Onzième épisode de notre podcast. Au menu du jour, un tour complet de l’actualité sud-américaine, un commentateur aussi génial que fou, une chanson et surtout une retro 100% Racing.
Retour en Argentine cette semaine pour notre recibimiento à l’occasion de la finale aller de Sudamericana entre Huracán et Santa Fe, rendez-vous historique pour le Globo qui espère boucler son incroyable année 2015 avec son premier titre continental. Malheureusement pour ses hinchas, le Globo a été accroché par Santa Fe et va devoir aller chercher un exploit la semaine prochaine en Colombie. J’en profite pour vous inviter à venir suivre ce match sur Ma Chaine Sport, j’aurai le plaisir de le commenter en direct dans la nuit de mercredi à jeudi prochain à 1h du matin.
Ce qu’il faut retenir
On va rester sur le terrain, et on va aller en Argentine où les finales de Liguilla ont débuté le week-end dernier. Les finales parce que outre le Clásico de Avellaneda entre Independiente et Racing, remporté le Racing avec notamment un but d’Oscar Romero qui venait de demander à son coach de lui laisser une minute de plus alors qu’il venait de se faire une entorse, la classe absolue et qui donc permet au Racing de faire un grand pas vers la Libertadores, on avait aussi 4 autres finales qualificatives pour la Sudamericana. Les grands gagnants sont pour l’instant Belgrano et Estudiantes, vainqueurs à Colón et à Olimpo mais aussi l’exceptionnel Banfield, qui nous a offert avec Aldosivi, LE match de la semaine, pur moment de bonheur. Je vous conseille le retour ce samedi à 22h, ça devrait être absolument sublime. Ces finales c’est aussi la belle arnaque de la semaine pour le Gimnasia qui se fait voler un penalty face à Lanús avant de perdre sur but entaché de 5 hors-jeu. C’est l’occasion, si vous ne le connaissez pas, de découvrir Alberto Raimundi, le plus génial et mais fou des commentateurs argentins, accessoirement hincha du Gimnasia. Je vous laisse sa réaction sur le but c’est une merveille.
Beaucoup plus calme, enfin pensait-on, cette semaine argentine était aussi celle des élections du nouveau président de la fédération. Pensait-on parce que l’Argentine a beau avoir perdu Grondona, elle reste une pionnière dans le n’importe quoi. Pour faire court. Deux candidats, le sortant Luis Segura et l’ambitieux prétendant Marcelo Tinelli. 75 membres étaient donc réunis, 2h de vote et au moment du décompte, un petit souci symbolisé par la réaction magique d’Alfredo Dagna, président d’Olimpo, en charge de ce vote. Car au moment de compter les votes, on sent qu’il y a un truc chelou qui se passe. Ca compte et recompte bien embarrassé. Jusqu’à ce que l’annonce tombe : il y a égalité 38 à 38 entre Segura et Tinelli. Oui, 75 membres, 76 votes. L’Argentine mes amis. Du coup c’est le bazar, Angelici en profite pour essayer de foutre un peu plus la zouille, interruption de séance, palabres, au retour on fait l’appel, 2 présidents se sont barrés et voilà que Segura prend le micro, s’excuse et nous annonce que bon dans l’absolu, c’aurait fait 38 à 37, et donc match nul. Vous ne rêvez pas. Alors il nous annonce qu’ils vont se réunir avec Tinelli, envisager une liste commune et si ça ne marche pas, on revotera. On parle aujourd’hui d’une nouvelle liste d’union avec Armando Pérez, président de Belgrano qui a les faveurs du président de la république Macri, à sa tête. Si avec ça vous n’aimez pas l’AmSud….
Sur les terrains, ailleurs au Brésil, Palmeiras vient de sauver sa saison en décrochant la Coupe et gagne donc son billet pour la Libertadores tout comme l’Universidad de Chile qui sort de sa pire année avec une qualification en Libertadores et met la pression sur Colo-Colo qui pouvait faire le doublé et se retrouve à deux doigts de repartir bredouille. Tout se jouera pour eux ce week-end avec un déplacement à Valparaiso et une victoire quasi-obligatoire sous peine de voir la Catolica le coiffer au poteau. Si vous vous souvenez l’affaire Suazo, je vous laisse imaginer ce qu’il pourrait se passer si el Popular repartait bredouille…
Plus au nord au Pérou, on connait enfin les quatre demi-finalistes du championnat. Ce seront Melgar, Garcilaso, Sporting Cristal et César Vallejo. Ces derniers ont joué un bien vilain tour à l’Alianza Lima cette semaine. Imaginez, dernière journée, Alianza Lima qualifiée pour la Sudamericana en cas de victoire. Toute la semaine dans la presse, l’évocation de la saison prochaine, des nouvelles ambitions liés à cette qualification. Bref, affaire pliée. Elle l’était puisque les Aliancistas menaient 2-0 à une demi-heure de la fin. Oui mais voilà, une demi-heure c’est long. Et l’Alianza Lima en a pris 2 dont un dans les ultimes secondes du match. Bilan, comme Universitario, grand rival de l’Alianza, et allé s’imposer sur le terrain de Cristal, pas de Sudamericana pour les blanquiazules. Et une semaine de projection dans la presse mise à la poubelle. Sachez que finalement c’est Melgar qui remporte le Clausura après avoir arraché sur le fil un match d’appui que le Domino a gagné aux tirs au but face à Garcilaso. Les deux se retrouvent en demi-finale dès ce week-end, l’autre opposant donc Sporting Cristal, vainqueur de l’Apertura, à César Vallejo, vainqueur du Torneo del Inca.
Encore plus au nord enfin, on est aussi en demi-finale au Mexique. Cela s’est passé dans la nuit de jeudi à vendredi et la seule certitude qui semble se dégager est la qualification plus que probable du Superlider les Pumas qui sont allés humilier América à l’Azteca et peuvent même prendre 3-0 chez eux au retour. Ne reste plus qu’à connaitre leur adversaire. Tout se joue entre les Tigres de Gignac et le Toluca de Cueva. Au Volcan, les Diablos Rojos sont venus pour défendre et ont ramené ce qu’ils étaient venus chercher, un 0-0, malgré un Gignac une fois encore fantastique. Les Tigres devront aller gagner à la Bombonera dans la nuit de dimanche à lundi s’ils veulent nous offrir un duel de félins en finale.
La rétro
Ce week-end en Argentine, le Racing retrouve son meilleur ennemi Independiente pour la dernière fois en 2015. L’enjeu est simple, celui qui sort vainqueur de ce double duel ira en Libertadores. Alors nous l’avons évoqué dans les news, la victoire du Racing 2-0 au Libertadores de América met la bande à Cocca en ballotage plus que favorable. Alors pour nous, ce match n’est pas l’occasion de rappeler les origines de la rivalité entre ces deux équipes, non, on va plutôt s’intéresser à la première campagne de Libertadores victorieuse du Racing, accessoirement la seule.
Pour cela, il faut remonter jusqu’en 1967. Alors quelques années auparavant, le Racing a fait une première incursion en Libertadores. C’était en 1962, à l’époque où la Libertadores se nommait Copa de Campeones de América et était alors une jeune épreuve (1962, c’est la troisième édition de l’épreuve). Lors de cette campagne, le Racing, champion d’Argentine, avait terminé second de son groupe, sorti par le Nacional qui sera ensuite éliminé par le futur vainqueur Peñarol. Mais si j’ai décidé de parler de l’édition 1967, c’est bien sûr parce que le Racing va la remporter, mais surtout parce que ce succès lui permet de rejoindre au palmarès argentin l’autre unique vainqueur du pays, Independiente. Et ce qu’il y a de particulier aussi avec ce Racing là, c’est qu’il a marqué l’histoire du football argentin. A tel point qu’une chanson est resté associée à ce Racing.
« Y ya lo ve, y ya lo ve, es el equipo de José ». L’équipe de José Pizutti, jeune coach (une modeste expérience à la tête de la Chacarita) qui s’assoit sur le banc en 1966. Ancien buteur de la maison, à l’époque des titres de 58 et de 61, celui qui va faire découvrir la Libertadores à La Academia, il arrive et instaure une véritable dictature militaire au sein de l’équipe. Il ne salue jamais ses joueurs, impose une discipline de fer mais pourtant sur le terrain, il met en place ce que tout le monde considère au pays comme le football total. Alors Pizutti arrive en cours de saison 65, commence la mue de son équipe en s’appuyant sur quelques jeunes comme Roberto Perfumo ou encore Alfio Basile. Le Racing remonte de l’avant-dernière place à la cinquième. L’année suivante, 1966 donc, Pizzuti fait rentrer au pays Humberto Maschio. Il en profite pour replacer ses joueurs, l’exemple le plus marquant étant Perfumo, latéral de formation, à qui il promet une grande carrière en tant que défenseur central. L’histoire lui donnera raison. Je ne vais pas revenir en détail sur cette équipe, je vous invite pour cela à lire l'article que j’ai consacré à ce Racing mais pour faire court, sachez que Pizzuti met en place un football ultra-offensif où, à tout moment, le porteur du ballon doit disposer de 3 solutions. Et ça fonctionne. 39 matchs sans défaite en Argentine, le Racing retrouve la Libertadores, notre sujet du jour.
1967 donc, l’année de la mort du Che et de la naissance de Kostadinov ne pouvait être qu’une année particulière. A l’époque la Libertadores est organisé en deux phase de poule, une première avec trois groupes de 5, 6 ou 7 équipes desquels émergent les deux premiers qui sont alors répartis en deux groupe de 3 ou 4 (oui c’est compliqué) qui jouent le rôle de demi-finale. Pour le Racing placé dans le groupe 2 avec River mais aussi 2 colombiens (Santa Fe et Medellín) et deux boliviens (Bolivar et 31 de Octubre), cela veut dire que la finale se profilera au bout de 16 matchs, enfin 17, on va y revenir. Il va y avoir deux grands tournants dans la campagne du Racing dans cette édition. Le premier arrive au lendemain d’une défaite en Bolivie, la seule de la première phase. Au retour d’un match disputé à Medellín, l’avion du Racing est à deux doigts de s’écraser. Sauvés miraculeusement, les joueurs sont alors persuadés que c’est un signe de destin, persuadés qu’ils ne pourront plus perdre. Cette force mentale, elle va leur servir lors deuxième tournant, le match d’appui face à Universitario. Nous sommes le 18 juillet 1967, Racing et Universitario, qui ont terminés ensemble avec 9 points dans le groupe 1, doivent se départager sur un desempate.
Nous sommes à Santiago. L’Universitario de 67 est considéré comme l’une des meilleures équipes péruvienne de l’histoire, dans ses rangs on trouve des joueurs membre du grand Pérou des années 70 comme Hector Chumpitaz, mais aussi des joueurs comme Nicolas Fuentes, Ruben Correa ou encore Roberto Chale. Le tout dirigé par un certain Marcos Calderon, l’homme qui sera sur le banc de la plus belle sélection péruvienne près 10 ans plus tard, celle de la Copa América 1975 et du quart de finale de Coupe du Monde en 1978 et qui va disparaitre dans la tragédie aérienne de l’Alianza Lima en 1987. Cet Universitario là avait réussi l’énorme exploit de s’imposer 2 fois à 48h d’intervalle face à River au Monumental puis donc face au Racing au Cilindro. Mais ce jour-là à Santiago, c’est le Racing qui décroche sa place en finale, Raffo s’offrant un doublé en réponse à un but de Victor Kilo Lobaton, le cousin du papa d’un certain Carlos Lobaton, l’international du Sporting Cristal que vous croisez régulièrement dans les merveilles et accessoirement buteur lors de la tragédie de Lima de 1964, le fameux but refusé qui va provoquer la mort de plus de 300 spectateurs dans l’Estadio Nacional.
Voilà donc le Racing en finale face à un géant uruguayen, le Nacional. La pression est forte sur les épaules du Nacional qui retrouve une finale après celle perdue en 64 face à qui me demanderez-vous ? Face à Independiente ! Mais la pression elle est forte surtout parce l’année précédente, en 66 donc, le grand rival Peñarol, a décroché sa troisième couronne (en 7 éditions, d’ailleurs Peñarol à cette époque, outre les 3 titres, c’est aussi 5 finales). Bref. Et là encore, il faudra un troisième match. A l’aller comme au retour les deux équipes se séparent sur un 0-0. Retour donc à Santiago et ce jour-là, le 29 août 1967, deux buts signés Cardozo et Raffo donnent le titre au Racing. Pour la petite histoire quelques mois plus tard, le Racing deviendra le premier argentin à gagner la Coupe Intercontinentale, face au Celtic. Le Nacional quant à lui perdra encore une finale, face à Estudiantes avant de prendre sa revanche en 1971 pour décrocher son premier titre. Après le départ de Pizzuti, le Racing attendra 35 ans avant de décrocher un nouveau titre, ce sera l’Apertura 2001, époque à laquelle émerge un gamin nommé Diego Milito. Nous en reparlerons probablement un jour.
Voilà, c’est ainsi que se conclut ce 11e épisode d’une semaine sur LO. Merci à tous ceux qui nous écoute, l’hésitez pas à partager au maximum cette vidéo et comme toutes les semaines, je vous laisse avec les 5 merveilles de la semaine. Abrazo a todos et à la semaine prochaine.