ou encore Camilo Mayada, José Neris, Maxi Olivera… De quoi bonifier les postes où l’équipe avait péché en première partie de saison tout en conservant son attaque Arezo - Hernández. Les Carboneros reprenaient face au Cerro, promu ayant eu beaucoup de difficultés à démarrer sa saison mais qui reste sur une série lui ayant permis de sortir de la zone rouge. Après deux jours d’une pluie diluvienne ayant permis de sortir de l’urgence sécheresse dans laquelle le pays était depuis quelques temps, un vent mauvais souffle sur le Centenario en ce samedi après-midi. Ce vent qui sera au final l’acteur le plus important de ce match.

En première mi-temps, Peñarol a le vent et le soleil couchant de face. Cela se sent immédiatement avec quelques imprécisions au niveau des passes, jusqu’au quart d’heure de jeu quand Rodrigo Saravia joue mal un coup franc dans les pieds, dans l’axe du terrain, alors que toute l’équipe était montée. Nahuel Acosta en profite pour débouler en contre et trouver Dylan Nandin pour l’ouverture du score. Surprise dans le stade. Le pauvre Saravia en prend pour son grade, tout comme le reste du milieu de terrain qui semble perdu en cette première mi-temps avec un Cristoforó, lui aussi, dans le doute. Peñarol ne se trouve pas dans la largeur du terrain et est en danger dès qu’il y a un contre, avec la vitesse d’Acosta (que l’on avait vu du côté de Rentistas) ou de Nandin (dont on avait déjà parlé depuis avant la descente du club en 2020 au côté, à l’époque, d’un certain Bryan Bentaberry). Le match tourne avec le changement de côté. C’est criant sur le but d’Hernández à la 51e sur un centre porté par le vent et qui lobe le pauvre Dario Denis, plutôt bon jusque-là. On pense alors que Peñarol a quarante minutes pour marquer un but mais Cerro se replie bien et limite l’impact des conditions climatiques en jouant bas puis en sortant rapidement balle au pied dans l’axe. Peñarol ne retrouve le danger qu’avec l’entrée en fin de match de Kevin Méndez, obtenant corner sur corner… Ce qui n’arrange personne car le match se joue avec, d’après nos estimations, seulement cinq ballons, dont un qui termine dès la première mi-temps sous la bâche de la tribune Colombes et un autre envolé dans le ciel Montévidéen lors du but d’Hernández. Autant dire qu’il n’y avait presque plus de ballon à la fin du match et que l’on a donc vu des joueurs de Peñarol plonger dans la « piscine » de la tribune Amsterdam pour aller en récupérer. Un bien bel exploit au vu du vent froid qui a soufflé sur le match. 1-1, score final.

Peñarol n’a pas fait un mauvais match, mais a été trop fébrile notamment au milieu avec Saravia (sorti dés la mi-temps), mais aussi avec ses joueurs offensifs techniques qui n’ont pas été bons comme Arezo ou le nouveau Álvaro González. C’est problématique pour Arezo qui ne montre plus grand-chose depuis assez longtemps déjà, après cinq très bons matchs, il a été brisé dans son élan et n’arrive pas à combiner avec Hernández. Ce dernier n’est pas exceptionnel, mais il est très présent par son physique et surtout, il marque des buts. C’est ce qui fait qu’il a été ovationné à sa sortie. Côté Cerro, l’équipe a très bien joué sur ses forces et peut viser le maintien sur ces bases. Le duo Nandin – Acosta apporte beaucoup de vitesse, mettant en danger une équipe jouant haut. Derrière, l’équipe est aussi solide avec l’expérimenté Denis dans les cages. Bonne entrée de Matías Cabrera au milieu de terrain en deuxième mi-temps, on n’avait plus croisé ce joueur ayant évolué au Defensor depuis longtemps.

Le lendemain, le choc de la journée opposait Liverpool et Nacional au Belvedere. Le précédent match dans le même stade s’était soldé par une victoire 3-0 de Liverpool et on attendait donc une réaction d’orgueil des joueurs bolsos, quelques jours après une douloureuse élimination en Copa Libertadores. Alors que Díaz semble déjà parti, Liverpool s’est aussi affaibli avec le départ de Martirena, qui a déjà joué pour le Racing de l’autre rive. Le match s’est soldé sur un nul 0-0 mais avec des mouvements très intéressants des deux côtés et des « gros » arrêts d’Ichazo ou de Britos. Après un bon début de match de Nacional, c’est Liverpool qui a mis la pression mais sur un contre rapide Mateo Antoni, joueur de vingt ans en prêt du club bolso, pousse son adversaire et récolte donc un carton rouge direct. Cela tend un match déjà fermé, avec une équipe en supériorité numérique qui cherche à contrôler mais qui peine désormais à apporter le danger, et une autre qui joue en contre sur la rapidité notamment de Gonzalo Nápoli ou de Luciano Rodríguez. Au final, le latéral paraguayen Samudio est également exclu et le match se termine à neuf contre onze. Le dernier coup-franc de Polenta ne donne rien, match nul mais très intéressant à suivre.

Pour le reste, les seuls vainqueurs de la journée sont des équipes de bas de tableau avec Torque, Boston River et La Luz. Torque a réussi un vrai hold-up en allant gagner à Jardines en étant réduit à dix contre onze depuis la demi-heure de jeu, sur un but en contre de Tiago Palacios. La Luz s’est aussi imposé en toute fin de match contre Wanderers, entraînant une interview au bord des larmes de son entraîneur à la fin du match. C’est cette émotion que l’on retiendra. Car il y a encore eu beaucoup de départs cette semaine avec notamment celui de Boselli du Defensor vers l’autre River Plate, qui vient après celui de Mateo Ponte au Brésil, d’Andrés Ferrari en Espagne pour ce qui est des jeunes. Du côté des moins jeunes, Maxi Cantera est parti en Colombie pour faire partie de l’équipe type d’un tour éliminatoire de Copa Libertadores.

Les buts

Résultats et classement

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba