Deuxième journée de la campagne sud-américaine pour Russie 2018 et si les géants se retrouvaient déjà au pied du mur, les vainqueurs de la journée précédente espéraient confirmer.

La deuxième soirée sud-américaine débutait à Atahualpa dans des conditions abominables. Totalement arrosée par une pluie diluvienne et incessante, la pelouse de l’Estadio Olímpico ressemblait plus à une piscine géante qu’à un pré dédié au football. Dans ces conditions, l’Equateur de Quinteros, qui voulait capitaliser sa victoire argentine, souffrait pour poser et imposer son jeu, fait de vitesse et de circulation de balle. La Bolivie se contentait de défendre, ne laissant qu’à l’excellent et seul véritable danger Jhasmani Campos et à Jasmani Duk le poids des offensives. Malheureusement pour la Tri, l’état de la surface bolivienne ne lui permettait pas de développer son jeu même si le danger porté par Montero d’un côté, Valencia de l’autre, était réel. Reste que la meilleure occasion du premier acte sera l’équerre trouvée par Campos sur coup-franc. Les jardiniers étant intervenus, la pelouse semblait plus praticable au retour des vestiaires et Gustavo Quinteros allait faire les bons choix. Juan Cazares entrait à la pause et allait faire basculer le match par la justesse de ses passes et le danger incessant qu’il portait sur les cages adverses. Etouffée, la Verde allait finir par plier en fin de match. Une merveille d’ouverture de Juanito pour Miller Bolaños, un régal de passe de Fidel Martínez pour Caicedo, l’Equateur s’impose 2-0 et confirme son statut de prétendant à la qualification.

L’heure était donc venue d’assister à l’énorme choc de la soirée, le duel Uruguay – Colombie opposant deux vainqueurs de l’ouverture. S’il pouvait subsister des doutes quant à la valeur de cette nouvelle Celeste, ils auront été levés. Sans  Suárez, sans Cavani, sans Arévalo Ríos, sans el “Cebolla”, et rapidement privé de Cáceres, blessé avant même la 20e minute, l’Uruguay de Tabárez a fait preuve d’une efficacité et d’une solidité collective impressionnantes. Face à la Celeste, la Colombie de Pekerman, qui n’a plus gagné à Montevideo depuis 42 ans, est retombé dans les travers qu’elle avait montrés à la Copa América. Capable de quelques belles séquences, elle aura surtout été totalement muselée par des uruguayens imprenables et qui ouvraient le score sur une tête de Godín d’une puissance rare. Au retour des vestiaires, la Colombie craquait sur une énorme erreur défensive d’Arias qui laissait à Rolan le soin d’humilier Ospina. A 2-0, l’affaire était réglée. Inoffensifs, les Cafeteros subissaient les assauts uruguayens et craquaient même une troisième fois en fin de rencontre lorsqu’Abel Hernández s’amusait dans la surface colombienne. 3-0, l’Uruguay reste invincible sur ses terres et envoie un message clair à ses futurs adversaires : la Celeste ne compte pas être qu’un simple barragiste.

Place alors à la crise de nerfs prévue au Defensores del Chaco entre un Paraguay revenue vainqueur de son déplacement au Venezuela et une Argentine en proie au doute. Nerveuse, l’Argentine se retrouvait engagée dans une bataille du milieu imposée par le Paraguay qui générait de nombreuses fautes, notamment du duo Otamendi – Funes Mori. L’Argentine tentait de réagir par Tevez et Lavezzi mais la première véritable opportunité était pour les Guaranies sur un coup-franc lointain de Derlis González sorti par Sergio Romero. Contrainte à contrer, l’Argentine aurait pu/dû ouvrir le score sur une énorme occasion pour Carlitos qui, servi par Di Maria, envoyait sa tête au-dessus. Le début de seconde période voyait le scénario inchangé. Le Paraguay était peu dangereux, l’Argentine se contentait de contrer. Si l’arbitre de la rencontre aurait pu accorder un penalty aux hommes de Martino pour un coup de coude de Cáceres sur Carlitos, la suite de la rencontre allait voir l’Albiceleste progressivement disparaître en même temps que Pastore et Tevez. Martino tentait de changer la donne en les remplaçant respectivement par Lamela et Dybala mais rien n’y changeait. Le Paraguay se procurait les plus belles situations, notamment par González mais les Funes Mori, Mascherano et autres Kranevitter colmataient les brèches. Les deux équipes se séparent donc sur un résultat nul qui s’il permet au Paraguay de conclure sa première session avec quatre points sur six, n’offre à l’Argentine qu’un point et bien des maux de tête tant le contenu laisse encore à désirer.

Tombé sans véritablement exister à Santiago, le Brésil devait lui aussi se racheter à Fortaleza face au Venezuela. La chance de la Seleção est d’être tombé sur une Vinotinto toujours aussi inquiétante, sans idée et qui ressemble à celle d’il y a 20 ans qui se faisait systématiquement dominer par l’ensemble du continent et qui explosait dès la 30e seconde du match sur une erreur de Guerra parfaitement exploitée par Willian. Mené d’entrée de match, le Venezuela allait pourtant essayer de se montrer dangereux, passant le plus souvent par les ailes, mais n’y parvenait pas, butant sur le solide Brésil sauce Dunga. La verticalité apportée par les Douglas Costa et autres Willian suffisait à déborder une défense vénézuélienne qui craquait de nouveau en toute fin de première période, scellant le sort du match. Car si Christian Santos ramenait une once d’espoir à la Vinotinto en réduisant la marque, une nouvelle erreur défensive d’Amorebietta coûtait le troisième et dernier but de la partie, œuvre de l’actuel meilleur buteur du Brasileirão Ricardo Oliveira. Le Brésil pouvait ensuite tranquillement contrôler un Venezuela jamais dangereux et s’éviter une catastrophe en décrochant son premier succès de la campagne de qualification.

Restait donc le feu d’artifice, l’attendu Clásico del Pacífico, revanche de la demi-finale de Copa América. Une chose est sûre, avec le Pérou et le Chili, le spectacle est toujours au rendez-vous et une nouvelle fois, les deux sélections ont offert le match le plus dingue de la soirée. Car s’il est une équipe quasiment injouable sur le continent à l’heure actuelle, c’est bien le Chili. Emmené par le duo Alexis Sánchez – Edu Vargas appuyé par un Valdivia toujours aussi Mago, la Roja dominait d’entrée de match et ouvrait le score par Alexis. De quoi lancer la partie. D’autant qu’en face, le Pérou des Carrillo, Farfán et Guerrero avait de quoi répondre et le faisait parfaitement lors que le premier nommé servait le second pour l’égalisation immédiate qui embrasait l’Estadio Nacional de Lima. La partie n’allait être qu’un ascenseur émotionnel pour le peuple péruvien. Car moins d’un quart d’heure plus tard, Néstor Pitana expulsait Cristian Cueva pour un ballon lancé au visage de Marcelo Diaz, sanction jugée sévère par Gareca. Mais dix minutes plus tard, une béquille de González sur Zambrano permettait à Farfán de donner l’avantage à la Blanquirroja. Nouvelles scènes de joie en tribunes, nouvelle douche froide. Cinq minutes plus tard, une merveille de passe d’Alexis pour Valdivia qui remettait en une touche sur Vargas, 2-2. Trois minutes après, Vargas pour Diaz, passe en une touche et doublé d’Alexis, le Pérou rentrait aux vestiaires mené au score, en infériorité et avec un Carrillo blessé. Pire, d’entrée de second acte, l’intenable duo Alexis – Vargas frappait de nouveau, 4-2, match plié. Si Guerrero ramenait les siens au score dans les ultimes secondes, la victoire chilienne était incontestable, elle sera jugée « juste » par Gareca. Le Chili prend place au sommet du classement avec le duo Equateur – Uruguay qui s’affronteront en novembre prochain quand la Roja accueillera la Colombie.

 

Résultats

Classement

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.