Douzième épisode de notre podcast. Au menu cette semaine, le chaos chilien, les titres distribués au Paraguay et en Uruguay, la fin d’une légende brésilienne et une rétro mexicaine.
On ouvre notre semaine sudam en Colombie avec le peuple albirojo de Santa Fe qui accueillait les siens lors de finale retour de la Sudamericana. L’occasion pour nous d’évoquer cette finale qui ne restera pas dans les annales par son contenu (on s’est profondément ennuyé) mais qui le restera puisqu’elle offre le premier titre continental à Santa Fe, la première Sudamericana à la Colombie. Et rien que pour ça, on dira qu’elle valait le coup. Oui bon, on se rattrape comme on peut. Allez, on passe aux news de la semaine.
Les news
On ouvre notre semaine au Chili, en plein milieu de chaos. Et je ne parle pas de ce qui se passe à la fédé, non, je parle du championnat. Ce devait être une fête, un final de folie puisque Colo-Colo et la Catolica n’étaient séparés que d’un point au coup d’envoi de la dernière journée. Sauf que ce final, on nous l’a volé. Volé parce que Colo-Colo se rendait à Valparaiso pour y jouer des Santiago Wanderers. Je sais c’est perturbant, en tout cas, y’a quelques grands médias français que ça a perturbé. Bref, toute la semaine, certains hinchas des Wanderers avaient annoncé la couleur : hors de question de laisser ceux de Colo-Colo venir faire la fête dans leur stade. Toute la semaine ça a chauffé. Sauf que personne n’en a tenu compte. Bilan, scène de guérilla urbaine toute l’après-midi et surtout, chaos absolu dans le stade lorsque les mecs de Colo-Colo ont décidé de rentrer sur la pelouse histoire de montrer qu’ils étaient bien là. Conséquence, match annulé et comme pendant ce temps-là, la Catolica a perdu face à Audax Italiano, el Populaire comme disent certains (allez promis j’arrête mais avouez que c’est drôle), est champion. Depuis tout le monde se rejette la responsabilité à coup de déclaration toutes plus stupides les unes que les autres et nous amoureux de foot chilien, il ne nous reste que les larmes. Ah puisqu’on parle de déclaration stupides, celle de Paredes est juste une merveille, monsieur déclarant après le non-match « mercredi dernier, on a perdu une bataille, ce soir on a gagné la guerre ». Bravo bonhomme, ça tombe à point nommé ce genre de métaphores…
Allez, sur les terrains, on file au Brésil où le miracle n’a pas eu lieu pour Vasco qui est donc relégué en seconde division après un dernier match nul. Les coéquipiers de Nenê vont longtemps regretter leur première partie de saison (je rappelle 3 victoires en 19 journées !) puisqu’ils ratent le maintien pour deux points… Cette dernière journée brésilienne c’était aussi celle des adieux, depuis les tribunes malheureusement, de la légende Rogerio Ceni après 23 ans, 1237 matchs et 131 buts marqués avec São Paulo. On en reparlera sur LO mais c’est une vraie légende, pour le coup, le terme n’est pas usurpé, qui quitte les terrains brésiliens. Il sera sans doute ravi de voir que son Tricolor de toujours (il n’a porté que ce maillot chez les pros) sera de la prochaine Libertadores, arrachant sa qualif à la dernière seconde sur un but de Rogerio que je vous garde pour les merveilles.
Puisqu’on parle de titre, cette semaine c’était celle des titres du Peñarol et d’Olimpia. Chez les uruguayens, la dernière journée était celle du duel à distance entre les deux géants, les Carboneros, faute de savoir gagner les deux matchs précédents ayant rien trouvé de mieux que de se faire peur en se mettant la pression sur l’ultime match. Fort heureusement pour eux, ils ont tenu et pendant qu’el Loco Abreu s’offrait un doublé sur penalty avec le Nacional, les potes de Forlan s’imposent sur le fil chez eux et décrochent ainsi l’Apertura. Question se faire peur, Olimpia a cependant fait encore plus fort au Paraguay. Imaginez, le Decano avait 5 points d’avance sur le Cerro Porteño à deux journées de la fin. Du coup, on pensait que c’était réglé puisqu’en plus, ils jouaient un relégué pour conclure. Rappelez-vous, j’avais même fait une rétro sur leur premier titre…Ouais et bien c’était loin d’être réglé puisqu’Olimpia a pris 1 point sur 6 quand le Cerro Porteño en prenait 6. Vous l’avez compris, les joueurs d’Arce ont réussi le tour de force de devoir disputer un desempate face à leur grand rival Cerro Porteño. Alors bon, après s’être fait copieusement insulter par leur supporters (que se vayan todos n’étant que la partie polie de l’iceberg), on a vu les joueurs venir s’excuser, expliquer à leurs hinchas qu’ils ne faisaient pas exprès. Fort heureusement pour eux, ce desempate, ils l’ont gagné. Olimpia est donc champion, décroche sa 40e étoile nationale et sauve sa peau, parce que là aussi c’aurait pu être vilain s’ils avaient perdu ce match.
La rétro : Tigres – Pumas 1978
Plus au nord, au Mexique, l’étoile se rapproche pour les Tigres qui ont écrasé les Pumas en finale aller au Volcan. On a presqu’envie de dire qu’il y a une justice puisque les Pumas, qui étaient la meilleure équipe de la phase régulière, sont très moches dans cette Liguilla et peuvent même dire merci à l’arbitre d’être en finale tant América s’est fait voler en demie. Bref, ce n’est pas le sujet, le sujet, c’est la quatrième couronne possible pour les Tigres qui va donc nous faire remonter le temps, à l’époque du premier titre des Felinos. C’était en 1978 et c’était déjà, face aux Pumas.
Car si le duel de cette année est le premier de l’histoire des Liguilla depuis l’instauration des tournois courts, il rappelle surtout des jours heureux pour les hinchas de Monterrey puisque Tigres – Pumas était l’affiche de la finale pour le titre de 1978. L’année précédente, en 1977 donc, les Pumas survolent le championnat, meilleure équipe de la première phase, ils remportent leur groupe en demie et s’imposent en finale face aux Leones Negros (aujourd’hui en D2). Côté Tigres en revanche, 76 est un cauchemar. Avant-dernier au général, les Felinos de Monterrey se sauvent de justesse en première division en remportant le barrage face à Zacatepec qui a été champion dans les années 50, disparu au début du XXIème siècle avant de revenir et être aujourd’hui en seconde division. Bref, il faut changer les choses et le président de l’époque, fait alors venir sur le banc Carlos Milloc qui vient de faire monter San Luis et le conduire au deuxième tour. L’uruguayen fait alors venir Osvaldo Batocletti et Walter Mantegaza, et s’appuie sur un groupe de gladiateurs parmi lesquels se trouvent de sacrés joueurs de ballon comme Jerónimo Barbadillo, Tomás Boy, Mateo Bravo, Alejandro Izquierdo, Roberto Gadea. Le duo Barbadillo – Mantegaza sera d’ailleurs le duo décisif. A cette époque, la saison mexicaine est déjà divisée en deux phases mais court sur toute l’année. Une première phase de 38 journées avec les 20 équipes réparties en 4 groupes de 5 qui permet de qualifier deux équipes pour le tour suivant. Exception d’alors, en 77-78, la deuxième phase n’est pas une phase de groupe mais une formule de coupe. Les Tigres, second du groupe 2 vont alors jouer les Tecos en quart puis sort l’ogre Cruz Azul en demie (on est dans la décennie de la Maquina celeste de Cruz Azul, 4 titres entre 70 et 74, deux autres suivront pour clore les années 70) pendant que les Pumas, champion sortant donc, ont remporté leur groupe et sorti les Leones Negros en quart puis Tampico en demie.
Nous sommes le 24 mai 1978. Ce jour-là, le Tri mexicain vient d’arriver à Rosario, le controversé mondial argentin est sur le point de débuter. Ce détail n’est pas sans conséquences puisque si côté Tigres il provoque l’absence du gardien Pillar Reyes, arrivé au club dans les valises de Carlos Milloc et immédiatement titulaire – il est le titulaire aussi en sélection, ce détail prive les Pumas de cinq joueurs : un péruvien, l’extraordinaire Juan José Muñante et quatre mexicains Enrique López Zarza, Leonardo Cuéllar, Arturo Gonini Vazquez (capitaine de la sélection) et surtout la pépite Hugo Sánchez, qui avait fait ses débuts la saison précédente, face aux Tigres d’ailleurs et qui laisse alors orphelin Cabinho. Evanivaldo Castro de son vrai nom n’est pas n’importe qui. Avec les Pumas, il inscrira 132 buts en 152 matchs, terminant meilleur buteur de Primera Division en 76, 77, 78 et 79 avec eux avant de l’être en 80, 81 et 82 avec Atlante. Il reste à ce jour le meilleur buteur de l’histoire du championnat mexicain et, détail amusant, terminera sa carrière avec les Tigres. Mais revenons à cette finale. Ils sont donc 55 000 à se masser au Volcan et assister à la victoire des leurs 2-0, doublé de l’uruguayen Walter Mantegaza qui sera le héros de cette finale puisque trois jours plus tard, il inscrira le but des Tigres devant les 80 000 spectateurs du stade olympique, but qui permettra aux Felinos de décrocher leur premier titre. La saison suivante, les Pumas prendront leur revanche en éliminant les Tigres en groupe (que l’on peut considérer comme une demi-finale) avant de perdre en finale face à Cruz Azul. Les Pumas seront à nouveau champions en 1981, les Tigres l’année suivante. Depuis l’écart s’est creusé au palmarès puisque les Pumas en sont à 7 titres quand les Tigres n’en ont que trois. Détail amusant, chaque titre des Tigres est lié aux Pumas. Chaque titre des Tigres a en effet été décroché l’année suivant un titre des Pumas. Autant dire que ce dimanche, ce pourrait être une première dans l’histoire du club.