Recibimiento de folie, Argentine, Uruguay, Libertadores, Zalayeta et Kempes, le retour du podcast sauce LO.

Vous avez été nombreux à attendre le retour des podcasts LO. Certains m’ont envoyé d’importantes sommes d’argent, d’autres m’ont menacé de mort, alors j’ai craqué, le podcast est enfin de retour ! Plus sérieusement, je voulais surtout attendre que tous les championnats sudams aient repris, histoire d’avoir un peu plus de matière sur laquelle m’appuyer pour m’amuser un peu.

Alors histoire de me faire pardonner, on ouvre avec le traditionnel recibimiento et celui-ci vous vient bien évidemment d’Argentine et probablement du stade le plus fou du pays : le Gigante de Arroyito. C’était à l’occasion de la reprise du championnat d’Argentine, Central accueillait Godoy Cruz et le peuple Canallas semblait décidé à bien préparer le Clásico Rosarino de ce week-end. Mais on va en reparler dans la rétro.

Ce qu'il faut retenir

Puisqu’on est en Argentine, autant y rester avec donc la grande reprise du championnat…enfin du presque championnat. Parce que si on n’avait pas le droit de parler de tournoi de transition en 2014 quand nos génies de l’AFA ont décidé de passer à 30 en Primera Division, cette année on peut ! Oui parce que rien ne change en Argentine, les dirigeants continuent de rivaliser d’ingéniosité pour nous proposer des championnats tous plus attrayants les uns que les autres. Si vous vous souvenez bien du passage à 30, l’idée était de se caler sur l’Europe, chose qui n’a donc pas été faite l’an dernier puisque le championnat courrait de février à décembre (avec toutes les complications que cela entraînait niveau contrat des joueurs et gestion du mercato d’été européen). Alors maintenant, il faut vraiment se caler. Cela voudrait donc dire, débuter en septembre. D’où l’idée du tournoi de transition de février à mai. Alors je vous vois venir, comment fait-on un championnat court avec 30 équipes ? On ne va quand même pas faire 29 matchs en six 4 mois ? Et bien si ! Non, je plaisante. N’oubliez pas que nos amis de l’AFA sont des génies. Du coup, ils ont décidé de répartir les équipes en deux groupes de 15. Ca fait 14 matchs par groupes c’est parfait. Oui mais à l’AFA on aime particulièrement les Clásicos (surtout pour la télé en fait). Alors on ajoute une journée de Clásicos et, histoire d’occuper tout le monde chaque week-end (15 équipes, ça en fait une qui ne joue pas), on lui ajoute un autre Clásico (quitte à en créer un). Bref, si vous êtes encore vivants, on a donc 16 journées de championnat d’ici mai et l’objectif dans chaque groupe sera de terminer à l’une des deux premières places qualificatives pour la Libertadores 2017 voire premier si on veut jouer la finale du championnat. Les 30 équipes ont donc été réparties dans les deux groupes, non sans polémique d’ailleurs (je vous laisse relire nos articles de présentation du championnat mais en gros, d’un côté on a Independiente, River, San Lorenzo, Central pour jouer le titre, de l’autre Boca et le Racing…) et le championnat a donc débuté. River a cartonné, Boca s’offre une crise de début d’année, ne gagnant plus ses matchs, au point qu’Arruabarrena pourrait sauter à quelques jours du début de la Libertadores. Au moins, il y a des choses qui ne changent pas en Argentine….

Et puisqu’on parle de Libertadores, la transition est toute trouvée avec les grands débuts de la plus belle des compétitions de club. Ils étaient 12 à se lancer dans le 1er tour qui permet d’accéder à la phase de groupe. Très peu de surprises au final, São Paulo s’est montré convaincant, tout comme Santa Fe que j’ai eu le plaisir de commenter sur Ma Chaine Sport alors que River Plate, l’uruguayen pas l’argentin, s’est offert une Universidad de Chile en crise permanente et que Guarani, demi-finaliste de la dernière édition a toujours du mal à digérer le départ de Fernando Jubero en se faisant sortir d’entrée par Independiente del Valle et surtout en réussissant à rater le péno de la qualification à la 90e minute…

Impossible cependant de ne pas revenir sur le double miracle vécu par Huracan. Miracle sportif tout d’abord avec une qualification décrochée à la Huracan avec un but à la 92e minute à Caracas alors que le Globo n’avait pas vu le jour et, plus important, miracle tout court lors du retour vers l’Argentine. Car sur le trajet de l’aéroport, le bus qui ramenait les joueurs vers l’aéroport a vu ses freins lâcher et le chauffeur, boite de vitesse cassée, a réussi à sauver la vie des joueurs en réussissant à coucher le bus sur une piste de sortie. Grosse frayeur et quelques dégâts mais fort heureusement aucun blessé grave ou pire. Pato Toranzo est le plus touché du côté des joueurs, il a été amputé partiellement de quatre doigts de pied, mais a déjà assuré qu’il continuera de jouer. Diego Mendoza est aussi sur le flanc, Martin Nervo s’est vu détecté une fracture d’une vertèbre lombaire. Rien de dramatique donc même si on se demande comment Huracan va pouvoir rapidement retrouver le chemin des terrains…

A côté de l’Argentine, l’été uruguayen a aussi été des plus animés, notamment du côté de Peñarol. Si la bonne nouvelle pour les fans Carbonero est qu’on sait désormais quand sera inauguré le magnifique Estadio Campeon del Siglo, ce sera le 28 mars avec un match face au frère River Plate, la préparation du Clausura a été des plus catastrophiques après notamment le dernier Clásico de Verano (Clásico d’été en français) perdu face au Nacional. Car voyez-vous que suite à cette défaite, le président Damiani a cru bon de virer Pablo Bengoechea, le coach qui a remporté les deux derniers tournois de manière assez lamentable (c’est-à-dire sans même prendre la peine de le lui annoncer en face à face) lui reprochant notamment de faire jouer Marcelo Zalayeta. Le tout, à 10 jours de la reprise du championnat. Conséquence lamentable, Zalayeta a raccroché les crampons, quittant le foot par la plus petite des portes alors qu’il méritait le tapis rouge. Zalayeta c’est l’histoire d’un formidable buteur, capable de marquer de partout, l’histoire d’un gamin époustouflant parti très (trop) vite en Italie et qui aura pour frustration de ne pas avoir fait la grande carrière qu’il méritait. Histoire de lui rendre un petit hommage qu’il mérite, je retiendrai un but de la Pantera. Nous sommes le 5 décembre 1997, jour de ses 19 ans.

La rétro

Pour notre rétro, on va revenir où notre podcast a commencé, à Rosario. Ce dimanche, c’est l’heure du grand Clásico Rosarino, l’un si ce n’est le plus beau de Clásicos argentins. Alors on va vous le faire vivre de bout en bout sur LO puisqu’on sera bien évidemment au stade. J’espère que vous avez pu lire l’interview de Mauro Cetto que nous avons réalisé ce vendredi, au cas où, je vous remets le lien. Bref, donc on va profiter de l’évènement pour faire une rétro spéciale sur ce Clásico. Le Clásico rosarino étant le plus vieux Clásico argentin, la première rencontre date de 1905 (victoire de Newell’s 1-0  but de Faustino González pour les amateurs de Trivial Pursuit), et est véritablement le plus chaud du pays. Sachez par exemple que Rosario est une des rares cités du pays où la popularité de ses deux clubs est supérieure à celle de Boca et River. Vous imaginez ainsi qu’étant le plus vieux, il y a bien des choses à dire sur ce Clásico, on pourrait rester romantiques et parler du Central de Menotti, de la Lepra de Yudica et de Bielsa, on pourrait parler par exemple de la palomita de Poy (que Mauro évoque dans son interview) mais non, on va voir plus grand, on va se rendre en 1975 pour le premier Clásico Rosarino continental : celui de la Libertadores.

Le début des années 70 est clairement celui de Central. Champion en 1971, l’année donc de cette palomita de Poy, les Canallas deviennent le premier club de l’intérieur (comprendre hors Buenos Aires) à être sacré champion national (victoire face à San Lorenzo en finale). Central poursuit sur sa lancée, remporte le titre en 1973 le tout en disputant quasiment toutes les Libertadores du début de la décennie (seule celle de 1973 lui échappe). De son côté, Newell’s attend 1974 pour ajouter une ligne à son palmarès en remportant le Metropolitano 1974 au nez et à la barbe de….Central. La Lepra comme on la surnomme a en effet remporté ce championnat en allant chercher un 2-2 au Gigante après avoir été mené 2-0 (le match n’ira pas à son terme). Les deux ennemis de Rosario se retrouvent quelques mois plus tard pour une Liguilla à trois avec San Lorenzo qui leur permet à tous deux de se qualifier pour la Libertadores 1975, la première de l’histoire de Newell’s. Et comme ils s’aiment bien, ils sont placés dans le même groupe aux côtés d’Olimpia et du Cerro Porteño, deux rivaux paraguayens. A l’issue des matchs de groupe, Central et Newell’s se retrouvent à égalité de points en tête, incapables de se départager lors des deux Clásicos qui les ont opposés. Le souci, c’est qu’à l’époque, seul le vainqueur du groupe se qualifie pour les demi-finales (elles aussi organisés en deux groupes). On est donc forcé à un desempate, ces matchs de barrage que l’AmSud aime tant. Nous sommes donc le 11 avril 1975 au Gigante de Arroyito et Central affronter donc Newell’s. Côté Lepra, quelques joueurs que vous devez connaître car ils ont été champions du monde, le jeune Américo Toto Gallego, 19 ans, qui y fait ses débuts tout comme un certain Jorge Valdano. Côté Central, également deux futurs champions du monde, Daniel Killer, qui jouera ensuite à Newell’s et surtout une future légende canallas et argentine : Mario Kempes. Celui qui est déjà surnommé El Matador est arrivé à Central l’année précédente. Pour sa première saison, il claque 25 buts en 25 matchs lors du Torneo Nacional, récidive lors du Metropolitano 75 avec notamment quatre quadruplés, rien que ça ! C’est lui, future légende argentine, qui inscrit le seul but de ce desempate et envoie ainsi son Central en demi-finale. Les Canallas échoueront d’un rien, terminant à égalité de points avec Cruzeiro et Independiente le futur vainqueur de l’épreuve. Kempes continuera de briller encore une saison et partira conquérir l’Espagne en 1976. Deux ans plus tard, il reviendra écrire sa légende dans son stade, le Gigante de Arroyito face au Pérou avant d’offrir le titre suprême à l’Argentine. Mais ça, on en reparlera un autre jour.

C’est ainsi qu’on va conclure ce 14e numéro d’une semaine sur LO, je vous remercie encore et toujours d’écouter ces podcasts, je vous invite à les partager au maximum sur vos réseaux sociaux préférés et comme d’habitude, je vous laisse avec les 5 merveilles de la semaine. Abrazo a todos et à la semaine prochaine.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.