Avec Dempsey et Bradley, les USA marquent les esprits

Les promesses américaines, l’incertitude mexicaine, les inconnues costaricaines et honduriennes. A l’heure d’ouvrir leur Coupe du Monde, les quatre représentants de la CONCACAF étaient observés avec autant de méfiance que de curiosité. Leur bilan.

Ils étaient quatre au départ, trois ont franchi le premier tour. Habituel grand bénéficiaire des Coupes du Monde hors d’Europe, la CONCACAF a particulièrement brillé lors de cette édition brésilienne, réalisant sans aucun doute sa meilleure performance d’ensemble. Leur bilan, dans l’ordre de leur classement lors des qualifications.

USA : le meilleur est à venir

Loin d’être favori de son groupe, la sélection américaine savait qu’elle ne devait pas manquer son premier match pour espérer venir troubler la fête des européens. Et elle ne s’est pas manquée. Après la victoire face au Ghana, les hommes de Klinsmann, même privé d’Altidore, élément clé du système du technicien allemand, ont affiché leurs ambitions face au Portugal avant de subir le contrecoup (physique ?) de leur excellent début de Coupe du Monde face aux allemands puis surtout face aux belges. Avec un Howard en feu mais pour lequel il faudra trouver un successeur, emmenés par ses leaders Bradley et Dempsey et ses révélations que sont des DeAndre Yedlin, les Yanks ont de beaux jours devant eux. Cette Coupe du Monde, la plus suivie de l’histoire au pays, restera celle qui permettra au football made in US de pouvoir désormais se concentrer sur sa troisième étape, la plus délicate : dénicher les talents qui feront d’elle l’une des grandes équipes au monde d’ici 10 ans. Le travail a commencé (je vous invite à (re)lire l’article écrit pour les Cahiers du Football), il peut désormais s’appuyer sur un élan populaire (à continuer d’entretenir) et des certitudes sur le terrain.

Costa Rica : la sensation

Joel Campbell, la confirmation

Les Ticos de l’élégant Bryan Ruiz et de la nouvelle star Joel Campbell restent sans aucun doute la grande sensation de l’édition 2014. Après une phase de qualification parfaitement gérée, les Ticos de Jorge Luis Pinto ont surpris le monde qui ne les voyait pas aussi haut. En s’appuyant certains éléments de la génération 2009 et 2011, celles championne de la CONCACAF et quatrième mondiale en u20 (2009), celle huitième de finaliste de la Coupe du Monde 2011 (éliminée sur un penalty de James dans les ultimes secondes). Une génération dorée que Jorge Luis Pinto aura parfaitement fait entrer dans ce groupe qui, pourtant privé de son buteur Alvaro Saborio, a déjoué tous les pronostics. De quoi espérer voir les Ticos dominer la CONCACAF ? Pas sûr. Car aussi exceptionnel fut le parcours de la Sele au Brésil, aussi indécis est son avenir. Après le formidable parcours de 1990 (huitième de finale), la sélection nationale avait manqué les deux rendez-vous suivants et mis une dizaine d’année à revenir aux premier plan. Malgré la présence de nombreux jeunes dans le groupe 2014, le départ annoncé de Jorge Luis Pinto laisse donc planer des doutes sur les capacités des Ticos à capitaliser sur cette performance. Espérons qu’elle ne reste pas un feu de paille.

Honduras : la frustration


Décevants honduriens

A l’image du bilan des sud-américains, il fallait une déception côté CONCACAF. Cette déception reste sans aucun doute le Honduras. Non pas que l’élimination des Catrachos est une surprise vu le groupe dans lequel ils ont été reversés, mais ce qui laisse un goût amer au parcours du Honduras est sans aucun doute la manière. A l’heure de présenter l’adversaire des bleus, nous avions insisté sur la mauvaise habitude prise par Luis Fernando Suárez de refuser le jeu face aux équipes qui lui sont annoncées supérieures. Conséquence, à l’exception de quelques séquences lors du match face à l’Equateur, nous n’aurons jamais vu le Honduras qui avait été si convaincant en phase de qualification, celui qui s’était imposé face au Mexique, au Costa Rica et aux USA. Pour leur deuxième Coupe du Monde consécutive, une première dans l’histoire, les Catrachos laissent donc un sentiment de frustration à leurs suiveurs. Avec la fin du mandat de Suárez et celle (probable) de nombreux cadres, la sélection va désormais devoir poursuivre sa progression annoncée en s'appuyant sur l'expérience acquise par ses jeunes lors de cette Coupe du Monde. Elle aura surtout besoin d'un sélectionneur capable de lui donner de l'ambition.

Mexique : l’effet Herrera


Miguel Herrera, l'homme qui fait revivre le Mexique

Nombreux furent les analystes à prédire le parcours de la sélection mexicaine à la lumière de la terrible campagne de qualification. Sauf que les amoureux du football aztèque savaient qu’avec Herrera, le Mexique version Brésil 2014 n’aurait rien à voir avec l’équipe moribonde des deux dernières années. Car el Piojo, qui avait fait d’América une des plus belles équipes de la Liga MX, a poursuivi son travail de faiseur de miracles en s’appuyant sur les valeurs sûres du championnat. Et il aura fallu un penalty imaginaire pour mettre fin à l’aventure de la Tri mexicaine. Portée par un Ochoa des grands jours, rassurée par un Marquez aussi brillant qu’avec la Fiera, emmenée par un Herrera flamboyant et un duo offensif Gio – Peralta dont la complémentarité s’est avérée parfaite, la sélection mexicaine restera l’une des belles équipes de l’édition 2014. Avec Herrera qui devrait être reconduit jusqu’en 2018, le Mexique devrait pouvoir espérer mieux en Russie. Il sera en tout cas l’une des équipes à suivre lors de la prochaine Copa América à laquelle il est invité (à condition que la CONCACAF lui laisse envoyer sa meilleure formation, le sujet est encore l’objet de débat).

La CONCACAF est donc la grande gagnante de la Coupe du Monde 2014. Avec les confirmations des USA et du Mexique et l’émergence du Costa Rica, la prochaine Gold Cup s’annonce passionnante. D’autant que le Honduras aura beaucoup à se faire pardonner quand Panama, éliminé dans les dernières secondes de sa première Coupe du Monde, viendra avec un esprit de revanche.

 

 

 

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.