Préparation à la Coupe du Monde pour les uns, première étape d’une lente reconstruction pour les autres : ce sympathique Colombie-Tunisie aura fourni quelques enseignements intéressants au-delà de l’aspect anecdotique du score (1-1). Installés confortablement dans nos canapés, qu’avons-nous aimé et qu’avons-nous vomi de ce match amical à Barcelone ?
On a aimé :
James Rodriguez, la classe à l’état pur
L’atout élégance de cette rencontre. Sans la sortie autoritaire du gardien Tunisien Ben Mustapha, sa passe laser, extérieur du gauche, en profondeur pour Ibarbo à la troisième minute aurait été une balle de but.
Qu’à cela ne tienne, un quart d’heure plus tard, ca a payé avec les mêmes protagonistes. Encore une passe millimétrée, et Ben Mustapha préfère cette fois détruire la hanche d’Ibarbo d’un sublime mouvement genou en avant que Bruce Lee n’aurait pas renié. Le pénalty a été transformé par le crack de l’AS Monaco.
Dans le jeu, James a été la tour de contrôle de toutes les offensives Colombiennes et l’objet de trois quarts des coups de latte Tunisiens, moins sanctionnés qu’ils ne l’auraient été en match officiel. Si on ne peut douter de sa capacité à briser les lignes balles au pied et créer des déséquilibres, la finition de toutes les actions qu’il initie est en question. Bacca, Ibarbo puis Adrian Ramos ne se sont guère montrés à leur avantage. En attendant l’hypothétique retour de Radamel, si l’attaquant de l’Udinese Luis Muriel en profitait ?
Wahbi Khazri, danger numéro 1
Ruud Krol, pour avoir assuré l’intérim à la tête de la sélection Tunisienne en barrage de Coupe du Monde et créé l’illusion d’une possible qualification après le match aller, conservera la reconnaissance des observateurs. Mais on ne peut s’empêcher de penser que l’absence de Wahbi Khazri lors du barrage contre le Cameroun, mis sur le banc puis écarté, est un regret et un immense gachis qui pèse lourd au moment de juger le court mandat de ce brave Ruud.
Mardi contre la Colombie, Khazri a été le plus créatif des Aigles de Carthage, a beaucoup combiné avec Sassi, évité au maximum de combiner avec Jemaa, et inquiété Ospina sur toutes ses frappes. Avant de profiter de la sortie hasardeuse de ce dernier d’une belle demi-volée dans le but vide. Au vu de son activité, l’ailier de Bastia est la base sur laquelle le futur sélectionneur doit bâtir son animation offensive.
L’abattage de Ferjani Sassi
Lors de ses débuts en Sélection Tunisienne, en Juin dernier contre la Sierra-Leone, Sassi avait nettement plus montré ses défauts que ses qualités au cœur du 4-2-3-1 Tunisien : de la lenteur, un peu de fragilité face à l’intensité physique adverse, et ces habituels missiles de 30 mètres en tribunes dont il a gratifié le CS Sfaxien et l’équipe nationale durant toute la saison dernière.
Quelques mois plus tard, il est intéressant de constater que ce jeune milieu de terrain a gommé progressivement ses imperfections et a gagné en impact. Positionné un peu plus bas, il a épaulé Ragued dans la baston de l’entrejeu, gratté plusieurs ballons dans les pieds de Ramirez, et a surtout réussi à orienter le jeu vers l’avant sur plusieurs phases de jeu qui ont profité à Yassine Mikari et Wahbi Khazri. A revoir à ce poste de relayeur qui a tant fait défaut ces derniers temps.
On a détesté
L’engagement excessif et la frilosité en seconde mi-temps côté Tunisien
James Rodriguez et Cuadrado vont regagner leurs clubs perclus de bleus. Souvenirs des crampons et des coups d’épaule vigoureux que Jmel, Ragued et Syam Ben Youssef n’ont pas manqué de leur asséner. Etre solide c’est bien beau, mais jouer sur le reculoir, subir et se contenter de mettre des marrons dés la 45ème minute ne mène à rien au niveau international et en match officiel. A part à concéder des occases et des cartons, et finir par céder.
La Tunisie s’est procurée plusieurs situations intéressantes en première mi-temps, puis a abandonné le ballon aux Combiens après la pause et laissé le plus souvent Fakhreddine Ben Youssef et Saber Khalifa s’épuiser dans le vide dans des courses inutiles.
En sortant un attaquant (Dhaouadi) au profit d’un troisième défenseur central (le Lensois Yahia) dans le dernier quart d’heure, le sélectionneur par intérim Khanfir a affiché sa volonté de conserver le 1-1.En match amical….
Le désespoir Issam Jemaa, l’anormal désert en pointe de l’attaque
Il a beau régaler au Koweït, le ballon de plomb 2012 a une nouvelle fois fait grimper le curseur "agacement" au maximum. Tout dans son jeu suscite l’agacement : ses décrochages inutiles, ses remises dans les pieds Colombiens qui ruinent les actions, ses fautes grossières sur Yepes qui cassent le pressing de ses coéquipiers, et une vitesse d’exécution qui tend vers le négatif.
Idéalement lancé en profondeur sur son occasion la plus franche, Jemaa a laissé tout le temps à Ospina pour sortir et contrer cette immonde tentative de lob qu’il a fini par déclencher. Durant les 45 minutes où il a joué, la Tunisie a joué sans attaquant.
Mais les potentiels remplaçants testés jusque-là n’ont guère convaincu, surtout que Fakhreddine Ben Youssef, qui a confirmé depuis des mois sur le terrain qu’une place sur un côté lui convient nettement mieux, parait emprunté dés qu’il est aligné en pointe.
Saber Khalifa, qui a joué à gauche toute la seconde mi-temps, a retrouvé des sensations et pourrait être une alternative intéressante, mais il ne peut miser que sur sa vitesse et son déficit en un contre un le ferait disparaître au premier marquage venu. Cela ne l’empêcherait pas, par ailleurs, de râler systématiquement contre ses coéquipiers à chaque ballon comme il l’a fait Mardi, en hommage à son époque Evianaise ou il était souvent décisif mais aussi souvent pas très jouasse.
Pendant ce temps-la, le feu follet du CA Bizertin Adem Rejaïbi, qui fait la plus belle saison de sa jeune carrière, se morfond sur le banc et aurait dû être testé.
Les buts :
