Le week-end dernier, le seul championnat sud-américain qui n'avait pas encore vu de jeu depuis des mois a débuté. Après un premier match nul entre deux belles équipes que sont le Deportivo la Guaira (champion en titre) et Aragua (qui est qualifié en Sudamericana), l’heure est donc venue de présenter les forces en présence.
Le football professionnel vénézuélien se jouera cette année dans un format différent de celui auquel le public est habitué. Il y aura trois groupes de sept équipes qui, pendant près de huit mois, devront assurer les premières places de leur groupe pour accéder à l'Hexagonal A qui donnera l'option de la Copa Libertadores 2022 aux quatre premières équipes et des places pour la Copa Sudamericana 2022 aux deux dernières. Les équipes qui terminent troisième et quatrième de leur groupe joueront l'Hexagonal B qui donnera deux places pour la Copa Sudamericana 2022 aux deux premiers.
Le Groupe Central est formé par l'actuel champion, le Deportivo La Guaira, qui a remporté le championnat la saison dernière et a ainsi brodé sa première étoile sur son maillot, le Deportivo Lara, Aragua FC, Carabobo FC, Yaracuyanos, La Academia de Puerto Cabello et Gran Valencia FC. Caracas FC, l'équipe la plus victorieuse du Venezuela avec douze étoiles, est la tête de gondole du Groupe de l'Est où l'on trouve aussi des équipes comme l'UCV, premier champion professionnel du Venezuela et qui en 2020 a réussi à retourner en première division, Mineros de Guayana, Monagas SC, Metropolitanos, Atlético Venezuela et Lala FC. Estudiantes de Mérida, qui a récemment célébré son cinquantième anniversaire, fait partie du Groupe Ouest où il devra rivaliser avec une autre des équipes les plus traditionnelles du football vénézuélien, le Deportivo Táchira, mais aussi Portuguesa, Zamora - équipe révélation de la décennie -, Trujillanos, Zulia et l'équipe débutante qui en 2020 a obtenu par ses mérites sportifs la promotion pour la campagne 2021, Hermanos Colmenarez. Chaque groupe se dispute en aller-retour (vingt-quatre matchs pour chaque équipe), de même pour l’Hexagonal final.
La Guaira favori au centre
Le champion en titre a la responsabilité de continuer à gagner des tournois. La Guaira, jeune équipe de la capitale, compte déjà deux Copas Venezuela (deuxième compétition la plus importante du pays, mais qui n'est actuellement pas disputée) et un tournoi de football professionnel vénézuélien remporté il y a quatre mois. L'équipe entraînée par Daniel Farías assemble beaucoup de noms au Venezuela, comme Charlis Ortíz ou Aquiles Ocanto, et a vu son équipe rejointe par des joueurs comme les Vinotintos Arles Flores et Carlos Cermeño ainsi que le retour de Danny Cure dans le football vénézuélien. Avec une équipe qui combine parfaitement jeunesse et expérience, La Guaira aborde 2021 avec également le défi de jouer la phase de groupes de la Copa Libertadores aux côtés du Cerro Porteño, Atlético Mineiro et América de Cali.
Avec un nouvel entraîneur aux commandes, l'Argentin Martín Brignani, le Deportivo Lara débute le tournoi 2021 après avoir été éliminé au deuxième tour de la Libertadores par le finaliste 2020, Santos. L'arrivée à nouveau d'un buteur historique comme Jesús Hernández, l'expérience du défenseur Ignacio Anzola et les incorporations de Gilson Salazar, Luis Barrios et Ruben Rojas laissent chacune des lignes solides pour l'équipe Larense au moment d’affronter son groupe. Il en est de même pour Aragua FC où les arrivées des Vénézuéliens Rafael Arace, Daniel Rivillo, Juan García, Diego Guerrero, Johel Semidey, du Panaméen Alfredo Stephens et de l'Argentin Jonatan Duche ont déjà porté leurs fruits. Agarua a éliminé ses compatriotes de Mineros de Guayana au premier tour de la Sudamericana et ainsi accéder à un groupe d’une extrême difficulté avec Lanús, La Equidad et Grêmio. Une phase de groupes que l’Academia de Puerto Cabello ne connaîtra pas, tombée au premier tour face à Metropolitanos. La Academia était très bien armée offensivement avec les attaquants vénézuéliens Richard Blanco et Ronaldo Chacón et s’appuie sur un solide milieu avec Jesús Meza et la présence d'un jeune joyau du football national, Matías Lacava, qui se combine parfaitement avec un vétéran à l'intérieur du jeu comme Emilio Renteria. Seul problème, de taille. Le club a licencié Carlos Maldonado et aborde la saison sans aucun technicien sur son banc.
Avec une équipe complètement renouvelée et sous le commandement du vénézuélien Enrique Maggiolo, Carabobo affronte une année 2021 sous le signe de la jeunesse pour essayer d'oublier 2020 et se concentrer sur le développement des talents. Leopoldo Durán, Miguel Salas, Yondri Llerena, Rodrigo Romero, Gilber Guerra et Yeangel Montero sont le nouveau visage de l'équipe marron. Après s’être fait un nom au Paraguay, et un surnom, Guardiolita, Daniel Farrar tente sa première expérience à l’étranger. Le voici donc au Venezuela à la tête de Yaracuyanos avec un intéressant mélange de jeunesse et d’expérience à diriger. Parmi les joueurs à surveiller : les défenseurs Richard Badillo, Manuel Granados et Rodrigo DeBritos, les milieux de terrain Javier Garcia et Edgar Silva, l'attaquant Gustavo Paez. Enfin, six ans d’existence et une deuxième saison dans l’élite à vivre font de Gran Valencia le petit poucet du groupe central. Dirigés par Bladimir Morales, les Azules ont vu un grand nombre de joueurs arriver, parmi lesquels se distinguent Angel Osorio, Jean Pierre Ambuila, Gerardo Padrón, Eduin Padilla, Jesús Herrera et s’appuiera sur la base du tournoi 2020 , Edgar Castellanos, Giovanni Dolgueta et Jerry Orozco.
Cacaras et Mineros favoris à l'Est
L’équipe la plus titrée du pays, un entraîneur, Noel Sanvicente qui, avec six titres est une référence, autant dire que Caracas est une place forte du pays et va courir après un treizième titre national et récupérer un trophée laissé à La Guaira l’an passé. Sorti lors du deuxième tour de la Libertadores, Caracas va donc se concentrer sur le championnat. Et pour récupérer le titre, le club a engagé les Vénézuéliens Edson Castillo, Miguel Celis et les Nigérians Ade Ognus, Samson Akinyoola et Osei Bonsu, ces deux derniers en provenance de Slovaquie.
La concurrence dans le groupe devrait se nommer Mineros de Guayana. Après avoir perdu lors de la première phase de la Copa Sudamericana, les Mineros de Jesús Cabello et avec des joueurs comme Ely Valderrey, Argenis Gómez, Julio Machado, Antonys Matos, vont chercher à viser les accessits comme l’an passé. Les cadres seront chargés de guider les jeunes joueurs et les nouveaux arrivants (Samuel Barberi, Gabriel Vargas, et l’un des joueurs à surveiller Starling Yendis), alors que les attaquants uruguayens Nico Noriega et Juan Gonella seront les pièces maîtresses dans cette mission. De son côté, Metropolitanos, l'équipe de la capitale a réussi à réaliser une bonne performance lors de la campagne 2020 (grâce à un joueur comme Daniel Perez qui a signé il y a quelques mois à Bruges), ce qui lui a permis de disputer la première phase de la Copa Sudamericana et de se qualifier pour la phase de groupes où elle affrontera l'Athletico Paranaense, Aucas et Melgar. L'équipe violette dirigée par José María Mor compte dans ses rangs plusieurs joueurs à surveiller comme Christian Larotonda, Luis Martel, Giancarlo Schiavone, Marco Bustillo, et des grands noms comme Evelio Hernández, Leminger Bolívar, Renier Rodríguez et Tito Rojas.
Dans ce groupe, on suivra avec attention Monagas, dirigé par Jhonny Ferreira, champion avec le club en 2017 et qui compte dans ses rangs l’un des membres de la fratrie Yendis, Klinsmann de son prénom qu’il faudra également surveiller. On suivra également le retour dans l’élite du premier champion de l’ère professionnelle au Venezuela, Universidad Central de Venezuela (UCV ou la U pour les intimes). Un retour qui était attendu depuis plus de trente ans (le club est descendu en 1988). UCV sera dirigé par l’ancien joueur Pedro Acosta et compte dans ses rangs un vice-champion du monde U20 en 2017, Luis Ruiz. Beaucoup de joueurs sont arrivés à l’Atlético Venezuela, dont des incorporations de luxe pour la saison actuelle, comme l’immortel Maestrico González, avec l’objectif affiché par le club d'obtenir une place dans une coupe internationale.
Reste enfin sans doute l'équipe la moins connue du groupe, Lala qui va s’appuyer sur des jeunes joueurs qui vont, pour la plupart connaître leur première expérience dans l’élite, avec deux nouveaux visages à surveiller, Bairon Altuve et Breyner Robayo qui étaient en demi-finale en deuxième division avec Ureña l’an passé. Mais Lala avait connu des problèmes financiers (non-paiement des salaires en 2020) et il faudra surveiller cette situation comme plusieurs clubs cette année.
Gros combat à l'Ouest
L'historique d’Estudiantes de Mérida, qui vient de célébrer ses cinquante ans, arrive au tournoi 2021 avec l'obligation de se qualifier pour l'hexagonal. Pour cela, le club s’est offert une recrue stars : Álvaro Palito Pereira, membre de l'équipe nationale uruguayenne lors de la Coupe du monde 2010. En plus d'avoir un nouvel entraîneur, l'ancien joueur Leonel Vielma, l'équipe académique a ajouté à ses rangs des joueurs comme Daniel Valdes pour protéger les buts et accompagné de Alejandro Araque, Jesús Gómez qui revient dans l'équipe où il est né, les Colombiens Danny Santoya, Juan Ortiz et Juan David Muriel. Estudiantes de Merida a conquis le tournoi d'ouverture en 2019 et veut réitérer cette performance, il en a l’effectif pour.
Mais les Rojiblancos vont trouver sur leur route un adversaire de poids, la deuxième équipe la plus titrée du pays et meilleure à la table annuelle l’an passé, le Deportivo Táchira. Les Atigrados seront dirigés par Juan Domingo Tolisano ont rapatrié les Argentins Lucas Trejo et Lucas Gómez qui avaient laissés de grands souvenirs aux fans lors du tournoi 2019 et compteront sur une large colonie de jeunes joueurs comme Carlos Vivas, Yerson Chacón, Jesús Quintero, Jesús Orozco. À noter qu’en plus d’être candidat au titre national, le Deportivo Táchira disputera la phase de groupes de la Copa Libertadores aux côtés d’Olimpia, de l’Internacional et d’Always Ready.
Attention aussi au club de la décennie au pays : Zamora (quatre titres entre 2012 et 2019, une Coupe du Venezuela et cinq campagnes de Libertadores). Privé de compétition continentale cette année, Zamora veut rebondir et la pression mise par les dirigeants est importante puisque l’objectif est de revenir sur le continent en 2022. Pour cela, le club recrute Marcelo Gómez, ancien entraîneur des équipes de jeunes de Vélez notamment et vice-champion d’Argentine avec les jeunes d’Independiente et va s’appuyer sur de nombreux joueurs qui ont connu les joies d’un titre avec le club comme Laineker Zafra et Lucho Vargas. À suivre également, le pentacampeón del fútbol venezolano Portuguesa qui a connu une décennie très discrète mais qui, sous la direction d’Alí Cañas et avec plusieurs joueurs de haut niveau comme José Soto, Brayan Rodríguez, Luis Romero, Luis Annese, Ynmer González, Jesús Lugo, Carlos Castro, César Mertínez, Jorge Páez, Maiker González, peut venir jouer le rôle de surprise. À suivre également, le nouveau Zulia, nouveau logo et nouvel entraîneur, qui reprend du service après une année d’inactivité liés à la COVID-19. On y regardera évoluer les attaquants Jesús González et Elías Zimnavoda, le milieu de terrain Víctor Mejías, l'Argentin Mauro Sabatín et le gardien de but expérimenté Carlos Salazar.
Six ans après sa fondation, Hermanos Colmenarez va débuter dans l’élite après son sacre de champion de D2 l’an passé. Elle est forcément l’équipe la moins connue du pays mais possède quelques joueurs intéressants comme le Colombien Juan Camilo Zapata, meilleur buteur de D2 l’an passé. Enfin, reste le cas Trujillanos. Englué dans les dettes envers son staff et ses joueurs, dans le viseur de la FIFA, le club ne sait encore pas s’il pourra assurer toute la saison et se retrouve aux portes de la disparition. C’est ainsi qu’aucun joueur n’a été recruté et que, pour débuter le tournoi, le club va envoyer ses jeunes.
