Coupe du Monde, Copa América et une rétro Corinthians – São Paulo 1990, votre menu pour l’épisode 9 de notre podcast.
Ouverture particulière cette semaine puisque comme vous pouvez le voir, pas de recibimiento mais une minute de silence parfaitement respectée avant Brésil – Pérou qui se déroulait ce mardi. Cela me permet de saisir l’occasion pour rendre modestement hommage aux victimes de ces horreurs et de prendre un instant pour saluer amicalement la bande de Hors-Jeu qui a perdu l’un des siens le week-end dernier. On pense bien à vous les gars.
Ce qu’il faut retenir
Cette semaine l’actualité en AmSud, comme au nord d’ailleurs était dominée par les 3e et 4e journées de la phase de qualification pour la prochaine Coupe du Monde. Alors quels enseignements en tirer : premièrement que l’Equateur n’en finit plus de s’affirmer comme un candidat sérieux. Si l’arrivée de Gustavo Quinteros n’y est bien évidemment pas étrangère, d’autant qu’il peut s’appuyer sur l’excellent boulot qu’il avait accompli avec plusieurs joueurs de cette sélection qu’il a connus à Emelec, ces performance ne font finalement que s’inscrire dans la continuité. Au risque de me répéter, je rappelle que l’Equateur était second à trois points de l’Argentine au soir de la 9e journée (sur 16) de la précédente campagne de qualification avant de vaciller après le choc du décès de Chucho Benitez. Voir donc l’Equateur encore performant avec des joueurs qui ont gagné en maturité et expérience n’est donc pas une surprise. Derrière, l’Uruguay impressionne. Après avoir écrasé la Colombie, la Celeste a vraiment croqué un Chili totalement hors sujet et qui commence à lui aussi vaciller quelque peu, surtout en coulisses (on va y revenir). Et là encore, il faut saluer le génie de Tabárez mais aussi l’intelligence des supporters et médias uruguayens. Au lendemain de la Coupe du Monde, Óscar Tabárez a dit qu’il allait reconstruire. Il a pris plusieurs mois pour intégrer de nouvelles têtes, faire venir la jeune génération et n’a surtout pas dérogé à son plan de travail, même après l’élimination en Copa América ou après une défaite en amical au Costa Rica. Et là aussi, la presse a été exemplaire. Ovacion avait par exemple avait prôné la patience avec cette jeune équipe en reconstruction au lendemain de cette défaite face aux Ticos. C’est aussi cette intelligence collective qui est récompensée. Parce qu’avant même le retour de Suarez, l’Uruguay est impressionnant dans sa gestion des matchs, surtout à domicile. La Celeste a tout pour échapper aux barrages. Cette semaine aura été celle des réveils. Celui de l’Argentine, convaincante une mi-temps face au Brésil avant de subir la dure loi de l’efficacité sauce Dunga et face à la Colombie qu’elle a parfaitement géré. Celui de la Bolivie qui a trouvé son match référence face au triste Venezuela avant de perdre sur le fil face au Paraguay tout en montrant quelques motifs d’espoir. Reste enfin le Brésil qui a profité de la naïveté des péruviens pour s’offrir une belle victoire et se placer sans briller mais sans non plus véritablement souffrir. Rendez-vous désormais en mars et il ne serait pas étonnant de voir de nouvelles têtes sur les bancs de quelque sélection.
Plus au Nord, la campagne de qualification entre dans le 4e tour, celui qui lance les géants Mexique, Etats-Unis ou encore Costa Rica. L’attention était bien évidemment portée sur le Mexique de Bielsa….ahh mince, décidément….d’Osorio donc qui après une mise en bouche tranquille face à un Salvador qui avait envoyé une équipe réserve après des disputes autour des primes entre fédération et joueurs cadres, a convaincu au Honduras s’imposant 2-0, porté par son futur comme l’a affirmé la presse locale, symbolisé par les buteurs Tecatito Corona et Damm. C’est la belle affaire parce que le Honduras apparaissait comme étant le rival numéro 1 du Tri, le Canada semblant un cran en dessous. Mais la victoire des canadiens en ouverture face au Honduras pourrait bien compter dans la lutte pour la 2e place. Il leur faudra juste éviter de prendre une taule comme celle de la précédente phase de qualification à la dernière journée (pour les 2 du fond, le Canada en avait pris 8 à San Pedro Sula, c’était ce match qui les avait éliminés). Sinon, si côté américain c’est loin d’être encore convaincant, cette semaine aura surtout démontré le retour du Costa Rica. Les Ticos ont eu la bonne idée de virer Wanchope et comme hasard se sont remis à gagner. Ca tombe plutôt bien parce que leur groupe est coton avec la Jamaïque, si convaincante en Gold Cup et en Copa América, Panama, en progression constante également, et Haiti qui avait été plus qu’intéressant los de la Gold Cup. Oui, vous l’avez compris, ce groupe est le groupe de la mort.
Puisqu’on parle d’AmSud et d’AmNord, on va faire une parenthèse Copa América. Car ça y’est, maintenant qu’on sait qu’elle aura lieu aux States, la liste des 10 villes hôtes retenues vient d’être donnée. Alors sans surprise on va retrouver du Los Angeles, du New York, du Chicago ou du Seattle, on s’en réjouit même. Par contre, les choix de Phoenix et San Francisco, alors que ces villes n’ont même pas une équipe en MLS qui font que des Portland se retrouvent out, ça pique un peu. M’enfin, tel est le choix arrêté, rendez-vous donc en juin prochain. Je ne pense pas que LO pourra vous refaire la même chose qu’au Chili, tant cette histoire me semble compliquée point de vue budget….mais sait-on jamais.
Qui dit Copa América, dit CONMEBOL et qui dit CONMEBOL dit corruption et FIFAGate. Alors l’affaire commence à prendre une drôle de tournure et vient même toucher le champion sudam, le Chili. Tout a commencé avec l’annonce surprise de la mise au repos de Sergio Jadue, président de l’ANFP et de la fédé chilienne pour un mois. Ce même Sergio, qui niait alors sa possible démission, était allé au Brésil sans trop qu’on sache qui il y avait rencontré (on a parlé du président de la fédé brésilienne – qui pourrait démissionner d’ici peu, on a parlé aussi du FBI). Bref, toujours est-il que voilà que désormais Jadue est bel est bien parti. De nouvelles élections vont avoir lieu d’ici peu et pendant que le Chili coulait en Uruguay, on apprenait que Jadue s’était rendu (dans tous les sens du terme) aux Etats-Unis non pas en vacances en famille comme il l’a d’abord affirmé mais surtout pour reconnaître son implication dans l’affaire des pots-de-vin et mettre à disposition des autorités locales pour voir sa peine réduite. Les conséquences pourraient être multiples. Elles sont la suite de la chasse aux corrompus qui siègent à la CONMEBOL (je rappelle que Jadue était vice-président), mais elles font aussi vaciller le foot chilien allant même jusqu’à jeter le doute sur le maintien de Sampa à la tête de la sélection. Surtout que pendant ce temps, l’Argentine ferait les yeux doux au coach champion d’Amérique du Sud. Bref, il va y avoir des secousses, et beaucoup de choses risquent de se passer d’ici mars et donc d’ici la prochaine Copa América. On n’a pas fini d’en apprendre de belles…
La rétro : Corinthians – São Paulo 1990
Ce jeudi soir, le Corinthians est officiellement devenu champion du Brésil 2015. Pour la bande à Tite, qui a dominé de la tête et des épaules ce championnat, il s’agit du sixième titre national. Ce week-end, le peuple Alvinegro va donc profiter du Majestoso (match face à São Paulo) pour célébrer ce titre. Et ça tombe bien, parce que Corinthians – São Paulo, c’était justement la finale pour le 1er titre du Timão.
Nous sommes en 1990, le Brasileirão fête ses 20 ans et le Corinthians ne s’appuie alors pas sur une équipe composée de grandes stars. Sous les commandes de Nelsinho Baptista, qui est aujourd’hui au Japon, on va trouver des joueurs peu connus du grand public qui sont pour beaucoup des produits de la formation du Corinthians, projet entrepris quelques années auparavant. On peut ainsi nommer le gardien Ronaldo, 22 ans, le latéral Marcelo, qu’on retrouvera à Lyon 3 ans plus tard, ou encore le jeune Dinei qui passera en Suisse quelques années plus tard avant de revenir au Brésil et décrocher deux autres Brasileirão avec le Corinthians. Pas de stars donc dans un équipe où l’homme à tout faire se nomme Wilson Mano ou le buteur est Tupãzinho, 22 ans qui va entrer dans l’histoire lors de la finale et dans laquelle le principal talent reste Neto, acheté à Palmeiras et qui va être le chef d’orchestre de cette équipe, l’homme clé. Cette année-là, le Brasileirão est divisé en deux phases. Les équipes sont réparties en deux groupes, elles jouent d’abord 10 matchs contre les 10 équipes de l’autre groupe, puis 9 matchs, entre équipes du même groupe (j’espère que vous suivez encore). A l’issue de chaque phase, on a un leader de groupe, chacun est qualifié pour les quarts. Si vous ne finissez pas premier d’une des deux premières phases, vous pouvez vous qualifier via le classement cumulé, qui prend 4 autres élus. Le Corinthians fait partie de ces élus. En quarts, le Corinthians sort l’Atlético Mineiro sur un doublé de Neto. En demie, c’est Bahia qui est terrassé avec notamment encore un but de Neto. Le Corinthians est alors en finale face à un géant, São Paulo. Car là pour le coup, il n’y a que des stars. Télé Santana sur le banc et sur le terrain des Cafu, Antonio Carlos, Leonardo et surtout l’immense Rai. Et pourtant, c’est le Corinthians qui va sortir vainqueur de cette finale, en remportant le match aller et le match retour sur le même score 1-0 (but de Wilson Mano à l’aller d’entrée de match, but de Tupãzinho au retour en début de seconde période). Le Corinthians décroche alors son premier titre, il devra attendre 8 ans pour en décrocher un deuxième. Ce week-end, 25 ans plus tard, il retrouve sa première victime pour célébrer son sixième, celui qui lui permet de revenir sur São Paulo au palmarès. Pendant ce temps, le São Paulo tombé ce jour-là se relèvera rapidement et va devenir un monstre : champion en 91, double vainqueur du Paulista (91 et 92), de la Libertadores (92 et 93), de l’Intercontinentale (92 et 93 aussi), de la Supercopa Libertadores 93, des Recopa Sudamericana 92 et 93….bref, un vrai géant du pays et du continent. Nous en reparlerons sûrement un jour.
Voila, c’est ainsi qu’on va clore ce neuvième épisode d’une semaine sur LO, je vous remercie encore et toujours de suivre ces podcasts que je vous invite à partager sur vos réseaux sociaux préférés et je vous laisse avec les 5 merveilles de la semaine. Abrazo a todos et à la semaine prochaine.